Livres I, II et III - Les Classiques des sciences sociales - UQAC

30 mars 2002 ... Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque ... ne doit pas
craindre que, s'il se trompe, on admette ses erreurs sans examen. ..... d'où il suit
que la véritable éducation consiste moins en préceptes qu'en exercices. ..... Ainsi
de ce seul abus corrigé résulterait bientôt une réforme générale, ...

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|Jean-Jacques ROUSSEAU (1762) |
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|ÉMILE |
|ou de l'Éducation |
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|Livres I, II et III |
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|Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, |
|professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi |
|Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca |
|Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt |
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|Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" |
|Site web: |
|http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/inde|
|x.html |
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|Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque |
|Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi |
|Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm |
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Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay,
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de :




Jean-Jacques Rousseau (1762)

Émile ou de l'Éducation.

LIVRES I, II et III.




Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean-Jacques
Rousseau, Émile ou de l'Éducation. (1762)




Polices de caractères utilisée :

Pour le texte: Times, 12 points.
Pour les citations : Times 10 points.
Pour les notes de bas de page : Times, 10 points.




Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word
2001 pour Macintosh.

Mise en page sur papier format
LETTRE (US letter), 8.5'' x 11'')

Édition complétée le 30 mars 2002 à Chicoutimi, Québec.

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Table des matières






Premier fichier:


ÉMILE ou DE L'ÉDUCATION


Préface


Livre premier, L'âge de nature : le nourrisson (infans).
Livre second, L'âge de nature : de 2 à 12 ans (puer).
Livre troisième, L'âge de force: de 12 à 15 ans.




Deuxième fichier:


Livre quatrième, L'âge de raison et des passions : de 15 à 20 ans.




Troisième fichier:


Livre cinquième, L'âge de sagesse et du mariage : de 20 à 25 ans.






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ÉMILE ou
DE L'ÉDUCATION






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Préface


































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Ce recueil de réflexions et d'observations, sans ordre et presque sans
suite, fut commencé pour complaire à une bonne mère qui sait penser. Je
n'avais d'abord projeté qu'un mémoire de quelques pages ; mon sujet
m'entraînant malgré moi, ce mémoire devint insensiblement une espèce
d'ouvrage trop gros, sans doute, pour ce qu'il contient, mais trop petit
pour la matière qu'il traite. J'ai balancé longtemps à le publier ; et
souvent il m'a fait sentir, en y travaillant, qu'il ne suffit pas d'avoir
écrit quelques brochures pour savoir composer un livre. Après de vains
efforts pour mieux faire, je crois devoir le donner tel qu'il est, jugeant
qu'il importe de tourner l'attention publique de ce côté-là ; et que, quand
mes idées seraient mauvaises, si j'en fais naître de bonnes à d'autres, je
n'aurai pas tout à fait perdu mon temps. Un homme qui, de sa retraite,
jette ses feuilles dans le public, sans prôneurs, sans parti qui les
défende, sans savoir même ce qu'on en pense ou ce qu'on en dit, ne doit pas
craindre que, s'il se trompe, on admette ses erreurs sans examen.


Je parlerai peu de l'importance d'une bonne éducation ; je ne m'arrêterai
pas non plus à prouver que celle qui est en usage est mauvaise ; mille
autres l'ont fait avant moi, et je n'aime point à remplir un livre de
choses que tout le monde sait. Je remarquerai seulement que, depuis des
temps infinis, il n'y a qu'un cri contre la pratique établie, sans que
personne s'avise d'en proposer une meilleure. La littérature et le savoir
de notre siècle tendent beaucoup plus à détruire qu'à édifier. On censure
d'un ton de maître ; pour proposer, il en faut prendre un autre, auquel la
hauteur philosophique se complaît moins. Malgré tant d'écrits, qui n'ont,
dit-on, pour but que l'utilité publique, la première de toutes les
utilités, qui est l'art de former des hommes, est encore oubliée. Mon sujet
était tout neuf après le livre de Locke, et je crains fort qu'il ne le soit
encore après le mien.


On ne connaît point l'enfance : sur les fausses idées qu'on en a, plus on
va, plus on s'égare. Les plus sages s'attachent à ce qu'il importe aux
hommes de savoir, sans considérer ce que les enfants sont en état
d'apprendre. Ils cherchent toujours l'homme dans l'enfant, sans penser à ce
qu'il est avant que d'être homme. Voilà l'étude à laquelle je me suis le
plus appliqué, afin que, quand toute ma méthode serait chimérique et
fausse, on pût toujours profiter de mes observations. Je puis avoir très
mal vu ce qu'il faut faire ; mais je crois avoir bien vu le sujet sur
lequel on doit opérer. Commencez donc par mieux étudier vos élèves ; car
très assurément vous ne les connaissez point ; or, si vous lisez ce livre
dans cette vue, je ne le crois pas sans utilité pour vous.


A l'égard de ce qu'on appellera la partie systématique, qui n'est autre
chose ici que la marche de la nature, c'est là ce qui déroutera le plus le
lecteur ; c'est aussi par là qu'on m'attaquera sans doute, et peut-être
n'aura-t-on pas tort. On croira moins lire un traité d'éducation que les
rêveries d'un visionnaire sur l'éducation. Qu'y faire ? Ce n'est pas sur
les idées d'autrui que j'écris ; c'est sur les miennes. Je ne vois point
comme les autres hommes ; il y a longtemps qu'on me l'a reproché. Mais
dépend-il de moi de me donner d'autres yeux, et de m'affecter d'autres
idées ? non. Il dépend de moi de ne point abonder dans mon sens, de ne
point croire être seul plus sage que tout le monde ; il dépend de moi, non
de changer de sentiment, mais de me défier du mien : voilà tout ce que je
puis faire, et ce que je fais. Que si je prends quelquefois le ton
affirmatif, ce n'est point pour en imposer au lecteur ; c'est pour lui
parler comme je pense. Pourquoi proposerais-je par forme de doute ce dont,
quant à moi, je ne doute point ? je dis exactement ce qui se passe dans
mon esprit.


En exposant avec liberté mon sentiment, j'entends si peu qu'il fasse
autorité, que j'y joins toujours mes raisons, afin qu'on les pèse et qu'on
me juge : mais, quoique je ne veuille point m'obstiner à défendre mes
idées, je ne me crois pas moins obligé de les proposer ; car les maximes
sur lesquelles je suis d'un avis contraire à celui des autres ne sont point
indifférentes. Ce sont de celles dont la vérité ou la fausseté importe à
connaître, et qui font le bonheur ou le malheur du genre humain.


Proposez ce qui est faisable, ne cesse-t-on de me répéter. C'est comme si
l'on me disait : Proposez de faire ce qu'on fait ; ou du moins proposez
quelque bien qui s'allie avec le mal existant. Un tel projet, sur certaines
matières, est beaucoup plus chimérique que les miens ; car, dans cet
alliage, le bien se gâte, et le mal ne se guérit pas. J'aimerais mieux
suivre en tout la pratique établie, que d'en prendre une bonne à demi ; il
y aurait moins de contradiction dans l'homme ; il ne peut tendre à la fois
à deux buts opposés. Pères et mères, ce qui est faisable est ce que vous
voulez faire. Dois-je répondre de votre volonté ?


En toute espèce de projet, il y a deux choses à considérer :
premièrement, la bonté absolue du projet ; en second lieu, la facilité de
l'exécution.


Au premier égard, il suffit, pour que le projet soit admissible et
praticable en lui-même, que ce qu'il a de bon soit dans la nature de la
chose ; ici, par exemple, que l'éducation proposée soit convenable à
l'homme, et bien ada