SUJETS DE BACCALAURÉAT Dissertation

Introduction. Présenter le sujet : définir et distinguer croissance économique et
développement, et poser la question de leurs relations. Les deux derniers siècles
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Correction synthèse devoir1
Après avoir montré que la croissance favorise le développement, vous
exposerez les limites de cette relation.
Introduction
Présenter le sujet : définir et distinguer croissance économique et
développement, et poser la question de leurs relations.
Les deux derniers siècles se caractérisent par une croissance quasiment
ininterrompue de la production de biens et de services et par une
amélioration rapide du développement humain à l'échelle planétaire (hausse
du niveau de vie, de l'espérance de vie, du niveau d'instruction).
Pourtant, malgré deux siècles de croissance, la pauvreté n'est pas
éradiquée et nos inquiétudes quant à l'état de notre environnement
s'amplifient, phénomènes qui font obstacle à l'amélioration du
développement humain. La question se pose alors de savoir si la croissance
favorise toujours le développement.
Problématiser.
Répondre à cette question nécessite d'abord de montrer que la croissance
économique a des effets positifs sur le développement humain, comme le sous-
entend la question posée ; puis de se demander si la croissance n'a
toujours que des effets positifs, autrement dit, si elle peut également
nuire au développement et, dans ce cas, par quels mécanismes.
On cherchera à répondre à ces questions en s'appuyant sur l'histoire
économique et sociale des deux derniers siècles et en prenant des exemples
dans les pays développés comme dans les pays en développement.
Annoncer le plan.
Ainsi, après avoir montré que la croissance économique est facteur de
développement, nous montrerons que cette relation n'est pas toujours
vérifiée.

I. La croissance économique favorise le développement humain...
A. La hausse du niveau de vie et le développement humain sont positivement
corrélés
1. Un rythme de croissance faible ou négative du PIB/hab. s'accompagne
d'une faible progression du développement humain, voire d'une régression
(doc. 1 : ex. de la Zambie, ou du Kenya ; accroissement de la pauvreté et
de la sous-alimentation en Afrique subsaharienne).
2. Un rythme de croissance rapide s'accompagne d'une nette amélioration du
développement humain (doc. 1 : ex. de la Chine, du Botswana, de l'Inde ;
corrélation positive entre taux de croissance du PIB/tête et diminution de
la sous-alimentation cf. Chine et Inde).
B. Ce qui s'explique par un lien de causalité (connaissances personnelles
et doc. 1 et 2)
1. Le progrès technique et les gains de productivité qui découlent de la
croissance économique génèrent des revenus nouveaux, ce qui permet une
hausse du niveau de vie et du bien-être matériel. Les richesses nouvelles
permettent la hausse des revenus, la multiplication des biens disponibles,
une meilleure satisfaction des besoins.
2. Elle permet aussi une amélioration du bien-être social : les fruits de
la croissance peuvent être utilisés pour réduire le temps de travail et
améliorer la satisfaction des besoins sociaux. L'État dispose de ressources
(par des prélèvements obligatoires dont l'assiette s'est élargie) pour
améliorer le niveau d'éducation de la population, son état de santé,
réduire les inégalités, etc.

Transition
Croissance et développement peuvent donc bien aller de pair, mais la
croissance n'est qu'un phénomène quantitatif, dont l'instrument de mesure
(PIB ou PNB) n'a jamais été conçu pour mesurer le bien-être de l'individu
et nombreux sont les exemples qui montrent que la croissance économique ne
s'accompagne pas toujours du développement.

II. ... mais de n'est pas toujours vrai
A. Il peut y avoir croissance économique sans développement humain
(connaissances personnelles et doc. 1 et 2)
1. C'est le cas de bon nombre de PED peu démocratiques (doc. 1) où règnent
la corruption et de fortes inégalités sociales : les richesses créées ne
bénéficient qu'à une élite et le reste de la population continue à vivre
dans la pauvreté (Koweit : fort PNB par habitant, résultat des importantes
ressources pétrolières concentrées entre quelques mains, mais toujours
forte fécondité, retard dans le développement de l'instruction, IDH plus
faible comparativement à la Corée du Sud malgré niveau de vie moyen
supérieur), croissance extravertie ne bénéficiant pas ou peu à la
population locale.
2. C'est aussi le cas de pays développés : la croissance ne profite pas à
tous : cf. les États-Unis et la situation des minorités ethniques ; ou des
pays européens où la croissance s'accompagne du développement du chômage et
de l'accroissement des inégalités et de l'exclusion. Même les plus riches
sur le plan matériel ne se sentent pas nécessairement plus heureux (hausse
de l'insécurité, de l'isolement, malgré toujours plus de confort).
B. Et la croissance économique peut faire obstacle au développement durable
(notion à définir)
1. La croissance engendre la pollution : l'agriculture intensive, les
industries lourdes, les transports sont responsables de la pollution des
eaux, de l'air, de la multiplication des déchets dont le traitement est
problématique. D'où de nouveaux problèmes pour la santé et l'espérance de
vie (doc. 3).
2. La croissance épuise les ressources : ponctions excessives sur les
ressources renouvelables et non renouvelables, (déforestation, baisse de la
biodiversité, épuisement des réserves de pétrole, etc.). D'où des craintes
quant à la capacité d'accueillir plusieurs milliards de nouveaux habitants
au cours du xxie siècle en même temps que se diffuse le mode de vie
américain à l'échelle planétaire (empreinte écologique d'un habitant de
l'Amérique du Nord plus de cinq fois supérieur à celle d'un Africain ; doc.
3 l'exemple de la Chine).

Conclusion
Si la croissance est souvent l'une des conditions du développement, elle
n'est pas toujours suffisante. La croissance n'induit pas automatiquement
le développement. Tout dépend de l'utilisation des richesses qui sont
produites et de leur répartition. Le dernier rapport du PNUD montre que les
inégalités constituent un frein au développement ; en effet, de fortes
inégalités caractérisent souvent les pays les plus pauvres, alors que l'on
constate plus fréquemment croissance et développement dans les pays où les
inégalités internes sont réduites. Le développement nécessite donc
l'utilisation des richesses mises à la disposition de la plus grande partie
de la population, Pas de développement sans formation durable de la
population (voir doc. 3 pour la Chine), sans mise en place
d'infrastructures de transports, sans instauration d'un pouvoir politique
légitime capable d'assurer le respect des lois et des personnes, mais aussi
l'instauration de mécanisme de redistribution des fruits de la croissance.
Le développement n'est en fait qu'un prolongement possible du processus de
croissance économique. Ce n'est pas un phénomène naturel, mais le résultat
d'un choix de société, de décisions politiques. Par ailleurs, la course à
la croissance, la recherche du toujours plus débouchent sur un gaspillage
des ressources à l'échelle planétaire. La production et la consommation de
masse fondées sur des modèles de croissance énergivores peu soucieux des
détériorations infligées à l'environnement, ne sont pas généralisables à
l'échelle planétaire. La croissance économique ne garantit donc nullement
l'amélioration du bien-être des peuples.
C'est pourquoi, si le retour d'une forte croissance peut s'avérer une
solution pour résoudre tous nos maux grâce à la création de nouvelles
richesses, la promesse d'une baisse du chômage, de la délinquance, des
inégalités, etc. ; cela ne doit pas faire oublier que la croissance n'est
pas la panacée. Pour améliorer le développement humain et faire en sorte
qu'il soit durable, mieux vaudrait peut-être renoncer à la croissance « à
tout prix », en redéfinir les priorités et revoir le partage de ses fruits.