Un grand singe à l'Académie - Compagnie du Singe Debout

Programmes du cycle central (5ème et 4ème). MEN. ... Didier Hatier. .... Sur
grande copie ; première page avec présentation et sujet; début du récit sur .....
Trois sur vingt en Anglais ! la mère de Kamo jetait le carnet de notes sur la toile
cirée. ... Les élèves pourront disposer de cette fiche-outil lors d'exercices ou de
contrôles, ...

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Compagnie du Singe Debout
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Un grand singe à l'Académie
D'après la nouvelle de Franz Kafka « Rapport pour une Académie » (1917) « Descendre d'un singe, mon cher,
espérons que cela n'est pas vrai,
et si cela était,
prions pour que cela ne se sache pas ! »
s'écriait l'épouse de l'évêque anglais Worcester (1860)
Adaptation et mise en scène de : Jade Duviquet
Avec Cyril Casmèze, Mélanie Mazoyer
Son et univers sonore en direct : Jean-Marc Istria
Assistant à la mise en scène
Scénographie, lumière Vidéo Régie
Marionnette
Costumes
Maquillages Jean-Noël Dahan Jean-Marc Skatchko Stéphane Lavoix Vincent Tudoce
Mélanie Mazoyer
Fabienne Desflèches
Françoise Chaumayrac Production : Compagnie du Singe Debout avec le soutien de la DMDTS-
Ministère de la Culture et de la communication
Coproduction : Centre dramatique régional de Tours,
Centre dramatique national Théâtre Nanterre-Amandiers
avec le soutien : Espace Planoise-Scène nationale de Besançon Contact compagnie : Bruno Mikol
JCL Conseil
99Bis Avenue Verdier
92120 Montrouge
T/F : 01 42 53 01 25 - 06 16 82 17 07
brunomikol@orange.fr - www.jcl-conseil.com
Un grand singe à l'Académie
Un homme, à la demande de Membres de l'Académie, est invité à faire une
conférence sur sa vie antérieure de singe.... Quelle est cette troublante proposition ? Kafka dans une « métamorphose » à l'envers, fait parler un « devenu» homme,
qui, pour s'en sortir, a trouvé une issue, non pas la liberté, « bien
souvent source d'illusion parmi les hommes » mais a réussi ce tour de
force : de singe capturé, il est maintenant cet homme en conférence, un
artiste de music-hall reconnu... Avec drôlerie, impertinence, autodérision, frayeur, ce « Pierre le Rouge »
va raconter comment il fut mis en cage, éduqué par les hommes à coups de
dressage, ses premières acquisitions... boire « cul sec » et fumer...
rejoindre l'être civilisé en quelque sorte...mais de son passé de singe, il
ne se souvient de rien, il a tout oublié...
Peut-on réellement tout oublier de ses origines ? Tout est en lui... dans
ses excès, ses mélancolies, ses questionnements. Au fur et à mesure que
Pierre le Rouge décrit son accession à une humanité, on va plonger dans un
bain simiesque, on sera comme son premier maître, désorienté par la nature
simienne qui s'échappe grand train de cet élève, de son double, ses
doubles... Pierre le Rouge, notre frère, nous-même...métaphore sociale et intime...
quand la différence se heurte au conformisme, quand la seule issue pour
exister, c'est de céder, être « un » parmi les autres, comme les autres,
sous le regard des autres.
« A franchement parler donc, votre « singéité »
votre singitude, Mesdames, Messieurs, si tant est
que vous ayez derrière vous quelque chose de ce genre,
ne peut pas être plus éloignée de vous que la mienne l'est de moi.
Pourtant, cette vie de singe chatouille au talon quiconque
marche sur cette Terre, le petit chimpanzé comme le grand Achille. » « Les singes pensent avec le ventre » Extraits du spectacle « Un grand singe à l'Académie »
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Pourquoi ce texte, Pourquoi Kafka ?...
Franz Kafka... on a tendance à penser alors, «pesanteur, étouffement,
persécution».... mais on oublie trop souvent la force de vie de Kafka
(juste pour contrer l'idée d'un homme seulement torturé, rappelons que
Kafka chaque soir faisait de la gymnastique avant d'écrire), on oublie la
distance et le jeu qu'il a su prendre avec sa propre vie, en créant des
« fables » drôles, précises, profondes et à multiples facettes. Sa nouvelle « Rapport pour une Académie » écrite en 1917 reste
intemporelle ; elle est, bien que littéraire, d'une drôlerie décalée, grave
aussi mais traduit toujours une tonicité, une force de vie, celle qui
permet au héros de résister, d'exister malgré la capture. Elle donne des
possibilités multiples d'interprétations. Elle ouvre même sur le mystère de
l'évolution des espèces, l'apprentissage, la soumission... Le travail d'écrivain de Kafka est indissociable d'un « devenir animal ». A
travers l'écriture, il repousse les bornes de l'être humain au point de
faire apparaître l'animal qui sommeille en nous : singe, cloporte, souris,
chien.... C'est tout un « bestiaire piaulant » qu'invente Kafka, et qui
vient incarner nos parts les plus intimes, les plus drôles, les plus
précieuses, les plus douloureuses aussi. « Rapport pour une Académie » est
un élément de ce bestiaire. Ce texte fascinant nous a paru s'intégrer
parfaitement dans le parcours de notre compagnie. Nous avons crée la Compagnie du Singe Debout en 2002 avec Cyril Casmeze
issu du Cirque Plume et du Cirque Archaos avec le désir de parler de
l'animalité, plus exactement du rapport Animalité/humanité dans ses
différences, ses similitudes, pour nous une façon en compagnie de « nos si
proches cousins », de tenter de mieux comprendre l'homme, de créer des
« fables » pour voir autrement. Dans « Animalité », première création de notre compagnie, en 2002 à la
Ferme du Buisson (Scène Nationale de Marne la Vallée) : un homme, fatigué
d'être un homme, fatigué d'endosser son costume d'humain se réfugiait dans
l'état animal, tandis qu'une femme tentait de le ramener à l'humanité, à
l'amour. « UnPlusUn », créé à Vidy-Lausanne en 2004 et joué au Théâtre des Amandiers
à Nanterre en 2005, notre deuxième spectacle coécrit avec Jean-Yves Ruf qui
nous a mis en scène, traversait la danse du couple, dans une confrontation
entre fuite et fusion, tout en tension et animalité retenues. La conférence de Pierre le Rouge, dans sa drôlerie, son questionnement, son
autodérision, nous semble aujourd'hui comme une évidence : se jouer de nos
"métamorphoses" pour mieux parler de l'homme....
Kafka se sert de l'animal pour nous donner à voir "l'homme", mais quelle
humanité ? Pierre le Rouge, en palpant les cicatrices du dressage, fait
apparaître les stigmates de l'éducation, et les tortures de la
civilisation. C'est la « Métamorphose » à l'envers, quand l'animal devient
être civilisé, mais doit d'abord apprendre avec écoeurement à fumer et à
boire. Aux tendances autodestructrices de l'humanité, il oppose ici son
rire espiègle et fraternel. « Les hommes ne sont pas méchants, dans le
fond » dit le singe...
« C'est que l'animal coïncide avec l'objet par excellence de la nouvelle
selon Kafka : tenter de trouver une issue, de tracer une ligne de
fuite... »
« (...) Le devenir-animal est un voyage immobile et sur place, qui ne peut
se vivre ou se comprendre qu'en intensité (franchir des seuils
d'intensités). »
Gilles Deleuze, Felix Guattari
Kafka pour une littérature mineure, 1975, éditions de minuit, Paris
Un grand singe à l'Académie : notes de mise en scène La nouvelle de Kafka est courte ; les dimensions physiques, visuelles et
sonores sont au centre du dispositif scénique.
Au fur et à mesure du spectacle, cet homme qui a tout oublié de ses
origines, est traversé par cette animalité par fulgurances et le travail
d'acrobate-zoomorphe de Cyril Casmèze joue de cet entre-deux, de cette
bascule troublante, tantôt imperceptible, tantôt spectaculaire,
Une grande marionnette figure le double de cet homme et le perturbe, le
pousse dans la recherche de ses souvenirs, présence tendre et cruelle. Elle
est son miroir fidèle et grinçant.
Des bribes de son spectacle de cabaret le montrent en homme/singe/femme qui
se vend pour exister, une façon d'être dans ce monde, dans notre monde. Kafka a écrit des lettres, des entretiens pour la suite de cette
nouvelle. Nous les utilisons en créations vidéos et sonores. Elles
interrompent le récit de Pierre Le Rougeaud, viennent troubler ses
certitudes, les nôtres...lui-même devient alors notre miroir déformant.... Nous-mêmes, exilés, dans l'oubli de nos origines, d'un pays, d'une
appartenance sociale, d'une famille, pour vivre, survivre... Nous-mêmes,
oublieux de notre origine la plus archaïque, notre part animale... un
hommage aux grands singes si loin, si proches, en voie de disparition dans
les décennies à venir...
Comment s'est fait « Un grand singe à l'Académie » ?
« Issue », mot cher à Kafka : « Le problème n'est jamais celui de la
liberté mais celui de trouver une issue ». Pour s'en sortir, faut-il
perdre son identité ? A partir de cette intention, faire un spectacle. La nouvelle de Kafka est
brève et dense, sa traduction doit rendre compte d'une écriture rigoureuse
et fantasque. Mon adaptation pour la scène conserve l'essentiel de ses
mots, ses articulations parfois grinçantes, heurtées, vigoureuse