Deshayes - APSA

17 mai 2010 ... 52. Pistolet à percusssion capsule. Canon octogonal. Détente à pontet. .... 16
portraits gravés à pleine page, aquarellés à la main et signés au crayon par l'
illustrateur. .... Nouvelle édition corrigée et augmentée de la Relation du Siège
de ..... ORDONNANCE sur l'exercice et les man?uvres de l'infanterie.

Part of the document


VIE
DU
P. DESHAYES ANCIEN RECTEUR D'AURAY,
ET VICAIRE-GÉNÉRAL DE VANNES, SUPÉRIEUR-GENERAL DES CONGRÉGATIONS DU SAINT-ESPRIT ET DE LA SAGESSE DE
SAINT-IAURENT-SUR-SEVRE, ET FONDATEUR DE PLUSIEURS ORDRES RELIGIEUX. Par F. LAVEAU,
Directeur de l'Institution des Sourds-Muets, à Orléans, Pertransiit benefaciendo.
Il a passé en faisant le bien.
Actes, Ch. 10, v. 37.
________ VANNES
IMPRIMERIE DE GUSTAVE DE LAMARZELLE.
___
1854
[pic]
(I) PRÉFACE.
Lorsque la mort inexorable vient tout à coup ravir à notre amour et à
notre vénération ces hommes providentiels, la gloire de la religion qui les
a produits et l'honneur de la société à laquelle ils ont appartenu, le
premier cri que la douleur nous arrache est ce cri désespérant : «Nous
l'avons perdu !» Heureusement notre douleur exagère. Par un second
bienfait, complément du premier, il s'en faut de beaucoup que l'Auteur de
tout bien nous ravisse entièrement les hommes de sa droite. Leurs ?uvres et
le souvenir de leurs vertus nous restent; double héritage qu'ils nous
laissent en allant recevoir leur récompense; comme autrefois le prophète
Élie, enlevé au ciel, laissa son double esprit avec son manteau à l'autre
Prophète qu'il avait sacré.
Disons plus : suivant la touchante comparaison du Sauveur qui se
l'appliquait à lui-même, le grain de blé attend qu'il ait été jeté en terre
pour produire au centuple.
Souvent c'est après leur mort seulement (II) que les membres du Dieu-Homme
voient leurs ?uvres se développer selon leurs immenses désirs. Plus souvent
encore, leurs vertus attendaient que la tombe se refermât sur eux, pour
porter en tous lieux la bonne odeur de Jésus-Christ. L'histoire connaît
cette adorable économie de la sagesse divine, et sa mission dans ses
heureuses rencontres lui paraît trop belle pour qu'elle puisse y faillir.
Trop souvent fatiguée de l'interminable récit de tant d'horreurs et de
crimes qui composent presque en entier les annales souillées du genre
humain, l'histoire aime à se reposer de temps à autre, en traçant à loisir
le tableau circonstancié des vertus et des ?uvres de ces âmes d'élite qui
nous apparaissent de distance en distance. C'est alors qu'elle s'abandonne
et qu'elle entre dans les plus petits détails, tandis que souvent elle
daigne à peine dire un mot de tant de potentats redoutables qui ont
bouleversé le monde.
Mais si toujours c'est une bonne ?uvre d'écrire la vie d'un serviteur de
Dieu, à nos yeux c'est une sorte de devoir quand on a eu le bonheur de
vivre avec lui, de l'accompagner quelquefois lorsqu'il passait en faisant
le bien. Il nous semble que ce devoir devient (III) encore plus sacré,
lorsqu'il a laissé sur la terre plusieurs familles nombreuses qui réclament
le détail de tout ce qui le concerne, comme des enfants réclament pour eux
et pour ceux qui les suivront, les titres et les biens de leur père.
Voilà ce qui nous presse d'écrire la vie du père Deshayes. Ayant eu le
privilège de l'étudier à loisir dans les dernières années de sa vie, nous
ne pouvions concentrer au-dedans de nous-même nos souvenirs et notre
admiration.
Le public, nous l'espérons, ajoutera foi à notre récit. Les personnes qui
nous ont transmis des renseignements, ont toutes connu le père Deshayes.
Presque toutes ont été les témoins et souvent l'objet des faits que nous
racontons; et elles vivent encore en grand nombre. Leur modestie ne nous
permet pas de les nommer; mais nous les prions d'agréer ici le témoignage
de notre gratitude.
Sans imiter les historiens qui renferment tout un siècle dans la vie d'un
particulier, nous ne devions pas priver la pieuse curiosité de nos lecteurs
des grands souvenirs historiques qui se rattachent aux ?uvres du père
Deshayes. Nous les avons puisés surtout dans (IV) l'ouvrage qui a pour
titre : Persécution révolutionnaire en Bretagne, par M. l'abbé Tresvaux,
chanoine de Paris; et dans le Pèlerinage de Sainte-Anne. Quelquefois, nous
nous sommes contenté de reproduire les expressions et les pensées des
auteurs, mais sans nous y assujettir et sans nous imposer le même ordre
dans l'exposé des faits.
Puissent tous ceux qui liront cette vie, apprendre du père Deshayes l'art
sublime de faire le bien, par les efforts soutenus d'un zèle à toute
épreuve, par une confiance sans bornes dans le secours d'en haut, un oubli
continuel d'eux-mêmes, et le dévouement le plus entier au salut de leurs
frères.
VIE
DU
P. DESHAYES.
______ LIVRE PREMIER. Ce n'est point avec plaisir, selon la touchante expression de l'Écriture,
que Dieu permet à sa justice poussée à bout de lâcher enfin sur nous les
fléaux provoqués par nos crimes. Quand il a résolu, comme malgré lui, de
déchaîner la tempête, toujours il prépare, à l'avance, des serviteurs
choisis qu'il chargera de rassurer les faibles à l'approche du danger; de
sauver du naufrage tous ceux qui ne voudront pas périr; et quand les vents
et les flots se seront calmés, de réparer les malheurs qu'ils n'auront pu
conjurer.
Telle fut la belle et triple mission du prêtre dont nous écrivons la vie.
Nul ne montra plus de sécurité à l'approche des grandes calamités qui
allaient fondre sur la France; nul ne fit preuve d'un plus grand dévouement
durant la tourmente; et quand le fléau fut passé, personne ne déploya plus
de zèle pour relever, autant qu'il était en lui, les ruines que la
catastrophe avaient amoncelées de toutes parts.
(2)
Premières années du jeune Deshayes.
Gabriel Deshayes naquit, le 6 décembre 1767, à Beignon., en Bretagne.[1] Sa
famille était une des plus pieuses et des plus estimées de la paroisse. Son
père exerçait la double profession de laboureur et de boucher, et jouissait
d'une certaine aisance.
Dès que les forces du jeune Gabriel furent un peu développées, ses parents,
qui voulaient de bonne heure l'accoutumer au travail, l'envoyèrent garder
les troupeaux. - Pendant plusieurs années il s'acquitta de cette humble
fonction, qu'il n'oubliera jamais, avec la docilité d'un enfant déjà formé
à l'obéissance.
S. Vincent-de-Paul qui, lui aussi, fut berger dans sa jeunesse, avait
préludé à ses incroyables charités par donner à un pauvre la somme de
trente sous qui faisait toute sa richesse.
Le jeune Deshayes n'eut pas, non plus, la patience d'attendre longtemps
pour commencer ce long exercice de bonnes ?uvres qui devaient remplir toute
sa vie. Chez son père, il donnait aux pauvres tout ce qui lui tombait sous
la main, du linge à celui-ci, des bas à celui-là, une moitié de pain à
l'un, une tête de veau à l'autre. Quelquefois même, le petit larron allait
plus loin. - Il faut du bois, se disait-il à lui-même, pour faire cuire la
viande, et les malheureux n'ont pas toujours du (3) bois ; qui m'empêche de
faire une aumône complète? - Il enlevait donc adroitement la viande qui
était au feu pour le dîner de la famille, et la donnait aux indigents. La
pauvre domestique n'était pas peu déconcertée quand elle ne trouvait plus,
à l'heure du repas, qu'un bouillon assez maigre pour tremper sa soupe; - et
qu'elle eût volontiers fait tancer le voleur ! Mais les dignes parents de
Gabriel étaient si charmés des vertus naissantes de leur fils, qu'ils
n'osaient en gêner le développement. D'ailleurs, ces pieux larcins leur
portaient bonheur : « Ce que Gabriel donne par la porte, disaient-ils, nous
rentre par la fenêtre. »
Ses premières études.
A la bonté du c?ur, à une grande pureté de m?urs, le jeune Deshayes
joignait une intelligence et une pénétration d'esprit qui semblaient
l'appeler à autre chose qu'aux modestes travaux de la campagne. Ses parents
le remarquèrent, et persuadés que le meilleur usage qu'ils pussent faire du
fruit de leur labeur, était de seconder les desseins du ciel sur leur fils,
ils résolurent de le faire étudier.
La ville de Saint-Malo possédait alors un collège dirigé par de pieux et
savants ecclésiastiques, ayant à leur tête M. l'abbé Gérard, qui était en
vénération dans la Bretagne. Ces dignes instituteurs voyaient dans leurs
fonctions un véritable apostolat destiné à rendre à l'Église et à la
société des services incalculables. Ils avaient compris que le moindre de
(4) leurs écoliers pourrait être un jour un de ces hommes choisis, qui ont
mission de travailler en grand dans le champ du Père de famille, et ils
n'avaient d'autre ambition que de former en même temps l'esprit et le c?ur
de leurs élèves.
Sous de tels maîtres, les progrès du nouvel étudiant étaient assurés. Il en
fit d'également rapides dans les sciences et la vertu.
Quand on connaîtra la vie active et infatigable de M. Deshayes, on jugera
avec quelle ardeur il dut dévorer les difficultés de la grammaire et se
livrer aux premières études qui, bien que profanes en partie, accoutument
aux travaux de l'intelligence, fortifient la mémoire, apprennent à
réfléchir, forment peu à peu, et comme insensiblement, à l'art
i