La philosophie Unix, l'Open Source et les hackers - Pierre-Philipp ...

Les techniciens des réseaux sanitaires sont à l'interface distributeurs d'eau et
utilisateurs, et ils se doivent de connaître et de respecter les contraintes
réglementaires. ..... CONDITIONS D'EXERCICE. Moyens : ...... Savoir calculer les
variations d'entropie pour des transformations d'un système à l'état solide, liquide
ou gaz.

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La vie psychique des machines PIERRE-PHILIPP BRAUN
École des Hautes Études en Sciences Sociales
Mémoire de Master (deuxième année) en Histoire des sciences et techniques
2011-2012 Sous la direction d'Anne-Françoise Garçon, Université Paris 1 Panthéon-
Sorbonne Table des matières Introduction 4
L'approche de la qualité chez les passionnés d'automobile et de motocycle
6
Le goût du Vintage chez les passionnés de Haute Fidélité acoustique 19
La philosophie Unix, l'Open Source et les hackers 29
La trace d'une humanité perdue 36
Psychologie des techniques 40
Critique générale de la bulle spéculative de l'innovation 47
Conclusion 58
Lexique 59
Enquête et bibliographie 61 Remerciements Je tiens à remercier ma mère Claude Mathieu pour ses relectures et
ses plats cuisinés dont j'ai profité au cours de la retraite familiale qui
fut favorable à la rédaction de ce mémoire de Master. Je remercie au même
titre mon beau-père Jean-Pol Mathieu, qui a su m'accompagner avec toute la
confiance et le calme qui le caractérisent. La première partie sur
l'automobile, les motocycles, la Hi-Fi et l'informatique n'aurait pas été
possible sans la masse de témoignages que j'ai recueillis auprès des
diverses communautés de passionnés des techniques. Je remercie pour cela
tous ces hackers dans l'âme et j'espère que mon discours leur sera
suffisamment fidèle tout en révélant leurs aspirations profondes à l'égard
des techniques. La seconde partie plus essayiste et toujours centrée sur
des techniques fut parfois alimentée d'échanges d'une grande richesse avec
Thomas Leroux, écrivain, qui a approximativement le même âge que moi et
dont la culture débordante ne cesse de m'étonner. Les échanges avec Mazen
Kaderi, enseignant au Liban, furent aussi stimulants. Je remercie Patrick
Fridenson, professeur d'histoire des entreprises à l'École des Hautes
Études en Sciences Sociales sans lequel je ne me serais pas permis
d'énoncer aussi clairement mes problématiques industrielles,
anthropologiques et psychologiques au sujet de la technique.
Introduction
Quelle est la part de d'imaginaire lorsqu'un utilisateur constate
qu'une machine fonctionne bien ou mieux qu'une autre ? Cet imaginaire
chargé d'intentions, ce jeu de projections psychologiques tel un magnétisme
dont le réceptacle n'est pourtant pas animal [1], peut-il avoir un impact
sur le fonctionnement de ces objets ? Que se « passe-t-il » entre l'homme
et la machine ? Comment se fait-il que, comme je le montrerai plus tard,
que des productions artisanales ou des produits de l'industrie des années
1970 jusqu'au début des années 1990 soient perçues comme plus fiables et
parfois même plus performantes que les produits de l'industrie
contemporaine ? Je m'inscris dans une réflexion de fond en anthropologie
des techniques, en psychologie ainsi qu'en philosophie des techniques en
analysant des manifestations peu communes de savoir-faire et de savoirs
implicites [2], [3]. Dans une première partie, je présente des produits automobiles et
motocycles jusqu'au milieu des années 1990, des produits de la Haute
Fidélité acoustique (Hi-Fi) et de l'informatique des années 1970-1980 qui
ont marqué suffisamment d'utilisateurs et sont ainsi devenus des
références. Aujourd'hui encore, ces produits sont utilisés, réparés et
maintenus par, respectivement, d'irréductibles mécaniciens, audiophiles et
hackers. J'expliquerai ce qui anime ces communautés d'utilisateurs
passionnés par le rétro. Il s'avère qu'au-delà du plaisir de contempler et
d'utiliser du matériel de collection, c'est clairement une recherche de
qualité qui est en jeu pour cette catégorie d'usagers. Les mécaniciens
estiment majoritairement que les voitures des années 1980 jusqu'au début
des années 1990 sont, non seulement plus faciles à maintenir, mais aussi
plus fiables que nos voitures contemporaines ; ces dernières ayant subi les
affres de la conception assistée par ordinateur et de la gadgetisation. Au
sujet de la Hi-Fi, grandement majoritaires sont les passionnés des
communautés audiophiles - celles-ci sont relativement importantes en
France, en Allemagne et au Japon - qui s'inscrivent en faux contre la
pratique de l'achat statutaire et préfèrent le rendu sonore du Vintage
comparé à celui du matériel neuf et haut de gamme. Enfin, dans
l'informatique, les hackers et les membres de la communauté open-source
maintiennent et développent des programmes particulièrement difficiles à
utiliser puisqu'ils se dispensent de toute ergonomie. Ces logiciels sont
plus efficaces que les logiciels payants et sont utilisés par les
professionnels les plus exigeants sur les systèmes d'informations
prépondérants. Ces contre-exemples au discours dominant, selon lequel il
faudrait systématiquement acheter du neuf et tirer profit des dernières
conceptions, conduiront à envisager une forme de perversion des techniques
causée par la surenchère toujours renouvelée de l'innovation. Par l'étude de ces cas pratiques, j'explore un espace entre les
sentiments humains et la matérialité de leur expression. J'envisagerai
ainsi l'activité d'un ingénieur, mécanicien, audiophile ou hacker ainsi que
celle des utilisateurs, en tentant d'en déterminer la nature et je
démontrerai que la notion de qualité nécessite la prise en compte de
facteurs affectifs et de proximité de l'homme à la machine. C'est
certainement l'expertise, le savoir-faire et la passion des concepteurs et
des utilisateurs qui leur permettent d'élaborer l'idée d'un objet technique
d'exception. Il arrive d'ailleurs fréquemment que cela soit accompli
lorsque le concepteur réalise un produit en vue de l'utiliser lui-même.
Cela s'explique d'abord naturellement par le désir de bien faire, la
cohérence globale du projet technique et l'attention du détail qui sont
d'autant plus importants si les concepteurs en tirent des bénéfices
directs. Mais cela s'explique aussi selon moi, par l'absence d'ornements
et d'accessoires résultant de l'objectif individuel et non commercial.
L'artisan et l'ingénieur peuvent se dispenser de tout ce qui est
facilitateur. Puisqu'ils en sont les concepteurs, ils savent évidemment
comment manipuler leurs machines sans l'artifice des interfaces.
« L'ornement est un crime », disait Adolf Loos dans le domaine de
l'architecture. J'observe que c'est un principe qui est respecté ipso
facto chez tous les passionnés des techniques que j'ai rencontrés et cela
se vérifie jusque dans l'apparence des produits techniques qu'ils
réalisent. L'absence d'esthétique délibérée devient en quelque sorte un
gage qualité, puisqu'elle suggère que le produit fut réalisé par l'un de
leurs pairs.
L'approche de la qualité chez les passionnés
d'automobile et de motocycle « Old Benzes don't die, they go into
hibernation or dormancy, to be
awakened when the next oil shock
hits »
Paul Niedermeyer Définition historique et industrielle de la qualité Que signifie le terme « qualité » dans l'industrie et chez les
constructeurs automobiles ? Un article de Patrick Fridenson sur le
développement du fordisme et de la qualité en France, ainsi que celui de
Izumi Nonaka sur les évolutions du contrôle qualité au Japon apportent de
nombreux éclaircissements sur sa genèse [4],[5]. La notion de la qualité
dans l'automobile arrive en conséquence de la taylorisation et de la
fordisation de la production. Il s'agissait dès l'après première guerre
mondiale d'obtenir un niveau de qualité de la production en chaîne
identique sinon supérieur au travail manuel. La notion de qualité dans
l'automobile rend compte d'un effort des constructeurs de maintenir un
niveau de qualité dans le contexte industriel d'une production de masse et
de la division du travail. Quelles méthodes les constructeurs ont-ils
mises en ?uvre pour assurer la qualité de leur production au cours des
diverses étapes de la fordisation en France ? Patrick Fridenson met en
lumière la spécificité française du déploiement des méthodes de contrôle
qualité. Cette spécificité semble pouvoir se résumer par des difficultés,
des manques de cohérence et des idées précurseurs qui ne furent pas mises
en pratique, plutôt que par l'émergence d'un modèle efficace et pérenne à
l'instar des Japonais [6]. Dans l'entre deux guerres, les constructeurs
français n'ont pas mis l'accent sur l'inspection des pièces mais sur la
qualité des procédures et des techniques de production. Il furent en cela
en avance sur les méthodes de qualité japonaises. Renault fut le plus
efficace dans cette démarche tout en réduisant les coûts de production.
Ernest Mattern, directeur de production chez Peugeot, proposait juste avant
la seconde guerre mondiale, une étroite collaboration avec les
fournisseurs. Ces évolutions de la conception du contrôle qualité ne
furent pas en mesure de révéler tout leur potentiel puisque les efforts des
constructeurs français e