Tableaux de bord et indicateurs environnementaux - Hal

et à tous les secteurs (public, associatif, commerce, services?). Selon
Zimnovitch [1999] et Naulleau et Rouach [1998], plusieurs outils symbolisent la
refondation du contrôle de gestion pour une meilleure mesure de la performance
(la gestion par les activités, le tableau de bord prospectif, la budgétisation à base
zéro, ...

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A quoi servent les indicateurs de la RSE ?
Limites et modalités d'usage Nicolas Berland
Professeur en Sciences de gestion
Institut d'Administration des Entreprises (IAE) de Poitiers
20, Rue Guillaume VII le Troubadour BP 639
Poitiers Cedex 86022
nberland@iae.univ-poitiers.fr
1 Introduction
Quoi de plus pratique pour contrôler le caractère socialement responsable
des actions d'une entreprise que d'évaluer sa performance au travers d'une
batterie d'indicateurs ? Une fois comparés à des normes, les indicateurs
permettront en effet d'objectiver le jugement porté sur une entreprise et
de dire si celle-ci est socialement responsable ou non. Ce procédé
instrumental est d'autant plus légitime qu'il est utilisé par ces mêmes
entreprises pour mesurer et piloter ce qui constitue leur raison d'être :
la création de valeur actionnariale. Pourquoi ne pas le mettre en ?uvre
dans le cadre de la Responsabilité Sociale de l'Entreprise (RSE), c'est-à-
dire pour s'assurer qu'au-delà du simple profit à court terme, l'entreprise
produit du profit à long terme mais surtout qu'elle tient compte de sa
performance sociale, écologique et sociétale ? Il s'agit alors d'utiliser
contre les entreprises irrespectueuses, et qui produisent des externalités
négatives, les mêmes armes gestionnaires que celles qu'elles utilisent pour
accroître leurs bénéfices. L'idée est séduisante mais sans doute naïve. Elle renvoie à la montée du
managérialisme dans nos sociétés dont les tenants voudraient « manager »
l'Etat, les Hôpitaux...comme des entreprises en leur appliquant les mêmes
méthodes. Curieusement, les activistes de la RSE semblent vouloir parfois
leur emboiter le pas. Pourtant la mesure de la performance financière,
commerciale et industrielle (la performance « traditionnelle ») est depuis
longtemps problématique. La multiplication, ces dernières années,
d'indicateurs non-financiers pour mesurer et piloter la performance
traditionnelle a encore accru les difficultés. La relative nouveauté de
cette pratique montre également qu'elle ne va pas de soi. A bien y
réfléchir, c'est la définition de la performance elle-même qui, au final,
semble poser problème (Bessire, 1999, Bourguignon, 1997, Bourguignon and
Chiapello, 2003, Lorino, 1995). Tout le monde en parle mais personne n'est
définitivement d'accord sur sa définition. Ainsi, par exemple, jusqu'à la
veille de sa faillite, Enron était encore qualifiée de « still the best of
the best » par les agences de notation. Il est d'ailleurs cocasse de
constater que la mode de la création de valeur qui a imprégné les discours
managériaux des années 90, faisant suite en cela au rapport Cadbury, s'est
finalement soldée par l'une des pires crises financières de l'histoire du
capitalisme et l'une des plus grandes destructions de valeur. Dès lors, la
multiplication des indicateurs autour de la RSE, elle-même développée à la
suite du rapport Brundtland, a de quoi nous inquiéter sur l'avenir de la
planète. Deux raisons militent pour cette inquiétude. D'une part, la
maîtrise des actions des entreprises au travers d'indicateurs visant à
faire changer leurs comportements est sans doute efficace mais on peut se
demander si cela n'est pas finalement assez marginal par rapport aux enjeux
considérables posés par la RSE. D'autre part, et cela constituera la trame
de cet article, il semble que les discours autours des indicateurs de la
RSE reflètent les mêmes présupposés idéologiques que ceux concernant la
mesure et le pilotage traditionnel de la performance financière,
commerciale et industrielle. Dès lors, ce n'est pas un hasard si le sous-
titre de cet article se propose d'abord de discuter des limites d'une
gestion par les indicateurs avant d'envisager, non un rejet de cette
pratique, mais une adaptation en identifiant des usages alternatifs. La première partie de cet article développe une critique de la montée en
puissance des indicateurs de la RSE. Pour cela, une analyse symétrique de
l'utilisation des indicateurs gestionnaires et des indicateurs de la RSE
est développée. Au final, c'est la théorie de l'agence qui est la
principale cible de cette critique. La deuxième partie propose d'élargir,
au-delà de la théorie de l'agence, les usages possibles des indicateurs de
la RSE. La production d'indicateurs n'est alors plus la fin du processus
d'évaluation, mais son commencement.
2 Critiques de l'utilisation des indicateurs de la RSE La RSE produit de plus en plus d'informations à destination des acteurs
internes de l'entreprise et surtout des parties prenantes. Pourtant ces
indicateurs sont autant source de difficultés qu'ils ne permettent d'en
résoudre. Ils compliquent ainsi l'évaluation des pratiques RSE des
entreprises (1.1). Il est intéressant de noter que ces difficultés sont
symétriques de celles que les entreprises rencontrent avec l'usage
d'indicateurs dans un cadre plus traditionnel telle que la maîtrise des
performances financières, commerciales et industrielles (1.2). Ces
difficultés semblent se concentrer sur les usages des indicateurs à des
fins d'évaluation, usages développés dans le cadre de la théorie de
l'agence (1.3). 2.1 Une production croissante d'indicateurs
La montée en puissance, depuis quelques années, de la RSE s'est accompagnée
du développement de la publication d'indicateurs. Le fait marquant des
pratiques RSE est de porter à la connaissance du public une information
autre que financière, commerciale et industrielle. Cette information qui
préexistait à la RSE est alors passée des mains de quelques spécialistes à
celles, parfois moins expertes, des parties prenantes. Ces indicateurs
doivent servir à mesurer la performance des entreprises et à juger de leur
volonté de s'attaquer à des problèmes écologiques, sociaux et sociétaux. Le document le plus emblématique de la diffusion d'une information
sociétale est sans doute le rapport sur le développement durable. Dans le
prolongement de ce mouvement, des agences de notation sont également
apparues afin d'évaluer la performance des entreprises. Mais cette
information sociétale suscite nombre d'interrogations : . Qui lit les rapports de développement durable ? La question n'a pas
pour le moment de réponse très claire (le cabinet Utopies ? Les
étudiants et les chercheurs sont sans doute les premiers lecteurs
car c'est une information disponible. Les activistes sociaux et
environnementaux y trouvent du matériel pour orienter leurs
actions. Mais au-delà ?
. Dans le même esprit, qui se sert des notes des agences de
notation ? La diversification des activités de ces agences doit-
elle être interprétée comme un signal de l'étroitesse du marché
qu'elles visaient ?
. Quelle confiance peut-on accorder aux informations ainsi
produites ? Les mesures sont difficiles et posent des problèmes
qui, en première lecture, semblent au moins aussi difficiles, sinon
plus, que la production d'informations financières. Précisément, à
l'instar du domaine financier, les cabinets d'audit se sont lancés,
timidement, dans la fiabilisation des chiffres via des audits
externes. Des initiatives telles que la GRI (Global Reporting
Initiative) lancée en 1997 (Stephany, 2003) concourent à fiabiliser
les chiffres. Mais comme dans le domaine financier cela pose la
question de la légitimité du producteur de la norme.
. Que mettre dans les rapports de développement durable ?
L'information ne peut s'arrêter aux frontières juridiques de
l'entreprise. Cela pose donc la question du périmètre à prendre en
compte. Doit-on par exemple inclure les fournisseurs ?
Potentiellement, l'information à produire peut relever d'un très
grand nombre de domaine. Il est souvent matériellement impossible
de rendre compte sur toutes les informations mais alors comment
faire le choix des informations à publier. En fonction de quelle
pertinence ? Il est souhaitable d'analyser ces difficultés, dont la liste ci-dessus
n'est sans doute pas exhaustive, à la lumière des pratiques plus
traditionnelles de production d'indicateurs à des fins gestionnaires.
2.2 Une lecture symétrique de la production d'indicateurs gestionnaires et
d'informations sur la RSE
La publication d'information financière rencontre souvent les mêmes
difficultés que la publication d'information sur la RSE. Il n'est pas rare
aujourd'hui de lire des rapports annuels financiers de plus de 300 pages,
sans pour autant être sûr que la qualité de l'information produite se soit
accrue. Les reproches adressés aux tableaux de bord gestionnaires sont
relatives tout à la fois à leur trop grand nombre d'indicateurs et à leur
caractère bien souvent ambigu. Il y a donc une symétrie entre le système
gestionnaire et le système RSE. La publication par les entreprises d'indicateurs sur la RSE est souvent
critiquée. On lui reproche de permettre aux entreprises de faire du
« greenwashing » : les entreprises utiliseraient alors cette information
pour « verdir » leurs actions. On reproche aux entreprises de fournir des
chiffres très imprécis, sans référence à des objectifs à atteindre et
passant sous silence les problèmes les plus aigus. Le soupçon est légitime.
Mais, symétriquement, il y a longtemps que les entreprises s'évertuent à
présenter dans leurs comp