La pensée et le mouvant

Mais dès que nous avons aperçu intuitivement le vrai, notre intelligence se
redresse, se corrige, formule intellectuellement son erreur. ...... Kant a pris pour
une réalité ce rêve de quelques philosophes modernes [28] : bien plus, il a cru
que toute connaissance scientifique n'était qu'un fragment détaché, ou plutôt une
pierre ...

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|Henri BERGSON (1859-1941) |
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|La pensée et |
|le mouvant |
|ESSAIS ET CONFÉRENCES. |
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|(Articles et conférences datant de 1903 à 1923) |
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|Un document produit en version numérique par Mme Marcelle |
|Bergeron, bénévole |
|Professeure à la retraite de l'École Dominique-Racine de |
|Chicoutimi, Québec |
|et collaboratrice bénévole |
|Courriel: mailto:mabergeron@videotron.ca |
|Site web: http://www.geocities.com/areqchicoutimi_valin |
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|Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences |
|sociales" |
|dirigée et fondée par Jean-Marie Tremblay, |
|professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi |
|Site web: |
|http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociale|
|s/index.html |
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|Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque |
|Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi |
|Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm |
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| | Un document produit en version numérique par Mme Marcelle Bergeron,
bénévole,
professeure à la retraie de l'École Dominique-Racine de Chicoutimi, Québec
courriel: mailto:mabergeron@videotron.ca
site web: http://www.geocities.com/areqchicoutimi_valin à partir de :
Henri Bergson (1859-1941) La pensée et le mouvant. Essais et conférences. (Recueil d'articles et de conférences datant de 1903 à 1923)
Une édition électronique réalisée du livre La pensée et le mouvant.
Paris :Les Presses universitaires de France, 1969, 79e édition, 294 pages.
Collection : Bibliothèque de philosophie contemporaine.
Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points.
Pour les citations : Times 10 points.
Pour les notes de bas de page : Times, 10 points.
Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word
2001 pour Macintosh. Mise en page sur papier format
LETTRE (US letter), 8.5'' x 11'') Édition complétée le 14 août 2003 à Chicoutimi, Québec.
Avec la précieuse coopération de M. Bertrand Gibier, bénévole, professeur
de philosophie, qui a réécrit en grec moderne toutes les citations ou
expressions grecques contenues dans l'?uvre originale : bertrand.gibier@ac-
lille.fr. [pic]
Table des matières
Avant-propos I. - Introduction (première partie). Croissance de la vérité. Mouvement
rétrograde du vrai
II. - Introduction (deuxième partie). De la position des problèmes
(22 janvier 1922)
III. - Le possible et le réel. Essai publié dans la revue suédoise
Nordisk Tidskrift en novembre 1930
IV. - L'intuition philosophique. Conférence faite au Congrès de
Philosophie de Bologne le 10 avril 1911
V. - La perception du changement. Conférences faites à l'Université
d'Oxford les 26 et 27 mai 1911 Première conférence
Deuxième conférence VI. - Introduction à la métaphysique
VII. - La philosophie de Claude Bernard. Discours prononcé à la
cérémonie du Centenaire de Claude Bernard, au Collège de France, le
30 décembre 1913. VIII. - Sur le pragmatisme de William James. Vérité et réalité
IX. - La vie et l'?uvre de Ravaisson
Henri Bergson
(1869-1941) La pensée et le mouvant
Essais et conférences
Paris : Les Presses universitaires de France
Collection : Bibliothèque de philosophie contemporaine. __ 1969, 294 pages
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La pensée et le mouvant Essais et conférences.
Avant-propos
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Le présent recueil comprend d'abord deux essais introductifs que nous
avons écrits pour lui spécialement, et qui sont par conséquent inédits. Ils
occupent le tiers du volume. Les autres sont des articles ou des
conférences, introuvables pour la plupart, qui ont paru en France ou à
l'étranger. Les uns et les autres datent de la période comprise entre 1903
et 1923. Ils portent principalement sur la méthode que nous croyons devoir
recommander au philosophe. Remonter à l'origine de cette méthode, définir
la direction qu'elle imprime à la recherche, tel est plus particulièrement
l'objet des deux essais composant l'introduction.
Dans un livre paru en 1919 sous le titre de L'Énergie spirituelle nous
avions réuni des « essais et conférences » portant sur les résultats de
quelques-uns de nos travaux. Notre nouveau recueil, où se trouvent groupés
des « essais et conférences » relatifs cette fois au travail de recherche
lui-même, sera le complément du premier.
Les Delegates of the Clarendon Press d'Oxford ont bien voulu nous
autoriser à reproduire ici les deux conférences, si soigneusement éditées
par eux, que nous avions faites en 1911 à l'Université d'Oxford. Nous leur
adressons tous nos remerciements.
H. B. La pensée et le mouvant Essais et conférences.
I Introduction (première partie)
Croissance de la vérité.
Mouvement rétrograde du vrai.
De la précision en philosophie. - Les systèmes. - Pourquoi ils ont
négligé la question du Temps. - Ce que devient la connaissance quand on y
réintègre les considérations de durée. - Effets rétroactifs du jugement
vrai. - Mirage du présent dans le passé. - De l'histoire et des
explications historiques. - Logique de rétrospection.
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Ce qui a le plus manqué à la philosophie, c'est la précision. Les
systèmes philosophiques ne sont pas taillés à la mesure de la réalité où
nous vivons. Ils sont trop larges pour elle. Examinez tel d'entre eux,
convenablement choisi : vous verrez qu'il s'appliquerait aussi bien à un
monde où il n'y aurait pas de plantes ni d'animaux, rien que des hommes ;
où les hommes se passeraient de boire et de manger ; où ils ne dormiraient,
ne rêveraient ni ne divagueraient ; où ils naîtraient décrépits pour finir
nourrissons ; où l'énergie remonterait la pente de la dégradation ; où tout
irait à rebours et se tiendrait à l'envers. C'est qu'un vrai système est un
ensemble de conceptions si abstraites, et par conséquent si vastes, qu'on y
ferait tenir tout le possible, et même de l'impossible, à côté du réel.
L'explication que nous devons juger satisfaisante est celle qui adhère à
son objet : point de vide entre eux, pas d'interstice où une autre
explication puisse aussi bien se loger ; elle ne convient qu'à lui, il ne
se prête qu'à elle. Telle peut être l'explication scientifique. Elle
comporte la précision absolue et une évidence complète ou croissante. En
dirait-on autant des théories philosophiques ?
Une doctrine nous avait paru jadis faire exception, et c'est probablement
pourquoi nous nous étions attaché à elle dans notre première jeunesse. La
philosophie de Spencer visait à prendre l'empreinte des choses et à se
modeler sur le détail des faits. Sans doute elle cherchait encore son point
d'appui dans des généralités vagues. Nous sentions bien la faiblesse des
Premiers Principes. Mais cette faiblesse nous paraissait tenir à ce que
l'auteur, insuffisamment préparé, n'avait pu approfondir les « idées
dernières » de la mécanique. Nous aurions voulu reprendre cette partie de
son ?uvre, la compléter et la consolider. Nous nous y essayâmes dans la
mesure de nos forces. C'est ainsi que nous fûmes conduit devant l'idée de
Temps. Là, une surprise nous attendait.
Nous fûmes très frappé en effet de voir c