Pierre-Yves Beaurepaire - Tel Archives ouvertes

Thème 3 ? Corps humain et santé : l'exercice physique / Des modifications
physiologiques à l'effort ... Livre de seconde de SVT (Bordas, Belin, éditions 2010
) ... Sujet transversal Physique-Chimie et SVT. Auteurs. Agnès ROUZAIRE et
Noëllie ...

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Pierre-Yves Beaurepaire
L'espace des francs-maçons
une sociabilité européenne au XVIIIe siècle
Du même auteur :
Les Francs-Maçons à l'orient de Clermont-Ferrand au XVIIIe siècle, Clermont-
Ferrand, Presses de l'Université Blaise-Pascal, 1991, Institut d'Etudes du
Massif Central, XLI, 365 p. Franc-maçonnerie et cosmopolitisme au siècle des Lumières, Paris, EDIMAF,
1998, 128 p. L'Autre et le Frère. L'Etranger et la Franc-maçonnerie en France au XVIIIe
siècle, Paris, Honoré Champion, Les dix-huitièmes siècles 23, 1998, 872 p.
Prix Le Monde de la Recherche universitaire.
avec Charles Giry-Deloison, La Terre et les Paysans en France et en Grande-
Bretagne XVIIe-XVIIIe siècles, Neuilly, Atlande, Clef-concours, 1999, 351
p.
La République Universelle des francs-maçons. De Newton à Metternich,
Rennes, Ouest-France, De mémoire d'homme : l'histoire, 1999, 210 p.
La Plume et le Compas au siècle de l'Encyclopédie. Franc-maçonnerie et
culture de la France des Lumières à la France des notables, Paris, EDIMAF,
2000, 128 p.
édition de La Plume et la Toile. Pouvoirs et réseaux de correspondance dans
l'Europe des Lumières, avant-propos de Daniel Roche, Arras, Artois Presses
Université, Histoire, 2002, 346 p. avec Dominique Taurisson, Edition électronique du Journal du baron Marie
Daniel Bourrée de Corberon, Paris-Saint-Pétersbourg-Paris 1775-1785 :
http://www.egodoc.revues.org/corberon/ L'Europe des francs-maçons XVIIIe-XXIe siècles, Paris, Belin, Europe &
Histoire, 2002, 325 p. Nobles jeux de l'arc et loges maçonniques dans la France des Lumières.
Enquête sur une sociabilité en mutation, Montmorency, Ivoire-clair, Les
architectes de la connaissance, 2002, 245 p. La France et l'Europe au XVIIIe siècle, Paris, éditions Autrement,
Mémoires, à paraître. Pour Pauline et Robin Introduction Franc-maçonnerie, vie de société et réseaux relationnels s'inscrit
dans une perspective d'histoire sociale et culturelle résolument
européenne. Il s'agit clairement de mettre à profit une conjoncture
favorable, marquée par l'ouverture récente de nombreux fronts
documentaires, pour relancer de la recherche française en histoire
maçonnique qui, pionnière dans les années 1960, s'est progressivement
essoufflée, isolée au sein de la communauté historienne, tranchant sur le
dynamisme observé en Autriche, en Allemagne, en Italie, en Espagne ou aux
Etats-Unis. Elle s'égare même parfois dans une « maçonnologie » (sic) a-
scientifique. L'ouverture aux chercheurs en janvier 2002 des fonds
« russes » d'archives maçonniques françaises des XVIIIe-XXe siècles
rapatriés de Moscou en décembre 2000, la mobilisation des exceptionnelles
archives du Grand Orient des Pays-Bas à La Haye, ou du Geheimes
Staatsarchiv Preußischer Kulturbesitz à Berlin, permettent de rompre avec
la mono-exploitation paresseuse du fonds maçonnique de la Bibliothèque
nationale de France, pour l'essentiel constitué de listes de membres et de
correspondances administratives stéréotypées entre les loges et leur
obédience. L'exploitation des écrits personnels ou « ego-documents » et
l'attention portée aux réseaux relationnels sont également prometteuses. En
effet, elles restituent la trajectoire individuelle, ses mobiles éventuels
dans un contexte social, culturel, familial ou professionnel considéré à
des échelles imbriquées plus qu'emboîtées -la famille, la nébuleuse
huguenote et le réseau négociant européen par exemple-, alors qu'une liste
de noms ne permettait pas de poser les questions essentielles : Pourquoi
devient-on franc-maçon ? Dans quels buts ? Comment articule-t-on
l'affiliation maçonnique avec son dispositif social et sociable ? Dans
quelle mesure intervient-elle sur un espace et un réseau relationnels ?
Avant d'être une institution, la loge est d'abord une communauté de pairs
où un individu s'insère en société.
La Franc-maçonnerie qui s'épanouit sur le chantier de la République
universelle des francs-maçons et au sein du royaume européen des m?urs est
d'emblée européenne, c'est donc à cette échelle que son succès au XVIIIe
siècle doit être appréhendé. Ses réseaux de correspondance, ses périodiques
-car il existe une presse maçonnique- et son marché du livre, ses régimes
de hauts grades, ses milliers de loges maçonniques -900 en France à la fin
de l'Ancien Régime- assurent un maillage de l'espace européen sans
équivalent. Articulé à la nébuleuse huguenote, aux réseaux d'information
diplomatiques et négociants, il met en place un dispositif performant de
« gestion de la mobilité » (Daniel Roche) en Europe, ce qu'ont bien compris
les aventuriers qui s'y infiltrent pour parvenir jusqu'aux cercles
aristocratiques et mondains les plus étroits. Intégrer la dimension
européenne, c'est également prendre en compte l'existence d'une Maçonnerie
brillante, offrant une offre de divertissement mondain variée -bals,
concerts et théâtre amateurs- dans un espace qui transcende la frontière
entre espaces domestique et public pour intégrer le temple de la loge, la
vie de société, les châteaux et les hôtels particuliers. On met ainsi en
évidence la plasticité et la résistance d'un modèle aristocratique -que
l'on redécouvre également à propos des salons- de sociabilité maçonnique,
qui permet de contester la thèse de Ran Halevi sur Les loges maçonniques
dans la France d'Ancien Régime. Aux origines de la sociabilité démocratique
et de nuancer le modèle habermasien d'une sociabilité maçonnique
« bourgeoise » laboratoire de L'Espace public. Les loges de cour existent
au XVIIIe siècle, elles ont un pouvoir d'attraction considérable qui
déborde largement la sphère aristocratique.
La création d'un Réseau scientifique pour l'étude de la communication
dans l'Europe moderne, la mise au point d'une base de données
relationnelles, le développement d'un outil d'instrumentation électronique
performant, Arcane, permettent à la fois d'intégrer de nouveaux outils
d'information et d'analyse, de proposer une cartographie dynamique de
l'espace européen des Lumières, et surtout d'articuler des recherches trop
souvent cloisonnées : l'essor de la Franc-maçonnerie européenne mobilise et
éclaire les ressources de la nébuleuse huguenote, l'étude du versant
maçonnique du Kavaliertour -voyage de formation et d'agrément nobiliaire-
intéresse l'histoire de la formation des élites européennes et de leur
entrée dans le monde.
Cet ouvrage milite pour une histoire sociale et culturelle de la
Franc-maçonnerie étroitement articulée aux nouvelles approches de la vie de
société et de la sociabilité des élites européennes. Le chapitre premier
présente donc moins un état des lieux exhaustif de la recherche ou un bilan
historiographique, qu'un état des forces, des moyens. Il met en évidence
dans une perspective européenne leur faiblesse en France, le problème du
renouvellement des générations de chercheurs, l'absence de reconnaissance
institutionnelle, et les risques d'une marginalisation croissante au sein
de la sphère universitaire, le paradoxe de la Franc-maçonnerie étant ce
décalage entre un observatoire privilégié, un laboratoire du lien social et
cette marginalisation. Il faut réfléchir à une organisation nouvelle de la
recherche en histoire sociale et culturelle de l'espace européen des
Lumières. L'enjeu est non seulement le travail en équipe -par opposition au
travail individuel voire solitaire- mais l'interconnexion entre des champs
disciplinaires différents, des objectifs qui ne le sont pas moins, des
espaces divers, sans qu'aucun protagoniste de l'échange n'y perde son
identité. Les outils d'édition et d'instrumentation électroniques présentés
dans le chapitre deux montrent que, sans céder à l'illusion de
l'intelligence artificielle, une organisation réticulaire et souple de la
recherche, favorisant les échanges d'information et de compétence au rythme
et à l'intensité souhaités par chacun, sans créer des structures aussi
lourdes qu'improductives, est possible. Si l'on veut recentrer la Franc-
maçonnerie dans le dispositif de la recherche scientifique, il importe de
penser l'organisation de ce dernier en réseau, comme un espace relationnel
où tisser des liens, présenter une offre d'informations, d'outils et de
compétences, favoriser les échanges, se nourrir régulièrement des apports
méthodologiques et des questionnements venus d'autres terrains ouvre
l'univers des possibles. C'est ce que l'historien de la médecine Marc
Ratcliff étudiant la manière dont Abraham Trembley (1710-1784) réussit à
intéresser, mobiliser et finalement passionner l'Europe savante du XVIIIe
siècle pour la recherche sur le polype (Hydra viridissima) et sa
régénération nomme la « stratégie de la générosité ». Sous la forme
d'études de cas, les chapitres trois et quatre précisent et éprouvent ces
deux axes stratégiques : faire le choix résolu d'une approche européenne
-ce qui n'interdit en aucune manière de varier la focale-, sinon la
richesse des dispositifs -mais aussi certaines de leurs faiblesses-, des
échanges, l'intensité des rivalités et des affrontements, les
recompositions spatiales peinent à être restituées ; associer pour un
profit mutuel la recherche sur la sociabilité maçonnique aux enquêtes qui
enrichissent et renouvellent notre approche de la vie de so