Ambiguïtés de l'écriture réaliste des romanciers du XIXème siècle ...

On effectue ensuite l'exercice n° 2 qui permet de réinvestir les notions abordées.
... ne pouvoir séjourner dans la capitale, en regagnant sa province par la route
...... et des dents pour dévorer ou rire, une conception psychique qui a le relief du
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Ambiguïtés de l'écriture réaliste des romanciers du XIXème siècle
(Groupement de textes)
Cette séquence a été réalisée par M. Carlos GUERREIRO, Certifié de Lettres
Modernes, pour ses élèves de 1ère du Lycée de L'Arc à Orange Cette brève séquence, la troisième de l'année, a été réalisée avec une
classe de 1ère S avant l'étude en oeuvre intégrale de Nana d'Émile Zola. Objectifs : Il s'agira, dans un premier temps, de caractériser les
principaux procédés d'écriture à l'oeuvre dans certains romans à visée
réaliste du XIXème siècle pour créer l'illusion du réel. On montrera
ensuite que, malgré les professions de foi théoriques, les ?uvres de ces
auteurs ne sont pas exemptes d'ambiguïtés et que le réalisme ne se réduit
pas à une simple copie du réel. D'une manière générale, on mettra en
évidence les difficultés qu'implique la volonté de reproduire fidèlement le
réel, soit que celui-ci soit par essence insaisissable et qu'il se dérobe,
soit que les nécessités de la composition romanesque (p.ex. dramatisation
ou construction d'un « type ») ou la visée symbolique du passage entrent en
tension avec la représentation de la stricte réalité. Objet d'étude : « Le roman et ses personnages : vision de l'homme et du
monde » Problématique : En quoi l'écriture réaliste des romanciers du XIXème
dépasse-t-elle la simple reproduction du réel ? Textes analysés en lecture analytique < L.A n°1 : « Le portrait du père Grandet », Eugénie Grandet (1833),
Honoré de Balzac
< L.A n°2 : «La mort de Gavroche », Les Misérables (1862), V, 1, Victor
Hugo < L.A n°3 : « La découverte du Voreux », Germinal (1885), Émile Zola, I,
3 Documents complémentaires : < Extrait de Le Rouge et le noir, Stendhal, 1833, II, 19
< Extrait de l'avant propos de 1842 à La Comédie humaine, Honoré de
Balzac
< Extrait de William Shakespeare, Victor Hugo, 1864
< Extrait de Le Romancier et ses personnages, François Mauriac, 1933 Lecture cursive obligatoire : < La préface de Pierre et Jean, Maupassant (extrait)
< « Les personnages de La Comédie humaine », p247 (Français Littérature
1ère - Nathan)
Séance 1 : Introduction à la séquence Objectifs : Approche des principaux procédés d'écriture réalistes à travers
un ensemble d'exercices Activités : On commence par définir sommairement le réalisme comme une
tendance de fond du genre romanesque qui concerne essentiellement la
seconde moitié du XIXe siècle, et s'oppose à l'idéalisation romantique de
la première moitié du siècle. Sans entrer dans des considérations
exagérément subtiles, on indiquera le nom de quelques auteurs
incontournables et on soulignera que les catégories des « courants
littéraires » sont parfois quelque peu artificielles et peinent à rendre
compte de la complexité des auteurs et des ?uvres. On se dotera pour la
séquence d'une définition schématique, mais opératoire : on définira, dans
un premier temps, l'écriture à visée réaliste comme une écriture dont le
but est de décrire le plus fidèlement possible la réalité. On réalise
ensuite le premier exercice qui permet de formaliser quelques procédés
fondamentaux (abondance et précision des descriptions, ancrage référentiel
avec la mention de lieux, dates, noms et événements réels, utilisation de
lexiques spécialisées, niveaux de langue en conformité avec le statut des
personnages, intrigues banales voire insignifiantes puisées dans la vie
quotidienne, personnages ordinaires, ...). On effectue ensuite l'exercice
n° 2 qui permet de réinvestir les notions abordées. Exercice n°1 : lecture cursive 14 septembre.
Aujourd'hui, 14 septembre, à trois heures de l'après-midi, par un
temps doux, gris et pluvieux, je suis entrée dans ma nouvelle place.
C'est la douzième en deux ans. Bien entendu, je ne parle pas des places
que j'ai faites durant les années précédentes. Il me serait impossible
de les compter. Ah ! je puis me vanter que j'en ai vu des intérieurs et
des visages, et de sales âmes... Et ça n'est pas fini... A la façon,
vraiment extraordinaire, vertigineuse, dont j'ai roulé, ici et là,
successivement, de maisons en bureaux et de bureaux en maisons, du Bois
de Boulogne à la Bastille, de l'Observatoire à Montmartre, des Ternes
aux Gobelins, partout, sans pouvoir jamais me fixer nulle part, faut-il
que les maîtres soient difficiles à servir maintenant !... C'est à ne
pas croire.
L'affaire s'est traitée par l'intermédiaire des Petites Annonces
du Figaro et sans que je voie Madame. Nous nous sommes écrit des
lettres, ç'a été tout : moyen chanceux où l'on a souvent, de part et
d'autre, des surprises. Les lettres de Madame sont bien écrites, ça
c'est vrai. Mais elles révèlent un caractère tatillon et méticuleux...
Ah ! il lui en faut des explications et des commentaires, et des
pourquoi, et des parce que... Je ne sais si Madame est avare ; en tout
cas, elle ne se fend guère pour son papier à lettres... Il est acheté
au Louvre... Moi qui ne suis pas riche, j'ai plus de coquetterie...
J'écris sur du papier parfumé à la peau d'Espagne, du beau papier,
tantôt rose, tantôt bleu pâle, que j'ai collectionné chez mes anciennes
maîtresses... Il y en a même sur lequel sont gravées des couronnes de
comtesse... Ça a dû lui en boucher un coin.
Octave Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre, 1900 1) Relevez les indications spatio-temporelles. Quelle est leur fonction ?
Quels sont les autres détails qui donnent l'impression de la réalité ?
2) En quoi le titre du roman inscrit-il ce passage dans le registre
réaliste ?
Exercice n°2 : lecture cursive
Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de-Montereau,
près de partir, fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard.
Des gens arrivaient hors d'haleine; des barriques, des câbles, des
corbeilles de linge gênaient la circulation ; les matelots ne
répondaient à personne ; on se heurtait ; les colis montaient entre les
deux tambours, et le tapage s'absorbait dans le bruissement de la
vapeur, qui, s'échappant par des plaques de tôle, enveloppait tout
d'une nuée blanchâtre, tandis que la cloche, à l'avant, tintait sans
discontinuer.
Enfin le navire partit ; et les deux berges, peuplées de magasins, de
chantiers et d'usines, filèrent comme deux larges rubans que l'on
déroule.
Un jeune homme de dix-huit ans, à longs cheveux et qui tenait un album
sous son bras, restait auprès du gouvernail, immobile. A travers le
brouillard, il contemplait des clochers, des édifices dont il ne savait
pas les noms ; puis il embrassa, dans un dernier coup d'oeil, l'île
Saint-Louis, la Cité, Notre-Dame ; et bientôt, Paris disparaissant, il
poussa un grand soupir.
M. Frédéric Moreau, nouvellement reçu bachelier, s'en retournait à
Nogent-sur-Seine, où il devait languir pendant deux mois, avant d'aller
faire son droit . Sa mère, avec la somme indispensable, l'avait envoyé
au Havre voir un oncle, dont elle espérait, pour lui, l'héritage ; il
en était revenu la veille seulement ; et il se dédommageait de ne
pouvoir séjourner dans la capitale, en regagnant sa province par la
route la plus longue.
Le tumulte s'apaisait ; tous avaient pris leur place ; quelques-uns,
debout, se chauffaient autour de la machine, et la cheminée crachait
avec un râle lent et rythmique son panache de fumée noire ; des
gouttelettes de rosée coulaient sur les cuivres ; le pont tremblait
sous une petite vibration intérieure, et les deux roues, tournant
rapidement, battaient l'eau.
La rivière était bordée par des grèves de sable. On rencontrait des
trains de bois qui se mettaient à onduler sous le remous des vagues, ou
bien, dans un bateau sans voiles, un homme assis pêchait ; puis les
brumes errantes se fondirent, le soleil parut, la colline qui suivait à
droite le cours de la Seine peu à peu s'abaissa, et il en surgit une
autre, plus proche, sur la rive opposée.
L'Éducation sentimentale, Gustave Flaubert (1869) 1) En quoi ce début de roman relève-t-il du registre réaliste ? Séance 2 : Le portrait du père Grandet Objectif : Il s'agit d'étudier en quoi la composition du portrait et le jeu
des regards permet de donner une épaisseur humaine à un personnage fictif
créant ainsi l'illusion d'un être réel, avant de montrer que le portrait de
Grandet porte en lui une tension entre le « souci de faire vrai » et la
construction d'un « type » humain ou la nécessaire dramatisation du récit. Activités : Après une analyse à l'oral qui expose les grandes lignes du
commentaire, on distribue aux élèves le plan de la lecture analytique (voir
ci-après) que l'on complète ensemble. L.A. n°1 : le portrait du père Grandet [Ancien tonnelier d'une extrême avarice, le père Grandet a amassé une
fortune colossale à partir de spéculations réalisées sous la Restauration.
Voici son portrait.] Il n'allait jamais chez personne, ne voulait ni recevoir ni donner
à dîner ; il ne faisait jamais de bruit, et semblait économiser tout,
même le mouvement. Il ne dérangeait rien chez les autres par un respect
constant de la propriété. Néanmoins, malgré la douceur de sa voix,
malgré sa tenue circonspecte, le langage et les habitudes du tonnelier
perçaient, surtout quand il était au logis, où il