''L' EUROPE, LE MODELE ET LA PUISSANCE'' par PIERRE ...

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''L' EUROPE, LE MODELE ET LA PUISSANCE'' par PIERRE DEFRAIGNE
DIRECTEUR EXECUTIF DE LA FONDATION MATARIANGA-COLLEGE D' EUROPE
Lien vers l'article http://fr.scribd.com/doc/126973816/L-EUROPE-LE-MODELE-
ET-LA-PUISSENCE-par-PIERRE-DEFRAIGNE / Madariaga Paper - Vol. 6, No. 2
(fév. 2013) / www.madariaga.org La bataille de l'euro, c'est la bataille de Stalingrad de l'Europe. On n'a
pas droit au pessimisme. Car, c'est le destin même de l'Union européenne
qui se joue ici. La tâche est immense. Il ne s'agit pas seulement de sauver
l'euro. Encore ne faut-il pas lui sacrifier le contrat social qui fonde la
démocratie en Europe. Or, c'est le risque que prennent les architectes de
la nouvelle gouvernance de l'eurozone. Pris dans la logique
intergouvernementale et dans l'urgence, ils n'intègrent pas la donne
politique européenne dans son ensemble: gouvernance, modèle social
soutenable et puissance de l'eurozone. Car sans modèle social commun, la
démocratie ne résistera pas à la crise qui s'approfondit en Europe. C'est
en cela que la bataille de l'euro est vitale pour la possibilité même de la
démocratie en Europe. C'est en cela que la construction de la nouvelle
Eurozone est l'affaire des citoyens. Elle doit marquer la première étape
vers l'émergence d'un véritable « démos » européen sans lequel il n'est pas
de fédéralisme possible. L'Etat-nation révèle son impuissance constitutive à réguler un capitalisme
désormais globalisé et à affronter seul des défis géopolitiques comme la
montée en puissance de la Chine et le recul hégémonique des USA et comme
l'instabilité au Moyen-Orient, en Asie Centrale ou en Afrique. Il perd sa
légitimité démocratique et ouvre ainsi un champ aux populismes voire,
paradoxe absurde, aux nationalismes. Quant à l'UE, faute d'intégration
politique, elle reste désarmée devant la crise systémique du capitalisme
occidental et devant les mêmes menaces stratégiques. Pourtant, l'UE
constitue dorénavant la seule possibilité pour l'Europe de peser sur le
cours des choses dans un monde en plein chambardement. Reste cependant à
lui assigner un projet fédérateur, qui fasse sens pour les citoyens.
Réguler le capitalisme de marché à l'échelle du continent pour fonder un
modèle social commun et accéder à la puissance est la vocation de l'UE. La
puissance est nécessaire pour affirmer les intérêts et les valeurs partagés
par les Européens, à travers leur modèle de développement, dans un monde
multipolaire dominé par des puissances continentales émergentes. Le modèle
social est, par excellence, l'atout stratégique immatériel de l'UE dans son
rapport au monde. Il donne à l'Europe sa singularité et son visage. Mais,
il est aujourd'hui menacé dans ses fondements par l'absence d'un projet
politique ambitieux et par la crise. Malgré les avancées sur le front de la
gouvernance de l'euro, la crise persiste en Europe. Sous l'effet de la
crise et des politiques d'austérité et de compétitivité qui ont à court
terme un effet déflationniste, le chômage, la précarité et les inégalités
s'accroissent et la crise financière menace à nouveau. Le système
économique s'enraye et si les politiques tentées jusqu'ici ont évité le
pire, elles s'avèrent impuissantes à renverser la spirale déflationniste
qui s'amorce. Trois dangers menacent.
Le premier demeure la désintégration de l'eurozone. Une réaction des
marchés à une nouvelle crise bancaire ou à la résistance des populations
aux politiques déflationnistes dans les pays de la périphérie (PIIGS) peut
tuer l'euro. La rupture de l'eurozone lézarderait le marché unique et
aurait raison de l'unité de l'UE. Le second danger est l'urgence sociale
elle-même. A partir d'un certain seuil de chômage combiné avec un recul de
la protection sociale, elle pourrait susciter des mouvements sociaux et
amener au pouvoir des gouvernements autoritaires pour imposer le retour à
la stabilité politique interne. Ainsi se trouveraient remises en cause la
démocratie en Europe et, par voie de conséquence, l'unité de l'UE. Le
troisième danger tient à ce que l'Allemagne qui, pour le moment s'en sort
mieux, dicte au reste de l'eurozone une politique d'austérité budgétaire et
de déflation salariale qui conduirait à une déflation « à la japonaise » et
qui accroitrait la divergence économique constatée depuis une décennie au
sein de l'eurozone, entre le Nord et le Sud. Le déséquilibre politique qui
s'en suivrait entre la France et l'Allemagne mettrait en péril l'unité de
l'UE. Deux réactions interpellent: d'un côté la réticence des politiques à
prendre le relais des forces de marché, en particulier de la finance malgré
la faillite avérée de cette dernière, dans la stratégie de sortie de crise.
Ils y jouent leur crédibilité et leur légitimité. De l'autre, la
prostration d'une opinion européenne inhibée devant la complexité du
politique et dont la capacité d'agir collective est corrodée par
l'individualisme et le matérialisme exacerbés du capitalisme de marché. Ce
double point est capital. Le caractère inédit de la crise prend de court
élus et citoyens. La plupart des analyses restent conventionnelles voire
superficielles et renvoient à des clichés: pour ou contre le capitalisme,
pour ou contre l'Europe, pour ou contre le «tout au marché». Rien de
vraiment efficace n'en sort au plan des politiques économiques. Or, ce qui
se joue aujourd'hui en Europe, c'est la possibilité même de la démocratie
face à la fois à la gravité de la crise et à la complexité de la
gouvernance européenne. Toute réflexion sur le sujet commence pourtant par
une bonne compréhension de la crise. En saisir les origines lointaines et
les circonstances immédiates, le scénario de déroulement et le nouveau
contexte international, est un préalable à la recherche de solutions. _____ I. LA CRISE DU CAPITALISME DE MARCHÉ OCCIDENTAL. A - De la véritable nature du capitalisme de marché L'origine profonde de la crise renvoie à la nature même du capitalisme de
marché. Derrière le vocable «d'économie sociale de marché» qui désigne le
plus souvent en Europe le système économique de production et de
répartition de la richesse, coexistent en pratique trois réalités
différentes, mais profondément imbriquées. D'abord, l'économie de marché
proprement dite est l'univers très concurrentiel des PME et des
indépendants qui forme le tissu de nos économies et de nos sociétés.
Ensuite, le capitalisme de marché surplombe, domine et anime le mouvement
profond de l'économie; il est l'univers des grandes firmes multinationales
et de la haute finance ouverte sur le monde; il fonctionne sur un mode de
concurrence imparfaite, fait de monopoles et d'oligopoles. Il pèse lourd
dans la fixation des règles du jeu et excelle en même temps à s'y dérober.
Il est l'agent de la croissance de nos économies. Enfin, l'Etat, acteur
central de la régulation, est aussi un producteur et un consommateur de
biens et de services. Il est l'enjeu d'une rivalité entre forces
économiques et sociales: PME, grandes entreprises, finance, travail,
consommateurs et activistes environnementaux. L'équilibre des forces entre
ces trois pôles, et en particulier les rapports de force entre travail et
capital, est en permanence modifié par la dynamique inhérente au
capitalisme de marché, pivot de notre système. La puissance du capitalisme Le capitalisme de marché a une seule logique: le profit en vue de
l'accumulation de richesse et de la concentration de pouvoir de marché. Il
présente trois caractéristiques : il est innovant et, par là, il produit de
la croissance, il est sujet à des cycles et à des crises et donc instable
et il est intrinsèquement inégalitaire puisqu'il nourrit la concentration
de la richesse. Le capitalisme de marché appelle donc un pouvoir
compensateur capable d'imposer des politiques correctrices: l'efficience
dans l'allocation des ressources pour préserver sa capacité de croissance;
la stabilisation du cycle entre inflation et chômage; la redistribution
pour améliorer la justice. En ce sens, capitalisme et démocratie sont à la
fois indissociables et antagonistes. Laforce de l'Europe est née de cette
interaction conflictuelle, et parfois violente, entre capitalisme de marché
et démocratie. Cette interaction a abouti en 1945 à un compromis historique
sur la régulation du marché par la politique keynésienne de plein-emploi et
par l'Etat-Providence. C'est ce contrat social fondateur qui est
aujourd'hui remis en question par la défaillance de l'Europe devant la
mondialisation et devant la crise. Le capitalisme est international par
nature; il cherche à se dérober aux contraintes de la régulation nationale
et est constamment en quête du profit le plus élevé pour nourrir
l'accumulation du capital, sa finalité propre. Il recherche en permanence
aux quatre coins du monde, les sources d'approvisionnement les plus
avantageuses et les débouchés les plus rémunérateurs. En particulier, il va
à la recherche du travail le meilleur marché là où il existe. La multi-
localisation par la firme globale des stades de production de la valeur
ajoutée lui permet dorénavant de se déployer à l'échelle du monde. Le
besoin de régulation
La mobilité du capital lui confère ainsi le pouvoir d'arbitrer entre
territoires, c'est-à-dire entre Etats et marchés du travail nationaux, avec
une capacité accrue d'influencer les politiques publiques, d'éluder l'impôt
et de jouer les salaires à la baisse ou de détruire l'emploi dans les
économies avancées à l'avant