UNIVERSITE MONTPELLIER III - PAUL VALERY

Au livre X de la République[9], dans le mythe d'Er, la mémoire, l'oubli et la
connaissance sont étroitement liés. Plus de 2300 ans plus tard, ..... Ces tableaux
seront alors repris et corrigés (dans le chapitre : Les abysses de l'homme) car il
apparaît des petites différences mais néanmoins fondamentales. Seront
précisées la ...

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UNIVERSITE MONTPELLIER III - PAUL VALERY
Arts et Lettres, Langues et Sciences Humaines et Sociales
UFR I
DOCTORAT DE L' UNIVERSITE PAUL VALERY MONTPELLIER III
ETUDES PSYCHANALYTIQUES
THESE
Présentée et soutenue publiquement par
CANAT Sylvie
ETRE ET/ OU CONNAÎTRE : Pour une compréhension d'un rapport-limite à la
connaissance Sous la Direction de
Monsieur le professeur Jean-Bernard PATURET Univ de Montpellier
MEMBRES DU JURY :
Monsieur le Professeur Jean ANSALDI Univ de Montpellier
Madame Françoise CHEBAUX Maître de conférences HDR Univ de Caen
Monsieur Jacques GLEYSE Maître de conférences HDR IUFM Montpellier
Monsieur le Professeur Bernard SALIGNON Univ de Montpellier AVRIL 2003
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N° attribué par la bibliothèque
REMERCIEMENTS Je remercie les personnes bienveillantes qui ont accompagné, soutenu
et relancé cette recherche. SOMMAIRE
PREAMBULE 6
INTRODUCTION GENERALE 19
A. L'HORIZON DES SAVOIRS DECHIRE PAR DES SAILLANCES SUBJECTIVES (OU UN
ECHEC DU CONTRAT PEDAGOGIQUE OU SOCIAL COMME REPETITION D'ECHECS PLUS
ORIGINAIRES)
I. ANALYSE D'UN ECHEC SCOLAIRE 33 II. LA MEMOIRE ET L'OUBLI : HERITAGE PHILOSOPHIQUE ET CONCEPTION FREUDIENNE
48 III. Reprise des observations faites en classe 75 IV. Suite des observations 93 V. ?dipe ou le mythe inversé de Gaïa 110 VI. Le père de Gaïa 142 VII. Les abysses de l'homme 148 VIII. Qu'en conclure pour Gaïa ? 197
B. Panorama des saillances subjectives écorchant l'horizon des savoirs et
propositions pedagogiques
I. INTRODUCTION 205 II. LES SIGNES RECURRENTS 207 III. POUR UNE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE SPECIALISEE 263 CONCLUSION GENERALE 304
http://en.calameo.com/books/000162058b0a2e5a9e6c1
BIBLIOGRAPHIE GENERALE 314
BIBLIOGRAPHIE DES ?UVRES CITEES 315
BIBLIOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE THEMATIQUE 321
INDEX DES MOTS-CLES 360
TABLE DES MATIERES 362
PREAMBULE Etre à l'écoute de populations frappées d'exclusion, de sujets
pétrifiés par des terreurs archaïques, de jeunes en perpétuels échecs et
rejets, c'est accueillir ceux qui s'inscrivent en marge de l'avoir :
« sans domicile » (SDF), « sans savoir », « sans diplôme » (les
« échoués » scolaires), « sans ressources » (les exclus de la production),
« sans famille » (« sans » n'est pas la privation des fonctions mais c'est
plutôt l'incapacité symbolique d'utiliser ses fonctions)... Ces catégories
là qui définissaient des manques, donc des espaces de désir, n'étaient pas
irrévocables ou irrémédiables. Ils apparaissent, aujourd'hui comme des
catégories négatives privées de négativité; du coup, le manque ne définit
plus le projet du sujet, ni le sujet en projet, mais il assigne l'être à sa
faille et en fait un processus identitaire (répertorié et classé), au lieu
d'en faire une hypothèse d'identification.
C'est pourquoi, poursuivre la lutte des « prolétaires structurels »
(autrement dit, des « ayant-droits » des structures précaires), s'impose.
En toute humilité, je me sens très proche des propos de Jean-Pierre
Vernant, qui au cours d'une conférence en 1998 à Montpellier, se disait
faire partie de ces hommes qui s'identifient beaucoup plus facilement aux
« défavorisés ». Et, il est vrai que pour cette « Cause » peu de
corporations en font leur combat car les exigences de la réalité spatio-
temporelle dans laquelle l'humain est amené à survivre, propulsent celui-ci
sur une voie balisée par l'économie et la rentabilité, la science et
l'applicable, la technique et la disparition des rapports humains. Prendre
le temps d'entendre ce qui a du mal à s'énoncer, à s'écrire, à s'inscrire
ne relève pas de cette dynamique sociétale propulsée par l'urgence, le
« prêt-à-penser », le « prêt-à-manger », le « prêt-à-interpréter ». Le
paradoxe dans lequel l'homme se retrouve, c'est de participer à ce progrès
qui devrait repousser ses propres limites et qui en même temps les
dissout. Car faisant de plus en plus confiance à cet Autre tout puissant
(la technologie, l'argent, la médecine...), du coup, il a retiré cette même
confiance qu'il s'accordait. Se mesurant aux performances des outils
informatiques, se comparant aux robots, s'évaluant à son pouvoir d'achat,
il ne peut qu'être déçu de ses propres capacités. Le pouvoir n'étant
qu'infime, le vouloir chute avec les impossibles à atteindre, à produire ou
à acheter. L'homme de consommation est en train de s'auto-consommer. Et ce
qui n'est pas rentable et assimilable (les idiots, les lents, les pauvres,
les laids, etc...) sont laissés au banc de notre société ou sur les bancs
des Instituts de Rééducation, de soins ou de « relookage ».
Accueillir actuellement des êtres en marge de leur être :
- « sans raison », « sans langage », sans « historicité », sans
« rythme », sans « corporéité », sans « site », sans « direction »,
sans « loi », sans « esthétique »,
demande un double effort :
- aller contre cet élan progressiste et urgentiste,
- aller contre l'intolérance du ressenti des accompagnateurs. Accueillir les effets de cette mise en retrait, de ces différentes
figures de l'échec, du ratage, de l'exclusion conduit une réflexion sur le
chemin chaotique du lien et de la déliaison. Qu'est-ce que le lien ? Quelle
en est la nature ? Quelles sont ses conditions de possibilités ?
S'instaure-t-il une dialectique entre une approche phénoménologique des
liens que peut établir l'homme dans ce monde, en commençant
chronologiquement par le plus ancien, celui qui se met en place dans la
relation mère/ enfant/ père, et une reconstruction plus ontologique et
originaire de celui-ci par rapport au nouage de la chaîne signifiante qui
arrime l'individu au langage, aux échanges et à la différence ?
Si cette dialectique est pertinente, quel est son principe
« d'existence » et « d'effectuation » ? Mais, poser en amont de ce travail
une continuité entre la structure des liens à un niveau phénoménologique et
la structure du lien originaire, c'est être tenté de penser l'espace
psychique inconscient dans un rapport de continuité avec ce qui se dit,
s'écrit ou s'interprète à partir des effets repérés au niveau du moi.
Les échecs vécus au niveau de l'école ou de la communauté en général
ont parfois leurs tenants chez le sujet au moment même de son entrée dans
la généalogie, dans l'espace familial et de son départ en tant qu'être
frappé de ce dénominateur commun ; à savoir cette incomplétude qui en
principe nous lie et nous délie, plus ou moins bien, à l'autre. Pourtant
certaines pathologies très marquées par ces effets tels que l'exclusion, la
déviance, la délinquance, le handicap, l'incapacité posent ce rapport du
coté de la discontinuité et de la rupture.
Quelles sont les conditions d'inscription d'un sujet dans ce type de
rapport qui dialectiserait Eros/ Thanatos, dedans/ dehors, moi/ non-moi,
sujet/ Autre, sujet/ objet ?
Il s'agira de problématiser et de théoriser ce qui échappe :
- à la communauté fondée sur l'entrée dans la culture à la sortie de
l'Oedipe ( espace éducatif, social, économique, politique... ),
- au partage, à la production de biens, à la reproduction de savoirs,
- à une certaine logique ou cohérence de comportements ordinaires et
adaptés au groupe.
A cette fin, il sera nécessaire d'être à l'écoute de ce qui se met en
place dans le " hors champ " de la raison, de l'entendement et de
l'insertion. Lorsque petits et naïfs, les enfants se posent la question du
réel de l'origine, une construction magique de l'advenue des enfants
s'élabore et met en place " une mythologie de la naissance " ; plus tard le
questionnement se déplace sensiblement et prend une forme plus rationnelle
pour interroger les fondements de notre rapport au monde afin de produire
certaines lois stables si possible de nature scientifique sur celui-ci.
Une première hypothèse très générale s'est alors construite pour
laisser place, par la suite, à des questionnements plus précis portant sur
l'échec scolaire de certains élèves non déficients, non débiles, et ne
relevant pas de psychoses dévastatrices de la réalité.
Une insertion réussie dans le lien (symbolique, ordinaire,
structurant) implique une exclusion originaire recouverte, perdue, oubliée,
refoulée, alors que certaines exclusions du lien (pédagogique, social,
symbolique...) supposent une exclusion originaire laissée béante. Si le complexe d'Oedipe est le complexe nucléaire des névroses avec la
mise en place du refoulement secondaire et constitue l'élément essentiel de
leur contenu, une fixation à un ?dipe plus originaire peut engendrer des
pathologies proto-névrotiques sans pour autant relever des psychoses. Par
Oedipe originaire, est entendu le non-franchissement d'un Oedipe ordinaire
qui du coup enclenche un traitement de la réalité ne relevant pas des
névroses classiques définies par Freud. Le contact avec la réalité existe
mais il est fortement marqué par une série de symptômes où le sujet se
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