VERNE Jules - Comptoir Littéraire

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www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Jules VERNE (France) (1828-1905) [pic] Au fil de sa biographie s'inscrivent ses ?uvres
qui sont résumées et commentées (surtout ''Vingt mille lieues sous les
mers'', ''Le tour du monde en quatre-vingts jours'' et ''Famille sans
nom'').
Bonne lecture !
Il est né le 8 février 1828, à Nantes, dans une confortable demeure de la
rue Olivier-de-Clisson, dans l'ancien quartier des armateurs, sur l'île
Feydeau, entre deux bras de la Loire, non loin de l'Atlantique. Nantes
était alors véritablement un grand port où arrivaient des bateaux du monde
entier, ce qui a pu lui donner le goût des voyages et de la navigation : «À
voir passer tant de navires le besoin de naviguer me dévorait.»
(''Souvenirs d'enfance et de jeunesse'').
Il était le fils de bourgeois à l'esprit rigide : Pierre Verne, un riche
avoué né dans la Brie mais élevé à Paris, qui lui légua le goût de la
poésie et de la musique, et Sophie Allote de la Fuÿe, qui était issue d'une
famille nantaise de navigateurs et d'armateurs appartenant à la petite
noblesse. Il était l'aîné d'une famille, «très heureuse» allait-il dire, de
cinq enfants, comprenant son frère, Paul, né un an après lui, son «jumeau»,
son «plus cher ami», et qui allait devenir marin, et trois s?urs, Anna, née
en 1836, Mathilde, née en 1839, et Marie, née en 1842. Il eut une grande
complicité avec son frère, courant avec lui les quais où accostaient sans
cesse des trois-mâts océaniques, où retentissaient les appels des sirènes
et les cris des équipages embarquant pour de lointaines expéditions, où
s'élevaient Ies fumées des «steamers», où frissonnaient les grandes voiles
des trois-mâts, tout cela concourant à leur donner le goût de l'aventure,
la passion des voyages. Malgré son jeune âge, en cachette de ses parents,
il fréquentait l'estaminet de ''L'homme-qui-porte-trois malices'', dont le
patron était un vieux loup de mer retiré des voyages, Jean-Marie Cabidoulin
; il y passait de longues heures à entendre les récits de navigations et de
naufrages colportés par des marins venus du monde entier. Il nourrissait
aussi son imagination à l'écoute des nombreuses légendes, croyances et
superstitions qui depuis toujours avaient cours au sein de la marine, qu'il
s'agisse du bateau fantôme, hanté par les âmes en peine, des îles désertes
et des bouteilles à la mer, de l'oiseau maudit, des pieuvres, calmars et
krakens géants, de la baleine blanche ou du grand serpent de mer : «J'ai
vécu dans le mouvement maritime d'une grande ville de commerce, point de
départ et d'arrivée de nombreux voyages au long cours [...] Que
d'excursions on faisait ensemble sur la Loire dans des bateaux qui
prenaient l'eau. À quinze ans, nous avions exploré tous les coins et
recoins jusqu'à la mer. Qu'ils étaient redoutables ces bateaux et quels
risques nous courions ! Quelquefois, j'étais capitaine ; quelquefois,
c'était Paul. Mais Paul était le meilleur de nous deux.» (''Souvenirs
d'enfance et de jeunesse''). Ils avaient un vieil oncle, ex-armateur qui
les berçait de ses récits de voyages au Vénézuéla : «Nous l'appelions
l'oncle Prudent [...] Caracas, c'était en Amérique, cette Amérique qui me
fascinait déjà.»
ll goûta les joies paisibles de la navigation fluviale de Tours à
Paimboeuf, sur la Loire à l'embouchure de laquelle la famille passait les
vacances, dans une maison de campagne de Chantenay. À côté, se trouvait une
usine où il aimait «regarder les machines fonctionner, debout pendant des
heures. Ce goût m'est resté toute ma vie et j'ai autant de plaisir à
regarder une machine à vapeur ou une belle locomotive qu'à contempler un
tableau de Raphaël ou du Corrège. Mon intérêt pour les industries a
toujours été un trait marquant de mon caractère.»
À partir de 1837, lui et Paul furent élèves à l'école Saint-Stanislas. Il
s'y distingua en géographie et en musique. Il fit alors un premier exploit
qu'il conta dans ses ''Souvenirs d'enfance et de jeunesse'' : «Un jour
[...] je me hasardai et j'escaladai les bastingages d'un trois-mâts, dont
le gardien faisait son quart dans une buvette du voisinage. Me voilà sur le
pont. Ma main saisit une drisse et la fait glisser dans sa poulie ! Quelle
joie ! [...] Je me penche sur cet abîme. Les odeurs fortes qui s'en
dégagent me montent à la tête, ces odeurs où l'âcre émanation du goudron se
mélange au parfum des épices [...] Je sors [...] Et là, j'ai l'audace
d'imprimer un quart de tour à la roue du gouvernail ! Il me semble que le
navire va s'éloigner du quai [...] et c'est moi, marin de huit ans, qui
vais le conduire en mer !» Un jour, il avait loué une mauvaise chaloupe à
voile qui coula à pic à deux lieues de la maison familiale, se retrouva
naufragé sur un banc de sable au milieu de la Loire, et se crut devenu un
nouveau Robinson Crusoé !
Au cours de l'été 1839, alors qu'il était âgé de onze ans, il aurait
manifesté son caractère téméraire quand, pour plaire à sa cousine, Caroline
Tronson, dont il était amoureux fou et qui, pour l'éprouver, lui avait
réclamé un collier de corail, il se serait embarqué comme mousse à bord
d'un trois-mâts, la "Coralie", long courrier qui appareillait pour les
Indes. Son père, averti par des témoins, serait parti à sa poursuite en
«pyroscaphe» (nom d'un des premiers bateaux à vapeur), l'aurait rattrapé in
extremis à la première escale, à Paimboeuf, aurait payé un jeune homme pour
le remplacer et l'aurait ramené à Nantes pour lui infliger une sévère
correction, une fessée déshonorante mais féconde car, si, le visage couvert
de larmes et rougi par les taloches patemelles, il aurait dit à ses
parents : «Je vous promets de ne plus voyager qu'en rêve», elle aurait fait
de lui le plus formidable des auteurs de voyages imaginaires. Pourtant,
dans ses ''Souvenirs d'enfance et de jeunesse'', il allait rester muet sur
cette fugue romanesque que rapporta la tradition.
En 1840, lui et Paul entrèrent au petit séminaire de Nantes où il supporta
mal la discipline religieuse, ce qui lui fit rejeter l'éducation très
stricte de son père. Ses condisciples assurèrent qu'il couvrait tableaux
noirs et cahiers de curieuses machines aériennes et maritimes, qu'il
imagina même et construisit sur le papier «un éléphant omnibus à vapeur».
Était-ce un nouveau Léonard de Vinci qui s'épanouissait sous le ciel de
Nantes? Le besoin d'écrire apparut alors chez lui qui indiqua : «J'ai
commencé à écrire à l'âge de douze ans. Uniquement de la poésie, de
l'affreuse poésie.»
Également bon musicien, il composa en 1842 une chanson intitulée ''À ma
chère mère''. Il révéla : «Je comprenais l'harmonie, et je crois que si je
m'étais engagé dans une carrière musicale, j'aurais eu moins de difficulté
à réussir que bien d'autres.»
En 1844, il entra en rhétorique au Collège royal de Nantes. Attiré par la
littérature, il lut Molière, Shakespeare, Ossian, Byron, Walter Scott, les
romantiques allemands (dont Hoffmann et Chamisso), Chateaubriand, Charles
Nodier, Théophile Gautier, Alfred de Vigny, Alfred de Musset, Alexandre
Dumas père, Dickens (il allait affirmer : «J'ai lu tout Dickens au moins
dix fois»), Fenimore Cooper, le père du roman maritime («J'ai troujours été
un grand admirateur des romans de Cooper. Il y en a quinze que je considère
comme immortels»), et, surtout, Victor Hugo : «J'étais au plus haut point
sous l'influence de Victor Hugo, très passionné par la lecture et le
relecture de ses ?uvres. À l'époque je pouvais réciter par c?ur des pages
entières de ''Notre-Dame de Paris'', mais c'était ses pièces de théâtre qui
m'ont le plus influencé, et c'est sous cette influence qu'à l'âge de dix-
sept ans j'ai écrit un certain nombre de tragédies et de comédies, sans
compter les romans. Ainsi, j'ai écrit une tragédie en cinq actes en vers
intitulée ''Alexandre VI'', qui était la tragédie du pape Borgia. Une autre
tragédie en cinq actes, en vers, écrite à l'époque, était ''La conspiration
des poudres'' avec Guy Fawkes comme héros. ''Un drame sous Louis XV'' était
une autre tragédie en vers, et, comme comédie, il y en a eu une en cinq
actes qui s'appelait ''Les heureux du jour''.»
En 1846, il obtint son baccalauréat.
En 1847, son père, qui avait décidé qu'il deviendrait juriste, lui
interdisant de devenir marin, l'envoya à Paris étudier le droit. Il
l'éloigna ainsi de Caroline dont il était toujours amoureux mais qui épousa
un autre homme. Elle ne fut pas la seule. Plusieurs jeunes Nantaises se
détournèrent de lui, y compris celle qui n'apprécia pas qu'en parlant de
son corset il ait chuchoté : «Ah ! que ne puis-je pêcher la baleine sur ces
côtes !» Il écrivit à sa mère : «Les jeunes filles que j'honore de mes
bontés se marient toutes invariablement dans un temps rapproché !»
Vraisemblablement, il n'apparaissait pas comme un bon parti. Déçu dans ses
amours, il fonda à Paris, avec des amis célibataires, le club des ''Onze-
sans-femmes'', histoire de se réunir chaque semaine autour d'un bon repas.
Ce serait à l'occasion d'une de ces joyeuses soirées qu'il aurait écrit un
poème intitulé ''Lamentations d'un poil de cul de femme'' qui allait
paraître, en 1854, dans ''Le nouveau Parnasse satirique du XIXe siècle'',
anthologie de poèmes publiée à Bruxelles.
Cependant,