Balzac géographe - Groupe International de Recherches ...
16 avr. 2011 ... Qu'en Prusse-Orientale Frédéric-Guillaume 1er lui-même ait ..... profit par l'
exercice d'une profession [Beruf], attitude qu'illustre l'exemple de Benjamin
Franklin. ..... dépasse les besoins propres n'est donc que le signe de l'absence
de ...... sans détour la parabole du serviteur [177] chassé pour n'avoir point ...
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BALZAC GéOGRAPHE TERRITOIRES
GROUPE INTERNATIONAL DE RECHERCHES BALZACIENNES Collection Balzac BALZAC GÉOGRAPHE TERRITOIRES Études réunies et présentées par Philippe Dufour et Nicole Mozet Textes de Max Andréoli, Régine Borderie, Xavier Bourdenet, Claudine Cohen,
Christèle Couleau, Andrea Del Lungo, Jacques-David Ebguy,
Jean-Dominique Goffette, Jeannine Guichardet, Pierre Laforgue, Guy Larroux,
Roland Le Huenen, Patrick Matagne, Henri Mitterand, Kyoko Murata,
Jacques Neefs, Alexandre Péraud,
Jean-François Richer, Isabelle Tournier, Sébastien Velut publié avec le concours
du Conseil de la Région Centre
du Conseil Général d'Indre-et-Loire
de l'équipe « Histoire des représentations » de l'Université de Tours
de l'équipe « Littérature et histoires » de l'Université Paris 8 Collection Balzac
dirigée par Nicole Mozet
sous l'égide du
Groupe international de recherches balzaciennes Cette nouvelle « Collection Balzac » du girb prend la suite de la
« Collection du Bicentenaire », aux éditions sedes, dans laquelle sont
parus Balzac et le style (Anne Herschberg Pierrot éd., 1998) ; Balzac ou la
tentation de l'impossible (Raymond Mahieu et Franc Schuerewegen éd.,
1998) ; Balzac, Le Roman de la communication (par Florence Terrasse-Riou,
2000) ; L'Érotique balzacienne (Lucienne Frappier-Mazur et Jean-Marie
Roulin éd., 2001) ; Balzac dans l'Histoire (Nicole Mozet et Paule Petitier
éd., 2001) ; Balzac peintre de corps (par Régine Borderie, 2002).
Dans la même collection : . Balzac, La Grenadière et autres récits tourangeaux de 1832, édition
établie et présentée par Nicole Mozet, 1999.
. Penser avec Balzac, José-Luis Diaz et Isabelle Tournier éd., 2003.
. Ironies balzaciennes, Éric Bordas éd., 2003. . Aude Déruelle, Balzac et la digression : une nouvelle prose
romanesque, 2004.
. Balzac et la crise des identités, Emmanuelle Cullmann, José-Luis
Diaz et Boris Lyon-Caen éd., à paraître, 2005. Abréviations : CH, pour La Comédie humaine, avec indication du tome et
de la page, Pléiade, 12 vol. ; OD, pour les ?uvres diverses, ibid.,
2 vol. ; PR, pour Premiers Romans, Laffont, 2 vol. : Corr., pour la
Correspondance, Garnier, 5 vol. ; LHB, pour les Lettres à madame Hanska,
Laffont, 2 vol. ; AB, pour L'Année balzacienne, suivie de l'année.
Le calcul des occurrences utilise la Concordance de Kazuo Kiriu (CH,
OD, PR, Corr., Lettres à Mme Hanska et Contes drolatiques), mise en ligne
sur le site de la Maison de Balzac à Paris. Présentation
Balzac géographe ?
Ce livre constitue les actes du colloque de Tours de 2003, « Balzac
géographe », centré sur la notion de Territoires. Celui-ci était organisé
par l'équipe « Histoire des représentations » de l'Université François
Rabelais, représentée par Philippe Dufour et le Groupe International de
Recherches Balzaciennes, présidé par Nicole Mozet. Il s'agit de la
troisième grande manifestation balzacienne ayant eu lieu à l'Université de
Tours, laquelle prend place à la suite de notre colloque du Bicentenaire de
1999, « Balzac dans l'Histoire[1] » et du « Balzac voyageur[2] » de 2001.
Il y a une cohérence dans cette série. La Révolution a constitué
une rupture temporelle majeure qui a été ressentie comme inaugurant une
nouvelle ère, tandis que la vente des Biens nationaux et le Code civil ont
bouleversé le statut de la propriété, de l'individu et de la transmission
des fortunes. Parallèlement, les mutations économiques transformaient en
profondeur le rapport à l'espace national aussi bien que mondial. Les
institutions n'étaient pas épargnées, le pouvoir politique de l'Église
était battu en brèche, les disciplines scientifiques prenaient chacune leur
autonomie et la littérature européenne entrait en romantisme. Ce terme
recouvre des phénomènes très différents selon les pays et les moments de
son histoire, mais il implique toujours un questionnement sur la hiérarchie
des genres et les modes de représentation qui sont à la disposition des
écrivains.
Parler de représentation, c'est désigner les interactions multiples
entre la littérature, les disciplines scientifiques et le désir de rendre
compte de cette « réalité » qui nous entoure, omniprésente, changeante et
insaisissable. Le territoire est un des socles de cette volonté de
représenter. Ce que l'on appelle quelquefois, de façon trop vague et peu
satisfaisante, le « cadre » d'une fiction romanesque n'est rien d'autre que
la volonté de montrer tout ce qui fait le « réel » d'une époque ou d'un
individu, et qui fait corps avec celui-ci : dans le roman balzacien, y
compris dans les Contes drolatiques, le geste narratif commence le plus
souvent par la délimitation et l'appropriation d'un espace. Ce qui veut
dire nommer, décrire et situer dans le temps et l'espace :
Au commencement de l'automne de l'année 1826, l'abbé Birotteau,
principal personnage de cette histoire, fut surpris par une averse
en revenant de la maison où il était allé passer la soirée. Il
traversait donc aussi promptement que son embonpoint pouvait le lui
permettre la petite place déserte nommée le Cloître, qui se trouve
derrière le chevet de Saint-Gatien, à Tours[3].
Les frontières du territoire
Territoire : le mot inspire l'imaginaire. De multiples acceptions
se sont empilées au cours du temps et au gré des discours. Économie, droit,
philosophie politique, éthologie, anthropologie, géographie sociale,
nombreuses sont les disciplines à croiser et creuser la notion.
. Premières définitions Au départ, la définition pourrait relever de la géographie
physique : un territoire montagneux, aride, vallonné. Mais l'épithète
double déjà la neutralité descriptive d'un regard évaluatif : le territoire
(à l'instar de son doublet populaire, le terroir) s'apprécie à ses
ressources naturelles. Le territoire produit de la richesse : dans La
Comédie humaine, Balzac parle plus d'une fois de la fortune
territoriale[4]. Aussi le territoire est-il objet de désir et exposé aux
violences : riche, fertile, il excite les convoitises. « Qui terre a,
guerre a », lit-on dans le roman balzacien du territoire remembré et
démembré[5]. Espace à conquérir, menacé, à régenter, le territoire
nécessite une assise juridique. Auguste le déclare dans Cinna, un
territoire est un terroir encadré par des lois ;
Maxime, je vous fais gouverneur de Sicile :
Allez donner mes lois à ce terroir fertile[6].
Caesar Siciliam fecit. Le territoire, approprié, relève du droit. Au VIe
siècle, sous l'empereur byzantin Justinien premier, à l'époque où l'on
rédige le Digeste et les codes qui fondent notre droit romain, un regard
étymologique incertain croit discerner un radical commun aux mots
territorium et terrere et en tire une définition pour le législateur : la
sécurité du territoire est garantie par un droit à y faire régner la peur
(on pense à la caractérisation que Max Weber donnera de l'État comme
détenant le monopole de la violence légitime sur son sol).
« Allez donner mes lois à ce terroir fertile ». Corneille n'emploie
pas le mot territoire, sans doute parce que dans l'alexandrin les syllabes
sont comptées, aussi parce que le mot reste rare au XVIIe siècle,
circonscrit à son sens juridique, nettement spécialisé, le dictionnaire de
Furetière en témoigne. Le territoire s'y présente comme une juridiction, un
espace dans les limites duquel s'exerce une compétence, pour prélever des
impôts ou rendre la justice notamment (cinquante ans plus tard, Montesquieu
intitulera un chapitre de son maître ouvrage « De la justice territoriale
des églises[7] »). Tous les exemples que donne l'abbé portent sur des
subdivisions administratives, pourrait-on dire : territoire d'un marquisat,
d'une cure, évêché, seigneurie, territoire d'un juge. Le « territoire du
bourg[8] » qu'organise Benassis tient de ce modèle quasi féodal, même si le
médecin l'adapte à l'économie moderne, puisqu'il s'agit proprement
d'aménager le territoire. Furetière, à aucun moment, ne parle du territoire
comme espace borné par des frontières au sein desquelles s'exerce la
souveraineté d'un État.
Au XVIIIe siècle, la définition se politise, dans la pensée des
Lumières, alors que le mot gagne en fréquence. À l'acception juridique
s'ajoute une coloration idéologique. Dans le Contrat social, la conception
économique du terme est réputée insuffisante. Pour Rousseau, seule une
bonne constitution (pas les lois d'Auguste !) fait le prix d'un territoire.
Le territoire se doit d'être structuré par une éthique indispensable à la
conservation de l'État, à l'instauration d'un lien social: « [...] une
saine et forte constitution est la première chose qu'il faut rechercher, et
l'on doit plus compter sur la vigueur qui naît d'un bon gouvernement, que
sur les ressources que fournit un grand territoire[9] ». Le territoire
apparaît idéalement comme l'espac