Troisième année - N° 18 - Champagnat.Org
N° 4 Angélique BURNOTTE, Juifs en pays d'Arlon, Didier Devillez Editeur, ... de
la lecture et de l'écriture ponctuée et non-ponctuée (avec exercices et corrigés).
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Troisième année N° 18
Novembre 1911
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_ BULLETIN
de l'Institut
des Petits Frères de Marie
LA GLOIRE DU PARADIS (Hymne de saint Augustin)
Mon âme altérée soupire après la source de l'éternelle vie ; elle
voudrait briser les murs de cette prison de chair qui la retient captive.
Par tous ses v?ux, toute son ambition et tous ses efforts, elle tend vers
la patrie d'où elle est exilée... Oh ! qui dira la joie, la splendeur et
la` paix de ce séjour céleste ? Les maisons y sont en perles brillantes ;
l'or étincelle à l'intérieur et sur les toits ; les murs sont composés de
pierres précieuses, et les rues sont Pavées d'un or plus pur que le
cristal.
Les rigueurs de l'hiver et les chaleurs brillantes de l'été y sont
inconnues. Un printemps éternel y entretient l'éclat des roses, la
blancheur des lis, les fleurs aux couleurs éclatantes de pourpre et aux
parfums les plus suaves. Les prairies y sont toujours verdoyantes, les
moissons toujours dorées. Partout y coulent des ruisseaux de miel ; partout
on y respire les parfums et les arômes les plus délicieux, et aux branches
des arbres toujours en fleurs pendent des fruits qui ne s'en détachent
jamais.
L'éclat de la lune n'y succède point à celui du soleil. ni l'éclat du
soleil à celui de la lune et des autres astres. L'Agneau pur et sans tache
est l'éternelle lumière de cet heureux séjour. On n'y connaît ni les
ténèbres de la nuit ni la variation des temps, et le jour le plus éclatant
y brille sans cesse. Chacun des saints habitants de cette cité resplendit
d'un éclat aussi vif que celui du soleil. Le front ceint de la couronne
triomphale, ils énumèrent entre eux, dans une joie commune et dans une
parfaite sécurité, les combats qu'ils ont livrés et les ennemis qu'ils ont
vaincus.
Purifiés de toute souillure, ils n'ont plus à combattre contre les
désirs de la chair ; car en eux cette chair est devenue spirituelle, et
Dieu seul est l'unique objet de leurs pensées. Dans le sein d'une paix
inaltérable, ils ne sont plus sujets aux scandales du péché ; et,
dépouillés de ce qu'il y avait de changeant et de méprisable en eux, ils
reprennent leur primitive nature. Leur bonheur est désormais de compter les
beautés de la vérité immortelle, et de goûter à longs traits la douceur
ineffable des eaux de l'éternelle vie.
Affranchis de tout changement, ils revêtent un nouveau mode
d'existence. Brillants, vifs, joyeux, ils ne sont plus exposés ni aux
accidents ni à la maladie. Dans leur vieillesse même, ils jouissent des
forces et de la santé de la jeunesse. Leur être tout entier est devenu
immortel, et tout changement en eux est désormais impossible. Ge qu'il y
avait de corruptible a disparu et l'immortalité a triomphé de la mort.
Et que pourraient ignorer ceux à qui se révèle la Science infinie ?
Lisant sans voile dans le c?ur les uns des autres, ils sont toujours
d'accord à vouloir ou à ne vouloir pas, et n'ont entre eux qu'un seul
esprit et une seule âme. Quoique le mérite de chacun soit différent selon
ce qu'il a fait sur la terre, la charité qui les anime tous porte Fun à
faire ses délices de ce qu'il aime dans l'autre, et ce qui est particulier
à chacun devient commun à tous.
Les aigles de ce séjour sont réunis la où est le corps de leur divin
chef, objet unique des joies et des délices des anges, des saints et de
1'assemblée des âmes. Il est le pain céleste des citoyens de l'une et
l'autre patrie. Quoiqu'ils en soient toujours rassasiés, ils en sont
toujours avides. Ils ont beau le posséder, ils le désirent encore, sans
éprouver pourtant le besoin de la faim. Plus ils se nourrissent de ce
céleste mets, moins ils s'en lassent, et nul dégoût ne se mêle à cette
ineffable satiété.
Des harmonies toujours nouvelles, de délicieuses mélodies, des
cantiques de joie charment sans cesse les oreilles des heureux habitants de
cette patrie céleste, qui célèbrent sans fin la gloire de celui qui les a
rendus vainqueurs. Oh ! heureuse, mille fois heureuse l'âme qui peut ainsi
contempler les beautés de son divin Roi ! qui voit au dessous d'elle la
masse de l'univers, et qui peut suivre les évolutions du soleil, de la lune
et de tous les globes lumineux qui décorent le firmament !
Ouvrez-moi donc, ô Jésus, palme et couronne des saints triomphateurs,
ouvrez-moi, lorsque j'aurai rempli ici-bas mon devoir dans votre sainte
milice, l'entrée de celle glorieuse cité ! Laissez-moi partager l'heureux
sort des citoyens qui l'habitent. Donnez-moi de nouvelles forces dans les
combats que j'ai à soutenir, afin que, après avoir servi fidèlement sous
vos divins étendards, je jouisse du repos dû aux soldats de mérite, et que
je sois trouvé digne de vous posséder éternellement, comme ma glorieuse et
sainte récompense. Amen.
RELIGION et SPIRITUELLE
Lisons la vie des Saints. C'est une lecture substantielle, riche pour l'âme en éléments
nutritifs, plus substantielle qu'aucune lecture profane. Celles-ci, même
irréprochables, comme idées et sentiments, amusent l'imagination ou la
sensibilité, meublent la mémoire, ornent l'esprit de connaissances
nouvelles, mais sans relation directe avec la vraie vie, la vie
surnaturelle. Parce que toute vérité acquise ajoute quelque chose à la
perfection de l'homme, et un accroissement de ses facultés, un moyen
d'action plus étendu et plus puissant, il est bon de s'instruire, louable
de consacrer une partie de son temps aux livres de science, de littérature
ou d'histoire. Mais le chrétien qui, passionné pour ces lectures,
négligerait complètement les livres de piété, sentirait vite son âme,
gagnée par l'anémie, tomber dans l'impuissance et, peut- être, dans le
dégoût. Chaque vie a son aliment, qu'aucun autre ne remplace ; à la vie
intellectuelle, les études profanes ; â la vie surnaturelle, les études
sacrées, au premier rang desquelles, la vie des Saints.
Dans les autres lectures de piété : traités de la perfection,
monographies des vertus chrétiennes, tandis que l'auteur aligne ses
preuves, appelle à son secours les textes de l'Écriture, le témoignage des
Pères de l'Église, les décisions des docteurs, les avis de la raison, le
chemin est long, qui sépare le principe de la conséquence, et, facile, la
distraction qui réduit à peu ou à rien la force de l'argument. Avec ce
genre d'études, la vérité n'éclate que lentement, n'arrive à l'âme que par
lambeaux, et, parce qu'elle marche à découvert, lit visière levée, elle se
heurte à chaque pas aux préjugés tenaces, aux subtiles répugnances de
l'amour-propre.
Dans la Vie des Saints, au contraire, la vérité morale chemine vêtue du
fait comme d'une armure ; lorsqu'elle se dresse devant nous, auréolée des
splendeurs de l'acte sublime qu'elle a inspiré, il n'est plus temps de
discuter, elle s'impose avec l'autorité brutale du fait et la vertu
contagieuse de l'exemple. Pris au piège, l'amour-propre lui-même, avec ses
mille ressources, combat non plus contre, mai pour la vérité. Non potero
quod isti et is? ? « Ce que d'autres ont osé, je ne l'oserai pas ? Ce
qu'ils ont réalisé, je le déclarerai au-dessus de mes forces ? »
C'est ainsi qu'Augustin, Ignace, se décidèrent à tout quitter pour Dieu
: et telle est la force persuasive de la Vie des Saints, la plus
substantielle des pieuses lectures - après l'Évangile. N'est-elle pas, du
Saint Livre, le commentaire le plus lumineux et le plus éloquent, celui qui
rend sensible à tous les yeux le vrai sens des paroles divines, possible â
toutes les volontés, l'exécution des volontés divines ? N'est-elle pas
l'Évangile en action, où l'exemple illustre le précepte : leçon de choses
qui, par le sens, arrive plus sûrement à l'esprit et au c?ur. François
d'Assise, à vingt ans, se faisant pauvre, et passant le reste de sa vie
quêter et à chanter ; François de Sales, devenu, à force de luttes, le plus
doux des hommes, et gagnant par sa douceur des milliers d'âmes rebelles ;
les martyrs du Japon, entonnant d'une voix ferme, sur leurs bûchers en
flammes, les Psaumes de David, me disent, mieux que tous les discours, la
vérité des trois Béatitudes : Bienheureux les pauvres, Bienheureux les
doux, Bienheureux ceux qui souffrent pour la justice. Lisons donc la Vie
des Saints.
C'est une lecture saine, incapable de nuire ; saine a toutes les doses,
pour tous les âges et toutes les conditions, pour tous les genres d'esprit
et tous les états d'âme. Une seule restriction à faire : si les facultés du
lecteur sont malades, s'il manque de jugement, si l'imagination et la
sensibilité sont trop surexcitées, si l'esprit et le c?ur sont radicalement
pervertis, alors, partielle ou complète, l'abstention s'impose, parce que
le meilleur aliment peut se changer en poison, parce que, aux
inintelligents, le choix et la mesure sont quasi impossible, parce que,
chez les déséquilibrés, l'usage et l'abus se confondent. Et ces cas, il
faut en convenir, peuvent se présenter, surtout en un temps de névrose
épidémique, mais encore sont-ils relativement rares.
Pour la masse des chrétiens, il reste vrai que la Vie des Saints est
l'aliment idéal, convenable à tous l