Dr Philippe TISSIE L'HOMME NU. La Méthode Naturelle et le ...

Westerblad et Lars Sandberg sur LING, précurseur de l'exercice physiologique et
celle de M. le Dr Philippe sur Amoros, fondateur de l'exercice acrobatique, ... Le
froid déclenche la néphrite ; il joue un rôle dans le développement des
symptômes des maladies du système nerveux central ; des crampes, des
douleurs, etc.

Part of the document

Dr Philippe TISSIE L'HOMME NU. La Méthode Naturelle et le Collège d'Athlètes de Reims.
Critique physiologique, pédagogique et médicale.
REVUE DES JEUX SCOLAIRES ET D'HYGIENE SOCIALE
n° 1 - 2 - 3 Janvier - Février - Mars 1914 - Le mouvement est de la pensée en action ; la pensée est du mouvement en
préparation. Le mouvement discipliné est à l'éducation physique ce que la
pensée disciplinée est à l'éducation intellectuelle et morale.
La gymnastique aux mouvements disciplinés est donc une morale.
- Devant l'attaque de l'agent pathogène, c'est l'organisme vivant qui fait
la maladie ; de même, devant la riposte du médicament, c'est l'organisme
vivant qui fait la guérison.
La gymnastique disciplinée qui aguerrit l'organisme est donc un principe de
vie.
- Ce n'est pas en refroidissant le sang qu'on donne du sang-froid.
- Il faut rechercher la Force par la Santé et non la Santé par la Force. Après l'étude de MM. Westerblad et Lars Sandberg sur LING, précurseur de
l'exercice physiologique et celle de M. le Dr Philippe sur Amoros,
fondateur de l'exercice acrobatique, sa Vie, son Oeuvre, reproduites dans
cette Revue, il nous paraît utile d'analyser les divers travaux publiés
depuis le Congrès international d'Éducation physique de Paris, sur la
Méthode Naturelle de M. le lieutenant de vaisseau Hébert, en faveur de
laquelle une forte propagande a été organisée à coup de réclame et
d'articles des quotidiens politiques. La science a été quelque peu
désorientée devant de tels procédés commerciaux.
Il semblerait que la France vient enfin de trouver la solution du problème
à l'égard de la dépopulation, de l'alcoolisme, de la tuberculose, du
sauvetage de la race grâce à la Méthode Naturelle de M. Hébert. Est-ce
exact ? C'est ce que nous allons rechercher. Une mise au point est
nécessaire. Tout d'abord la question est double. La Méthode naturelle comporte
premièrement le mouvement physique, la gymnastique et les sports ;
deuxièmement les agents physiques tels que l'air, l'eau, le froid, la
chaleur, etc. Le tout appliqué à l'Homme nu en toute saison, par tous les
temps, et à tous les âges. MOUVEMENT PHYSIQUE. - Le but du travail par la Leçon-type d'Hébert est de :
1° s'entraîner ou devenir fort par le développement méthodique de toutes
les parties du corps ; 2° s'entretenir ou rester fort en conservant ses
aptitudes. Les sept exercices utilitaires suivants sont seuls employés pour
atteindre ce double but : la marche, la course, le saut, le grimper, le
lever, le lancer, la défense naturelle.
AGENTS PHYSIQUES. - La Leçon-type comporte en plus un bain d'air, d'une
durée variable suivant les circonstances atmosphériques, et les soins de la
peau pendant ou après le travail. Elle a lieu au grand air ou en cas
d'impossibilité dans un endroit bien aéré. Elle est complétée par des
exercices de natation chaque fois que cela est possible. Le bain d'air
comporte, selon la saison, la chaleur avec l'ensoleillement, le froid,
l'humidité, la sécheresse de l'atmosphère, la neige avec la glace même.
Le principe de la Méthode naturelle est la recherche et l'entretien de la
Force au sens athlétique du mot, c'est-à-dire de la primauté par la lutte
contre le milieu, contre le temps et contre l'homme - lutte de l'économie
contre la grande chaleur et le grand froid, lutte contre le terrain avec
les sports, lutte contre le chronomètre et contre l'homme avec la Fiche de
développement établie empiriquement par un barème de la Force d'après le
rendement moyen de sujets jeunes de 18 à 25 ans, en possession de tous
leurs moyens physiques.
Que vaut cette méthode au point de vue physiologique et pédagogique ? Avant
d'aller plus loin, il est nécessaire de fixer la question de l'entraînement
du corps en vue de sa résistance au froid et de sa résistance au chaud avec
l'ensoleillement par les Agents physiques, puis nous fixerons la question
au point de vue de son entraînement et de sa résistance par le Mouvement
physique.
I. - LES AGENTS PHYSIQUES La résistance au froid et au chaud. Voici tout d'abord l'analyse du Rapport si lumineux de M. le Dr Aloys
Strasser, professeur à la Faculté de Médecine de Vienne (Autriche), sur
l'Entraînement à la résistance au froid (Dr Aloys Strasser, L'Entraînement
à la résistance au froid. Congrès International de 1éducation physique,
Paris, 17-20 Mars 1913. - I. Rapports page 45. Paris, J.-B. Baillière et
fils éditeurs), présenté au Congrès international de l'Éducation physique à
Paris en 1913. Le Froid. Pour M. le Dr STRASSER, le refroidissement est une cause pathologique, il
est même provocateur d'une disposition maladive. Il provoque les catarrhes
des voies respiratoires, avec leurs conséquences pulmonaires, le rhumatisme
articulaire, certaines formes chroniques de maladies articulaires à
tendances exsudative et déformative, la névrite rhumatique, névralgique et
la paralysie des nerfs périphériques ; il a une action indiscutable sur les
reins dont il provoque l'inflammation d'où la néphrite par refroidissement.
« L'existence d'une albuminerie causée par le froid est hors de doute. » Le
froid déclenche la néphrite ; il joue un rôle dans le développement des
symptômes des maladies du système nerveux central ; des crampes, des
douleurs, etc.
« Par les voies trophiques, ou sous l'action de procédés agissant sur les
vaso-moteurs (hypérémie, stase, ischémie), l'influence nuisible du froid
peut occasionner certains désordres matériels qui produisent même des
maladies et, s'appuyant sur une base infectieuse et toxique, en rendent
souvent le développement plus rapide et plus fort. »
L'organisme toutefois dispose de moyens spéciaux pour se défendre contre
l'attaque d'un brutal refroidissement. Un certain entraînement des
fonctions régulatrices de défense est possible ; l'effet en est très
important mais sa durée nous est inconnue. « Aguerrir contre le froid veut
dire émousser la peau par une lente habitude, ne surpassant jamais un degré
normal de provocation en mettant la voie habituelle hors d'exercice. »
« La peau, habituée à affronter journellement les influences physiques, les
courants d'air, les changements de température, l'humidité, etc., peut
s'accommoder parfaitement d'irritations de qualité connue en supposant même
qu'on en puisse augmenter la quantité... La condition physiologique pour la
défense contre le froid nuisible dans l'entraînement de la réaction de
l'organisme est une aptitude donnée par la nature et qui est susceptible
d'être développée par la thérapie. »
M. le Dr Strasser parle de qualité connue, il suppose le pouvoir
d'augmentation de la quantité ; pour lui la thérapie seule, c'est-à-dire la
médecine, peut utiliser le froid comme remède, qu'il faut savoir doser et
non imposer empiriquement et brutalement, car, dit-il, on ne peut « assurer
la continuité absolue » des effets de l'aguerrissement. « Ce que l'on
obtient par l'exercice peut se modifier de nouveau et même disparaître,
tout à fait, sous diverses influences extérieures et intérieures. »
Quant aux méthodes d'entraînement de la peau, M. Strasser soutient que «
par des frictions sèches ou à l'alcool, c'est-à-dire par des excitants
mécaniques et chimiques, on peut obtenir une réaction de la peau, aussi
satisfaisante que par le lavage froid ».
Mais, quoi qu'il en soit, des moyens divers appliqués à l'aguerrissement de
la peau, « la capacité de nos méthodes est aussi différente pour chaque
cas, car aucune action régulatrice ne peut résister aux attaques d'une
violence extrême... Le corps peut subir des troubles de circulation et des
troubles trophiques susceptibles d'annihiler complètement la meilleure
action de défense. »
Au sujet des vêtements, « l'opinion est très répandue surtout dans les
classes supérieures de la société qu'un habillement léger, par n'importe
quel temps et à n'importe quelle saison, est un moyen d'aguerrissement
efficace ». « Cependant l'erreur serait grande de croire à la possibilité
d'une préservation absolue contre les malignités du froid par un
emmaillotement exagéré. »
« La première condition d'un aguerrissement est de ne pas nuire. On ne doit
pas avoir recours à des cures violentes ou à des cures douces, mais
seulement à des cures rationnelles adaptées aux besoins particuliers des
individus auxquels elles sont appliquées et modifiées de temps en temps,
selon les exigences. »
Il faut donc habituer la peau nue à l'influence de l'air par les bains
d'air rationnellement appliqués. L'hydrothérapie est le moyen
d'aguerrissement le plus répandu. Mais les plus grandes fautes ont été
commises par exagération. Il faut stimuler et non réfrigérer
dogmatiquement. L'aguerrissement de l'enfant est à la fois trop négligé ou
trop exagéré d'après les deux tendances opposées de l'opinion. Mais il ne
faut pas oublier que le corps de l'enfant possède une surface cutanée très
grande, proportionnellement à son volume ; de ce chef, il perd plus de
chaleur que l'homme. L'irritabilité de ses nerfs est plus prononcée que
chez l'homme mûr. Il faut donc s'abstenir de mesures sévères qui, loin
d'être utiles, peuvent devenir nuisibles. Une prudence extrême doit être
observée à l'égard des enfants et des adolescents aux moments critiques de
leur évolution, c'est-à-dire entre la 4e-5e, la 9e-10e, la 13e-14e année et
chez les filles surtout dans la