repertoire camus - Christiane Chaulet Achour

Karima AÏT DAHMANE (universitaire) ... D'Albert Camus à Chawki Amari,
résurrection de Sisyphe dans le désert algérien » ...... Exercice réussi jusqu'au
style qui laisserait croire que nous lisons Camus dans toutes ses gammes. ......
Pour ma part, j'ai corrigé l'angle de saveur par rapport à lui quand j'ai perdu la
nation (au ...

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Introduction
Depuis des années, les Algériens écrivent à propos de Camus et de son
?uvre. Mais il est de bon ton de dire que Camus est censuré dans ce pays :
une telle assertion dispense d'examiner simplement les éléments de ce
rapport entre un écrivain français d'Algérie et un pays devenu
indépendant ; elle dispense aussi de réfléchir aux raisons de ce
« silence » sur un peu plus d'un demi-siècle.
Aussi avons-nous rassemblé les références des « Mots sur Camus » dans ce
« Répertoire des lectures algériennes », pour offrir un document qui
établisse un état des lieux et qui puisse être consulté sans a priori. Nous
trouverons, dans ce répertoire alphabétique, la majorité des Algériens
(universitaires, journalistes, hommes politiques, écrivains, citoyens) que
ce soit ceux qui ont parlé de Camus ou ceux qui ont écrit sur lui. Nous
entendons par « Algérien », celles et ceux qui ont la nationalité de ce
pays et celles et ceux qui ont cette origine... les « Arabes » justement,
de cet écrivain... Loin de l'excès camusien qui s'est emparé des études littéraires et du
grand public en France depuis quelques années, et particulièrement en cette
année du centenaire de sa naissance, nous n'en avons pas moins pris aussi
ce centenaire comme date de cette recension, correspondant à une année
près, au cinquantenaire de l'indépendance du pays. Hors donc de la
camusmania mais aussi en dehors de la camusphobie dont notre côté de la
Méditerranée est accusé, nous avons voulu mesurer les discours algériens
sur Camus. Les références sont accompagnées, parfois, de commentaires. Même
si nous n'avons pas pu analyser toutes ces références, on peut aisément se
rendre compte qu'il n'y a pas d'homogénéité. Il n'y a pas un discours
algérien sur Camus mais des discours, des manières différentes d'aborder
son ?uvre. Tout commence dans les « mais »... Nous avons bien conscience
que ce recensement est loin d'être exhaustif pour les articles publiés en
langue française et encore moins pour ceux en langue arabe. Notre recension
s'arrêtant aux premiers jours d'octobre 2013 - à quelques exceptions près
-, des manifestations et des écrits des trois derniers mois de cette année
du centenaire n'ont pu être intégrés. Notons aussi que, parfois, quand un
article semble important ou peu accessible, nous l'avons cité dans son
intégralité ou nous en avons choisi de larges extraits. Nous voudrions
remercier particulièrement les écrivains, universitaires et journalistes
que nous avons sollicités et qui nous ont répondu, nous transmettant des
références précises. Il nous a semblé judicieux également de proposer ce répertoire en deux
parties : la première partie regroupe celles et ceux qui ont écrit un
article ou plus mais qui ne font pas de l'?uvre de Camus le centre de leurs
préoccupations ou de leur recherche : ces 143 noms recensés témoignent
d'autant plus de l'intérêt qu'elle suscite. La seconde partie regroupe les
58 intellectuels qui ont consacré à cette ?uvre une grande partie de leur
temps d'analyse, de réflexion et de création. Nous avons nommé « fiche »
l'ensemble composé du nom de l'auteur et de ses références bibliographiques
sur Camus.
Il nous a semblé utile enfin, en annexe, de redonner des éléments
d'information et d'analyse sur les points récurrents de toute discussion
sur Camus entre son pays de naissance et son pays d'appartenance : ses
articles et prises de position de 1939, de 1945, de 1956 et de 1957 ; nous
avons fait une petite incursion dans l'après, « face à l'indépendance ».
Evoqués également les « lieux de mémoire » que sa notoriété a consacrés :
la librairie, « Les vraies richesses », la stèle de Tipasa, la plaque sur
sa maison natale. Il va sans dire que nous ne pouvions proposer de
revisiter l'?uvre littéraire de Camus que sous soit sous l'éclairage
algérien ou sous un éclairage autre. Les nombreuses études recensées sont à
lire dans ce sens. On sait qu'il y a des raisons objectives et subjectives au recul de la
présence de l'?uvre de Camus dans l'enseignement algérien. Les positions de
l'écrivain qui n'étaient pas en faveur de l'indépendance du pays ont
quelque peu refroidi les lecteurs ; il a fallu du temps pour revenir aux
textes littéraires mêmes et mettre ainsi en suspens le désaccord. Et puis
de jeunes lecteurs ont découvert l'oeuvre dans l'ignorance du débat
politique. Mais la raréfaction de l'enseignement littéraire en français n'a
pas affecté seulement Camus mais tous les écrivains français ou
francophones avec le recul notoire de la langue française qui rend
inaccessibles de grands auteurs : enseigne-t-on les romans de Dib, Nedjma
ou Le Polygone étoilé de Kateb Yacine ? Il y a également une rupture dans
les relais de transmission du savoir sur Camus, effet de génération
accentué par les événements des années 90 et le départ qui s'en est suivi
de beaucoup d'enseignants de français qui étaient en mesure de faire
connaître l'écrivain. Les programmes scolaires ne fixent pas la liste des
auteurs à étudier, celle-ci étant laissée à l'appréciation de l'enseignant.
Les libraires non plus ne proposent pas les titres de Camus : le coût du
livre importé est trop élevé. Et malgré cela, les Algériens continuent à le
lire et à écrire à son sujet... Notre première partie, « Ecrits journalistiques, opinions libres et
éclairages universitaires», fait état d'un très grand nombre de
contributions uniques. On constatera une présence continue de Camus dans la
presse et différents écrits. Le désir d'écrire un article sur Camus ou d'y
faire allusion a des motivations diversifiées :
- ce sont des comptes-rendus d'ouvrages ou de manifestations où il a été
question de Camus, ou consacrés à Camus.
- ce sont des articles provoqués par un événement marquant, comme la
fameuse « Caravane Camus » (cf. ici Mohamed Bouhamidi) ou comme la
polémique la plus récente, celle qu'a enclenchée la scandaleuse interview
de Michel Onfray, le 10 août 2012, à El Watan, sous le titre : « Camus n'a
jamais dit oui à l'ordre colonial ! » : on y découvre un Onfray fuyant
toute réponse claire à propos de son idole ou attaquant, agressif, des
interlocuteurs algériens absents, qu'il méprise et voue aux gémonies.
Certainement, en plus des contre-vérités que ceux qui vont répondre
démontent une à une, ce qui a le plus choqué est l'ignorance étalée de
l'Histoire de l'Algérie et l'affirmation du besoin congénital de la
violence chez les colonisés. Sur son site, Ahmed Ben Saada en a fait un
dossier : cf. http://www.ahmedbensaada.com, dans les dix jours qui ont
suivi la publication. On y découvre que nombreux sont les intellectuels
algériens de différentes professions qui ont des connaissances certaines
sur Albert Camus.
- ce sont aussi des mentions de Camus dans tel ou tel ouvrage ou telle ou
telle revue ainsi que sur le net, source d'information incontournable. Dans la seconde partie, « Chercheurs-Universitaires et Ecrivains », sont
essentiellement réunies les contributions à la connaissance de l'?uvre et
aux positionnements citoyens de Camus de chercheurs-universitaires - que le
canal qu'ils aient choisi soit une étude universitaire classique ou les
colonnes de la presse d'un côté et de l'autre de la Méditerranée - et
d'écrivains. En ce qui concerne ces derniers, nous n'avons retenu que les
écrivains qui se sont explicitement exprimés sur Camus et non ceux dont
plusieurs chercheurs ont tenté un parallèle avec l'une ou l'autre constante
de l'?uvre camusienne, comme l'idée de Méditerranée, la recherche du père
ou le silence de la mère, pour prendre ces trois exemples. En effet, ce que
nous recherchions, comme l'indique notre titre général, c'étaient « Les
mots sur Camus » et non tous les parallèles et comparaisons - justifiés et
intéressants - que l'on peut faire entre Camus et les écrivains algériens,
travail bien entamé, par ailleurs, et qui reste à enrichir. Notre souhait est que ce répertoire soit un instrument de travail pour
combattre certains clichés et pour donner l'idée de nouvelles recherches.
Il est un point de départ et de renouvellement et non un aboutissement.
Première partie
Ecrits journalistiques, opinions libres et éclairages universitaires
Belaïd ABANE (Professeur de médecine et politologue) « Entre la mère et la justice », El Watan 31 Déc 2009/1er janvier 2010.
Article en trois paragraphes : ''Colonialiste de bonne volonté", ''Un
'philosophe' à la posture communautariste'', ''l'étranger et l'inconscient
colonial''. Les sous-titres résument ce que fournit l'analyse des discours
littéraire et politique de Camus dit " écrivain pied noir".
L'argumentation puise aussi dans une bibliographie bien fournie,
référencée en fin d'article. Ferhat ABBAS (homme politique. Ancien président du GPRA)
1899, Taher (Algérie)- Décédé en 1985 à Alger. - http://www.fabrique/dessens.net/Tribune-de-Paris-01-juillet-1946
(cf. aussi www.youtube.com/watch?v=ejCl-cdjNEc) : émission intégrale de 25
mn du 1er juillet 1946, dirigée par Paul Guimard avec des députés des 1er
et 2ème collèges dont Ferhat Abbas, représentant des « Amis du Manifeste »
et avec des personnalités comme Camus, « dont les articles de l'année
dernière sont dans tous les esprits » et Jean Amrouche, directeur de
l'Arche. Le thème en est « Le problème algérien ». La première réponse de
Camus est qu'après 116 ans de présence française, les mill