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Quand la mélancolie est soumise à des exercices violents, qu'elle est perchée
sur une colline balayée par ...... Le volcan a l'air de fumer sa pipe ! » ...... Le
navire doublait le cap Hougly surmonté d'un sémaphore, brûlait Folta, près de
son lac ...
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Paul d'Ivoi Le sergent Simplet
à travers
les colonies françaises
Voyages excentriques - Volume II
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Table des matières
I DEUX SOUS-OFFS 6
II LA TOILE D'ARAIGNÉE 20
III UNE IDÉE DE SIMPLET 33
IV DE LYON À ÉTAPLES 45
V PREMIÈRES HEURES HORS DE FRANCE 63
VI ORIGINAL YOUNG LADY 80
VII OBOK 104
VIII CANETÈGNE S'OCCUPE 114
IX DANS LA BROUSSE 134
X LE CHEMIN DE TANANARIVE 159
XI LA CITÉ DE LA LÈPRE 170
XIII À LA RÉSIDENCE 188
XIV EN MARCHE VERS LE SUD 207
XV LE « FADY » 226
XVI LE PAYS DES BARES 253
XVII LA RÉUNION 276
XVIII TROIS MILLE KILOMÈTRES DANS UN CYCLONE 297
XIX LE PAYS DES PIERRES PRÉCIEUSES 306
XX L'INDE TELLE QU'ELLE EST 329
XXI UN COUP DE KANDJAR 350
XXII NAZIR TRAVAILLE 362
XXIII LE MEÏNAM 383
XXIV LE ROI 396
XXV L'HOSPITALITÉ DE BOB 409
XXVI EN AVANT ! 431
XXVII À BANGKOK, À SAÏGON 445
XXVIII SIMPLET DEVIENT CHIMISTE 459
XXIX ZÉBUS ET RHINOCÉROS 468
XXX LE MÉKONG 482
XXXI LA REVANCHE DE GIRAUD-CANETÈGNE 501
XXXII EN NOUVELLE-CALÉDONIE 518
XXXIII À TRAVERS LE PACIFIQUE 539
XXXIV AU PAYS DES FORÇATS 557
XXXV PERDUS EN MER 575
XXXVI DANS LE BAGHIRMI 597
XXXVII UN ÉLÉPHANT 620
XXXVIII STRUGGLE FOR LIFE 635
XXXIX LA COUR D'ASSISES 655
À propos de cette édition électronique 668
[pic] Texte établi d'après l'édition Combet et cie Ancienne librairie Furne (sans
date, probablement 1905)
I DEUX SOUS-OFFS
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L'horloge de la gare de Grenoble marquait trois heures. Sur la voie
montante le train pour Lyon était formé. Les employés pressaient les
voyageurs retardataires et, courant le long du train, fermaient les
portières avec violence.
Un coup de sifflet retentit.
Soudain un sergent d'infanterie de ligne parut à la porte des salles
d'attente. Il courait tout essoufflé, une valise à la main.
Écartant un agent qui prétendait l'arrêter, il s'élança vers le convoi
déjà en marche, ouvrit la portière d'un compartiment de seconde classe dans
lequel il s'engouffra en coup de vent.
- Ouf ! quelle course, fit-il en allant tomber dans le seul coin
inoccupé. Il posa sa valise à côté de lui et regarda ses compagnons de
voyage.
À l'autre extrémité du wagon, deux hommes grands, à la face rougeaude,
mi-bourgeois, mi-paysans, causaient à haute voix, avec l'importance de gens
bien nourris à qui les écus ne manquent point.
En reportant ses yeux en face de lui, le jeune homme murmura :
- Tiens un autre pied de banc !
En effet son vis-à-vis se trouvait être un sergent d'infanterie de
marine, aussi brun qu'il était blond, aussi bronzé qu'il l'était peu.
C'était sa vivante antithèse.
Alors que le lignard, de taille moyenne mais bien prise, avait l'?il
bleu très doux, la moustache blonde relevée en crocs, la figure pleine ; le
marsouin était grand, maigre, et des yeux noirs, durs, trouaient son visage
cuit par le soleil.
Lui aussi portait la moustache ; mais les pointes pendaient
mélancoliquement de chaque côté de la bouche, à la façon des vieux Celtes
ou des modernes Chinois.
Il ne parut pas s'apercevoir de l'examen dont il était l'objet.
Immobile, la tête renversée en arrière, il semblait absorbé par une pensée
triste.
Un bruyant éclat de rire le fit tressaillir.
Les « pékins » se tordaient dans un accès de folle gaieté. L'un avait
sans doute fait une remarque plaisante à l'adresse du sous-officier, car
leurs yeux ne le quittaient point.
Il fronça le sourcil. Les rires redoublèrent. Du coup il se redressa
et d'une voix sèche :
- Pardon, messieurs, ne pourriez-vous rire sans regarder de mon côté ?
- Cela vous gêne ? répliqua lourdement le plus jeune paysan.
- Énormément. Votre attitude, d'ailleurs, me donne à penser que je ne
suis pas étranger à votre hilarité.
Ils ne répondirent pas. Ils riaient de plus belle, la bouche fendue
jusqu'aux oreilles.
Puis celui qui n'avait pas encore parlé, une sorte de colosse,
reprit :
- Vous avez mauvais caractère.
- C'est possible, je ne plaisante qu'avec mes amis.
- Oui, et parce que vous portez la livrée militaire...
- L'uniforme, rectifia le soldat en se soulevant légèrement.
- Vous croyez faire peur aux autres. Vous faites l'avale-tout-cru. Pas
la peine avec nous, on est rustique. Allez, calmez-vous, ça vous évitera
une mauvaise querelle.
Le marsouin était devenu blême ; il fit un mouvement pour s'élancer
vers ses interlocuteurs.
Mais le rustre souleva un gros bâton sur lequel s'appuyaient ses mains
calleuses et goguenard :
- Oh ! vous savez, sergent, vous n'êtes pas de force. Un contre deux
qui en valent bien quatre.
Et pointant son gourdin en avant, il continua :
- Avec ces camarades-là... Qu'est-ce que vous pouvez ?
Jusque-là le lignard avait assisté à la scène sans un geste.
À ce moment, il étendit vivement la main, saisit la canne et d'une
saccade l'arracha au paysan, tout en disant d'une voix tranquille :
- C'est bien simple, maintenant nous sommes trois de ce côté, y
compris le camarade gourdin, et si vous ne vous excusez pas de votre
insolence, nous vous battrons.
L'attitude calme et résolue du fantassin en imposa aux deux hommes,
car en même temps ils s'écrièrent :
- Eh ! on ne se moquait pas de lui.
- Je veux le penser, mais on en avait l'air.
- Vous croyez ?
- Parfaitement !
- Ben quoi ! on vous fait des excuses alors.
- C'est bon !
Et tendant la canne au paysan tout penaud.
- Reprenez cela. Quand on a l'honneur de porter l'uniforme, on n'a pas
besoin d'un morceau de bois pour se faire respecter.
Puis sans s'inquiéter davantage de ses adversaires, il se tourna vers
le marsouin. Les jeunes gens se serrèrent la main.
- Je vous remercie, mon cher collègue, commença celui-ci.
Il l'interrompit :
- Oh ! c'est tout simple. Vous pouvez, du reste, me causer un grand
plaisir en échange.
- Parlez !
- Parler précisément. J'ai horreur du voyage solitaire et muet. Si
vous jugez la glace rompue... ?
- Fondue, mon cher collègue - et se levant à demi - Claude Bérard,
sergent au 1er régiment d'infanterie de marine, libéré après la campagne au
Dahomey et deux mois de convalescence à Toulon.
- Et moi, Marcel Dalvan, sergent au 35e de ligne, libéré en garnison
d'Embrun, il y a quatre jours. Présentement propriétaire qui vient de
s'occuper de vendre ses propriétés à Grenoble, et se dirige vers Lyon. Mais
vous-même... ?
- Je me rends à Lyon... probablement à Paris ensuite. Pas propriétaire
du tout, je suis en quête d'un emploi.
- Ah ! avez-vous une préférence quelconque ?
- Oui, le commerce.
- Bravo !
- Pourquoi bravo ?
- Parce que j'ai, à Lyon, des amis qui font la commission coloniale,
et par eux je pense bien...
- Me trouver quelque chose ?
- Justement.
Le marsouin saisit la main du jeune homme et la serra énergiquement.
- Décidément, vous êtes mon sauveur !
- Pas du tout. Ça se rencontre comme cela. Et puis un sous-officier
offre des garanties. On le prend de préférence à un civil, c'est bien
simple.
- Il vous plaît à dire. Mais vous êtes en bons termes avec...
- Les négociants dont je parle ? Oh !... depuis deux ans je ne les ai
pas vus. Mais c'est égal, si mon ami Antonin Ribor m'avait oublié, sa s?ur
Yvonne, ma s?ur de lait à moi, aurait meilleure mémoire.
Et d'une voix émue :
- Si vous saviez comme elle est gentille et bonne ! C'est ma mère qui
nous a nourris tous deux, puis élevés. Le père Ribor, voyageur infatigable,
était toujours à trois mille lieues de ses enfants. Ah ! c'est une jolie
fille, avec ses cheveux châtains, sa figure rieuse, ses grands yeux bruns
et une voix, une vraie musique. Je serais allé au bout du monde, quand elle
disait, en me regardant comme cela : Simplet.
- Simplet ? interrompit Claude Bérard.
- Un sobriquet. J'ai un tic. Il paraît que c'est un tic. Tout me
semble simple. Alors...
- Simplet s'explique. Et elle, comment l'appeliez-vous ?
- Yvonne.
Claude sourit :
- Vous l'aimez beaucoup ?
- Je n'ai qu'elle.
- Et l'amitié avec une brave fille conduit au mariage.
Marcel Dalvan eut un soubresaut.
- Au mariage ! Ah bien ! si vous disiez ça devant elle, je vous
garantis qu'elle rirait de bon c?ur. M'épouser, elle !
Il riait, un peu gêné, un brouillard plus rose montant à ses joues.
- Le mariage, reprit-il. Depuis deux ans, elle ne m'a pas écrit.
- Pas une lettre ?
- Non. J'étais en garnison à Granville, on m'a expédié à Embrun...
- Ce n'est pas une raison.
- Je me suis montré négligent. Durant plusieurs mois, je n'ai pas
écrit, puis je me suis décidé. Seulement elle devrait être vexée ; aucune
réponse.
- Diable !
- C'est qu'elle a sa petite tête. Mais soyez tranquille, cela ne