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RECUEIL D'EXERCICES. Année académique 2002-2003. Yves CRAMA.
Méthode du Simplexe. S1) Ecrivez le problème PL suivant sous forme standard
avec ...
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APPRENDRE OUI ... MAIS COMMENT ?
APPRENDRE A TRAVAILLER
LA PÉDAGOGIE DIFFÉRENCIÉE EST-ELLE DÉPASSÉE ?
GUIDE MÉTHODOLOGIQUE POUR L'ÉLABORATION D'UNE SITUATION-PROBLÈME
L'ENSEIGNANT DANS LA CRISE
EPS INTERROGE
L'AVENTURE DES SAVOIRS
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APPRENDRE OUI ... MAIS COMMENT ?
PHILIPPE MEIRIEU
TEXTE DU VIDÉOGRAMME PRODUIT PAR LES DDJS du MORBIHAN et du FINISTÈRE
RÉALISATION : ATELIER DE CRÉATION AUDIOVISUELLE (ACAV) DE SAINT-CADOU
OCTOBRE 1989
1 - ACCUEILLIR DES JEUNES EXCLUS DU SYSTÈME ÉDUCATIF
Il semble que pour comprendre la meilleure façon d'aider les jeunes que
vous avez à accueillir aujourd'hui et qui sont des jeunes qui ont été
exclus du système éducatif, il faut comprendre pourquoi ces jeunes ont été
exclus du système éducatif. Je crois que pour comprendre cela, il faut se
pencher un petit peu en arrière et examiner ce moment qu'on a appelé "
Démocratisation de l'école ", et qui en réalité était un moment de simple
massification de l'école qui a consisté à faire rentrer dans une
institution scolaire une masse de gens, sans s'interroger finalement pour
savoir si ces gens étaient capables de recevoir les savoirs scolaires qu'on
allait leur distribuer. Alors au fond, sur quoi était construit l'école
jusqu'à présent, jusqu'à il y a vingt ou trente ans, elle était construite
sur des principes relativement simples, c'est que les gens venaient en
classe pour assimiler des savoirs dont ils étaient demandeurs, assimiler
des savoirs sur lesquels ils avaient déjà des capacités, que j'appelle dans
mon jargon, métacognitives. C'est à dire des savoirs, par rapport auxquels
ils pouvaient se situer d'une manière stratégique, en identifiant les
bonnes procédures pour se les approprier. Ce qui caractérise l'école
aujourd'hui, c'est qu'elle a à scolariser une masse de jeunes qui ne sont
pas demandeurs: de savoirs, une masse de jeunes qui ne savent pas
construire les savoirs et une masse de jeunes qui ne sont pas stratèges
dans ces savoirs, parce que toutes ces capacités là, ils ne les ont pas
acquises grâce aux stimulations de leur milieu familial. Or avec l'exigence
sociale, qui est aussi une exigence éthique pour moi, de rendre l'immense
majorité des jeunes, maître de savoirs minimum pour comprendre le monde, et
pas pour être des marionnettes manipulées dans ce monde. Il faut, et c'est
un défi tout à fait extraordinaire et tout à fait difficile, rendre les
jeunes demandeurs de ce savoir.
2 - RENDRE LE JEUNE DEMANDEUR DE SAVOIR
Alors vous me direz, ce n'est pas un problème tout à fait nouveau ça. On a
toujours dit: on ne peut pas faire boire un âne qui n'a pas soif, enfin il
y a quand même une très grande différence entre un âne et un élève, c'est
qu'un âne, quand il fait très chaud, il suffit d'attendre, il finit
toujours par avoir soif. Alors qu'un élève, vous pourriez vous abstenir de
lui faire des mathématiques pendant une éternité, il ne demandera pas
forcément le théorème de Pythagore. Donc, la tâche du maître, et c'est bien
une tâche tout à fait nouvelle, s'il veut que l'élève s'approprie des
savoirs, s'il veut que l'élève fasse sien ces savoirs, c'est de le rendre
demandeur de savoirs, c'est-à-dire de créer des situations ou ces savoirs
soient rendus plus nécessaires, de créer des situations ou ces savoirs
apparaissent comme des réponses, comme des solutions à des problèmes que
les jeunes peuvent rencontrer, et c'est pour ça que nous, nous travaillons
beaucoup aujourd'hui sur une notion tout à fait centrale, qui est la notion
d'obstacle. Quand un jeune a un projet, quand un jeune veut faire quelque
chose, quand un jeune a une idée, quand il a une tâche à réaliser, et bien,
ce qui nous apparaît important d'identifier avec lui, c'est les obstacles
qu'il peut rencontrer, parce que c'est à ces obstacles que l'on pourra
articuler des objectifs de formation. Tout le travail du formateur, c'est
de partir des projets que les jeunes peuvent avoir, ou de susciter des
projets; parce qu'il arrive qu'il faille susciter des projets, que les
jeunes n'aient pas eux-mêmes l'idée d'inventer des projets, de partir des
projets que les jeunes peuvent avoir, ou qu'on peut susciter, et
d'identifier avec eux les obstacles qu'ils rencontrent, de faire repérer
ces obstacles pour, à partir de là, les transformer en objectifs, engager
une dynamique par laquelle l'élève, le jeune deviendra demandeur de savoir,
demandeur d'appropriation de ces objectifs pour surmonter les obstacles, et
pour pouvoir réaliser la tâche qu'il s'est donnée.
Alors ça, c'est difficile, c'est difficile parce que, quand le jeune
rencontre l'obstacle, sa tentation première, ce n'est pas d'apprendre, sa
tentation première, c'est de se débrouiller pour ne pas avoir à apprendre.
Quand votre télé est en panne, votre tentation première, ce n'est pas d
apprendre l'électronique, c'est d'appeler le réparateur. Ce n'est pas
grave, parce que vous n'êtes pas chargé.. nous n'avez pas comme tâche
d'apprendre l'électronique pour vous. Mais les jeunes, il faut qu'ils
s'approprient des savoirs. Donc le travail du formateur va être, et c'est
un travail qui est très difficile, parce qu'il est en grande partie
négatif, va être d'empêcher que, l'obstacle ayant émergé, on puisse lever
l'obstacle sans avoir appris, ça va être de finaliser l'objectif
d'appropriation en le rattachant à l'obstacle qui aura émergé dans le
travail sur la tâche. Ca, ça nous parait tout à fait déterminant, et il
nous semble que c'est autour de ça que l'on peut faire une véritable
pédagogie du projet. Partir d'un projet existant ou susciter un projet chez
les jeunes mais travailler au moment où la difficulté surgit pour articuler
à cette difficulté des situations de formation qui seront finalisées parce
que le jeune aura découvert un obstacle, et que le savoir qu'on lui
présentera à s'approprier aura un sens pour lui, pour résoudre et pour
lever cet obstacle. Alors, entendons nous bien, je ne dis pas du tout que
c'est mécanique. En pédagogie, il n'y a jamais de mécanique. C'est un
travail où la personne intervient beaucoup, c'est un travail où la
stimulation intervient beaucoup, c'est un travail, progressivement, avec le
jeune, on essaie de s'approprier le monde, de le comprendre, de dépasser ce
qu'on ne comprend pas, pour se construire progressivement des
connaissances. Alors ça, ça me parait être une chose tout à fait
essentielle et déterminante à faire dans les dispositifs que vous animez,
en profitant des activités et des tâches que vous réalisez. Alors, bien
sûr, il y a une dérive à ça, un danger qui serait un espèce de
scolarisation des projets. Il ne faut pas que le jeune soit démobilisé par
rapport à son projet, parce qu il n y verrait plus qu'un prétexte que le
formateur manipulerait pour lui faire effectuer des apprentissages. Donc,
il y a un équilibre très subtil à garder entre, une scolarisation excessive
du projet qui en ferait une simple occasion d'apprentissage, et qui fait
que le jeune désinvestirait le projet, et une finalisation excessive du
projet qui ferait que pour réaliser le projet, on court-circuiterait
l'apprentissage, en se débrouillant pour ne pas lever l'obstacle. Et je
dis, personne ne peut faire l'économie au formateur de cette tension très
forte entre le projet et l'apprentissage.
Il y a une tension constitutive du travail que vous menez en formation, une
tension tellement constitutive, qu'à tout instant, vous la retrouvez dans
vos activités,. ou bien vous privilégiez le projet, et à ce moment là, vous
avez la tendance, on a tous tendance à ne faire faire les activités que par
ceux qui savent déjà les faire, voire à faire l'activité nous-mêmes. Le bon
animateur croit que les gens avec qui il travaille fabriquent de beaux
projets, et s'ils n'y arrivent pas, il les fabriquent lui-même parce que
c'est plus gratifiant. Alors, il y a cette aspiration par le projet qui
peut fonctionner et qui est une aspiration qui va empêcher les
apprentissages, et puis il y aurait de l'autre, une autre aspiration qui
est l'aspiration scolaire qui consiste à ne voir que les apprentissages, en
les déconnectant du projet. Alors, je crois que, sachons bien, qu'aucun
dispositif ne peut nous faire faire l'économie de cette tension. C'est au
formateur, avec le jeune à négocier toujours la part à affecter au projet
qui le mobilise et qui le finalise, et les moments à affecter aux
apprentissages, ou on suspend l'exigence productive, pour prendre le temps
d'apprendre en étant dégagé du projet. Et je dirais volontiers, que c'est
un peu là le modèle d'une véritable pédagogie de l'alternance, c'est-à-dire
d'une pédagogie dans laquelle on est mis en situation de fabrication, de
production, de mobilisation, et où, à certains moments et bien on va être
mis. en situation d'apprentissage articulée à cette production. Mais vous
voyez bien à quel point, dans cette dynamique, le rôle du formateur, de
l'animateur n'est pas un rôle codé qui pourrait se limiter à l'application
de recettes. Il est un rôle de négociation avec le jeune. Il est un rôle
d'observation avec le jeune, du moment où, par exemple, les apprentissages
sont trop lourds et la mobilisation sur le projet n'est pas assez
suffisante, alors, il faut réintroduire la finalisation, et puis des
moments où l'aspiration par le projet prend trop d'importance et où, alors,
il faut introduire l'apprentissage. Cet