Constitution apostolique

Si l'on considère l'ensemble des provinces de l'Institut, il n'y a guère d'interruption
ou de ralentisse-ment de ces saints exercices que pendant les mois de mars, ......
est devenue une année de paix spirituelle, de paix intérieure, de fruits spirituels,
de rémission des péchés. d'indulgences concernant les peines du péché.

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V. J. M. J. Grugliasco, le 16 Avril 1933
Résurrection de Notre-Seigneur J.-C. Mes très chers Frères,
Les nouvelles les plus consolantes que m'adressent les Frères
Assistants Généraux en visite de délégation dans nos provinces lointaines
sont celles des retraites annuelles qu'ils ont présidées : le cher Frère
Flamien, au Brésil Septentrional et en Argentine ; le cher Frère Michaélis,
en Argentine, au Chili et au Pérou ; le cher Frère Augustin-Joseph, au
Brésil Central ; le cher Frère Marie-Odulphe, au Brésil Méridional ; le
cher Frère Clément, aux îles Samoa et Fiji, en Nouvelle-Zélande et en
Australie, et le cher Frère Francois de Borgia, en Nouvelle-Calédonie.
Si l'on considère l'ensemble des provinces de l'Institut, il n'y a
guère d'interruption ou de ralentisse-ment de ces saints exercices que
pendant les mois de mars, avril et mai. Donc, pendant neuf mois de l'année,
des centaines de nos Frères, tantôt dans une région tantôt dans une autre,
font trêve aux travaux ordinaires de leurs divers emplois, pour se
recueillir, ne s'occuper que du soin de leur âme et traiter avec Dieu de
leurs intérêts éternels.
Que d'hommages d'adoration, que d'ardentes supplications montent vers
le ciel dans ces entretiens intimes ! Que de réparations pour les
négligences et les péchés de l'année et quelles généreuses résolutions qui
touchent le c?ur de Notre-Seigneur !
Seuls avec Dieu seul, telle est bien la devise de nos retraitants
pendant ces jours bénis ; mais cela ne veut pas dire que les intérêts
généraux de la religion et les besoins particuliers de notre famille
religieuse soient oubliés dans ces pieuses réunions, bien au contraire : la
sainte Eglise et notre Congrégation que nous recommandons chaque jour au
bon Dieu et à la protection de Marie, bénéficient des dispositions plus
ferventes de nos religieux et sont favorisées de grâces plus nombreuses et
de plus précieux secours. C'est là un puissant réconfort pour les
Supérieurs, qui ont tant besoin de l'aide divine, au milieu des difficultés
actuelles.
C'est à leur procurer ce secours dont nous vous sommes tous si
reconnaissants que je vous convie, en vous annonçant que la retraite des
membres de l'administration aura lieu à la maison-mère du 6 au 13 juin.
Elle est la première dans la série de celles qui se succèdent ensuite dans
l'hémisphère nord ; elle est. surtout la plus importante : il importe, en
effet, par-dessus tout, que les supérieurs majeurs et les membres de.
l'administration soient des hommes de Dieu, dont la régularité et
l'édification entraînent à la perfection tous ceux dont ils ont la charge.
Ce que notre Vénérable Père disait des Frères Directeurs, et ce qu'ils
ne sauraient trop méditer, est à plus forte raison applicable aux premiers
supérieurs. «Un supérieur pieux, humble, charitable, plein de l'esprit de
Jésus-Christ communiquera sa piété, sa régularité, son humilité, sa charité
à ses inférieurs, tandis qu'un supérieur mondain, vaniteux, irrégulier
inoculera tous ses vices et ses défauts aux Frères dont il a la charge.
« Une communauté. un Institut est l'écho fidèle de la conduite de son
chef. Il est donc de la dernière importance qu'un supérieur se conduise
toujours de manière à pouvoir dire à ses inférieurs ce que saint Paul
disait aux premiers fidèles : Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-
même de Jésus-Christ. » (1 Corinth. IV, 16).
« Lorsque, parcourant la vie des saints ou l'histoire de l'Eglise, vous
voyez une communauté abonder en fervents religieux et donner à l'Eglise
l'édifiant spectacle de toutes les vertus, regardez qui est à la tête de
cette communauté, vous y trouverez toujours un saint supérieur. Quand, au
contraire, vous voyez une congrégation en décadence et marchant à sa ruine,
voyez qui est à la tête de cette congrégation, vous y trouverez toujours un
supérieur dé-réglé ou négligent.
Une maison religieuse, dit le concile de Trente, est chancelante et
marche â sa ruine quand les vertus qui doivent être dans les membres ne se
trouvent pas dans le chef » (Le Bon Supérieur, Introduction).
Il est une autre raison grave de prier pour les supérieurs : en outre
de la sainteté personnelle qui leur est nécessaire, leurs fonctions
requièrent des aptitudes, des qualités administratives qui sont des dons de
Dieu. Diriger les religieux dans les voies les plus sûres, maintenir et
développer les oeuvres dans toutes les provinces par les moyens les mieux
appropriés et les plus efficaces, au milieu des oppositions et des entraves
de toutes sortes créées par l'esprit du mal et par les ennemis de l'Eglise,
est un travail délicat, pour le succès duquel il faut des lumières et une
sagesse que seul l'Esprit-Saint peut leur procurer.
*
* * Ces préoccupations, ce travail, cette lutte sont de tous les temps. La
dispersion de la Congrégation en France a nécessité, au moment même et
depuis, des mesures d'adaptation qui étaient à peine à point lorsque est
survenue la terrible et affreuse guerre mondiale. Pendant cinq années,
c'est grâce à des prodiges d'habileté et surtout d'héroïque dévouement que
les ?uvres ont échappé à une ruine totale dans les pays touchés par
l'effroyable cataclysme.
La paix signée, l'espoir était venu du rétablissement de la liberté
dans le calme et l'ordre. Mais c'était compter sans la haine jamais
assouvie de l'ennemi de Dieu, qui pense le détrôner, surtout en privant la
jeunesse de le connaître, pour empêcher de l'aimer et de le servir. La
persécution qui suit les Etats les uns après les autres, et qui s'étend
aujourd'hui même, est savamment organisée en vue du but à atteindre. Ce
but, nous le voyons signalé déjà dans les encycliques des papes et les
écrits des philosophes et des sociologues du dernier siècle.
Dans une encyclique du 24 mai 1829, le Souverain Pontife Pie VIII
déplorait le mal accompli et en voie de se poursuivre par la secte
maçonnique : « Entre toutes les sociétés secrètes, dit-il, Nous avons
résolu de vous en signaler une, dont le but est de corrompre la jeunesse
dans les écoles et les collèges. Comme on sait que les préceptes des
maîtres sont tout-puissants pour former l'esprit et le c?ur de leurs
élèves, on apporte toutes sortes de soins et de ruses à donner à la
jeunesse des maîtres dépravés qui les conduisent dans les sentiers de Baal
par des doctrines qui ne sont pas selon Dieu ».
Aujourd'hui, c'est par l'école neutre, justement condamnée par les
papes, dont le principe est introduit dans la législation de plusieurs
pays, que la franc-maçonnerie poursuit la déchristianisation de l'enfance.
Renan écrivait en 1882, dans son volume sur Marc-Aurèle : « Si Marc-
Aurèle, au lieu d'employer les lions et la chaise rougie, eût employé
l'école primaire et un enseignement rationaliste, il eût bien mieux prévenu
la séduction du monde par le surnaturel chrétien ». Et il ajoutait que si
Marc-Aurèle échoua, si Celse ne réussit pas davantage, c'est que le sol
n'avait pas été préparé par un bon ministre de l'instruction publique.
Pour quiconque observe et réfléchit il est visible que c'est au moyen
de l'organisation d'un enseignement public antichrétien et matérialiste,
qui broiera les nouvelles générations dans le moule des Etats omnipotents,
que la franc-maçonnerie entend reprendre la lutte, au point où l'ont
laissée les persécuteurs païens ; et elle se flatte de triompher cette fois
de Jésus-Christ.
A l'école sont annexées toutes sortes d'?uvres et d'associations qui
n'ont d'autre but que de maintenir l'enfant, le jeune homme dans la
dépendance de ses maîtres et de continuer, pour sa complète perversion,
après sa sortie de classe, la culture maçonnique.
« L'école laïque, a écrit Brisson, un des pontifes de la secte, avec
toutes ses oeuvres d'hygiène, d'assistance, de mutualité, d'enseignement
social, qui aujourd'hui la complètent et la prolongent, l'école laïque
sécularisera toutes choses autour d'elle. surtout les esprits et les m?urs
».
Un philosophe espagnol, le Docteur Don Sarcla y Salvany, dans un livre
intitulé : Le mal social, ses causes, ses remèdes, a appelé l'attention sur
quelques-unes des questions où l'esprit maçonnique s'est le plus donné
carrière et a fait les ravages les plus pernicieux. Les principaux objets
de ses observations sont : la religion, l'Etat, l'autorité des parents, la
propriété, les oeuvres de bienfaisance, l'enseignement. Je vous soumets
quelques courts extraits de ces chapitres, en les résumant et en y ajoutant
quelques considérations d'actualité.
LA RELIGION. -- Nous avons entendu la maçonnerie dire dans ses loges
que le but auquel doivent tendre tous ses efforts est d'anéantir la
religion et même toute idée religieuse. Elle le dit aujourd'hui en public.
Autrefois, elle se contentait de mettre dans les esprits cette persuasion
que la religion est affaire purement individuelle, dont chacun décide dans
son for intérieur : l'homme est libre de servir et d'adorer Dieu de la
manière qui lui paraît la meilleure. Par-là elle accrédite, elle propage
l'indifférentisme religieux qui devient bientôt l'absence de toute
religion.
L'ETAT. - L'erreur relative à l'Etat qu'adopte la maçonnerie est celle-
ci : L'Etat est souverain, d'une souveraineté absolue. C'est en lui-même
qu'il trouve la source de toute son autori