Olivier Twist 1 - La Bibliothèque électronique du Québec

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Charles Dickens

Olivier Twist
















BeQ
Charles Dickens
(1812-1870)






Olivier Twist

Traduit de l'anglais par Alfred Gérardin

Tome premier







La Bibliothèque électronique du Québec
Collection À tous les vents
Volume 495 : version 1.0





Du même auteur, à la Bibliothèque :




Cantique de Noël

Les conteurs à la ronde

Le grillon du foyer

L'abîme (en coll. avec Wilkie Collins)











Olivier Twist



I




Édition de référence :
Paris, Librairie Hachette et Cie, 1893.











Chapitre premier





Du lieu où naquit Olivier Twist, et des circonstances qui accompagnèrent sa
naissance.




Parmi les divers monuments publics qui font l'orgueil d'une ville dont,
par prudence, je tairai le nom, et à laquelle je ne veux pas donner un nom
imaginaire, il en est un commun à la plupart des villes grandes ou
petites : c'est le dépôt de mendicité. Un jour, dont il n'est pas
nécessaire de préciser la date, d'autant plus qu'elle n'est d'aucune
importance pour le lecteur, naquit dans ce dépôt de mendicité le petit
mortel dont on a vu le nom en tête de ce chapitre.

Longtemps après que le chirurgien des pauvres de la paroisse l'eut
introduit dans ce monde de douleur, on doutait encore si le pauvre enfant
vivrait assez pour porter un nom quelconque : s'il eût succombé, il est
plus que probable que ces mémoires n'eussent jamais paru, ou bien, ne
contenant que quelques pages, ils auraient eu l'inestimable mérite d'être
le modèle de biographie le plus concis et le plus exact qu'aucune époque ou
aucun pays ait jamais produit.

Quoique je sois peu disposé à soutenir que ce soit pour un homme une
faveur extraordinaire de la fortune, que de naître dans un dépôt de
mendicité, je dois pourtant dire que, dans la circonstance actuelle,
c'était ce qui pouvait arriver de plus heureux à Olivier Twist : le fait
est qu'on eut beaucoup de peine à décider Olivier à remplir ses fonctions
respiratoires, exercice fatigant, mais que l'habitude a rendu nécessaire au
bien-être de notre existence ; pendant quelque temps il resta étendu sur un
petit matelas de laine grossière, faisant des efforts pour respirer,
balancé pour ainsi dire entre la vie et la mort, et penchant davantage vers
cette dernière. Si pendant ce court espace de temps Olivier eût été entouré
d'aïeules empressées, de tantes inquiètes, de nourrices expérimentées et de
médecins d'une profonde sagesse, il eût infailliblement péri en un
instant ; mais comme il n'y avait là personne, sauf une pauvre vieille
femme, qui n'y voyait guère par suite d'une double ration de bière, et un
chirurgien payé à l'année pour cette besogne, Olivier et la nature
luttèrent seul à seul. Le résultat fut qu'après quelques efforts, Olivier
respira, éternua, et donna avis aux habitants du dépôt, de la nouvelle
charge qui allait peser sur la paroisse, en poussant un cri aussi perçant
qu'on pouvait l'attendre d'un enfant mâle qui n'était en possession que
depuis trois minutes et demie de ce don utile qu'on appelle la voix.

Au moment où Olivier donnait cette première preuve de la force et de la
liberté de ses poumons, la petite couverture rapiécée jetée négligemment
sur le lit de fer s'agita doucement. La figure pâle d'une jeune femme se
souleva péniblement sur l'oreiller, et une voix faible articula avec
difficulté ces mots : « Que je vois mon enfant avant de mourir ! »

Le chirurgien était assis devant le feu, se chauffant et se frottant les
mains tour à tour. À la voix de la jeune femme il se leva, et s'approchant
du lit, il dit avec plus de douceur qu'on n'en eût pu attendre de son
ministère :

« Oh ! il ne faut pas encore parler de mourir.

- Oh ! non, que Dieu la bénisse, la pauvre chère femme, dit la garde en
remettant bien vite dans sa poche une bouteille dont elle venait de
déguster le contenu avec une évidente satisfaction ; quand elle aura vécu
aussi longtemps que moi, monsieur, qu'elle aura eu treize enfants et en
aura perdu onze, puisque je n'en ai plus que deux qui sont avec moi au
dépôt, elle pensera autrement. Voyons, songez au bonheur d'être mère, avec
ce cher petit agneau. »

Il est probable que cette perspective consolante de bonheur maternel ne
produisit pas beaucoup d'effet. La malade secoua tristement la tête et
tendit les mains vers l'enfant.

Le chirurgien le lui mit dans les bras ; elle appliqua avec tendresse
sur le front de l'enfant ses lèvres pâles et froides ; puis elle passa ses
mains sur son propre visage, elle jeta autour d'elle un regard égaré,
frissonna, retomba sur son lit, et mourut ; on lui frotta la poitrine, les
mains, les tempes ; mais le sang était glacé pour toujours ; on lui parlait
d'espoir et de secours ; mais elle en avait été si longtemps privée, qu'il
n'en était plus question.

« C'est fini, madame Thingummy, dit enfin le chirurgien.

- Ah ! pauvre femme, c'est bien vrai, dit la garde en ramassant le
bouchon de la bouteille verte, qui était tombé sur le lit tandis qu'elle se
baissait pour prendre l'enfant. Pauvre femme !

- Il est inutile de m'envoyer chercher si l'enfant crie, dit le
chirurgien d'un air délibéré ; il est probable qu'il ne sera pas bien
tranquille. Dans ce cas donnez-lui un peu de gruau. » Il mit son chapeau,
et en gagnant la porte il s'arrêta près du lit et ajouta : « C'était une
jolie fille, ma foi ; d'où venait-elle ?

- On l'a amenée ici hier soir, répondit la vieille femme, par ordre de
l'inspecteur ; on l'a trouvée gisant dans la rue ; elle avait fait un assez
long trajet, car ses chaussures étaient en lambeaux ; mais d'où venait-
elle, où allait-elle ? nul ne le sait. »

Le chirurgien se pencha sur le corps, et soulevant la main gauche de la
défunte : « Toujours la vieille histoire, dit-il en hochant la tête ; elle
n'a pas d'alliance... Allons ! bonsoir. »

Le docteur s'en alla dîner, et la garde, ayant encore une fois porté la
bouteille à ses lèvres, s'assit sur une chaise basse devant le feu, et se
mit à habiller l'enfant.

Quel exemple frappant de l'influence du vêtement offrit alors le petit
Olivier Twist ! Enveloppé dans la couverture qui jusqu'alors était son seul
vêtement, il pouvait être fils d'un grand seigneur ou d'un mendiant : il
eût été difficile pour l'étranger le plus présomptueux de lui assigner un
rang dans la société ; mais quand il fut enveloppé dans la vieille robe de
calicot, jaunie à cet usage, il fut marqué et étiqueté, et se trouva, tout
d'un coup à sa place : l'enfant de la paroisse, l'orphelin de l'hospice, le
souffre-douleur affamé, destiné aux coups et aux mauvais traitements, au
mépris de tout le monde, à la pitié de personne.

Olivier criait de toute sa force. S'il eût pu savoir qu'il était
orphelin, abandonné à la tendre compassion des marguilliers et des
inspecteurs, peut-être eût-il crié encore plus fort.








Chapitre II





Comment Olivier Twist grandit, et comment il fut élevé.




Pendant les huit ou dix mois qui suivirent, Olivier Twist fut victime
d'un système continuel de tromperies et de déceptions ; il fut élevé au
biberon : les autorités de l'hospice informèrent soigneusement les
autorités de la paroisse de l'état chétif du pauvre orphelin affamé. Les
autorités de la paroisse s'enquirent avec dignité près des autorités de
l'hospice, s'il n'y aurait pas une femme, demeurant actuellement dans
l'établissement, qui fût en état de procurer à Olivier Twist la consolation
et la nourriture dont il avait besoin ; les autorités de l'hospice
répondirent humblement qu'il n'y en avait pas : sur quoi les autorités de
la paroisse eurent l'humanité et la magnanimité de décider qu'Olivier
serait affermé, ou, en d'autres mots, qu'il serait envoyé dans une
succursale à trois milles de là, où vingt à trente petits contrevenants à
la loi des pauvres passaient la journée à se rouler sur le plancher sans
avoir à craindre de trop manger ou d'être trop vêtus, sous la surveillance
maternelle d'une vieille femme qui recevait les délinquants à raison de
sept pence[1] par tête et par semaine. Sept pence font une somme assez
ronde pour l'entretien d'un enfant ; on peut avoir bien des choses pour
sept pence ; assez, en vérité, pour lui charger l'estomac et altérer sa
santé. La vieille femme était pleine de sagesse et d'expérience ; elle
savait ce qui convenait aux enfants, et se rendait parfaitement compte de
ce qui lui convenait à elle-même : en conséquence, elle fit servir à son
propre usage la plus grande partie du secours hebdomadaire, et réduisit la
petite génération de la paroisse à un régime encore plus maigre que celui
qu'on lui allouait dans la maison de refuge où Olivier était né. Car la
bonne dame reculait prudemment les limites extrêmes de l'économie, et se
montrait philosophe consommée dans la pratique expérimentale de la vie.

Tout le monde connaît l'histoire de cet autre philosophe expérimental
qui avait imaginé une belle théorie pour faire vivre un