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Trois autres jeunes étaient dans le même cas, alors le professeur nous .... partie,
en ajoutant ensuite que la pièce serait parfaite quand on aurait corrigé tel ou tel
défaut. ...... Chaque année, à l'occasion du Carême, nous faisions les exercices
...... enfermer dans son c?ur très aimant et de les nourrir du lait des sacrements.
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INTRODUCTION Le Saint que nous présentons aujourd'hui aux lecteurs de langue française,
appartient de plein droit à notre temps. Non pas, à vrai dire, par l'époque
où il a vécu (1807-1870), mais par ses idées et ses aspirations. Il a été
désigné par Pie XI[1] « précurseur de l'Action Catholique), presque telle
que celle-ci est aujourd'hui. « Grand Apôtre de la Presse et de la
propagande », c'est ainsi que l'ont appelé Pie XI et Pie XII[2]. On
pourrait également parler de son apostolat biblique et liturgique et de son
action sociale. Nombreux sont les problèmes et les tendances de l'Église
d'aujourd'hui qui avaient déjà attiré l'attention de saint Antoine-Marie
Claret. On dirait que Dieu l'avait placé comme un drapeau au seuil de notre
temps. Né en 1807, en Catalogne, Espagne, il a exercé le métier de tisserand
jusqu'à son entrée au Séminaire en 1829. Jeune prêtre, il est allé à Rome
pour se mettre à la disposition de la Congrégation pour la Propagation de
la Foi. Cependant, sur les conseils d'un directeur de retraite, il arrive
au noviciat de la Compagnie de Jésus qu'il doit bientôt quitter pour cause
de maladie. Puis, il parcourt la Catalogne pendant neuf ans, prêchant
partout la Parole de Dieu et propageant la Presse Catholique. En 1848, il
fonde une maison d'édition à Barcelone. Peu après, il fonde la Congrégation
des Missionnaires Fils du C?ur Immaculé de Marie[3]. Il jette aussi les
fondements d'une association de Filles du C?ur Immaculé de Marie, destinée
à fomenter la vie évangélique dans le monde[4]. Nommé archevêque de
Santiago de Cuba, il évangélise sont diocèse pendant six ans, fondant la
congrégation des Religieuses Enseignantes de Marie Immaculée[5], une école
d'arts et métiers, les premières caisses d'épargne d'Amérique Latine et
réformant le Séminaire et le Clergé. Puis, il rentre en Espagne pour
assumer la direction spirituelle de la Reine lsabelle II. Avec elle, il
parcourt toute la Péninsule. Il crée l'Académie Saint-Michel pour les intellectuels catholiques et les
Bibliothèques Populaires' Il continue pendant ce temps à publier de
nombreux livres. En 1868, il accompagne la Reine dans son exil. Il prend
part au concile Vatican l. Ensuite il se retire en France où il meurt le 24
octobre 1870[6]. Si un saint est à définir avant tout par sa vocation, saint Antoine-Marie
Claret doit tout d'abord être considéré comme un apôtre. Beaucoup de traits
de son autobiographie vont démontrer l'intensité de son action. Les douze
sermons qu'il prêche parfois dans la même journée[7], les cent mille livres
distribués gratuitement lors de sa première visite pastorale sont assez
révélateurs[8]. Il est intéressant de découvrir comment Dieu l'a conduit
jusque là. À cinq ans, il sent déjà l'aiguillon du zèle qui ne cessera
jamais de le stimuler. « Envoyé au lit par mes parents, écrit-il, je
pensais à l'éternité et au sort malheureux des damnés[9]. » Cette première
touche du Saint-Esprit devait le marquer pour toujours. Cinquante ans plus
tard, il parle toujours avec émotion de la clarté avec laquelle il a alors
compris la valeur du temps et de l'éternité. « C'est l'une des plus grandes
grâces que Dieu m'ait faites », confia-t-il à un ami. Après la crise de vocation provoquée par son séjour à Barcelone, les
préoccupations de l'enfance sont réapparues avec plus de vigueur. Mais
alors son zèle était déjà pleinement théologal. C'est la valeur de l'âme,
fille de Dieu et rachetée par le Christ, qui l'émeut plus encore que le
sort bon ou mauvais des autres. Ce sont là les perspectives que nous
révèlent les prières composées au noviciat de la Compagnie de Jésus[10] et
qui, sans doute, avaient été déjà celles de ses années de séminaire. On est
encore dans une perspective de salut individuel : c'est le temps où son
apostolat se centre sur les missions et les retraites. Ses préoccupations pastorales à Santiago de Cuba ont élargi ses vues :
désormais, c'est son diocèse qui est au centre de son action pastorale.
Ensuite, il pense à toute la Sainte Église. Deux séries de faits l'y on
porté : sa situation de confesseur de la Reine Isabelle II, qui l'a conduit
à considérer les problèmes de l'Église à l'échelon national et
international ; et, plus profondément encore, sa vie mystique, car il
vivait alors dans l'expérience habituelle du mystère du Christ. C'est ainsi
qu'il se plaît à enseigner, avec une insistance étonnante pour son temps,
que l'Église est le Corps Mystique du Christ. C'est alors qu'il conçoit
l'idée de l'Académie Saint-Michel, sorte d'association catholique pour
l'élite qui devait réunir princes, gouvernants, écrivains, artistes et
éditeurs pour un apostolat multiforme et efficace. C'est aussi le moment
où, confiant ses Bibliothèques Populaires à des laïcs, il écrit pour se
justifier : « De nos jours, il semble que Dieu veut que les laïcs aient une
plus grande part au salut des âmes[11]. » La fondation d'un Séminaire et
d'un Lycée à l'Escurial, l'intervention dans la nomination des Évêques, que
la Reine et le Nonce lui confient d'un commun accord, et, finalement, ses
travaux dans la préparation du Concile du Vatican ainsi que son
intervention vigoureuse en faveur de l'infaillibilité pontificale sont dans
la même ligne de l'amour de l'Église. Peu avant sa mort, il écrit à un de
ses amis prêtres : « J'ai prêché à Rome, centre de l'Église, et à Paris,
capitale du monde ; j'ai gardé la sainte pauvreté ; je peux donc
mourir[12]. » Il avait une âme pleinement catholique. Faut-il dire que cette action n'était que l'effet d'une vie intérieure en
plein épanouissement ? Là aussi, nous le sentons très près de nous. Sa
piété était toute animée d'une fervente dévotion à l'humanité du Sauveur.
Pour lui, ascèse et imitation se confondaient ; il a toujours cherché à
ressembler au Christ le plus parfaitement possible. Mais n'est-ce pas là un
élément essentiel de toute spiritualité chrétienne ? Pourtant, cette
recherche d'identification au Christ Jésus est spécialement frappante chez
lui. Il en paraît obsédé. Qu'il parle à ses missionnaires[13], aux
enfants[14], aux prêtres[15] ou au peuple[16], le devoir essentiel d'imiter
le Christ et de lui ressembler revient constamment sur ses lèvres. Il en
est de même dans ses prières et ses écrits personnels. D'ailleurs, il avait
une idée très précise de cette imitation : elle ne consiste pas seulement à
pratiquer les vertus parce qu'on sait que notre Seigneur les a toutes mises
en pratique, mais plutôt à lire les Évangiles avec une attention amoureuse,
en y cherchant le plus petit trait rapporté sur Lui, pour le copier
fidèlement. Le Saint se sentira ainsi obligé de parcourir à pied toute la
Catalogne parce que le Christ n'a pas pris de monture si ce n'est pour son
entrée en Jérusalem[17]. Il se refusera toujours à porter un sous dans sa
poche, se rappelant la recommandation du Christ aux apôtres[18]. Il liera
conversation avec les passants pour imiter notre Seigneur quia ainsi
conversé avec la Samaritaine[19]. Archevêque, il se refusera à acheter une
maison pour lui en donnant pour raison le texte évangélique : « Le Fils de
l'homme n'a pas où reposer la tête[20]. » De l'ascèse de l'imitation il est passé à ra mystique de l'identification.
Petit à petit l'imitation est devenue plus intérieure. Il a essayé de faire
toutes ses ?uvres en contemplant le mystère du Christ pour s'en approprier
les dispositions d'âme[21]. C'était, disait-il, voir le mystère du
dedans[22]. Puis, des aspirations ferventes montaient de son c?ur : « Fais
que je sois uni à toi comme l'eau au vin dans le saint sacrifice[23]. » Peu
de temps après il constatait : « après la messe, je me sens comme anéanti,
je vis tout en Lui[24]' ; » « devant le saint sacrement, je sens le Christ
présent d'une façon inexplicable[25]. » Son expérience mystique était toute
centrée sur le Christ. Il vivait en profondeur le mystère trinitaire, la
filiation divine, la possession par l'Esprit, mais c'est dans et par le
Christ qu'il les vivait. Saint Bernard l'aurait trouvé très naturel ; n'a-t-
il pas écrit que c'est dans le Christ que le Père et l'Esprit nous donnent
le baiser de l'union mystique ?[26] Ces phénomènes ont eu lieu avec le contact de l'Eucharistie. Par là, il
rejoignait cette ligne de la mystique eucharistique qui trouve ses
expressions les plus heureuses chez les pères Grecs et chez saint
Bonaventure. Ainsi, on est moins étonné d'apprendre qu'il a reçu de Dieu la
grâce de conserver intactes dans sa poitrine les espèces sacramentelles, et
cela d'une communion à l'autre. Son témoignage est clair et ferme[27], et
c'est le témoignage d'un saint qui, par ailleurs, est un homme serein et
nullement porté à l'illusion. D'autre part, cette grâce vient s'insérer
harmonieusement dans la vie de quelqu'un qui a une grande dévotion à
l'Eucharistie ; elle vient marquer le mariage mystique de son âme avec
Dieu. N'est-il pas normal que l'union transformante lui soit venue par
l'Eucharistie, sacrement de l'incorporation ? Une recherche sur la doctrine
des Pères concernant l'incorporation au Christ réalisée par la présence des
espèces sacramentelles en nous pourrait jeter beaucoup de lumière sur ce
cas extraordinaire. Le Saint s'est d'ailleurs aperçu du vrai sens de la
grâce : recevant en son c?ur, peu avant sa mort, une participation à
l'amour que Jésus-Christ avait pour ses ennemis, il l'expliquera par ce
texte de Saint-Paul dont il expérimente la vérité : < Je ne vis plus, c'est
le Christ qui vit en moi[28]. Uni au Christ, il a vécu i