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Le crucifix : O supplicié de la croix ! vous êtes Jésus, mon Dieu ; et vous- êtes ...
Or, l'un des exercices les plus propres à rendre aisés les commandements de
...... et Nous remarquons aussi celte autre heureuse coïncidence que Nous
signale ...
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V. J. M. J.
Grugliasco, le 24 mai 1929.
Fête de Notre-Dame Auxiliatrice.
Mes très chers Frères,
C'est pour la neuvième fois que je viens m'acquitter auprès de vous du
grave devoir de vous inviter aux saints exercices de la retraite annuelle.
Elle aura lieu à la maison-mère, du 9 au 16 juin, pour les membres du
Régime et pour les Frères qui y seront convoqués. Conformément aux
Constitutions, les Frères Provinciaux fixeront, de concert avec leur
conseil, les dates des retraites annuelles dans leurs provinces
respectives. Je ne saurais trop insister pour que partout toutes les
dispositions soient prises afin que personne ne soit privé de ce puissant
moyen de sanctification.
Durant ces neuf années, 727 membres de notre famille religieuse, dont
six de l'administration générale, sont allés recevoir la récompense de leur
vie de travail et de vertu. D'auprès de Dieu où ils sont nos protecteurs,
ils- nous disent de marcher sur leurs traces si nous voulons, comme eux,
nous assurer l'accueil favorable du Seigneur au bon serviteur qui a été
fidèle jusqu'à la fin.
Quel avantage de passer ainsi chaque année une semaine dans le
recueillement à méditer et à prier afin de nous renouveler dans la ferveur
et de rendre notre vie plus sainte ! De quelle abondance de grâces le
Seigneur ne favorise-t-il pas ceux qui apportent à ces surnaturelles
occupations toutes les dispositions qu'elles requièrent ! Ah ! comme nos
Règes Communes qualifient justement la retraite annuelle de grande grâce,
de temps très précieux (article 103). La lecture attentive, méditée de ce
chapitre onzième tout entier est une excellente préparation à ces saints
exercices.
Ces réflexions me reportent à quelques notes que j'ai prises
dernièrement en parcourant un livre du R. P. Marchal, de la Congrégation du
Très Saint Rédempteur, « C?ur à c?ur avec le bon Dieu ». Ces pensées ne
constituent pas une nouveauté, mais elles impressionnent toujours vivement
quiconque a un peu l'habitude de se recueillir et de réfléchir.
« Ah ! si les hommes pensaient que Dieu leur a don-né la vie uniquement
pour préparer leur éternité, consumeraient-ils un temps si précieux dans
les futilités et les folies mondaines ?
« Si les hommes considéraient quelque peu les désastres du péché
mortel, seule cause de la damnation éternelle, oseraient-ils jamais en
commettre un seul ?
« Si les hommes se rappelaient que la mort les frappera, et surtout
qu'elle peut les surprendre à tout moment, ne tiendraient-ils pas toujours
prêts les comptes de leur conscience ?
« Si les hommes étaient plus attentifs aux immenses bienfaits de Dieu à
leur égard ,et à toutes les merveilles de son -amour, pourraient-ils ne pas
l'aimer de toutes leurs forces ?
« Ah ! si l'on se donnait. la peine de réfléchir aux vérités de notre
sainte foi quelle transformation dans la vie !
« C'est la réflexion sur les ravages de la mort qui a converti saint
François de Borgia : c'est la réflexion qui a élevé si haut l'esprit de
saint Ignace, de sainte Thérèse ; c'est la réflexion qui a ramené dans le
giron de l'Eglise les Stolberg, les Newman, Ies Manning et tant d'autres ;
par la réflexion, que d'âmes mondaines sont devenues sérieuses et dévouées
à l'Eglise ! que de chrétiens insouciants ou tièdes ont embrassé une vie de
dévouement, de piété, de renoncement ! que de jeunes gens et de jeunes
personnes ont méprisé les appâts du monde pour se consacrer au Seigneur ! »
Saint Alphonse de Liguori recommandait avec insistance, dans toutes ses
missions, comme un moyen très énergique et très salutaire de forcer la
réflexion, ce qu'il appelait la pensée chrétienne. « Votre journée est
finie, vous allez prendre votre repos, disait-il à ses auditeurs, au lieu
de laisser errer votre esprit sur des pensées profanes, ramenez-le aux
vérités du salut : la mort, le jugement, l'éternité, l'amour de Notre-
Seigneur, la présence de Dieu et autres semblables, tan-tôt l'une tantôt
l'autre.
« S'agit-il de la présence de Dieu ? O mon Dieu, vous remplissez le
ciel et la terre. Vous êtes donc ici, vous me voyez, vous me regardez, vous
m'aimez, vous me comblez de biens. Oh ! merci, mon Dieu ! Je veux vous
aimer de toutes mes forces ».
Pour ta mort, voici le texte recommandé par saint Alphonse : « Je
mourrai, mais je ne sais pas où je mourrai, mais je ne sais pas quand ; je
mourrai, mais je ne sais pas comment ; ce que je sais, c'est que si je
meurs en état de péché mortel, je vais en enfer ; si je meurs en état de
grâce, je suis sauvé.
« Le jugement aussi vous attend ; pensez-y donc : O Dieu qui voyez
tout, qui entendez tout, qui retenez tout, un jour qui n'est pas loin, je
paraîtrai devant vous. Quelle révélation ! Que de péchés dans ma vie !
Donnez-moi la grâce de les détruire auparavant par ta pénitence.
« La pensée de l'enfer est une des plus salutaires : Un feu éternel,
épouvantable. A l'heure qu'il est, ]es damnés rugissent dans les flammes ;
et dans mille ans, dans mille siècles, leur situation n'aura pas changé !
Et voilà le fruit du péché ! Mon Dieu, donnez-moi l'horreur du péché.
« Et le paradis : O beau ciel ! vous êtes ma patrie, vous serez ma
récompense ! C'est pour le ciel que je souffre ici-bas. Bonheur complet,
parfait, éternel. 0 mon Dieu, vous m'attendez là-haut, vous me préparez ma
place !
« Ne pas oublier l'amour de Dieu : O mon Dieu, vous m'aimez ! vous
m'aimez mille fois plus que la meilleure des mères ne peut aimer son
enfant. Vous m'avez donné la vie, tout ce qui m'arrive de bon me vient de
vous ; vous me donnez votre vie, vous me préparez un bonheur infini. 0 mon
Dieu, je veux vous aimer !
« L'Eucharistie : O Jésus, vous êtes avec nous, vivant pour nous dans
le tabernacle, devenu notre nourriture, notre victime. Que vous êtes bon, ô
Jésus !
« Le crucifix : O supplicié de la croix ! vous êtes Jésus, mon Dieu ;
et vous- êtes supplicié pour nous, pour moi-même, à cause de mes péchés,
parce que vous m'avez aimé ! Et moi, je ne saurais rien souffrir pour vous
?
Ne jamais oublier la très Sainte Vierge : Enfant de Marie, enfant du
paradis, si je suis fidèle à la prier, je serai sauvé.
La Sainte Vierge est notre Mère, une mère incomparable de bonté, de
tendresse et de miséricorde. Dieu a inscrit cette vérité au frontispice de
l'histoire de notre rédemption, mais surtout, il l'a gravée au fond de
notre c?ur. O Mère bénie et aimée, dites-moi souvent que vous m'aimez ;
dites-le moi à mes moments de peine et d'angoisse, dites-le moi pendant les
tentations et les luttes où je risquerais de perdre l'amour de Jésus !
Ma Mère, je resterai toujours votre enfant. Cette pensée réjouit mon
c?ur au-delà de ce que je puis dire. Et plus je vous aimerai sur la terre,
plus je serai votre enfant pendant l'éternité.
Ces pensées chrétiennes sont bien dans le cadre des réflexions, des
conseils et des résolutions propres à la retraite annuelle. Une des fins de
la retraite est d'examiner les fruits que nous retirons des sacrements, des
exercices de piété et des autres moyens de sanctification que nous offre
notre sainte vocation ; ce que nous devons faire pour en profiter et nous
rendre fidèles aux grâces abondantes que Dieu nous tait chaque jour (Règles
Communes, article 102, 80).
A ce sujet, que de fois n'entendons-nous pas dire :
« J'ai bien de la peine à faire oraison, ou encore, j'ai manqué de
constance pour faire mon examen de con-science et mon examen particulier,
j'ai cessé de noter les résultats de la journée ». C'est grand dommage, car
l'oraison est nécessaire aux âmes pour persévérer dans la grâce de Dieu.
« Nous avons bien des ennemis pour nous empêcher de bâtir l'édifice des
vertus, dit le savant Louis de Grenade : ce sont les démons avec leur
astuce, le monde avec ses scandales, la chair avec ses appétits si
contraires à la loi de Dieu. Comment conserver la chasteté parmi tant de
séductions, la charité parmi tant de scandales, la paix parmi tant de
contradiction, la simplicité au milieu de tant de malice, la pureté dans un
corps si infecté, l'humilité dans un monde si vain ? Pour surmonter les
difficultés si nombreuses qui nous environnent, nous avons besoin de vertus
qui nous aident, soit à soulever notre fardeau soit à le porter. C'est à la
chasteté de porter le fardeau qu'impose la loi ; mais le jeûne, les
oraisons, la discipline lui facilitent sa tâche en domptant la chair ; et
quoique ces exercices ne soient pas toujours obligatoires, ils le
deviennent quand le danger l'exige. Or, l'un des exercices les plus propres
à rendre aisés les commandements de Dieu et de l'Eglise, c'est l'oraison.
C'est toujours dans le même sens que les saints nous disent des paroles
fortes comme celles-ci : un religieux sans oraison est un religieux sans
raison (saint Philippe de Néri). Un religieux sans oraison est un religieux
passé à l'état de cadavre (saint Alphonse de Liguori). L'homme sans oraison
devient. brute ou démon (Abbé Dioclès). Sans oraison, l'âme n'a pas besoin
du démon pour se damner (sainte Thérèse).
Je ne sais pas faire oraison s'écrient certains religieux. Ils sont
dans l'erreur ! ils veulent dire sans . doute qu'ils ne savent pas
appliquer leur esprit, leur imagination, leurs sens d'après une méthode
plus ou moins savante et pénible ; mais ce n'est pas là faire oraison. Que
l'on se rappelle les. éléments d'une bonne méditation : la considération de
l'espr