Contexte - Utopie et démocratie humanitaire aux États-Unis et en ...
Rhumatismes, fonctionnement rénal et cure d'Aix-Ies-Bains, par F. FRANÇON, P.
DE TRAVERSE et M. DEPRETAIRE 82 ..... Société de Pathologie Rénale,
séance du 6 février 1956 128 .... Techniques thérapeutiques spéciales
applicables aux affections rhino-sinusiennes en cure thermale soufrée, par J.
CHEVALIER 23.
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Féminisme / Feminism One of the two things is true. She is either
exactly like man [...], and if she is, then a
ballot-box based upon brains belongs to her as
well as him: or she is different, and then I do
not know how to vote for her.
(Wendell Phillips, National Woman's Rights
Convention, 1860)
Tout comme la partie précédente traitant de l'abolitionnisme, cette
partie consacrée au féminisme en France et aux États-Unis entre 1830 et
1848 relève de la démarche comparative. Cependant, ces deux parties ne se
présentent pas sous le même aspect, premièrement parce que les échanges
entre le mouvement féministe américain et son homologue français
apparaissent extrêmement limités, deuxièmement en raison des dissemblances
assez nombreuses entre ces deux mouvements : avant 1848, les deux types de
féminismes semblent se développer de manière autonome, chacun dans un pays,
et ne présenter qu'un petit nombre de caractères communs[1]. Dans ces
conditions, la présente partie vise à identifier les ressemblances et
différences entre des mouvements que la langue française et la langue
anglaise désignent maintenant du même mot - le féminisme[2]. Ces mouvements
naquirent et se développèrent de manière pratiquement simultanée,
coïncidence qui à elle seule serait susceptible de légitimer l'approche
comparative. En revanche, ils restèrent presque totalement étrangers l'un à
l'autre. Plus largement, cette étude vise à proposer une analyse comparée
de deux modèles nationaux d'une idéologie désignée par le même terme, mais
dont on ne peut poser a priori qu'il s'agit de la même.
Une hypothèse importante guide cette partie : l'apparition de
mouvements féministes a lieu durant le deuxième quart du XIXe siècle parce
que c'est à cette période qu'interviennent, dans les sociétés française et
américaine, les modifications qui favorisent cette émergence, à savoir que
s'amorce le passage à une vision égalitaire et individualiste de la
société[3] ; c'est cette modernité qui rend possible la perception d'une
situation injuste des femmes pour la seule raison qu'elles sont femmes,
partant la naissance du féminisme[4]. Or, si la situation finale se
présente sous une forme similaire en France et aux États-Unis, en revanche
les étapes qui y mènent diffèrent, ainsi que, peut-être, les présupposés
sur lesquels est fondé ce développement. On cherche donc à étudier les
spécificités de chacun des deux cas, dans l'espoir que ceux-ci apportent
des éclairages intéressants, plus largement, sur les deux cultures
nationales.
La nature de l'étude ici présentée ne différant pas fondamentalement
de celle qui, dans la précédente partie, a porté sur l'abolitionnisme, on
procédera de manière analogue. On posera tout d'abord les termes de la
comparaison par le biais d'une mise en contexte : définitions, rappels
historiques et aperçu de la situation, objectifs et pistes de recherche ;
une attention particulière sera accordée aux échanges franco-américains
relatifs au féminisme. On présentera ensuite un « état des lieux » de la
recherche, autrement dit un essai historiographique sur la question. Enfin,
les sources permettront de vérifier les hypothèses qui auront été
formulées, à l'aide d'une grille de lecture comprenant trois dimensions
correspondant aux domaines analytiques suivants : religieux, politique et
socio-économique. Contexte S'agissant de la France et des États-Unis, qui ne constituent que deux
exemples d'une situation que tout porte à croire mondiale, il est
probablement abusif de parler de « mouvement féministe » avant le deuxième
quart du XIXe siècle : non seulement les termes n'existaient pas, mais il
est également bien difficile de trouver trace de « mouvements » à
proprement parler. Sans doute observe-t-on, avant cette date, quelques
précédents en faveur des femmes, mais ce sont des actes dispersés et de
faible influence, par exemple au tout début des années 1790 avec Olympe de
Gouges[5] ou Condorcet[6], au même moment en Grande-Bretagne avec Mary
Wollstonecraft[7]. Soulignons toutefois que ces comportements restent
individuels, ponctuels et isolés. La part que prennent les Françaises à la
Révolution peut à la limite être considérée comme la naissance d'un
mouvement, mais, outre que cet événement est particulier à un pays et reste
très circonstanciel, il ne se structure guère et ne se prolonge pas[8].
En revanche, à la fin des années 1820, apparaît en France le saint-
simonisme, qui, parmi ses revendications les plus importantes, annonce
vouloir ?uvrer au bénéfice des femmes. Cet objectif, initialement formulé
par des hommes, est rapidement accepté et revendiqué par des femmes, qui
rejoignent les rangs du mouvement. L'action collective de ces militantes ou
de ces sympathisantes, au début des années 1830, peut véritablement être
considérée comme ayant servi de base à un mouvement féministe.
Quelques années plus tard, aux États-Unis, les Américaines, si elles
ne font pas l'objet de sollicitudes directes de la part de penseurs et
militants socialistes, n'en influencent pas moins le développement de
certains mouvements de réforme, comme l'illustre par exemple le schisme de
l'American Anti-Slavery Society[9]. Plus généralement, au moment où les
Françaises prennent une part active aux débuts de la Deuxième République,
alors que le réseau féministe s'apprête à connaître un essor sans précédent
à l'échelle internationale, les États-Unis voient s'affirmer une certaine
sensibilité féministe, qui s'exprime notamment dans la « Déclaration »
(Declaration of Sentiments) adoptée lors de la célèbre réunion de Seneca
Falls, en juillet 1848, qui marque l'entrée des premières militantes dans
la phase organisée du « Mouvement pour les droits de la femme » (Woman's
Rights Movement). Précisions préliminaires On l'a vu[10], le mouvement féministe américain se rattache à la
« Réforme » américaine (Antebellum Reform) qui marque le pays pendant les
quatre décennies précédant la guerre de Sécession. On peut aussi
légitimement replacer son pendant français dans le contexte réformateur de
la monarchie de Juillet.
Néanmoins, quelques précisions préliminaires s'imposent. Notons dès à
présent que, contrairement au cas de l'abolitionnisme, les recherches sur
le féminisme ne se caractérisent pas par d'étanches compartimentations
nationales : notamment, il existe d'assez nombreux travaux américains sur
le féminisme français. Autrement dit, les courants historiographiques ne se
divisent pas selon les appartenances nationales des auteurs, comme c'était
le cas dans la partie précédente. Par conséquent, on ne se trouve pas
confronté de nouveau à une double comparaison entre la France et les États-
Unis : les lignes de débat et de partage se dessinent ici en fonction de
critères spécifiques.
Autre précision préliminaire : tout comme les protagonistes du XIXe
siècle, les auteurs des études, dans leur immense majorité, sont des
femmes. Dans ces conditions, quand il s'agit de se référer aux militantes
et aux historiennes, on comprend que le pronom « elles » vienne plus
naturellement sous la plume que « ils », pourtant correct sur le plan
grammatical[11].
Enfin, autre point à souligner d'emblée, la présence du lexique propre
au women's studies dans de nombreuses études, y compris françaises. Le mot
« genre » en constitue un bon exemple. On sait que la notion de gender est
couramment utilisée aux États-Unis depuis les années 1970. Selon ses
adeptes, elle se distingue de celle de « sexe » en ce qu'elle fait
référence au contenu culturel et social du féminin et du masculin, alors
que le sexe se réfère à la nature et aux différences biologiques ; naguère
encore évitée au moins par les puristes, la traduction littérale « genre »
semble désormais admise, voire revendiquée[12], dans les études françaises.
Il reste cependant délicat d'utiliser ce vocabulaire.
Des problèmes se posent surtout pour un certain nombre d'autres termes
ou concepts moins largement acceptés, par exemple la notion de « minorité »
pour parler des femmes. En effet, à l'inverse de groupes numériquement
faibles et subissant un traitement discriminatoire, les femmes constituent
partout la moitié de la population. Certains ont imaginé rendre compte de
leur situation en utilisant des expressions telles que « minorité
socialement discriminée », bien que le terme de « minorité » ne soit pas
exact et que cette impropriété ne paraisse pas réellement de nature à
éclairer la situation. Autre tendance, les analyses qui parlent du
« progrès » ou du « retard » de certains pays. Dans ce cas, il n'est
question que de données chiffrées, déterminant des classements entre les
mouvements féministes nationaux : il est notamment fait référence à la date
du suffrage féminin, ce qui permet de critiquer ce qui apparaît comme un
fort anti-féminisme français[13]. Dans la présente étude, on n'hésitera pas
à avoir recours aux guillemets quand il s'avérera nécessaire d'employer
certaines expressions litigieuses qui, en fin de compte, relèvent avant
tout du jargon multiculturaliste[14].
Ces exemples suggèrent que deux aspects de la question posent des
problèmes d'ordre général : d'une part, l'histoire des femmes et celle du
féminisme