Droits de l'enfant à l'école doc - fimem

Les exercices d'entraînement correspondent aux différentes étapes de la ré
daction ..... trouver le mot juste, vérifiez l'articulation des phrases, corrigez
orthographe, ..... sur une page détachée d'un cahier passe pour un manque de
savoir-vivre. ...... et langue française : situations et techniques commerciales, Fou
cher/Hatier ...

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Jean Le Gal





Droits de l'enfant
à l'école


Pour une éducation à la citoyenneté



Publié par les Editions De Boeck, Bruxelles, en 2002 - Réédité en 2008
Traduit en espagnol : Los derechos del nino en la escuela. Una educacion
para la ciudadania, Barcelone, Editions GRAO, 2005.

Avant-propos

Débattre de citoyenneté sans être philosophe, historien, juriste ou
homme politique, en simple citoyen pédagogue, c'est prendre le risque
d'entrer dans un champ de conflits et de controverses où chacun des
protagonistes détient la vérité, étayée par des références qu'il estime
irréfutables.
Mais l'histoire nous a appris que la citoyenneté est un concept en
construction permanente. Aujourd'hui, de nombreuses questions restent
ouvertes et nul ne peut prétendre détenir la vérité conceptuelle. C'est
peut-être dommage car les éducateurs ont besoin de certitudes pour répondre
à la question : « quelle éducation pour quelle citoyenneté ? » Or le débat
continue. Ils sont donc dans l'obligation de connaître les différentes
thèses en présence, afin de se forger leur propre conception, de s'appuyer
sur des arguments pertinents pour la justifier et d' innover pour la mettre
en oeuvre.
S'ils affirment de surcroît que l'enfant est un citoyen, titulaire de
libertés publiques qu'il doit pouvoir exercer à l'école, ils peuvent
apparaître, à certains, comme faisant preuve d'inconscience éducative.
Reconnaître à l'enfant des libertés lui ferait perdre son droit à l'enfance
et celui d'être éduqué et protégé !
C'est pourtant le choix que nous avons fait, en tant qu'enseignant et
formateur. Militant de la Ligue des Droits de l'Homme, soucieux de
respecter la dignité et les droits de l'enfant, nous avons décidé, il y a
une quarantaine d'années, d'accompagner Freinet dans son action pour
que par la coopération scolaire, les enfants prennent en main,
effectivement, l'organisation de l'activité, du travail et de la vie dans
leur école.
Aujourd'hui, en nous appuyant sur la Convention internationale des
droits de l'enfant, nous affirmons, avec beaucoup d'autres, que l'enfant
doit être reconnu comme une personne et un citoyen apte à exercer des
droits et des libertés.
Citoyen, l'enfant devient citoyen, par la pratique même de cette
citoyenneté. C'est en pariant sur sa liberté, son autonomie, sa
responsabilité, sa capacité de jugement, qu'on va lui permettre de devenir
un citoyen libre, autonome, responsable, capable de vivre dans une société
démocratique. Ce processus éducatif complexe englobe, pour nous, la
socialisation démocratique et l'apprentissage d'une autonomie sociale.
Aboutissement actuel de la réflexion théorique et pratique que nous
avons menée, depuis de longues années, comme enseignant, chercheur,
formateur, et militant du Mouvement Freinet, l'ouvrage que nous proposons
se veut une contribution argumentée et pratique à l'action que mènent des
enseignants, des éducateurs, des formateurs, des juristes...pour que les
droits et libertés de l'enfant soient respectés à l'école et qu'il puisse
participer réellement aux affaires qui le concernent, en coopération avec
les autres.
Notre seule ambition est d'aider tous les enfants, ceux d'ici et ceux
d'ailleurs, à être, et devenir, des êtres humains cultivés, libres,
responsables et solidaires. Des citoyens !







































Introduction

Citoyenneté, citoyenneté de l'enfant, éducation à la citoyenneté,
sont des thèmes d'actualité. Les conférences, les colloques, les séminaires
se succèdent. De nombreux ouvrages y sont consacrés. Les villes créent des
conseils de quartier, les écoles des conseils d'enfants.
S'agit-il d'une mode ou de la prise de conscience qu'il est
aujourd'hui nécessaire de s'interroger sur nos valeurs, sur ce qui nous
permet de vivre ensemble, sur nos institutions démocratiques, sur nos
pratiques de résolution des conflits, sur la place des hommes, des femmes
et des enfants dans la société et ainsi de construire une « nouvelle
citoyenneté » [1]?
La citoyenneté est en débat.
Ce n'est pas nouveau, puisque déjà Aristote[2] écrivait que « la
notion de citoyenneté prête souvent à contestation, car on n'est pas
d'accord pour considérer comme citoyen le même individu : tel, qui est
citoyen dans une démocratie, souvent n'est pas un citoyen dans une
oligarchie »
L'histoire nous montre qu'elle a toujours été source de conflits entre
des conceptions diverses et des groupes sociaux opposés. Cela peut
expliquer qu'aujourd'hui encore, les controverses sont parfois vives et les
points de vue inconciliables lorsque chacun campe sur sa définition du
citoyen. Or, les définitions évoluent avec le temps. Le citoyen de l'an
2000, n'est pas le citoyen de 1789, ni celui de Sparte, Athènes ou Rome. La
notion de citoyenneté n'a de sens que par rapport à un espace politique et
historique donné.
Mais en l'an 2000, même si un accord se fait sur une citoyenneté
démocratique, elle demeure une réalité complexe et multidimensionnelle. Or
sa définition est un préalable à la mise en oeuvre d'une action d'éducation
et de formation, constatait en 1995, le Bureau International d'Education,
en lançant une enquête internationale « quelle éducation pour quelle
citoyenneté ? »[3]
Pour François Audigier,[4] chercheur à l'Institut National de
Recherche pédagogique, « l'éducation à la citoyenneté est un champ
théorique et pratique où se traduisent, en accords et désaccords, nos
conceptions de la vie sociale et politique, la définition des droits,
libertés et obligations que nous estimons légitimes pour nous et pour les
autres, nos manières de penser la place des conflits et de les résoudre,
nos conceptions de l'éducation, du rôle respectif des familles, de l'Ecole
et des autres institutions susceptibles d'intervenir dans l'instruction,
l'éducation et la socialisation, de la place que tiennent les connaissances
ou l'expérience dans la construction des compétences ».
C'est aussi ce que nous avons pu constater lors d'un séminaire sur «
l'éducation à la citoyenneté dans et par l'école » [5] , où malgré de
nombreuses confrontations entre chercheurs et praticiens durant deux
années, des questions sont restées ouvertes :
- existe-t-il une citoyenneté « civile » ou une citoyenneté sociale
qui seraient non les fondements mais les prémisses de la citoyenneté
politique ?
- au contraire, la citoyenneté est-elle entièrement circonscrite dans
et par le politique, ce dernier terme pouvant recouvrir plusieurs
acceptions ? Toute participation, directe ou indirecte, au pouvoir,
aux décisions ayant trait à la Cité est-elle de l'ordre du politique ?
Est-ce que cet ordre est enfermé dans la possibilité du suffrage ?
- Peut-on trancher dans la complexité de la notion même de
citoyenneté ?
Devant l'impossibilité d'arriver à un consensus, Francine Best,
animatrice du séminaire, en a conclu qu'il revenait à chacun « de se
forger sa propre conception. »
La réflexion sur la citoyenneté à l'école a partagé, elle aussi, les
participants, en particulier sur la question du statut des élèves :
- quel est le statut des élèves et donc, d'une certaine façon, des
enfants et des adolescents au regard de la citoyenneté ?
- les « moins de dix-huit ans » sont-ils déjà citoyens comme tend à
poser la Convention Internationale des Droits de l'Enfant ? Sont-ils
citoyens seulement à l'âge de la majorité civique, à dix-huit ans révolus ?

Or, les pratiques éducatives mises en oeuvre à l'école vont dépendre
des réponses que chaque enseignant donnera à ces questions.
S'il considère que l'enfant est un citoyen en devenir, les pratiques
d'initiation au débat, au vote, à la délégation et à la participation, à
la compréhension des principes du droit et du fonctionnement de la justice,
seront des simulations, « jouer à la démocratie » , qui risquent d'avoir
peu de sens pour les élèves.
S'il considère que l'enfant est déjà un citoyen, il devra se demander
comment faire pour que les élèves puissent exercer leurs libertés et leur
droit de participation tout en construisant les savoirs et les compétences
nécessaires.
Au cours de nombreux débats et formations, nous avons pu constater que
ces deux positionnements, fortement affirmés, donnaient parfois lieu à de
vifs affrontements.
Nous les retrouvons aussi dans des études menées sur l'éducation à la
citoyenneté ou sur la mise en oeuvre de la Convention Internationale des
Droits de l'Enfant, ou encore dans des textes officiels de l'Education
nationale.
Nous citerons pour illustrer ces deux positionnements
contradictoires :
1. un rapport de l'Inspection générale de l'Education nationale
consacré à la formation du citoyen[6], préconise des « pratiques
citoyennes » dont celles mises en oeuvre dans la classe coopérative pour
permettre la libre parole de l'élève et le responsabiliser, mais indique
dans ses propositions que « l'élève n'est pas un citoyen, il est en
formation civique. en conséquence, le débat est à l'école une forme
pédagogique qui prépare au débat démocratique : sa pratique n'a donc pas le
même sens, ni la portée délibérative, à l'école et dans la cité. » Cette
orientation se retrouve dans les « objectifs et recommandations générales
pour l'éducation civique ( cycles 2 et 3)[7]. On y préconise des pratiques
participatives : « amener les élèves à assumer des responsabilités, à
prendre une part active dans la réalisation de projets » , élire des
représentants qui exerceront « une véritable responsabilité identifiée et
reconnue par tous » mais « LIMITES : il s'agit d'une initiation, les
représentants de classe à l'école primaire n'ont pas le statut de délégués
du collège »
Nous nous situons ici dans une approche de « participation
formatrice » mais qui se place dans une autre conception que