Eléments d'anthropologie des sciences humaines et sociales en ...

Or un des premiers enseignements des terrains effectués pour cette étude est .....
fondamentales (physique, chimie, mathématiques) qui remonte à sa création en
1794. .... du PIRMAT, 1982 (Source : E. Bertrand et B. Bensaude Vincent, 2011).
...... Cette « anomalie » est corrigée par l'accession de l'ensemble de l'Institut au ...

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Eléments d'anthropologie des sciences humaines et sociales en univers
technologique
Sacha Loeve[1], Timothée Deldicque[2], et Pierre Steiner[3]
1. Quels éléments pour quelle anthropologie ? 2
1.1. Enjeux 2
1.2. Recueillir et restituer : éléments de méthode 6
1.3. Structure générale de l'article 14 2. Une anthropologie opportune, mais impossible ? Pratiques, environnements, univers et milieux technologiques 15
2.1. Où sont les pratiques ? 15
2.2. Univers, environnement et milieux technologiques 20
2.3. Une anthropologie embarquée 23 3. Structuration et transformations institutionnelles de la recherche en
SHS en
environnement technologique 27
3.1. Université de Technologie de Compiègne (UTC) 31
3.2. Université de Technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) 37
3.3. Université de Technologie de Troyes (UTT) 42
3.4. UniLaSalle Beauvais 53 4. L'articulation entre recherche et enseignement des SHS en environnement
technologique 60
4.1. Coup d'?il socio-historique sur l'enseignement des SHS dans la
formation des ingénieurs 60
4.2. Nouvelle typologie et reconfiguration potentielle 65
4.3. Se démarquer de la position traditionnelle occupée par l'enseignement
des SHS en écoles d'ingénieurs : études de cas 69 5. Les SHS en relation 89
5.1. Les espaces-temps de la recherche 89
5.2. La recherche technologique en situation 92
5.3. Figures du chercheur-entrepreneur 98
5.4. La co-conception en question 101
5.5. Concepts-milieux et objets intermédiaires 103 6. Conclusions 109
Références bibliographiques 111
Liste des entretiens 116
Liste des acronymes utilisés 117 1. Quels éléments pour quelle anthropologie ? [pic]
1.1. Enjeux [pic] L'existence, la place et l'importance de la recherche en sciences humaines
et sociales (SHS) dans les écoles d'ingénieurs et universités de
technologie françaises sont reconnues par tous, même si l'originalité
(putative) et les modes de déploiement de cette recherche en environnement
technologique n'ont jamais fait l'objet d'une étude approfondie[4]. Les
rares travaux qui portent sur la place des SHS en environnement
technologique s'intéressent avant tout aux pratiques d'enseignement,
essentiellement à partir d'une analyse des curricula et des discours portés
par les institutions[5]. L'ouvrage collectif Les recherches en sciences
humaines et sociales dans les écoles d'ingénieurs[6] donne certes la voix à
un ensemble d'acteurs de cette recherche en SHS, mais plutôt dans une
logique d'état des lieux thématique qui prête en définitive peu attention
aux modes concrets de structuration et de fonctionnement de cette
recherche.
Dans le cadre du projet régional HOMTECH (« Sciences de l'homme en
univers technologique », 2015-2017)[7], nous avons souhaité instruire de
manière épistémologique, historique et empirique la question de la
singularité des méthodes, des pratiques et des finalités de la recherche en
SHS lorsqu'elle s'inscrit dans un univers de formation et de recherche
technologique. C'est dans le cadre de ce projet que nous avons réalisé une
anthropologie de la vie de laboratoire SHS en univers technologique.
Qu'entendons-nous ici par « SHS » ? Sans prétendre à l'exhaustivité ou
à l'exclusivité, les disciplines des SHS abordées par cette étude incluent
la philosophie, l'histoire, les sciences de l'information et de la
communication, la psychologie, les sciences cognitives, la sociologie,
l'économie et les sciences de gestion. Il s'agit de partir de la présence
institutionnelle de disciplines (reconnues par le CNU) à partir desquelles
les acteurs eux-mêmes définissent le champ de leur travail, et qu'ils
incluent dans une catégorie générale appelée « Sciences humaines et
sociales ». Nous ne statuons pas sur la légitimité ou l'homogénéité de
cette appellation générale, ou sur la spécificité de sa scientificité.
L'existence de ces SHS, ici, est plutôt décrite et évaluée à partir d'une
observation de ses effets performatifs : concrètement, que - et comment -
font celles et ceux qui se revendiquent des SHS dans ces univers
technologiques, et qui identifient et décrivent leurs activités dans ces
univers en invoquant les SHS ?
Les études d'anthropologie de laboratoire ont, depuis la fin des années
1970, montré comment l'observation des chercheurs dans leurs activités les
plus concrètes permet d'analyser la manière dont les « faits »
scientifiques se constituent et se stabilisent à travers des réseaux
d'outils, d'instruments et de dispositifs d'inscription circulant entre
groupes et disciplines (textes, courriels, représentations visuelles,
technologies numériques, modélisation, bases de données, archives,
échantillons, analyses discursives, économie expérimentale, systèmes de
communication, ...)[8]. Jusqu'ici ces approches ethnographiques ont été
principalement développées par les SHS pour étudier d'autres collectifs de
recherche, principalement ceux des sciences de la nature, et leurs lieux de
production de faits scientifiques et techniques. Ces approches
ethnographiques ont rarement porté sur les pratiques des SHS elles-mêmes.
Ce constat doit cependant être nuancé. Il existe bien quelques études
sur la matérialité du travail des chercheurs en SHS, notamment ceux qui
privilégient les pratiques quotidiennes[9], comme l'écriture[10] et la
fréquentation de lieux de savoir comme les bibliothèques[11]. Mais ces
travaux portent avant tout sur des pratiques individuelles. Certains
ouvrages d'anthropologie des sciences et des techniques prennent la forme
d'un roman d'enquête ou d'une biographie qui inclut le chercheur (réel
et/ou fictif) dans le récit de l'enquête[12]. Ce procédé narratif
consistant à intégrer le point de vue de l'observateur dans le compte-rendu
d'observation répond à la fois à une exigence de pédagogie (incarner la
posture de l'anthropologue de terrain pour mieux la faire comprendre) et à
un souci de réflexivité (intégrer l'observateur dans le champ
d'observation)[13]. Mais il ne vise pas une étude systématique des
pratiques de recherche en SHS. Il en va de même des réflexions sur les
pratiques des « SHS embarquées »[14]. Ces études se sont surtout
focalisées sur les expériences individuelles de chercheurs isolés plus ou
moins durablement hors de leur communauté d'origine, et intégrés ou
incorporés[15] à d'autres collectifs d'acteurs des environnements
sociotechniques contemporains avec lesquels ils sont liés par des formes
d'engagement qui pèsent lourdement sur le déroulement et la nature des
résultats de la recherche (contrats de recherche avec l'organisme
commanditaire de l'enquête, confrontation à des demandes d'acceptabilité
sociale de l'innovation ou de légitimation des acteurs, confidentialité,
engagement associatif, enjeux de pouvoir, vulnérabilité des acteurs,
terrains « sensibles » ou à risque,...). Dans tous les cas ces études sur
l'embarquement des SHS comportent un aspect d'auto-ethnographie voire
d'autoscopie des SHS[16] mais celui-ci ne porte pas directement sur les
modes d'existence des collectifs de recherche en SHS intégrés à ces
environnements sociotechniques - même si la question est posée[17].
Le projet HOMTECH prend pour objet différentes équipes de recherche SHS
en écoles d'ingénieurs et universités de technologie et procède à une étude
systématique des pratiques de recherche de ces équipes et de leurs
relations concrètes avec d'autres secteurs de recherche des sciences et
techniques de l'ingénieur (STI), en mettant l'accent sur l'organisation
matérielle de leurs interactions et sur les conditions techniques de
production des formes d'expression des acteurs.
Comme nous l'avons fait pour « SHS », il nous faut dire ici quelques
mots de l'acronyme « STI » (pour Sciences et techniques de l'ingénieur),
que l'on trouvera systématiquement utilisé tout au long de ce texte en lieu
et place du sigle généralement adopté par les acteurs, celui de SPI
(Sciences pour l'ingénieur)[18]. Ce choix, tout en s'appuyant sur des
considérations historiques qui seront évoquées plus loin[19], tient avant
tout à une prise de position épistémologique. Le sigle SPI nous paraît en
effet doublement critiquable, d'une part pour son adhésion non questionnée
au modèle de la « science pure puis appliquée » (1), d'autre pour la place
qu'il assigne implicitement aux SHS en univers technologique (2).
(1) Le sigle SPI fait disparaître « techniques » au profit de
« sciences ». Il suggère ainsi que les techniques ou technologies ne
seraient que le produit des sciences, appliquées ou finalisées par
l'ingénieur et/ou pour l'ingénieur. L'insistance sur le « pour » marque le
caractère de finalisation, c'est-à-dire de mise au service des sciences
originellement « pures » car préoccupées de connaissance, à des fins autres
que la connaissance. Mais il suggère aussi que les sciences en question
seraient des « produits finis » qu'il n'y aurait plus qu'à appliquer « clés
en main ». Avec toutefois l'ambiguïté suivante : s'agit-il d'un corpus de
sciences « pures » que l'ingénieur traduit lui-même en sciences finalisées
et applicables, donc en sciences pour l'ingénieur (le processus de
finalisation des sciences faisant alors partie intégrante du travail de
l'ingénieur) ; ou s'agit-il de sciences déjà finalisées en amont du travail
de l'ingénieur et qu