gustave bord - Free
Voilà précisément où se trouve la force de la franc-maçonnerie. ..... Les deux
affirmations sont également fausses lorsqu'on les rapporte à toutes les époques
..... Le mercure est la métalléité, l'éclat, la ductilité des métaux, et le soufre leur
...... 7° Les lampes (et non pas les lumières) tentent des expériences plus
lumineuses ;.
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GUSTAVE BORD LA FRANC-MACONNERIE en France
Des origines à 1815
Gustave BORD LA FRANC-MAÇONNERIE
EN FRANCE DES ORIGINES A 1815 *
LES OUVRIERS
DE L'IDÉE RÉVOLUTIONNAIRE
(1688-1771)
SLATKINE
GENÈVE - PARIS
1985 BIBLIOTHÈQUE D'HISTOIRE NATIONALE
Période révolutionnaire GUSTAVE BORD
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LA FRANC-MAÇONNERIE
EN FRANCE DES ORIGINES A 1815
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LES OUVRIERS DE L'IDÉE RÉVOLUTIONNAIRE
(1688-1771) ------------------------------
NOUVELLE
LIBRAIRIE NATIONALE
85, RUE DE RENNES, 85
PARIS
A MADEMOISELLE LOUISE SAZERAT
En te dédiant mon oeuvre, ma chère tante, il m'est doux de me
souvenir de la tendresse discrète et profonde dont tu as entouré mon
heureuse enfance et du dévouement admirable avec lequel tu m'as consolé et
soutenu dans les jours de malheur. GUSTAVE BORD. Paris, ce 14 octobre 1908.
PREFACE
Depuis plus d'un siècle les historiens et les économistes se
demandent comment un pays, foncièrement monarchique et catholique comme la
France, a pu brusquement changer d'idéal et de foi. Suivant leurs passions
politiques ou religieuses, ils ont donné à ce phénomène social les causes
les plus diverses. Il est hors de toute discussion que la société française était
gravement malade à la fin du XVIIIe siècle, puisque de son sein sont sortis
les doctrines et les acteurs de la Révolution. Ce qu'il nous paraît
important de savoir, ce n'est donc pas si le corps social était contaminé,
mais de quel mal il était atteint. Se mourait-il de vieillesse, avait-il
une maladie organique, ou était-il en proie à une maladie infectieuse
résultat d'une inoculation morbide ? Le mal était-il guérissable ou mortel
? Aucun historien de bonne foi n'a mis en doute que l'âme du pays ne
fût royaliste et croyante. L'Etat ne succombait pas faute de l'aliment
nécessaire à son fonctionnement régulier; le déficit financier n'eut de
gravité que parce que les adversaires de la monarchie s'en firent une arme.
En réalité le mal, superficiel et passager, n'atteignait pas le
gouvernement dans son VIII LA FRANC-MAÇONNERIE EN France
essence même ; à l'extérieur, la France était puissante et respectée. Aucun pays ne jouissait alors de plus de libertés, d'esprit de
tolérance, que la France. Son gouvernement paternel était d'une douceur
extrême, souvent même débonnaire ; si on le compare au gouvernement anglais
qu'on lui oppose sans cesse, il faudra constater que quarante ans s'étaient
à peine écoulés depuis la répression féroce de Cumberland en Ecosse et des
ministres en Irlande. A la veille de notre Révolution, les catholiques,
exclus de toutes les fonctions publiques, étaient traqués dans les rues de
Londres par les émeutiers dirigés par le maçon Gordon. Le moindre attorney
distribuait, sous des noms différents, des lettres de cachet dont les rois
de France se servaient de moins en moins. Le régime barbare des prisons
anglaises, comparé au régime de la Bastille (1), est tout à l'avantage de
la forteresse royale. La jurisprudence anglaise avait, plus que la nôtre, envahi et déformé
l'esprit des lois. C'est sur ce dernier point cependant que le gouvernement
de la France était le plus attaquable ; mais les parlements étaient plus
responsables que le roi et son conseil de cet encombrement judiciaire. Dans la Grande Chambre siégeaient officiellement les adversaires les
plus déclarés du pouvoir royal. Néanmoins, sans la faiblesse
incompréhensible du souverain, la monarchie française, qui avait en maintes
circonstances prouvé sa souplesse et son énergie,
(1) Voir à ce sujet la réponse du sollicitor Thomas Evans au pamphlet de
Linguet : Réfutation des Mémoires..., p. 36, 39 et 54.
PRÉFACE IX
aurait dominé l'esprit public, mis à la raison les parlements révoltés et
vaincu l'inertie de leur résistance. Il faut donc qu'un mal plus terrible ait envahi ce qu'on appelait
alors l'opinion publique ; le but de cette étude est de prouver que le mal,
qui devait contaminer le monde entier, n'était pas seulement la franc-
maçonnerie, mais surtout l'esprit maçonnique. C'est bien là qu'il faut chercher les véritables causes et
l'explication logique de la Révolution : identité des formules et des
dogmes de la maçonnerie avec les principes de 1789; les maçons et les
jacobins emploient les mêmes manoeuvres et livrent les mêmes combats. L'esprit maçonnique enfanta l'esprit révolutionnaire, voilà ce que
nous voulons démontrer.
Je ne puis me dissimuler la difficulté de la tâche que j'ai
entreprise : écrire, au milieu de notre époque de luttes ardentes et de
haines féroces, une histoire impartiale de la franc-maçonnerie en France,
en un mot faire oeuvre d'historien et non de polémiste, semble presque
impossible. Cependant j'ai voulu, avec intensité, être juste envers ceux qui ne
pensent pas comme moi ; par réaction, j'ai peut-être été dur envers mes
amis. Je m'en excuse, mais je ne le regrette pas. L'étude de la franc-maçonnerie a été l'objet de nombreux travaux
depuis une cinquantaine d'années. Presque tous sont l'oeuvre d'adversaires déclarés de l'Ordre ; la
plupart des auteurs sont plus que des ad-
X LA FRANC MAÇONNERIE EN FRANGE versaires, ils sont des ennemis acharnés d'une institution qui les irrite,
les trouble et les déconcerte d'autant plus que ceux qu'ils attaquent ne
répondent jamais, laissent le débat sommeiller, empêchant ainsi la
discussion sinon de naître, au moins de prendre corps. Les francs-maçons, de leur côté, ont publié divers ouvrages sur
l'histoire de leur Ordre ; quelques-uns sont bien faits, mais leurs auteurs
ne disent que ce qu'ils savent ou peuvent dire : tels ceux de Ragon,
Rebold. Jouaust, Amiable, Daruty, Findel, Gould, etc. La plupart de ces
ouvrages paraissent même être des oeuvres de bonne foi. En dehors des
documents manuscrits, pour établir ma conviction, j'ai eu souvent recours à
leurs aveux et jamais aux accusations de leurs contradicteurs, lorsque
celles-ci n'étaient pas justifiées par des preuves indiscutables. Malgré tous ces travaux, par suite de la passion des adversaires,
plus on a écrit sur la matière, plus on semble avoir fait l'obscurité sur
le sujet traité. A quelles causes peut-on attribuer de semblables résultats ? Est-ce à dire, d'après l'exposé ci-dessus, que la franc-maçonnerie
soit injustement attaquée ? Après avoir étudié la franc-maçonnerie, adversaire sincère et
convaincu de l'idée maçonnique, j'ose le dire, sans parti pris, je crois
que les causes de l'imbroglio dans lequel les partis se débattent tiennent
aux raisons suivantes : Les anti-maçons déterminés cherchent d'une part ce qui n'existe pas :
l'origine juive de l'Ordre, ou
PRÉFACE XI une direction occulte exclusivement dans les mains de l'Angleterre. Les francs-maçons, de leur côté, se taisent sur ces questions, parce
qu'ils n'en savent pas plus long sur leur Ordre que leurs adversaires ;
beaucoup parmi eux croient même, comme de simples profanes, aux fameux
secrets qu'ils espèrent connaître quand ils seront plus avancés dans les
hauts grades. D'autre part, les attaques dirigées contre eux ne sont pas
faites pour leur déplaire ; elles leur donnent un prestige mystérieux dont
ils profitent ; le silence des frères apparaît sous forme de prudence et de
discrétion, alors qu'il a son origine uniquement dans leur ignorance qui
devient ainsi de l'habileté. Quelle définition peut-on donner de la franc-maçonnerie ? La franc-maçonnerie est une secte religieuse, qui, après quelques
tâtonnements, s'organisa surtout en Europe, vers 1725, professa une
doctrine humanitaire internationale et se superposa aux autres religions. Son but avoué était de faire arriver les hommes à un état de
perfection basé sur leur égalité sous toutes les formes ; indifférente à
toutes les religions, elle devait conduire ses adeptes à ne croire à
aucune. La généralisation de l'idée égalitaire devait l'amener rapidement à
combattre même l'hypothèse d'une supériorité divine et à nier l'existence
d'un être supérieur, créateur du monde. Sa définition d'un Dieu simplement
architecte de l'univers supprime, en effet, le Dieu créateur, base de
toutes les religions révélées. Le Dieu des francs-maçons est simplement la
force qui régit la matière, la loi de l'uni-
XII LA FRANC-MAÇONNERIE EN France
vers dont les hommes ne peuvent percevoir que les manifestations sensibles
à leurs sens limités ; un Dieu inconscient du bien et du mal, qui conduit
ses adeptes à admettre qu'il n'y a ni bien ni mal absolus en dehors des
nécessités de leur propre conservation. Pour la secte, toute autorité est
un mal provisoirement nécessaire, qu'on doit tendre à supprimer pour
arriver à l'état de perfection. Les prêtres de cette religion d'incroyants
sont les initiés actifs ; les fidèles, conscients ou inconscients, sont
tous les profanes incroyants et tous ceux imbus des idées égalitaires, car
les uns et les autres collaborent au succès du Grand Oeuvre : maçons
parfaits, initiés incomplets ou profanes latomisés (1). La franc-maçonnerie ne tend donc pas à un perfectionnement des
sociétés existantes en tenant compte de leurs origines, de leur
tempérament, de leur situation, mais à un retour à l'état de nature, à une
agglomération d'êtres humains, satisfaits d'une vie végétative, pourvu que
ses avantages matériels soient égaleme