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Concernant les hommes qui, par une disposition innée ou par l'exercice de
pratiques religieuses, ont la faculté d'apercevoir les choses du monde invisible.
...... ce prince, ayant appris qu'Abou Nouas s'adonnait au vin, le fit mettre en
prison [319], et l'y retint jusqu'à ce qu'il eût p.35 renoncé à cette habitude et se fût
corrigé.

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Saint Ignace d'Antioche, évêque d'Antioche, martyr.
I. Vie. II. Lettres. III. Doctrine.
I. VIE.
1° Ce qu'on sait de sa vie.
1. Son nom. Faute de documents, on ignore presque tout de la vie de
saint Ignace d'Antioche. Ses lettres, du moins, donnent une haute idée de
sa grandeur morale et de sa vivante personnalité ; et son martyre glorieux
a rendu impérissable son souvenir. Ainsi qu'il l'a inscrit en tête de ses
lettres, il s'appelait ???????? ? ??? ????????. C'était l'usage, chez les
Romains, de porter parfois un double cognomen, l'un pour l'état civil et
légal, l'autre pour l'usage familier, unis entre eux par la formule qui et,
équivalent latin de ? ???. C'est ainsi que l'évêque d'Antioche avait deux
noms : l'un d'origine latine, l'autre d'origine grecque ; le premier lui
venant de sa famille, le second pris vraisemblablement par lui à son
baptême ; l'un et l'autre devenus dans la suite l'objet d'explications
ingénieuses, mais dont quelques-unes tiennent plus à la légende qu'à
l'histoire. Ignatius, de ignis, feu sert bien à caractériser l'homme
enflammé et tout embrasé d'amour pour le Christ que fût cet évêque syrien.
Quant à Théophore, ce nom est susceptible d'une double signification
d'après l'accentuation grecque du mot. Au sens passif, ????????, il
signifie celui qui est porté par Dieu ; au sens actif, ????????, celui qui
porte Dieu. Saint Ignace justifierait le nom de Théophore au sens passif
parce que, d'après le témoignage d'Anastase le Bibliothécaire, cité par
Pearson, Vindiciæ Ignatianæ, part. II, c. XII, P. G., t. V, col. 404, il
aurait été l'enfant que Jésus prit entre ses bras et donna comme un exemple
d'humilité à ses apôtres. C'est l'interprétation acceptée par Siméon
Métaphraste et transmise par lui à la postérité, ibid., col. 405, mais qui
est complètement arbitraire, car saint Jean Chrysostome, bon témoin des
traditions de l'Eglise d'Antioche, assure que saint Ignace n'a jamais vu le
Sauveur. In sanct. mart. Ignatium, 5, P. G., t. XLIX, col. 594. Ce nom se
justifierait mieux au sens actif, mais nullement pour la raison qu'en donne
saint Vincent de Beauvais, à savoir que, le c?ur d'Ignace ayant été coupé
en morceaux après sa mort, chacun de ses morceaux portait en caractère d'or
les lettres qui composent le nom de Jésus-Christ. « Ce qui n'étant
nullement recevable, observe Tillemont, Mémoires pour servi à l'hist. eccl.
des six premiers siècles, Paris, 1701-1709, t. II, p. 191, ni par soi-même,
ni par ceux qui en sont auteurs, est de plus tout à fait contraire à ce que
nous savons, qu'il ne resta rien de son corps que les os les plus gros et
les plus durs. »
2. Sa jeunesse jusqu'à l'épiscopat. On ne sait rien de positif, ni
sur son origine, ni sur sa naissance, ni sur son éducation. On le croit
pourtant, non sans raison, syrien d'origine. Il serait né vers l'an 35.
Mais qu'il ait été cet enfant dont parle l'Evangile et que le Sauveur
proposa comme exemple aux apôtres, ni lui, ni saint Polycarpe, son
contemporain, ni saint Irénée, ni aucun écrivain parmi les anciens n'a fait
la
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moindre allusion à un tel fait. A-t-il été esclave, comme pourrait le faire
supposer ce mot de sa lettre aux Romains : ??????? ?????????, ??? ?? ?????
??? ?????? ? L'antithèse ne permet pas de conclure que ?????? soit pris ici
au sens propre ; il sert plutôt à amener l'idée d'affranchissement moral
qui vient à la suite : « Si je souffre, je deviendrai l'affranchi du
Christ. » N'a-t-il pas été plutôt, un peu comme saint Paul, arraché aux
désordres de la vie païenne et amené au Christ par une secousse violente de
la grâce ? C'est l'hypothèse émise par Lightfoot, Saint Ignatius, Londres,
1885, t. I, p. 28, 392 ; t. II, P. 229 sq., et qui expliquerait le ton
d'humilité et de repentir de ses lettres, le désir ardent du martyre dont
elles témoignent. Un ancien persécuteur converti et devenu chef d'une
Eglise ne s'exprimerait pas autrement. Il faut renoncer à voir en lui un
disciple de saint Jean. Sans doute, dans sa révision de la Chronique
d'Eusèbe, saint Jérôme l'avait rangé avec Papias et saint Polycarpe parmi
les disciples de saint Jean, mais c'est une erreur qu'il a réparée dans son
De viris illustribus. Du reste, Ignace lui-même nous apprend qu'avant
d'être venu à Smyrne, il n'avait pas vu saint Polycarpe. Ad Polyc., I, 1,
Funk, Patres apostolici, 2e édit., Tubingue, 1901, t. I, p. 288. Fut-il du
moins disciple des apôtres ? Ceci semble plus plausible ; car, pendant son
enfance ou sa jeunesse, il a pu voir et entendre, à Antioche, saint Pierre
et saint Paul. Il touche ainsi au temps des apôtres.
3. Son épiscopat. D'après Origène, In Luc., homil. VI, P. G., t.
XIII, col. 1814. Ignace fut le second évêque d'Antioche ; d'après Eusèbe,
H. E., III, 22 ? P. G., t. XX, col. 256, c'est vers 69 qu'il aurait
remplacé Evodius, le successeur immédiat de saint Pierre. Sur ce point,
saint Jérôme reproduit Eusèbe. De vir. illustr., 16, P. L., t. XXIII, col.
633. Mais, d'autre part, saint Jean Chrysostome, dans son panégyrique de
saint Ignace, donne clairement à entendre qu'il remplaça immédiatement
saint Pierre, puisqu'il lui fait un honneur d'avoir été choisi par le
prince des apôtres et d'avoir reçu de lui l'imposition des mains. Loc. cit.
Théodoret, Epist., LXXXIX, CXLV, P. G., t. LXXXIII, col. 1284, 1384 est
tout aussi catégorique. D'autre part, encore, d'après les Constitutions
apostoliques, VII, 46, P. G., t. I, col. 1052, saint Pierre aurait sacré
Evodius, tandis que saint Paul aurait imposé les mains à Ignace, d'où l'on
a cru pouvoir inférer qu'Antioche compta simultanément deux évêques, l'un
pour les judéo-chrétiens, l'autre pour les convertis du paganisme, et qu'à
la mort d'Evodius, saint Ignace resta seul. Mais c'est là un renseignement
suspect et une hypothèse invraisemblable, quoi qu'en aient pu penser
Baronius, Halloix et Tillemont et, au siècle dernier, les partisans du
pétrinisme et du paulinisme. Lightfoot, loc. cit., ne s'en embarrasse pas,
et avec raison, car 'il n'y voit qu'une preuve en faveur du titre d'homme
apostolique, qui convient à saint Ignace.
Pendant son épiscopat sévit la persécution de Domitien. Dans quelle
mesure s'appliqua-t-elle à l'Eglise d'Antioche ? Sans donner le moindre
détail précis, l'auteur des Actes du martyre de saint Ignace, le Martyrium
Colbertinum, dans Funk, op. cit., t. II, p. 276, affirme simplement que le
saint évêque sauva son troupeau par sa vertu et son activité apostolique,
satisfait du calme momentané, mais attristé de n'avoir point reçu la
couronne du martyre. De son administration épiscopale, il ne reste qu'un
souvenir, relatif à la liturgie, mais de date assez récente. Socrate
raconte, en effet, H. E., VI, 8, P. G., t. LXVII, col. 692, qu'Ignace
introduisit dans son église l'usage du chant alterné des psaumes et que de
là cet usage était passé à d'autres églises. Il n'y a rien d'impossible à
cela, d'au-
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tant que le chant alterné se pratiquait déjà dans les synagogues ; et la
lettre de Pline à Trajan, en 112, nous apprend qu'il se pratiquait aussi
parmi les chrétiens de Bithynie. Epist., X, 97. Il est vrai que Théodore de
Mopsueste, qui vivait au IVe siècle, affirme que Flavien et Diodore furent
les premiers à emprunter aux syriens l'usage du chant alterné et à
l'imposer aux fidèles d'Antioche ; cité par Nicétas, Thesaurus orthodoxæ
fidei, V, 30, P. G., t. CXXXIX, col. 1390. C'est à peu près ce que répète
Théodoret, quand il dit que Flavien et Diodore, sous l'empereur Constance,
prirent l'initiative de faire chanter les psaumes à Antioche par deux c?urs
qui se répondaient. H. E., II, 19, P. G., t. LXXXII, col. 1060. Théodore de
Mopsueste étant contemporain du fait qu'il rapporte, et Théodoret étant
bien au courant de l'histoire d'Antioche, il est à croire que Socrate a
commis une erreur, à moins de supposer qu'il attribue à une tentative
d'Ignace le succès qui couronna en réalité les efforts de Flavien et de
Diodore ; mais, dans ce cas, Théodore de Mopsueste et Théodoret auraient eu
le tort de passer sous silence l'intervention de saint Ignace et de faire
de Flavien et de Diodore les introducteurs du chant alterné à Antioche.
2° Son voyage comme prisonnier. 1. Sa condamnation à Antioche.
D'après l'auteur du Martyrium Colbertinum, ce serait Trajan qui, passant à
Antioche, en janvier 107, lors de son expédition contre les Parthes, aurait
condamné l'évêque de la ville. Cette expédition d'Orient n'ayant eu lieu
que quelques années après, Trajan n'a pu condamner Ignace en 107. Ni
Eusèbe, ni Chrysostome ne parlent d'une condamnation impériale. Au reste,
si l'empereur s'était prononcé en personne, Ignace aurait pu se dispenser
d'écrire aux chrétiens de Rome pour les conjurer de ne pas intervenir en sa
faveur, car aucun magistrat romain n'aurait pu commuer ou annuler une telle
sentence, tandis que, s'il n'a été condamné que par le légat de Syrie, il
avait tout lieu de craindre le succès d'une intervention auprès de
l'empereur. La date de 107 est à retenir ; c'est celle où Eusèbe, dans sa
Chronique, place le commencement de la persécution de Trajan et y rattache
le martyre de saint Ignace. Les notes chronologiques données par les Actes,
observe Allard, Histoire des persécutions pendant les deux premiers
siècles, Paris, 1892, p. 184, sont d'une précision trop grande pour n'avoir
pas été empruntées à une source ancienne. La condamnation du saint à
Antioche y est