Attente de Dieu - Philosophie, MARSEILLE

Peut-être bien qu'une partie des pensées que je viens de vous exposer est
illusoire et mauvaise. Mais en un sens peu m'importe ; je ne veux plus examiner ;
car après toutes ces réflexions je suis arrivée à une conclusion, qui est la
résolution pure et simple de ne plus penser du tout à la question de mon entrée
éventuelle ...

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|Simone Weil (1909-1943) |
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|Philosophe française |
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|(1942) |
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|Attente de Dieu |
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|[Lettres écrites du 19 janvier au 26 mai 1942.] |
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|Paris: Éditions Fayard, 1966, 256 pp |
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| | Table des matières Présentation du livre (Quatrième de couverture)
Préface de J.-M. Perrin LETTRES Lettre I. Hésitations devant le baptême. 19 janvier 1942.
Lettre II. Même sujet.
Lettre III. À propos de son départ. 16 avril 1942. LETTRES D'ADIEUX Lettre IV. Autobiographie spirituelle. 15 mai 1942 environ.
Lettre V. Sa vocation intellectuelle.
Lettre VI. Dernières pensées. 26 mai 1942. EXPOSÉS RÉFLEXIONS SUR LE BON USAGE DES ÉTUDES SCOLAIRES EN VUE DE L'AMOUR DE DIEU. L'AMOUR DE DIEU ET LE MALHEUR. FORMES DE L'AMOUR IMPLICITE DE DIEU. L'amour du prochain.
Amour de l'ordre du monde.
Amour des pratiques religieuses.
Amitié.
Amour implicite et amour explicite. À PROPOS DU « PATER ». LES TROIS FILS DE NOÉ ET L'HISTOIRE DE LA CIVILISATION MÉDITERRANÉENNE. APPENDICE. Lettre à J M. Perrin (fragment incomplet)
Lettre à Gustave Thibon
Lettre à Maurice Schumann Attente de Dieu
Présentation du livre
(Quatrième de couverture)
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Ce livre nous apprend le vrai sens de l'illumination qui a fait passer
Simone Weil d'un agnosticisme anticlérical à une recherche religieuse qui
n'a plus cessé jusqu'à sa mort.
Il apporte aussi la réponse à des questions qu'un public de plus en plus
étendu, et de tous les pays, n'a cessé de se poser en lisant les
différentes publications posthumes qui se sont succédées (le façon
désordonnée durant ces quinze dernières années.
Le titre Attente de Dieu désigne bien l'attitude spirituelle fondamentale
de Simone Weil. À condition de l'entendre, non dans un sens passif et
définitif, mais comme l'ardente "vigilance du serviteur tendu vers le
retour du maître" comme le stade provisoire d'une recherche qui préfère au
plaisir de la chasse l'écoute de la vérité en une intime communion.
L'expérience intérieure s'exprime donc dans ces pages avec le double accent
de l'intensité et de l'inachevé. C'est un dialogue avec soi-même, avec les
autres, avec Dieu, jusqu'aux niveaux les plus profonds et les plus
émouvants de l'existence, dans lequel le lecteur se sent constamment
interpellé et entraîné.
Née à Paris le 3 février 1909, Simone Weil a été élevée dans un complet
agnosticisme. Elle éprouve un sens aigu de la misère humaine, qui engendre
en elle le plus vif sentiment de compassion envers les pauvres, les
travailleurs, les déshérités. Elle est anti-religieuse, militante
syndicaliste, éprise de la révolution prolétarienne, mais indépendante de
tout parti. Jeune agrégée de philosophie, elle partage son salaire avec des
chômeurs. En 1934, elle abandonne sa chaire de professeur et se fait
ouvrière. En 1936, elle s'engage dans la guerre d'Espagne. En 1938, une
illumination transforme sa vie : "Le Christ est descendu et m'a prise.". En
1941, réfugiée dans le midi, elle fait la connaissance des Dominicains de
Marseille et de Gustave Thibon ; elle diffuse Témoignage chrétien. En 1942,
elle s'embarque pour New-York avec ses parents ; elle n'a de cesse de
servir, à Londres, où elle arrive fin novembre 1942. Mais la souffrance
morale, intellectuelle, physique l'achemine rapidement à l'hôpital, puis au
sanatorium d'Ashford, où elle meurt le 24 août 1943.
De toute son ?uvre, ces pages spontanées et brûlantes sont des plus
propres à communiquer ce qu'elle appelait ses "intuitions pré-chrétiennes"
et à faire comprendre ses hésitations personnelles devant le baptême
sacramentel. Attente de Dieu
Préface
Par J.-M. Perrin
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Ces textes, rassemblés sous le titre, Attente de Dieu, sont parmi les
plus beaux que Simone Weil m'ait laissés ; ils ont tous été composés entre
janvier et juin 1942 ils se rattachent tous, de plus ou moins loin, au
dialogue que, depuis le mois de juin précédent, nous poursuivions ensemble
à l'écoute de la Vérité, elle, attirée par le Christ, moi, prêtre depuis
treize ans.
En 1949 j'avais consenti à publier ces textes et surtout la
correspondance - qui en est la partie la plus belle - afin de faire
connaître les pages les plus éclairantes de son expérience intérieure et de
sa personnalité ; mais la raison de cette publication était surtout, comme
Simone en avait exprimé explicitement le désir lors de nos diverses
rencontres, de donner à d'autres la possibilité d'entrer dans ce dialogue.
Nous en avions parlé souvent, j'en suis témoin, et c'est dans cet esprit
qu'elle me donna ces textes et ceux d'Intuitions pré-chrétiennes. Dans sa
lettre d'adieu, elle m'écrivait, me parlant de ses pensées : « Je ne vois
que vous dont je puisse implorer l'attention en leur faveur. Votre charité,
dont vous m'avez comblée, je voudrais qu'elle se détourne de moi et se
dirige vers ce que je porte en moi, et qui vaut, j'aime à le croire,
beaucoup mieux que moi. »
J'ai choisi le titre Attente de Dieu, parce qu'il était cher à Simone ;
elle y voyait la vigilance du serviteur tendu vers le retour du maître. Ce
titre exprime aussi le caractère inachevé qui, à cause même des nouvelles
découvertes spirituelles qu'elle fit alors, tourmentait Simone.
Ce rappel, si bref soit-il, est d'autant plus nécessaire que nous ne
sommes pas, ici, en face de textes destinés à être publiés et conçus pour
vivre en quelque sorte indépendamment de leur auteur. Ces textes, au
contraire, les lettres surtout, font, si l'on peut ainsi dire, partie
d'elle-même et on ne peut les comprendre sans les situer dans sa recherche,
dans son évolution, et même dans le dialogue où elle s'était engagée.
Simone Weil est née à Paris, le 3 février 1909. Elle ne reçut aucune
éducation religieuse : « J'ai été élevée par mes parents et par mon frère
dans un agnosticisme complet », m'écrivait-elle (Let. IV). Un des traits
dominants de son enfance fut un amour compatissant pour les malheureux ;
elle avait cinq ans environ lorsque la guerre de 1914 et le marrainage d'un
soldat lui firent découvrir la misère. Elle ne voulut plus prendre un seul
morceau de sucre afin de tout envoyer à ceux qui souffraient au front. Pour
comprendre le caractère extraordinaire de cette compassion - qui sera un
des traits dominants de sa vie - il faut se souvenir de l'aisance
matérielle, de la largeur d'esprit et de l'affection dont ses parents ne
cessèrent de l'entourer.
La précocité de son intelligence lui valut tous les succès scolaires.
C'est au lycée Duruy qu'elle fit son année de philosophie afin d'y recevoir
l'enseignement de Le Senne ; à Henri-IV elle prépara le concours d'entrée à
Normale et reçut profondément l'influence d'Alain. Elle avait dix-neuf ans
quand elle fut reçue au concours de Normale et vingt-deux quand elle passa
son agrégation : 1928-1931.
Pendant les années d'école, elle se montra vivement « antitala » ; elle
était même assez antireligieuse pour se brouiller quelques mois avec une
camarade qui se convertissait au catholicisme. Elle abordait la vie
d'enseignante et son action humaine dans un complet agnosticisme, ne
voulant se poser