Mont-La-Salle, 7 juin 1899 -- pièce 24 - Frères des Écoles ...
2 avr. 2017 ... Il nous est arrivé un surcroît de besogne : l'école du soir. ..... Edmond m'a écrit le
premier cette année, nos lettres se sont ... Je ne crains rien pour tes ?uvres car d
'une part tu sais gagner les hommes et d'autre part Dieu t'est acquis par ton .... P
uissent-elles valoir quelque chose dans la balance de la justice ...
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Pourquoi j'ai entrepris la transcription de cette collection de lettres.
La raison majeure qui m'a fait entreprendre de relever cette
correspondance du Frère Théophanius-Léo, c'est d'abord la qualité du
contenu. On y perçoit un homme de c?ur d'une intensité exceptionnelle.
Tout particulièrement la correspondance avec son frère missionnaire se
fait dans des termes d'une cordialité exquise et extraordinaire. Le
tout révèle aussi un sens missionnaire très prononcé, une grande
admiration pour le sacerdoce de son aîné et de son cadet, des vues
spirituelles révélatrices de la profondeur de son union à Dieu, des
considérations d'ordre psychologique qu'il possède sans avoir étudié
spécifiquement cette science. Un sens familial de première valeur. Une
disposition à aider tout le monde autour de lui. Toutes choses qui le
rendent grandement sympathique.
Toutes ces belles qualités me font apprécier sa personne et m'ont
poussé à constituer ce recueil de façon à faire partager par d'autres
l'admiration que j'ai pour cette réussite d'humanité qui est aussi,
semble-t-il, une grande réussite sur le plan spirituel.
Une question pratique me motivait aussi. En parcourant les manuscrits,
je me rendais compte que les années avaient fait s'estomper l'encre de
certaines pièces de ces archives. Il était plus que temps de les
sauver de la disparition.
Les annotations n'étaient pas toutes essentielles. Elles sont là pour
aider à mieux comprendre l'enchaînement des documents. Elles sont
inégales en valeur; on nous pardonnera d'en avoir omises qui auraient
été plus importantes; notre travail reste susceptible d'amélioration.
Si on consulte les documents dans l'ordre conservé par nos archives, on
a peine à refaire les liens; les cotes attribuées aux lettres n'ont pas
toujours tenu compte de la chronologie. Notre travail peut y remédier.
Le contact étroit avec les textes a facilité une datation plus
réaliste.
Quelques tableaux synthétiques permettront le repérage de diverses
informations.
Je suis persuadé que le lecteur qui abordera avec un c?ur pacifique la
découverte de cette correspondance en sortira édifié non pas seulement
par les exploits ascétiques du Frère Théophanius (les lettres demeurent
discrètes à cet égard), mais par des aspects insoupçonnés de sa
personnalité. Il aura trouvé un c?ur chaleureux, une pensée poétique et
humoristique, et un c?ur totalement abandonné à Dieu, en santé comme en
maladie, et un coeur consacré à faire connaître Jésus et sa sainte
Mère. Loué soit Dieu d'avoir fait un tel cadeau à notre Église, à notre
pays, à notre Institut.
Frère Gilles Beaudet
Relevé achevé avec l'excellente collaboration
de Frère Gaston Dubé, secrétaire provincial,
le 28 avril 2007, anniversaire de la mort du F. Théophanius-Léo. Frère Gilles Beaudet, Maison Marie-Victorin, Montréal.
Recueil de lettres du Frère Théophanius-Léo
à sa famille et surtout à son frère Robert Chatillon, o.m.i.,
à des confrères et à des proches,
de 1899 à 1929 [1]
J.M.J.[2] Mont-La-Salle, 7 janvier 1899
-- pièce 24[3]
Maisonneuve
Bien cher Oncle, Je viens d'apprendre par Papa le malheur qui est venu vous frapper et
je m'empresse de vous écrire pour vous assurer de la large part que je
prends à votre affliction si grande, si légitime. Le Seigneur a choisi dans
votre famille ce qu'il y avait de très bon, une victime de choix. Oui, je
le dis avec sincérité, l'épouse que vous pleurez était le modèle des femmes
chrétiennes. Plus d'une fois elle m'a édifié par ses pieuses paroles et
par sa tendre dévotion pendant ses prières. Je me rappellerai toujours ce
dont je fus témoin dans mon dernier voyage : quoiqu'il fût déjà 9 h 1/2 du
soir, elle rappela qu'on n'avait pas encore dit le chapelet et elle se mit
la première à genoux. Aussi quelle solide éducation n'a-t-elle pas donnée
à ses enfants. J'ai rarement vu des frères et des s?urs vivre en harmonie
comme chez vous et tous animés d'une vraie piété. Le bon Dieu lui tiendra
compte de cette chrétienne et forte formation qu'elle a inculquée à sa
famille. Et pour vous, cher Oncle, quelle conseillère précieuse vous avez
perdue, quelle amie dévouée, quelle confidente discrète et sûre. Oh, comme
le c?ur a dû vous saigner; comme cette plaie est profonde et sera longtemps
béante. Cependant ce n'est pas avec des motifs humains qu'on cicatrise de
telles blessures. Le courage qui vous inspire de baiser la main qui vous
frappe ne se puise pas ici-bas parmi les hommes. C'est dans la religion
que vous avez cherché les seules vraies consolations. Votre foi a soulevé
le voile que la mort avait étendu un moment peut-être devant vos yeux et
vous avez revu dans un monde meilleur celle que vous avez perdue ici-bas.
Votre foi vous l'a montrée comme une amie avant-coureur vous précédant là
où tendent tous nos désirs. Aussi je n'ai pas eu de peine à croire mon
oncle Henry Alexandre qui me disait que vous étiez parfaitement résigné.
Cette entière soumission sera, j'en suis sûr, très agréable à Dieu et
avantageuse à l'âme de votre regrettée épouse. J'ai déjà prié beaucoup pour le repos de son âme et j'aurai toujours
pour elle un souvenir dans mes communions.
Veuillez, cher Oncle, présenter mes condoléances très sympathiques
aux cousins et aux cousines tant éprouvés. Dites-leur que, du haut du
ciel, leur tendre mère leur tend les bras et que le vrai moyen de lui
plaire est d'imiter les exemples qu'elle a donnés. Que le bon Dieu, cher Oncle, qui vous éprouve si fort au commencement
de cette année arrête là ses coups et vous dédommage par d'abondantes
bénédictions spirituelles et temporelles des angoisses dont vos c?urs ont
été remplis. Dans l'espoir que ces lignes vous trouveront consolé, je me dis avec
une profonde sympathie,
Votre neveu dévoué,
Frère Théophanius[4]
Adolphe Chatillon.
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[25 octobre 1905] - pièce
7 Cher et bien-aimé Père, C'est S. Raphaël qui m'amène votre lettre, je le prie de vous
reporter la mienne qui vous dira tout le bonheur que j'éprouve en vous
lisant. J'y respire[5] un air de bonheur, de vive affection et qui ferait
illusion si je ne savais que celui qui m'écrit est un vieillard de 75 ans.
Que je bénis Dieu de vous donner une verte vieillesse qui laisse à toutes
vos facultés leur liberté. Combien votre c?ur ainsi servi s'attache de
toute son expérience au bon Maître qu'il a toujours servi. Oh, je comprends
l'horreur que ressentit S. Polycarpe quand on lui demanda de blasphémer le
Christ : « Il y a quatre-vingt-sept ans que je le sers et il ne m'a jamais
fait de mal, pourquoi le blasphémerais-je ? » Voilà bien le cri de toute
âme sur laquelle le monde et la chair n'ont plus d'emprise. Je reçois avec plaisir l'expression de vos souhaits de fête. Malgré
mes épreuves et mes misères, je ne puis qu'espérer et soutenir avec courage
le poids de la besogne. Vous me félicitez, c. Père, de mon S. Patron[6] . Je m'en félicite
moi-même, mais à qui le dois-je, cher père, sinon à votre dévotion envers
ce saint Archange ? Je dois me reprocher de ne pas assez invoquer ce bon,
ce saint, ce zélé ami à qui je dois tant et qui est animé des plus vifs
sentiments d'affection pour ses pupilles. Hier on méditait tous ici sur la
mission de S. Raphaël, modèle de la mission du Frère; que de beaux et
ravissants et pratiques points de vue : toutes les deux viennent de Dieu;
même engagement : mener et ramener l'enfant, même vigilance, même
désintéressement requis, même emploi : aller à Dieu par la prière, en
revenir chargé de grâces pour nos enfants. Que de beaux rapprochements
tous propres à exciter ma dévotion envers cet auguste Archange.
Et en récréation on reprenait le même sujet, on admirait S. Raphaël,
son zèle, sa sagesse, et tout bas je me disais je suis plus heureux d'avoir
pour patron; n'est-ce pas qu'ils seraient fiers eux aussi de l'avoir. Merci donc, c. Père, et demandez pour moi à S. Raphaël les vertus
que l'on peut admirer en lui. ---------------------------------------------- JMJ JBte Lachine, 6 janvier 1906 -
pièce 25 Au cher Frère Sérapion[7], Bien cher Frère, Votre lettre du 27 décembre 1905 m'est arrivée toute parfumée de
l'exquise odeur de la piété et pleine de la douce saveur de l'amitié. Qu'un c?ur religieux a bientôt fait d'exprimer ses v?ux et de pouvoir
dire, comme vous le dites dans votre lettre, qu'il a à sa disposition les
trésors de la crèche. Ces trésors, quoique infinis, sont d'autant plus
riches qu'il y en a moins qui les exploitent. Je veux vous imiter, cher frère, et adresser ma requête au petit
Enfant nouveau-né. Et je parierais bien qu'aujourd'hui, Jour de
l'Épiphanie, le divin Enfant est plus en belle humeur à cause des beaux
présents qu'il a reçus et que ses petites mains trop pleines attendent pour
s'alléger que nous lui tendions les nôtres. Puis lui si généreux n'a que
faire de tout cet or, de cet encens et de cette myrrhe.