Les bornes gromatiques tunisiennes - Archeo Rome
Les auteurs[42] ont donc cru que "les decumani ont été tracés vers le lever du
soleil au solstice d'été". Or, nous avons ...... Ces erreurs ont été corrigées à la
suite d'une de nos vérifications (Archéologia, 1998, n° 347, p. 51) qui donne 5*
..... [114] Un simple exercice sur ces cartes (Lassalle Th. Cartographie, p. 60)
avec un ...
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Centuriations et orientation solaire. 3 Les bornes gromatiques de Tunisie. 3 1- Introduction. 3 2- Les travaux antérieurs. 3 3- Les méthodes de recherche. 4 4- Les bornes gromatiques tunisiennes. 5 5- Restitution géométrique. 6
5-1- le locus gromae. 6
5-2- La centurie. 7
5-3- L'orientation. 7 6- La méthode "pro hypotenusa" ou de la tangente. 7
6-1 Les bornes du Bled Segui. 7
6-2 Les bornes du Chareb. 9 7- L'orientation solaire. 10
7-1 Orientation solaire des cadastres. 10
7-2 Principe d'orientation des cadastres. 11 8 Applications de ce principe. 12
8-1 Application à la grande centuriation tunisienne. 12
8-3 L'exemple du territoire de Carthage. 12 9- Les réseaux superposés. 13
9-1. Superposition voie et cadastre 13
9-2 Cadastres superposés. 14
9-3 Corrélation entre réseaux. 15
9-4 Orientation des cadastres après diagonalisation. 16
9-5 Conséquences. 17 10-La via Asprenas et la centuriation. 17
10-1 Les relais de la voie d'Aspenas. 18
10-2 Un mille passuum exceptionnel. 19
10-3 Rapport entre la via Asprenas et la centuriation. 19 11- Vers une forma de l'Africa Proconsularis ? 20 Annexes 22
Bibliographie 25
Table des figures et des illustrations 27
Centuriations et orientation solaire. Les bornes gromatiques de Tunisie. par L. R. Decramer*, R. Hilton**, A. Plas*** Résumé. De nombreuses bornes gromatiques, ces archives incomparables laissées
en place par les géomètres romains, ont été retrouvées dans le Sud
tunisien. Ces repères géodésiques permettent de reconstituer l'ossature de
la carte, la forma de Africa Nova, que la 3e légion Auguste était chargée
de dresser. Il est alors possible de déterminer la méthode de triangulation
utilisée. Celle-ci est basée sur la diagonale (hypotenusa) d'un triangle
rectangle de côtés 5 et 7, les méthodes modernes de triangulation ayant
simplement repris ce principe pour le généraliser aux triangles
quelconques. On peut donc, en n'importe quel point du territoire à lever,
caler l'instrument de visée (la groma) sur la méridienne locale et viser
selon l'angle d'orientation choisie pour cette centuriation, à savoir ici
35,5°. Après une étude de l'orientation de nombreux cadastres, un principe
général d'orientation solaire des limitatii est proposé. Son application à
l'étude des cadastres eux-mêmes, aux cadastres et aux structures superposés
est ensuite examiné. La corrélation entre centuriation et voies
structurantes majeures est mise en évidence avec la via Asprenas, cette
première voie stratégique construite aussi par la 3e légion Auguste. Il
semble alors possible, à défaut de datation précise de cette centuriation,
de dresser une chronologie relative de ces réalisations. Mots-clés : Rome, Tunisie, centuriation, cadastre, arpentage, géodésie,
orientation solaire, voie romaine. Centuriations and Orientation with Respect to the Sun. The Gromatic Stones of Tunisia Abstract Numerous gromatic stones, incomparable archives left in position by
the ancient Roman surveyors, have been found in Southern Tunisia. From
these geodesic reference points, it is possible to reconstruct the main
lines of the map, the forma of Africa Nova, that the 3rd Augusta legion was
responsible for drawing up and thus discover the method of triangulation
they used. It is based on the hypotenuse of a right-angled triangle of
sides 5 and 7 units, which modern triangulation methods have since
generalized so that any triangles can be used. At any given point of the
territory to be surveyed, the sighting instrument (the groma) can be set on
the local meridian and sightings made at the angle of orientation chosen
for the centuriation, here 35.5°. After studying the orientation of many
cadastres, we propose a general principle of orientation with respect to
the sun for the limitatii. The application of this principle to the study
of the cadastres themselves and to the structures superimposed on them is
then examined. The correlation between the centuriation and the main
structural roads is demonstrated with the via Asprenas, the first strategic
road built by the 3rd Augusta legion. It then appears to be possible, given
the lack of a precise date for this centuriation, to draw up the relative
chronological sequence of these achievements. Key words: Rome, Tunisia, centuriation, cadastre, geodesy, solar
orientation, Roman road. Cette communication a été préparée pour la journée d'étude et de recherche
"La mesure des longues distances dans le cadre des limitations antiques",
organisée par le CNRS, UMR 154 archéologie et histoire, à Lattes le 28
septembre 2001. Toulouse le 15 mai 2001 Edition du 7 mars 2002
Centuriations et orientation solaire.
Les bornes gromatiques de Tunisie.
1- Introduction. Un vaste réseau centurié couvrant la majeure partie du Centre et du
Sud de la Tunisie, réalisé par la 3e légion Auguste probablement sous
Auguste et poursuivi jusqu'à Trajan, c'est à dire s'étendant sur près d'un
siècle, avait été révélé à partir de bornes gromatiques trouvées par des
officiers topographes autour des grands chotts. Ces bornes de centuriation
portent, inscrites dans la pierre, leurs coordonnées par rapport aux deux
axes fondamentaux du cadastre, ainsi qu'un décussis, ces repères que le
géomètre utilisait pour ses opérations. A ce jour, trente quatre de ces bornes cadastrales ont été retrouvées,
pour la plupart à l'emplacement défini par le géomètre. Ce sont donc des
témoins géographiques uniques, mais aussi des documents épigraphiques
remarquables par leur nombre et par leur variété. Ces éléments
archéologiques devraient pouvoir nous aider à mieux comprendre les
principes et les méthodes d'arpentage chez les Romains.
2- Les travaux antérieurs. On doit au capitaine Donau[1], le commandant du cercle de Kebili et à
ses officiers topographes qui étaient chargés de dresser la carte de ce
territoire, la découverte des premières bornes autour du chott el Fejej
(fig. 1). Toutain[2], qui rapportait ces découvertes en 1905, était arrivé,
à la suite d'une interprétation erronée des textes gromatiques, à une
conclusion surprenante : l'origine de ce cadastre se trouvait, selon lui,
en plein désert saharien. Il rejetait ainsi la seule borne trouvée près de
Graïba et placée sinistra decumanus qui lui permettait de corriger ses
erreurs. Il s'engageait alors dans une polémique stérile avec Barthel et
Davin[3]. Barthel[4], au contraire, constatant que celle-ci se trouvait sur le
même cardo (uk 265) qu'une autre borne (B.10) située dextra decumanus (dd
80), arrivait à une conclusion toute différente. Son locus gromae se
situait non loin de Thala, à environ 18 kilomètres au nord-est d'Ammaedara,
le camp d'hiver de ces centurions géomètres. Il levait ainsi l'ambiguïté de
Toutain en orientant le kardo maximus à 37° E-N-E. Son ?uvre est
remarquable, tant du point de vue géographique et gromatique que du point
de vue historique. Cependant, sa construction géométrique souffrait d'une
localisation approximative des dix huit bornes alors connues, dont les
distances avaient été mesurées "au pas du cheval du capitaine Donau". Aussi Davin[5], un ingénieur géographe, s'est attaché à déterminer de
façon précise cinq bornes au moyen d'un théodolite. Il estimait que le
locus gromae se situait, non plus en plaine, mais au sommet d'une montagne,
le Bou el Hanèche, non loin de l'origine présumée de Barthel avec un
orientement de l'axe majeur à l'E-N-E de 39,02 gr (35,1°) et une valeur de
la centurie comprise entre 703 et 710 m. Ces résultats étaient pratiquement
confirmés quelques années plus tard par Legendre[6] qui, à partir du
mémoire Davin, avait refait les calculs. Il tentait aussi de trouver une
raison astronomique (solaire ou lunaire) à cette orientation, mais sans
pouvoir conclure. Il constatait simplement qu'il n'y avait rien de
particulier sur le sommet du Bou el Hanèche, sinon un marabout. Des doutes sur une origine située au sommet d'une montagne étaient à
nouveau émis par Chevallier[7] qui remarquait que le cadastre d'Ammaedara a
une orientation de 25,2° au N-E et celui de Sufetula de 32°, donc
différents de la centuriation. Trousset[8], dans sa synthèse des travaux
précédents, pensait que l'origine devait se situer en terrain plat et il
adoptait une "déviation légère" dans l'orientation de Davin et une "valeur
plus élevée" de la centurie en prenant 710 m. Il estimait enfin que "les
mensores ont tiré droit vers le fond de la petite Syrte et que cette
orientation, a une signification militaire et politique et non une
signification astronomique". Nous verrons qu'il ne s'agit pas ici de
telles approximations, mais bien d'opérations rigoureuses et mathématiques,
de levés géodésiques. Les travaux de Davin, bien que plus précis que ceux de Barthel,
s'appuyaient sur un nombre limité de bornes dont certaines n'étaient plus
en place. Ses calculs étaient donc entachées d'incertitudes non
négligeables. Pour reconstituer avec plus de précision le carroyage romain,
il fallait donc augmenter l'échantillonnage, mais il fallait aussi se baser
sur une référence géographique plus fidèle qu'un support de carte à moyenne
échelle.
3- Les méthodes de recherche. Contrairement aux cadastres dont le carroyage est mis en évidence à
partir de vestiges d'alignements récurrents et orthogonaux remarqués sur
une carte, une spatio-carte ou une photo aérienne, puis reconnus sur le
terrain[9]. Ici, la centuriation est définie à partir des témoins mêmes mis
en place par le mensor. Ce carroyage est, par principe, une grille
géo