Conseil de maison - Champagnat.Org
Autant que l'entrevue de Règle le leur permet, ils président les exercices de piété
... IV. La conduite à tenir en face du mauvais exemple ;. V. Le devoir d'éviter le ....
Nous n'avons pas tous mission d'enseigner nos confrères, mais nous avons .....
Nous nous estimerions indignes de notre charge, de la croix que le Seigneur a ...
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V. J. M. J.
Saint-Genis-Laval, le 24 mai 1950.
Fête de Notre-Dame Auxiliatrice. MES BIEN CHERS FRÈRES,
Comme chaque année, la circulaire du mois de mai a surtout pour objet
de vous convier à la retraite annuelle et de vous engager à la bien faire.
Il arrive souvent que les occupations habituelles de l'emploi absorbent
le meilleur de notre temps, nous tyrannisent en quelque sorte et nous font
facilement perdre de vue les besoins de notre âme. C'est donc une grâce
insigne et un vrai bonheur que de pouvoir, pendant quelques jours, nous
recueillir pour voir s'il n'y a pas lieu de modifier l'allure de notre
marche vers la perfection et vers notre destinée éternelle.
Parfois l'approche de la retraite cause de l'appréhension. C'est qu'au
fond on a peur du silence, de la réflexion, de l'examen de sa conduite. On
- craint de se mettre en face de ses insuffisances et des redressements
indispensables qui exigent la lutte toujours pénible Contre soi-même.
Rassurons-nous en pensant que la retraite ne nous jette pas dans une
solitude déprimante avec nous-mêmes, mais que nous y trouvons le Seigneur
pour nous éclairer dans la mesure où nous savons fermer les yeux sur le
monde extérieur.
Oui, bannissons toute appréhension, ne redoutons pas les sacrifices que
Dieu pourra nous demander et décidons-nous à apporter, à la retraite, les
dispositions requises. C'est ainsi que nous nous libérerons des misères :
fautes, défauts, négligences qui privent notre âme de bien des grâces et de
bien des mérites. Mais, nous ne nous bornerons pas à ce travail négatif et
à ce regard sur le passé ; nous nous remettrons sous les yeux l'idéal qui
nous enthousiasma aux jours heureux de la prise d'habit ou de la profession
et nous reprendrons courageusement la lutte contre les obstacles qui
empêchent nos progrès spirituels.
C'est ainsi que la retraite bien faite, réveillant notre foi et notre
générosité, nous affranchira de la tiédeur et nous communiquera une ferveur
nouvelle pour l'imitation de notre divin Modèle, Notre-Seigneur Jésus-
Christ.
Les renseignements qui nous arrivent chaque année à la suite des
retraites mentionnent le sérieux qui les a caractérisées, sérieux
traditionnel qui ferait juger sévèrement toute dissipation ou négligence.
Ce résultat est dû à la bonne volonté des retraitants et au zèle des
Supérieurs à préparer la retraite et à lui créer un climat favorable :
choix du prédicateur, des confesseurs, de la date, du local, horaire,
organisation des salles et attribution des places ; distribution des
travaux ou services réduction au minimum indispensable du nombre de non
retraitants, invités d'ailleurs à s'abstenir de tout ce qui pourrait
distraire les confrères ; avis donné et, au besoin réitéré, de régler,
avant ou après la retraite, tout ce qui lui est étranger : comptes,
vestiaire, correspondance, librairie, etc.
Rien n'est laissé à l'improvisation ou remis à la dernière heure. Les
Frères Provinciaux ou leurs délégués ont tout prévu pour favoriser le
silence, le recueillement et la prière. Ils veillent à ce qu'aucun Frère, à
moins de motifs graves, ne soit privé de la retraite ou la fasse en dehors
de la Province, au risque d'ignorer les directives données à. tous.
Ils se font un devoir de présider la table, donnant en cela une preuve
de leur estime de la vie commune et s'assurant que la nourriture est ;
conformément à la Règle, saine, abondante et convenablement préparée, mais
commune et ordinaire. L'ordonnance des repas de retraite devrait être telle
qu'elle pût servir de modèle aux communautés pour les préserver de tout
écart, aussi bien par défaut que par excès.
Autant que l'entrevue de Règle le leur permet, ils président les
exercices de piété afin d'exciter à la ferveur, suggérer des intentions et
corriger les négligences et la routine.
C'est dire que la sollicitude des Supérieurs s'étend, à l'occasion de
la retraite, à tout ce qui concerne le temporel et le spirituel. C'est le
temps le plus propice pour rappeler aux Frères, à la lumière des vérités
éternelles, la sublimité de leur vocation de religieux et d'apôtres.
Mettant à profit les observations recueillies en cours d'année dans leurs
visites aux maisons, ils exhortent les retraitants à plus de fidélité à
leurs obligations, leur suggérant des résolutions pratiques pour leur
conduite personnelle, celle de leur communauté ou de leurs élèves.
On ne peut que louer ces sages mesures, car le succès de la retraite
assure pour l'avenir un meilleur rendement spirituel.
D'ailleurs, les Supérieurs constatent souvent, même avant la fin de la
retraite, ses heureux fruits, surtout dans l'entrevue de Règle. A la façon
dont leurs conseils et leurs avis sont sollicités ou reçus, ainsi qu'à
d'autres indices, ils jugent que la grâce et le travail personnel remuent
les âmes et pré-parent des changements favorables.
Ils devront, néanmoins, s'attendre, dans la suite, à des fautes et à
des rechutes, même de la part des religieux les mieux disposés. Ils
remarqueront, peut-être sans trop tarder, que certaines de leurs consignes,
et des résolutions, pourtant bien sincères, ont été oubliées. Ils sauront
faire la part de l'inconstance et de la fragilité humaine, et ils
éprouveront une grande consolation en voyant que dans l'ensemble, un vent
de Pentecôte a balayé bien des misères et a provoqué de nouveaux efforts
pour une vie plus fervente. Ils en béniront Dieu et se sentiront un nouveau
courage pour porter le poids, parfois écrasant, de leurs responsabilités.
Je souhaite ardemment, mes bien chers Frères, que la bonne volonté que
vous apportez, en général, à bien profiter des retraites soit encore plus
grande, si possible, en cette Année Sainte. Que ces jours de recueillement
soient pour chacun l'occasion de réaliser de son mieux les fins du Jubilé,
c'est-à-dire d'expier ses fautes, d'amender sa vie et de prier, selon les
intentions du Souverain Pontife, pour tous les besoins de l'Église et de
l'humanité.
Pour tenir cette pensée présente à notre esprit pendant toute la
retraite, on voudra bien, chaque jour, après la sainte Messe, réciter à
haute voix la prière composée par notre Saint-Père le Pape et publiée dans
la précédente circulaire, page 260. Fruit principal de la retraite, Les bienfaits d'une retraite ne s'étendent pas uniquement aux individus
qui y prennent part, mais aussi aux Communautés, aux Provinces et à la
Congrégation tout entière dont la retraite accroît le niveau général de
ferveur. Ceci est dû d'abord à la Communion des Saints qui nous fait
participer au bien réalisé par nos confrères et ensuite à notre vie
essentiellement communautaire où l'exemple de chacun a une influence
considérable sur la conduite des autres.
*
* * Le problème de l'exemple est grave car il est, ou une aide réciproque
dans la poursuite de notre sanctification, ou une force d'entraînement vers
le relâchement. C'est pourquoi je crois utile de vous proposer, comme fruit
principal à retirer des prochaines retraites, la résolution bien sincère de
mieux nous acquitter, désormais, de l'obligation de donner le bon exemple.
Donner le bon exemple c'est, suivant le commandement de Notre-Seigneur,
faire briller sa lumière devant les hommes ; ne pas le donner, c'est cacher
cette lumière sous le boisseau, c'est enfouir ses talents. Notre choix est
déjà fait ; mais, pour nous aider à le confirmer et à mieux y adapter notre
vie, nous rappellerons brièvement :
I. L'importance de l'exemple en général ;
II. Son importance particulière dans les communautés ;
III. Quels sont les Frères plus spécialement obligés à donner le bon
exemple ;
IV. La conduite à tenir en face du mauvais exemple ;
V. Le devoir d'éviter le respect humain. 1. Importance de l'exemple en général. Dans notre vie spirituelle, il faut distinguer le rôle de la grâce et
celui de la volonté. La grâce en est le grand moteur selon la parole même
de Notre-Seigneur : « Sans moi vous ne pouvez rien faire. »
Mais la grâce n'entraîne pas fatalement la volonté qui peut toujours
choisir librement entre le bien et le mal. Or, dans ce choix il est un
facteur externe qui exerce une influence prépondérante, c'est l'exemple.
De même, dit l'abbé Marmy, que dans le domaine de la connaissance,
l'homme n'atteint la vérité qu'en passant par les choses sensibles dont son
intelligence se sert comme d'un tremplin, de même dans le domaine de la
moralité il n'atteint la perfection de la vertu que s'il trouve, pour
l'entraîner, des êtres en chair et en os, plus parfaits et plus vertueux
que lui » (Préface du livre Le Saint, le Génie, le Héros).
La force entraînante de l'exemple est universellement reconnue, comme
en témoignent les maximes suivantes :
« Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es ». Les paroles
émeuvent, les exemples entraînent ».
« Le chemin des préceptes est long, celui des exemples est court ».
« Les paroles ne persuadent jamais si la conduite et les actes
démentent » (Saint Jean Chrysostome).
« Il n'est pas de paroles qui aient l'éloquence de l'exemple : c'est
une prédication muette et j'apprécie davantage une once de bon exemple que
cent livres de discours » (Saint François de Sales).
« Pas de discours trahis ensuite par la conduite » (Mgr Cardijn,
fondateur de la J. 0. C.).
Le