Entretien de Robinson avec sa femme - La Bibliothèque ...
... et tous ensemble ils m'honorèrent d'un fort gracieux compliment à ce sujet et d'
un ...... côté, et s'élança sur le pauvre Sauvage, non pour le corriger, mais pour le
tuer. ...... Nous touchâmes d'abord à l'île de Madagascar, où, quoiqu'ils soient ......
Nous fûmes obligés de la passer dans un bac, et si les Tartares eussent eu ...
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Daniel de Foë Robinson Crusoé
[pic] BeQ
Daniel de Foë
Robinson Crusoé Traduction de Pétrus Borel
II La Bibliothèque électronique du Québec
Collection À tous les vents
Volume 537 : version 1.0 Du même auteur, à la Bibliothèque : Moll Flanders Robinson Crusoé II Édition de référence : Paris, Francisque Borel et Alexandre Varenne, Éditeurs, 1836.
Image de couverture : The Life and Strange Surprising Adventures of Robinson Crusoe. London :
Ernest Nister ; New York : E. P. Dutton & Co., 1895. Illustrated by Joseph
Finnemore (1860-1939), with G. H. Thompson (fl. 1833-84) and Archibald Webb
(1870- ?).
Nota : La dissertation religieuse dont il est souvent question dans les
notes de bas de page n'a pas été incluse ici. Elle n'est pas l'?uvre de
Daniel de Foe.
Deuxième volume
Le vieux capitaine portugais
Quand j'arrivai en Angleterre, j'étais parfaitement étranger à tout le
monde, comme si je n'y eusse jamais été connu. Ma bienfaitrice, ma fidèle
intendante à qui j'avais laissé en dépôt mon argent, vivait encore, mais
elle avait essuyé de grandes infortunes dans le monde ; et, devenue veuve
pour la seconde fois, elle vivait chétivement. Je la mis à l'aise quant à
ce qu'elle me devait, en lui donnant l'assurance que je ne la chagrinerais
point. Bien au contraire, en reconnaissance de ses premiers soins et de sa
fidélité envers moi, je l'assistai autant que le comportait mon petit
avoir, qui pour lors, il est vrai, ne me permit pas de faire beaucoup pour
elle. Mais je lui jurai que je garderais toujours souvenance de son
ancienne amitié pour moi. Et vraiment je ne l'oubliai pas lorsque je fus en
position de la secourir, comme on pourra le voir en son lieu. Je m'en allai ensuite dans le Yorkshire. Mon père et ma mère étaient
morts et toute ma famille éteinte, hormis deux s?urs et deux enfants de
l'un de mes frères. Comme depuis longtemps je passais pour mort, on ne
m'avait rien réservé dans le partage. Bref je ne trouvai ni appui ni
secours, et le petit capital que j'avais n'était pas suffisant pour fonder
mon établissement dans le monde. À la vérité je reçus une marque de gratitude à laquelle je ne
m'attendais pas : le capitaine que j'avais si heureusement délivré avec son
navire et sa cargaison, ayant fait à ses armateurs un beau récit de la
manière dont j'avais sauvé le bâtiment et l'équipage, ils m'invitèrent avec
quelques autres marchands intéressés à les venir voir, et tous ensemble ils
m'honorèrent d'un fort gracieux compliment à ce sujet et d'un présent
d'environ deux cents livres sterling. Après beaucoup de réflexions, sur ma position, et sur le peu de moyens
que j'avais de m'établir dans le monde, je résolus de m'en aller à
Lisbonne, pour voir si je ne pourrais pas obtenir quelques informations sur
l'état de ma plantation au Brésil, et sur ce qu'était devenu mon partner,
qui, j'avais tout lieu de le supposer, avait dû depuis bien des années me
mettre au rang des morts. Dans cette vue, je m'embarquai pour Lisbonne, où j'arrivai au mois
d'avril suivant. Mon serviteur Vendredi m'accompagna avec beaucoup de
dévouement dans toutes ces courses, et se montra le garçon le plus fidèle
en toute occasion. Quand j'eus mis pied à terre à Lisbonne, je trouvai après quelques
recherches, et à ma toute particulière satisfaction, mon ancien ami le
capitaine qui jadis m'avait accueilli en mer à la côte d'Afrique. Vieux
alors, il avait abandonné la mer, après avoir laissé son navire à son fils,
qui n'était plus un jeune homme, et qui continuait de commercer avec le
Brésil. Le vieillard ne me reconnut pas, et au fait je le reconnaissais à
peine ; mais je me rétablis dans son souvenir aussitôt que je lui eus dit
qui j'étais. Après avoir échangé quelques expressions affectueuses de notre ancienne
connaissance, je m'informai, comme on peut le croire, de ma plantation et
de mon partner. Le vieillard me dit : - « Je ne suis pas allé au Brésil
depuis environ neuf ans ; je puis néanmoins vous assurer que lors de mon
dernier voyage votre partner vivait encore, mais les curateurs que vous lui
aviez adjoints pour avoir l'?il sur votre portion étaient morts tous les
deux. Je crois cependant que vous pourriez avoir un compte très exact du
rapport de votre plantation ; parce que, sur la croyance générale qu'ayant
fait naufrage vous aviez été noyé, vos curateurs ont versé le produit de
votre part de la plantation dans les mains du Procureur-Fiscal, qui en a
assigné, - en cas que vous ne revinssiez jamais le réclamer, - un tiers au
roi et deux tiers au monastère de Saint-Augustin, pour être employés au
soulagement des pauvres, et à la conversion des Indiens à la foi
catholique. - Nonobstant, si vous vous présentiez, ou quelqu'un fondé de
pouvoir, pour réclamer cet héritage, il serait restitué, excepté le revenu
ou produit annuel, qui, ayant été affecté à des ?uvres charitables, ne peut
être réversible. Je vous assure que l'intendant du roi et le proveedor, ou
majordome du monastère, ont toujours eu grand soin que le bénéficier, c'est-
à-dire votre partner, leur rendît chaque année un compte fidèle du revenu
total, dont ils ont dûment perçu votre moitié. » Je lui demandai s'il savait quel accroissement avait pris ma
plantation ; s'il pensait qu'elle valût la peine de s'en occuper, ou si,
allant sur les lieux, je ne rencontrerais pas d'obstacle pour rentrer dans
mes droits à la moitié. Il me répondit : - « Je ne puis vous dire exactement à quel point votre
plantation s'est améliorée, mais je sais que votre partner est devenu
excessivement riche par la seule jouissance de sa portion. Ce dont j'ai
meilleure souvenance, c'est d'avoir ouï dire que le tiers de votre portion,
dévolu au roi, et qui, ce me semble, a été octroyé à quelque monastère ou
maison religieuse, montait à plus 200 moidores par an. Quant à être rétabli
en paisible possession de votre bien, cela ne fait pas de doute, votre
partner vivant encore pour témoigner de vos droits, et votre nom étant
enregistré sur le cadastre du pays. » - Il me dit aussi : - « Les
survivants de vos deux curateurs sont de très probes et de très honnêtes
gens, fort riches, et je pense que non seulement vous aurez leur assistance
pour rentrer en possession, mais que vous trouverez entre leurs mains pour
votre compte une somme très considérable. C'est le produit de la plantation
pendant que leurs pères en avaient la curatelle, et avant qu'ils s'en
fussent dessaisis comme je vous le disais tout à l'heure, ce qui eut lieu,
autant que je me le rappelle, il y a environ douze ans. » À ce récit je montrai un peu de tristesse et d'inquiétude, et je
demandai au vieux capitaine comment il était advenu que mes curateurs
eussent ainsi disposé de mes biens, quand il n'ignorait pas que j'avais
fait mon testament, et que je l'avais institué, lui, le capitaine
portugais, mon légataire universel. - « Cela est vrai, me répondit-il ; mais, comme il n'y avait point de
preuves de votre mort, je ne pouvais agir comme exécuteur testamentaire
jusqu'à ce que j'en eusse acquis quelque certitude. En outre, je ne me
sentais pas porté à m'entremettre dans une affaire si lointaine. Toutefois
j'ai fait enregistrer votre testament, et je l'ai revendiqué ; et, si
j'eusse pu constater que vous étiez mort ou vivant, j'aurais agi par
procuration, et pris possession de l'engenho, - c'est ainsi que les
Portugais nomment une sucrerie - et j'aurais donné ordre de le faire à mon
fils, qui était alors au Brésil. - » Mais, poursuivit le vieillard, j'ai une autre nouvelle à vous
donner, qui peut-être ne vous sera pas si agréable que les autres : c'est
que, vous croyant perdu, et tout le monde le croyant aussi, votre partner
et vos curateurs m'ont offert de s'accommoder avec moi, en votre nom, pour
le revenu des six ou huit premières années, lequel j'ai reçu. Cependant de
grandes dépenses ayant été faites alors pour augmenter la plantation, pour
bâtir un engenho et acheter des esclaves, ce produit ne s'est pas élevé à
beaucoup près aussi haut que par la suite. Néanmoins je vous rendrai un
compte exact de tout ce que j'ai reçu et de la manière dont j'en ai
disposé. » Après quelques jours de nouvelles conférences avec ce vieil ami, il me
remit un compte du revenu des six premières années de ma plantation, signé
par mon partner et mes deux curateurs, et qui lui avait toujours été livré
en marchandises : telles que du tabac en rouleau, et du sucre en caisse,
sans parler du rhum, de la mélasphærule, produit obligé d'une sucrerie. Je
reconnus par ce compte que le revenu s'accroissait considérablement chaque
année : mais, comme il a été dit précédemment, les dépenses ayant été
grandes, le boni fut petit d'abord. Cependant, le vieillard me fit voir
qu'il était mon débiteur pour 470 moidores ; outre, 60 caisses de sucre et
15 doubles rouleaux de tabac, qui s'étaient perdus dans son