Le texte libre perspectives - Pour une école nouvelle
24 janv. 2009 ... Classement libre d'images d'aliments. ... Préciser que dans ce jeu-ci, chaque
famille contient 4 cartes. ... Jeux et exercices individuels. On peut ...
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Le texte libre selon Célestin FREINET Perspectives pour une mise en ?uvre
I. Emergence d'un processus au service de l'écriture 4
A. Une activité libre quotidienne destinée aux enfants, 4
1. « De 3 à 150 ans ! » 4
2. Quand, où, comment ? 5
B. Une tâche d'écriture appréhendée dans sa complexité 6
1. Une véritable situation d'écriture 6
2. Une représentation juste de ce qu'écrire signifie 7
II. Disparition progressive des opinions préconçues 8
A. Crayon bleu, crayon vert, crayon rouge ? 8
1. Analyse des réticences liées aux problèmes de la correction des
textes 8
2. Problème de ceux qui n'ont pas d'idée 9
B. Et avec le texte libre 9
1. A compléter avec le chantier d'écriture 9
2. Les nouvelles technologies et le journal scolaire 10
« Tu vas voir, les enfants écrivent très mal. » m'a-t-on dit avant un
remplacement il y a quelques années. « Ils n'ont aucun style. Ils n'ont
aucune idée. Il faut leur mâcher le travail. » Après quelques heures
passées avec les élèves, je leur ai distribué une feuille vierge et je leur
ai dit : « Ecrivez ce que vous voulez. Racontez une histoire, inventez un
poème, décrivez votre voisin ou votre poisson rouge...Vous êtes libre
décrire un texte. Seule limite : vous lirez ensuite votre texte à vos
camarades. »Les élèves ont été surpris. « Ce n'est pas souvent que nous
pouvons écrire ce que nous voulons ! » Avait-on jamais donné aux élèves de
cette classe de CM1-CM2 les moyens de s'exprimer ? Les a-t-on jamais laissé
libre d'écrire ce qu'ils voulaient ? Pourtant, n'est-ce pas en écrivant, en
écrivant et en écrivant encore que l'écrivain s'améliore ?
Je me suis donc documenté. Les rédactions « scolastiques » tiennent encore
beaucoup de place dans les pratiques de classe. Les élèves écrivent des
textes qui la plupart du temps terminent dans un cahier, sur un paquet de
colle ...
Il existe un procédé, une méthode, les appellations diverges, qui souhaite
laisser à l'enfant le temps d'apprendre à écrire. Ses textes ne sont plus
seulement des « prétextes » sur feuilles à carreaux, mais deviennent de
véritables outils de communication et donc d'apprentissage.
Je me suis alors posé de nombreuses questions : Quel est donc ce texte
libre ? Comment peut-on le mettre en place dans sa classe ? Qui va se
charger de corriger tous les textes des enfants ? A quoi vont bien pouvoir
servir ces textes ? Célestin Freinet (1896, 1966), bien qu'il ne soit pas l'inventeur du
« texte libre », en est le théoricien[1]. Avec l'imprimerie à l'école, il
en fait à la fin des années 20 un outil pour communiquer mais aussi une
véritable ressource documentaire[2]. En effet, Freinet s'oppose avec
virulence aux manuels scolaires de l'époque. Il refuse l'apprentissage de
la lecture par la méthode syllabique qui selon lui détruit l'unité. C'est
là l'une des plus grande critique de sa méthode.
Par définition, le « texte libre », est produit avec le minimum de
contraintes institutionnelles. « L'idée de liberté contenue dans
l'expression « texte libre » ne s'applique pas au produit texte mais aux
conditions matérielles et psychoaffectives proposées aux enfants pour
qu'ils écrivent »[3]. L'enfant n'a pas seulement à être immergé dans un
bain culturel. L'écrit doit être une pratique qui se construit au contact
des autres, ie dans un milieu socialisant. L'écrit peut donc être qualifié
d'ouvrage collectif.
Freinet s'appuyait sur certaines statistiques selon lesquelles dans les
classes le temps des activités du français était réparti en grande majorité
pour la lecture, pour la grammaire, la conjugaison et l'orthographe, mais
assez peu pour l'oral et l'expression écrite.
Les écrits de Pierre Bourdieu ont éclairé les travaux de Freinet. Ils ont
montré que la rupture entre l'écrit tel qu'il est rencontré à l'école et
tel qu'il est rencontré dans le milieu familial résulte du maintien du
déséquilibre entre les classes dominantes et les classes pauvres[4].
L'inadaptation de beaucoup d'élèves à l'écrit tel qu'il est pratiqué en
classe résulte du fait qu'ils sont tenus d'abandonner aux portes de l'école
ce qu'ils entendent chez eux ; ce que l'institution considère comme une
sous culture[5].
Un débat est né dans les années 70, à cause d'une banalisation dans
l'utilisation du texte libre, de nombreux articles dans l'éducateur ou le
nouvel éducateur, à grand renfort de linguistes comme Benveniste et
Charolles, démontrent que sa pratique n'est pas dépassée[6].
Le texte libre peut donc retenir toute notre attention. Il permet d'aborder
les attitudes de l'écrivain, de développer ses capacités tant en écriture
(écriture manuscrite, ponctuation et orthographe), qu'en production de
texte. Au fur et à mesure de l'écriture, grâce à une correction méthodique,
l'élève et toute la classe s'interrogeront sur des points pratiques de
grammaire, de vocabulaire et d'orthographe. Enfin, par les sujets que les
enfants abordent, l'écrit n'est plus pour eux une tâche scolaire attachée à
la matière « français ». L'écrit devient un outil transversal. Ainsi, le texte libre de Freinet sert l'apprentissage de l'écrit. Il est
une activité universelle qui permet d'aborder la tâche d'écriture dans
toute sa complexité. Toutefois des interrogations demeurent : comment peut-
on corriger ces textes ? Se suffit-il à lui-même ? Est-il un outil de
transversalité ? Nous verrons que le « texte libre » permet l'émergence d'un processus au
service de l'écriture (I). Puis, dès lors que certaines contraintes auront
été analysées, les opinions préconçues disparaîtront progressivement (II).
Emergence d'un processus au service de l'écriture La pratique du texte libre se met au service de l'écriture parce qu'elle
s'apparente à une activité libre et quotidienne destinée aux enfants (A) et
parce qu'elle permet d'appréhender la tâche d'écriture dans sa complexité
(B). 1 Une activité libre quotidienne destinée aux enfants,
1 « De 3 à 150 ans ! » C'est en partie à cause du texte libre que Freinet a connu des journées
difficiles[7]. Les enfants sont libres décrire selon lui. Il n'accorde que
peu de limites à cette liberté. Les critiques des années 30 sont
nombreuses.
En 2006, un parent d'élève m'a dit son étonnement de voir son enfant libre
d'écrire ce qu'il veut. « Mais il ne sait pas écrire. Pourquoi ne pas
commencer à écrire des textes d'auteurs et à apprendre par c?ur les règles
d'orthographe et de grammaire... » Autrement dit, pour écrire, encore
faudrait-il apprendre les règles de fonctionnement de l'écrit (grammaire,
orthographe, vocabulaire) et bien connaître les « classiques ». Freinet
aurait répondu à cette opposition en indiquant que certes les écrits des
enfants sont chargés d'erreurs de tous types. Toutefois, il aurait ajouté
que pour autoriser un enfant à parler, l'apprentissage rigoureux des règles
d'éloquence ne sont semble-t-il pas nécessaire. Aussi, dès que l'enfant peut parler, le texte libre lui est destiné.
ROYCOURT et CROUZET parlent de « Genèse du texte libre à l'école
maternelle »[8].
Les enfants peuvent entrer dans l'écrit avec leurs propres mots. Ils
prennent conscience de l'acte d'écrire, de la joie de pouvoir raconter et
de pouvoir fixer une histoire qu'ils ont racontées. De plus, par ce procédé
les enfants vont découvrir progressivement les règles du langage écrit. Les
enfants vont se représenter chaque fois ce qu'écrire signifie, le lien
entre l'oral et l'écrit.
Dès lors que l'enfant peut ensuite écrire quelques mots, l'activité de
texte libre à proprement parler peut commencer...et en théorie, elle ne
devrait jamais s'achever. Même lorsque ses années d'études sont terminées,
la pratique de l'écriture libérée continuera. Les blogs informatiques n'en
sont-ils pas la preuve ?
Voyons les modalités de sa mise en ?uvre. 2 Quand, où, comment ?
Freinet apportent quelques indications sur sa pratique[9]. Toutefois, c'est
en recoupant les sources précitées qu'il m'a été possible de définir la
méthode de travail qui me convient. En maternelle, les enfants peuvent raconter les histoires qu'ils ont
entendues ou encore en inventer. Tous les jours, l'enseignant note sur une
grande feuille (type paper board), les idées des enfants. La dictée à
l'adulte est ici mise en ?uvre. Une correction est appliquée collectivement
au fur et à mesure. Un travail sur la cohérence textuelle est possible. Le
texte est ensuite recopié soit sur un grande affiche soit dans un cahier.
Toute la classe est invitée à imager, à dessiner l'histoire qui a été
racontée. L'écrit est enfin librement consultable dans la bibliothèque de
la classe. Les grandes affiches sont envoyées à tour de rôle dans les
familles. A partir du primaire, un temps minimum de 20 minutes plusieurs fois par
semaine porte ses fruits[10]. Dans tous les cas, le texte est incorporé au
plan de travail. L'élève doit alors organiser son temps pour le reste de la
semaine. Les élèves peuvent rester à leur place mais ils peuvent aussi se
rendre dans l'espace BCD pour trouver les idées qui leur manquent.
Il est également possible que les élèves écrivent des textes chez eux. Nous
pourrons alors lire ces derniers dés le matin à toute la classe lors du
« quoi de neuf ?».
La quantité ne fait pas le texte. Un élève de CE2 qui a écrit deux lignes
aurait en quelque sorte, rempli son contrat. Je suis certain qu'au fur et à
mesure des textes, ce cas de figure ne se présentera plus. Au contraire,
après plusieurs text