Jean-Paul Desbiens - Champagnat.Org

Avec le peigne dans une main et les ciseaux dans l'autre, Paul s'approcha du
fauteuil. La baguette à la ... Jean met sa serviette, prend une fourchette et son c
outeau puis attend. L'instrument ...... Les élèves ont réalisé plusieurs exercices
dans la cour. Les élèves ...... Items 51 et 52 : Laurent doit choisir un métier. Il a
trois ...

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Jean-Paul Desbiens
CE QUE JE CROIS Mont-Champagnat
Château-Richer
2012
Jean-Paul Desbiens, fms 1927-2006 Présentation Dans le Motu Proprio « Porta Fidei », le pape Benoît XVI a annoncé une
« Année de la foi ». Elle débutera le 11 octobre 2012, pour le cinquantième
anniversaire de l'ouverture du concile Vatican II, et se conclura en la
solennité du Christ Roi, le 24 novembre 2013. La chrétienté est donc invitée à vivre une année entière de réflexion et
de méditation sur la foi. Je vous offre ci-après en lecture un texte
dans cette ligne de pensée, un texte qui peut servir opportunément de
guide dans la démarche que l'Église nous invite à faire en vue
d'approfondir notre foi. Dans son ouvrage « À l'heure qu'il est », Jean-Paul Desbiens, fms, nous
livrait un texte empreint de sa franchise personnelle. Voici en quels
termes il était parvenu à décider, pour sa part, à mettre par écrit la
décision qu'il venait de prendre concernant son projet de réflexion
personnelle sur sa foi : « Voilà un bon moment que je songe à écrire un « Ce que je crois. » Ces
jours-ci, je me décide à m'y atteler. Je reconnais que « Une foi partagée »
de Fernand Dumont, publié quelques mois avant sa mort, aura joué un rôle
dans ma décision. Je note aussi une manière de coïncidence : Dumont a
publié son volume au moment où il approchait de ses 70 ans. De plus, je
relis le « Ce que je crois » de Guitton, publié alors que ce dernier avait
71 ans. » Plusieurs auteurs, souvent de grande notoriété, ont composé articles ou
livres portant ce titre : Ce que je crois, (1) qui suscite chez tout
lecteur une vive curiosité. Pour vous rendre compte du fait que plusieurs
écrivains aient publié livres ou articles sous ce titre, il vous suffit de
composer tout simplement sur Internet : « CE QUE JE CROIS », et vous verrez
le nombre impressionnant des auteurs qui ont tenu à publier un ouvrage ou
un article sous ce même titre. Vous vous rendrez vite compte de la grande
variété des « croyances » que les écrivains jugent dignes de recevoir une
telle attention en consacrant autant de pages en réponse à cette
affirmation qui revêt un ton solennel. Mais le choix d'un titre n'explique
pas tout! Les auteurs qui, comme Jean-Paul Desbiens, ont tenu à mettre par écrit
ce qu'ils croient méritent qu'on se donne la peine se prendre connaissance
des réponses qu'ils nous livrent. En effet, ceux qui se donnent la peine
de se poser d'abord cette question et qui acceptent d'y répondre ensuite
soulèvent ainsi chez tout lecteur une vive curiosité. Jean-Paul Desbiens a voulu, lui aussi, susciter chez ses lecteurs cette
même curiosité en ce qui le concerne. En toute franchise, il a tenu à
exposer sa propre réponse qui se présente à nous sous une sorte
d'affirmation globale péremptoire soigneusement structurée : « Voici ce que
je crois. » En parcourant le texte de la réponse qu'il offrait à ses lecteurs en 2001,
à l'âge de 80 ans, votre curiosité sera sans doute satisfaite car, dans le
court article qu'il nous livre alors, Jean-Paul Desbiens vous présente une
réponse motivée qui fait appel à des aspects révélateurs de sa vaste
culture, de ses abondantes lectures, de son information à jour et, surtout,
de ses convictions personnelles les plus profondes. Et, qui sait? Cela vous invitera peut-être à répondre vous-même à une
invitation secrète en confiant à votre journal personnel les secrets de
votre plus profonde croyance... Une décision qui vous offrira une occasion
en or de bien préciser ce que vous croyez. À votre tour, vous aurez tenu à relever dans des pages très personnelles de
votre journal le défi que Jean-Paul Desbiens a voulu relever, pour sa
part, en mettant sous nos yeux son « Ce que je crois. »
Laurent Potvin, fms
(1) Dans ses écrits, Jean-Paul Desbiens a donné au présent texte deux
titres différents, un en latin : CREDO, et un en français : CE QUE JE
CROIS. Ce même texte a pu aussi lui servir de texte de base de conférences
à divers auditoires.
CE QUE JE CROIS
Dans l'introduction au Traité fondamental de la foi, Karl Rahner écrit :
« Qu'est-ce qu'un chrétien et quelle est la raison qui aujourd'hui rend
possible de donner corps à l'être-chrétien, en toute probité
intellectuelle ? La question part du fait de l'être-chrétien, même si celui-
ci, en chaque chrétien aujourd'hui, présente, encore une fois, bien des
différences, une diversité conditionnée par le degré personnel de maturité,
l'extrême disparité de notre situation sociale, et partant aussi
religieuse, les particularités psychologiques, etc. Mais c'est aussi ce
fait qui doit être ici objet de réflexion ; et il doit se justifier lui-
même devant notre conscience de la vérité, en "rendant raison de
l'espérance qui est en nous [1]. »
Rahner emprunte les huit derniers mots de ce passage à saint Pierre :
« Soyez toujours prêts à vous défendre devant quiconque vous demande raison
de l'espérance qui est en vous, mais avec douceur et crainte » (I P 3, 15-
16). Saint Pierre a écrit ou dicté cette épître vers 62-64. Il s'adressait
à des chrétiens d'origine païenne et de provenance modeste. Pour les
chrétiens auxquels saint Pierre demandait d'être toujours prêts à rendre
raison de leur espérance, il ne s'agissait certainement pas d'exiger de
leur part un plaidoyer, une argumentation, une démonstration d'ordre
intellectuel. Il s'agissait de bien plus : il s'agissait de faire face à
une hostilité grandissante et universelle. En clair, c'était au début de
l'ère des persécutions légales, officielles. Il s'agissait d'être prêts à
affronter la mort en témoignage de sa foi.
Dire sa foi, signer un « ce que je crois » présente des difficultés au plan
de l'expression, mais ce problème est négligeable. Il s'agit alors de ne
pas parler au-dessus de son instruction. Il en va autrement au plan de la
vérité. Paraphrasant Jeanne d'Arc, je dirais : « Si j'ai la foi, Dieu m'y
garde ! Si le ne l'ai pas, Dieu m'y mette ! » Je pense surtout à saint
Jacques : Estote factores Verbi (1,22). Si l'on traduit littéralement, on
obtient : « Soyez les fabricants, les fabricateurs de la Parole. » Il
s'agit alors de ne point parler au-dessus de sa conviction. Et la mesure de
sa conviction, c'est la mort. Domenach le sentait quand il écrivait (je
cite de mémoire n'ayant plus l'ouvrage sous la main) : « Si l'on n'est pas
sous la hache du bourreau, il y a une certaine facilité, pour ne pas dire
impudeur, à professer sa foi ». Mais même en péril de mort, Jésus lui-même
n'a-t-il pas dit : « Lorsqu'on vous conduira devant les synagogues, et les
magistrats et les pouvoirs, ne vous mettez pas en souci de ce que vous
répondrez ni comment, ou de ce que vous direz, car le Saint-Esprit vous
enseignera à l'heure même ce qu'il faut dire » (Lc 12, 11-12).
Bien en deçà de ce suprême témoignage, rendre compte de sa foi ne peut pas
vouloir dire se sentir capable d'exposer même sommairement l'immense
réflexion théologique et spirituelle élaborée depuis les Pères de l'Église
jusqu'à la plus récente encyclique de Jean-Paul II. Il ne s'agit même pas
de vivre sa foi comme les tout premiers chrétiens, selon le tableau
idyllique qu'en donne saint Luc dans les Actes (4 32-36). On sait
d'ailleurs qu'avant cette description même, saint Paul avait été amené à
dénoncer sévèrement la manière de célébrer l'Eucharistie par des groupes de
chrétiens. Que l'on songe aussi à la conduite d'Ananie et Saphire (Actes, 5
1-11) ou encore, aux reproches sarcastiques de saint Jacques (2, 1-4).
Le présent ouvrage contient une quinzaine de témoignages sur le modèle de
ceux que Grasset a publiés dans la collection Ce que je crois où l'on
trouve des exposés de croyants, mais aussi d'incroyants [2]. Cette remarque
m'amène tout de suite à dire qu'il est impossible d'évacuer toute forme de
foi. Ainsi, il faut bien que je croie que la vie existe sur cette planète
depuis des dizaines de millions d'années. Ou encore, que l'étoile la plus
proche est située à 40,6 trillions de kilomètres de la terre. Plus
radicalement, je crois que je suis le fils de mon père et de ma mère. Je le
crois, dis-je, et il ne s'agit aucunement d'une foi surnaturelle. Il vaut
la peine d'écouter ici saint Augustin : Quelle infinité de choses je crois sans voir, sans être là quand
elles arrivent ! Tant de l'histoire des peuples, tant de régions et de
villes que je n'ai jamais vues, tant et tant sur la parole d'amis, de
médecins, de telles et telles gens ! À moins que de les croire, on ne
ferait rien, ce qui s'appelle rien, en cette vie. Pour finir, je me
rappelle, et c'est, combien ferme, une conviction ancrée dans mon âme,
de quels parents je suis né, et le moyen que je le sache à moins que
de croire comme j'ai ouï dire ? [3] La foi (je parle maintenant de la foi surnaturelle) n'est pas un savoir au
sens où l'on reconnaît le savoir d'un médecin, d'un scientifique, d'un
théologien, d'un historien. La foi n'est pas non plus une évidence.
L'évidence périme toute foi, même la foi surnaturelle. Saint Paul le
déclare expressément (I Co 13,13). La foi n'est pas non plus un sentiment.
La foi est une certitude [4].
Parlant de certitude, je