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26 août 2006 ... ... du plus grand bonheur pour le plus grand nombre (Bentham, Mill) et .... de
codifier à l'intérieur de lui-même l'exercice de notre liberté sauvage ». .... il aurait
corrigé et renforcé le point de vue de Beccaria selon lequel le droit ...

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|Alvaro Pires |
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|Criminologue, École de criminologie, Université d'Ottawa |
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|(1998) |
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|"Kant face à la justice |
|criminelle" |
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|Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, |
|bénévole, |
|professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi |
|Courriel: jean-marie_tremblay@uqac.ca |
|Site web pédagogique : http://www.uqac.ca/jmt-sociologue/ |
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|Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences |
|sociales" |
|Site web: http://classiques.uqac.ca/ |
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|Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque |
|Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi |
|Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ |
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Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay,
bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de :



Alvaro Pires
Criminologue, École de criminologie, Université d'Ottawa.


"Kant face à la justice criminelle".


Un article publié dans l'ouvrage de Christian Debuyst, Françoise
Digneffe, Jean-Michel Labadie et Alvaro P. Pires, Histoire des savoirs sur
le crime et la peine. Tome II : La rationalité pénale et la naissance de la
criminologie, Chapitre 4, pp. 145-205. Les Presses de l'Université de
Montréal, Les Presses de l'Université d'Ottawa, De Boeck Université, 1998,
518 pp. Collection : Perspectives criminologiques.




Avec l'autorisation formelle de M. Alvaro Pires, professeur de
criminologie, Université d'Ottawa, le 2 août 2006.


[pic] Courriel : alpires@uottawa.ca



Polices de caractères utilisée :

Pour le texte: Times, 12 points.
Pour les citations : Times 10 points.
Pour les notes de bas de page : Times, 10 points.




Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word
2004 pour Macintosh.

Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5'' x 11'')

Édition numérique réalisée le 26 août 2006 à Chicoutimi, Ville de Saguenay,
province de Québec, Canada.

[pic]

Alvaro Pires
Criminologue, département de criminologie, Université d'Ottawa

"Kant face à la justice criminelle"

[pic]

Un article publié dans l'ouvrage de Christian Debuyst, Françoise
Digneffe, Jean-Michel Labadie et Alvaro P. Pires, Histoire des savoirs sur
le crime et la peine. Tome II : La rationalité pénale et la naissance de la
criminologie, Chapitre 4, pp. 145-205. Les Presses de l'Université de
Montréal, Les Presses de l'Université d'Ottawa, De Boeck Université, 1998,
518 pp. Collection : Perspectives criminologiques.




Table des matières





La philosophie politique de Kant

Kant, le contrat social et la fonction du gouvernement
Kant et le principe de l'intervention minimale de l'État
Le contrat social et l'utilitarisme

La théorie rétributive de la peine criminelle

La notion de « rétributivisme »
Un prédécesseur de Kant : la doctrine de l'expiation de St-Anselme
Les grands traits de la théorie rétributive de la peine criminelle de
Kant


Le fondement du droit de punir
Le but de la peine criminelle
Le principe de la volonté libre et rationnelle
Le principe de l'exclusion des mesures alternatives et de la
critique du pardon
Le principe de l'obligation morale absolue de punir
Les principes de l'analogie et de la proportionnalité impérative


La définition du « crime public » chez Kant
Le débat entre Kant et Beccaria sur le contrat social

Pour sortir de la bouteille à mouches : l'autre Kant


La dignité humaine revisitée
Un nouveau point de départ méthodologique
Le principe du droit étatique tout entier comme « droit public »
Le principe de la paix durable et universelle comme objectif du droit
tout entier
Le principe du contrat social et de l'autorisation de sanctionner


Figure 1. La théorie rétributive de la peine criminelle de Kant comparée
à la théorie utilisatrice classique de Beccaria

Alvaro Pires
Criminologue, École de criminologie, Université d'Ottawa.

"Kant face à la justice criminelle".


Un article publié dans l'ouvrage de Christian Debuyst, Françoise
Digneffe, Jean-Michel Labadie et Alvaro P. Pires, Histoire des savoirs sur
le crime et la peine. Tome II : La rationalité pénale et la naissance de la
criminologie, Chapitre 4, pp. 145-205. Les Presses de l'Université de
Montréal, Les Presses de l'Université d'Ottawa, De Boeck Université, 1998,
518 pp. Collection : Perspectives criminologiques.






Introduction








Retour à la table des matières


Le génie philosophique de Kant et l'influence puissante que son oeuvre
exerce sur la philosophie moderne et contemporaine sont indéniables.
Abondante et complexe, son oeuvre est aujourd'hui encore au centre des
débats des spécialistes. Kant est aussi l'un des grands classiques de la
philosophie pénale dans les deux sens du terme. Tout d'abord, parce que la
compréhension de sa philosophie pénale « constitue jusqu'à nos jours une
référence pour la discussion du droit pénal » (Höffe, 1993 : 230). Ainsi,
que sa théorie de la peine nous plaise ou non, sa compréhension est
fondamentale pour éclairer certains aspects de la rationalité pénale
contemporaine. Ensuite, parce qu'il est aussi un classique « vivant » en ce
sens que sa philosophie politique, éthique et juridique constitue une
source de renouvellement pour la rationalité juridico-pénale, à condition
cependant qu'on accepte de conserver une distance critique par rapport à sa
théorie de la peine proprement dite. Le mouvement de « retour à Kant »
(zurück zu Kant) que nous constatons aujourd'hui illustre bien son
originalité et son importance. Mais ce retour, en matière pénale, doit
passer par une opposition de Kant avec lui-même. Son oeuvre nous fournit
suffisamment d'éléments pour ce faire. D'ailleurs, il me semble qu'une
actualisation critique de la pensée kantienne en matière pénale
respecterait davantage l'esprit global de sa pensée, que la simple
répétition des idées qu'il explicite dans ce domaine.


Toutefois il importe de rappeler que si Kant est un classique de la
philosophie, il n'a pas été considéré comme tel par le criminologue. Encore
aujourd'hui, il est inusité de traiter de Kant dans les ouvrages
criminologiques. On peut spéculer sur les raisons (bonnes et mauvaises) de
ce silence. Car s'il est vrai que Kant a écrit peu à propos de la justice
ou de la philosophie pénale, et rien sur l'explication des conduites
déviantes, ce qu'il a dit de la peine criminelle a eu une influence majeure
sur notre système de pensée en matière pénale. À un point tel qu'un bon
nombre d'interprètes semblent croire, à tort ou à raison, que sa théorie de
la peine constitue la principale alternative aux théories utilitaristes.


On peut dire que le criminologue s'est surtout intéressé à la transition
qui s'est opérée entre une conception du libre arbitre et une vision
déterministe du monde ou si l'on veut, une conception scientifique
« pathologique » du passage à l'acte (« modèle médical »). Il a mis en
valeur alors le contraste entre deux courants de pensée, l'« école
classique » et l'« école positive ». Cependant, il faut noter que la
première appellation n'inclut pas d'ordinaire la théorie rétributive de
Kant [1] et de ses successeurs. Ce choix est relié à certains soucis
théoriques propres à sa discipline. Cependant il est aussi probable que
certains aspects de la pensée kantienne aient également contribué à ce
silence. Höffe (1993 : 230) note que « face aux efforts de son temps pour
supprimer les châtiments corporels et là peine de mort, les revendications
de Kant exigeant