Jean Damascène et l'Islam. - En quête de Philosophie

En comparant le théologisme et l'humanisme, on obtient d'abord, d'un côté l'
attitude dogmatique, liée à l'exercice de l'autorité et à l'acceptation de l'ordre, sur
la ...... Le chapitre II Islam et Sécularité reproduit le texte, revu et corrigé, d'une
étude parue dans les livraisons 2 et 3 du Jahrbuch für Religionswissenschaft und
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Jean Damascène et l'Islam. - 1957, 1958. - Les parties III et IV prévues
non rédigées. - Réunion des parties I et II en un fascicule séparé. -
Deuxième édition remaniée 1994. Plan :
(Introduction).
I. Information, Sources et valeur.
II. Son appréciation de l'Islam, Motifs et valeur. Introduction :
« ... Les pages qui suivent sont en quelque sorte le résultat d'une
lecture commentée des deux textes signalés [de haeresibus, n° 101, et
disputatio saraceni et christiani], lecture commandée par le souci de
comprendre les différents types d'attitudes prises par des chrétiens à
l'égard de l'islam, et d'en examiner la valeur dans la perspective des
conditions de possibilité et des limites d'un dialogue religieux islamo-
chrétien. Elles se veulent comme un premier pas d'une longue démarche qui
suivrait le chemin suivant :
Au départ, montrer, par l'étude analytique et critique de la
littérature apologétique chrétienne et musulmane, que certaine apologétique
est sans issue et non constructive, qu'elle inclut une attitude d'esprit
vouant d'avance le dialogue à l'échec.
Une reconversion du regard s'impose donc. Cet effort constructif
portera d'abord sur les raisons de cet échec, qui se ramènent finalement à
l'équivoque de base sur l'idée du « religieux » et de la religion.
Équivoque qui ne se peut lever que par la dissociation entre ce qu'on
pourrait appeler l'essence du religieux, ou de telle religion, et les
formes multiples de son apparition et de sa traduction.
Sous cet éclairage, serait abordée l'étude de l'islamisme et du
christianisme considérés comme deux types de religion plus ou moins
tributaires de deux contextes idéologiques différents, quoique non
totalement étrangers l'un à l'autre.
Cette comparaison, instituée au niveau des sources d'inspiration, fera
prendre conscience des possibilités du dialogue et de ses limites. »
Conclusion :
« ... jugements non objectifs : J.D. comprend l'islam en chrétien, lui
impose une interprétation chrétienne, ne tient pas compte du changement de
sens que la diversité des contexte peut imprimer aux mêmes termes, enfin
s'attache obstinément à des détails insignifiants à travers lesquels il
prétend montrer le vrai visage de l'islam, et par là s'épargne l'effort de
découvrir les articulations essentielles de cette religion.
... J.D. veut avoir raison, et pour cela pratique le procédé de
l'ironie, adopte la politique du discrédit. C'est là une attitude de
polémiste à l'état pur, qui nous vaut de ces jugements inconsidérés. Faute
du minimum de sympathie requis pour comprendre « l'autre », on s'interdit
tout dépaysement fructueux. Le polémiste, un tel polémiste, est par essence
un fanatique, d'autant plus aveugle qu'il érige sa façon de voir les choses
en règle de vérité, et qu'il s'érige lui-même en défenseur de cette vérité
devenue sa propriété privée.
...
Quoi qu'il en soit de la responsabilité de J. D. lui-même, la question
essentielle est de savoir ce que vaut l'attitude polémique dans la
perspective du dialogue religieux. Il faut répondre qu'elle est, comme
telle, foncièrement opposée à l'esprit chrétien et à l'essence du dialogue
religieux. L'esprit chrétien est un esprit de vérité vivante et de charité
clairvoyante, deux termes que seule une pensée étourdie et mal avisée peut
mettre en conflit : quand la charité est blessée, c'est la vérité qui est
trahie. Le dialogue, s'il doit, pour être authentique, s'établir sur
d'autres bases que le compromis et la composition, ne peut se créer que
dans la lucidité intellectuelle, ni s'entendre que comme une recherche de
la vérité, entreprise dans le cadre réaliste de la rencontre des personnes
dans la visée de l'essentiel. »
Paul d'Antioche, évêque melkite de Sidon (XIIe s.), 1964.
Paul d'Antioche, Traiés théologiques, ... 1994. Plan :
Introduction :
Préliminaires.
Chapitre premier. - Paul de Sidon, écrivain du XIIe siècle.
Chapitre II. - Le corpus authentique.
Chapitre III. - Description de l'?uvre.
Chapitre IV. - L'entreprise apologétique :
A - Théologie démonstrative.
B - Théologie chrétienne selon le Coran.
C - Pour un dialogue islamo-chrétien.
Conclusion.
Introduction :
«... Mais tandis que les Pères grecs ont réussi à adapter le
christianisme à sa nouvelle forme grecque, les Arabes chrétiens - en cela
plus proches des Pères apostoliques - n'ont pas songé, semble-t-il, à lui
donner sa « forme arabe...
Ce qui est mis en jeu dans cette ?uvre d'adaptation par quoi se
définit l'apologétique, c'est à la fois la pureté de la doctrine et
l'authenticité de sa transmission. Une doctrine, en ce qu'elle a
d'essentiel, n'est point un donné. Ce qui est donné, c'est une forme de
traduction de l'essentiel, une façon de le comprendre, de le chercher, de
le signifier. Aussi faut-il affirmer à la fois la transcendance du Message
chrétien par rapport aux théologies, et son immanence à ces formes
culturelles dans lesquelles il a été reçu. Comme, d'autre part,
l'apologiste prétend parler à quelqu'un qui n'appartient pas à la même
culture, une double question se pose concernant son effort d'adaptation.
D'abord, qu'est-ce que l'apologiste a essayé d'adapter, de mettre à la
portée des interlocuteurs visés ? En d'autres termes : qu'a-t-il transmis,
le Message essentiel ou telle théologie dont il est tributaire ? Si c'est
un système théologique particulier qui lui sert à faire comprendre le
Message, ne risque-t-il pas de ne point se faire entendre, au cas où la
théologie ne serait pas familière à l'interlocuteur ? Ne point dissocier le
Message et les théologies, dans ce cas, serait vouloir imposer une culture
plutôt qu'en transmettre l'essentiel. D'où la seconde question :
l'apologiste s'est-il adapté à la forme culturelle propre à ses
interlocuteurs ? S'est-il exprimé dans leur langue, dans cette culture ?
L'apologiste, il est vrai, est bien forcé, exprimant des idées nouvelles,
de charger les mots de significations nouvelles ; mais, sous peine de
n'être pas saisies, ces significations nouvelles doivent se greffer sur les
significations primitives dont l'ensemble constitue l'univers mental
caractéristique d'une culture.
La réponse à cette double question permet de juger une attitude
apologétique, d'évaluer son degré d'approximation de l'idéal de
l'apologiste chrétien que serait la création d'une nouvelle forme du
christianisme s'exprimant dans une nouvelle théologie, compte tenu du
mouvement historique de déprovincialisation et d'universalisation des
cultures. C'est bien là l'exigence du Message essentiel : être reçu dans
toute culture, s'y exprimer, y vivre, y être vécu, y être compris. Sans
quoi, il sera toujours possible de douter si l'apologiste a été fidèle au
Message et à ses exigences, s'il l'a fait entendre et s'et fait entendre,
bref s'il a vraiment parlé, s'il a été ministre de la Parole.
Or il faut reconnaître que, faute d'avoir saisi dans sa plénitude le
double caractère transcendant et immanent du christianisme, les apologistes
chrétiens d'expression arabe n'ont pas su dégager l'essentiel du
christianisme de la forme dans laquelle ils l'avaient eux-mêmes reçu, pour
l'élaborer en « théologie arabe » et lui donner sa « forme arabe » ; il
semble même que dans la majorité des cas, ils n'aient pas su entrer
réellement en dialogue avec les musulmans. Dans la pus entière bonne foi,
ils sont restés prisonniers de la forme byzantine du christianisme et de ce
qu'on pourrait appeler la théologie byzantine de l'Islam - à savoir l'Islam
vu selon la théologie byzantine, - et partant, leur dialogue avec les
musulmans, quand il ne s'est pas réduit à une vaine polémique, ne fut
qu'une pseudo-apologétique, qu'un dialogue de sourds tissé de
malentendus. » Description de l'?uvre (fin) :
«Paul d'Antioche a compris que la raison, la raison théologique, était
le seul moyen d'action vraiment efficace, et par l'attitude objective et
irénique qu'elle fait adopter aux partenaires du dialogue, et parce que,
langage commun, seule elle donne sa forme d'universalité à une religion que
son défenseur prétend situer par delà les particularismes de race et de
culture.» Théologie démonstrative :
«... la théologie positive ne constitue pas au sens propre une
théologie démonstrative. La théologie défensive, elle non plus, ne fonde
pas les vérités religieuses en raison, mais les justifie, c'est-à-dire
montre qu'"elles n'impliquent pas de contradiction et sont donc
acceptables, inattaquables. Seule une théologie déductive serait au sens
strict démonstrative, et aurait pour rôle de découvrir de nouvelles
vérités, d'aboutir par raisonnement à des conclusions nouvelles, et de
fonder les vérités religieuses en en procurant la «claire vision», les
rattachant comme conclusions nécessaires à des principes évidents et les
constituant en un système cohérent. Une théologie déductive serait
indépendante de la révélation et lui serait rigoureusement parallèle, elle
ne présupposerait pas vraie telle révélation pour chercher à s'y conformer,
mais la jugerait selon ses propres principes établis.»
«... Or le mystère révélé dans l'Écriture n'est compris que sur un
mode analogique.
Ce qui renvoie à l'anthropomorphisme comme à la raison des analogies.
Si d'une part Dieu est situé à un niveau supérieur au niveau directement
compréhensible et explicable des êtres créés, et si