Le développement Psychopathe-Spirituel de John ... - CMGlobal

Les textes sont dans ce cas-ci les Exercices Spirituels d'Ignace de Loyola et .....
Dans de précédentes lettres à Louis (11, 13 et 17) il corrige l'orthographe, ... aux
procurateurs à Macao d'une manière générale et à Torrette en particulier.

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Le développement psycho- spirituel
de Jean-Gabriel Perboyre par Eugene Curran, C.M. Province d'Irlande
« La dernière tentation est la plus grande trahison;
Faire ce qui est bien pour une mauvaise raison. » T. S. Eliot, Meurtre dans la cathédrale Au bout du couloir de l'université de All Hallows, où se trouve mon
bureau, il y a une statue de plâtre de Jean Gabriel Perboyre. C'est un
modèle classique du début du XXe siècle. Jean Gabriel est suspendu, tête
basse, habillé de vêtements chinois. La silhouette semble relativement
frêle et penchée. Les couleurs sont modérées et douces. C'est une image qui
se trouve probablement dans nombre d'établissements vincentiens de par le
monde. Elle évoque un homme qui a supporté la souffrance avec patience, qui
a accepté la volonté de Dieu, qui est allé paisiblement et avec piété à son
martyre. C'était un bon berger offrant sa vie pour le troupeau; c'était le
grain de froment moulu pour être purifié par sa mort. Tout à l'opposé, on trouvait la peinture du martyr nouvellement
canonisé qui était située l'année dernière dans le sanctuaire de Saint Paul
Hors les Murs Paul. Ici, notre confrère lève sa tête vers le ciel. Les
couleurs sont fortes et éclatantes, des bleus riches et des mauves
profonds. Ce qui est le plus frappant, cependant, c'est la représentation
de son corps. Ce n'est pas un homme frêle mais "un chrétien musclé" à tout
point de vue. Les vêtements sont déchirés et laissent voir sa musculature
et sa force. Ma réaction immédiate, même si elle est irrévérencieuse, en
voyant ceci c'était que Jean Gabriel était comparé à Rambo, comme héros
d'action. Voici le héros courageux et vaillant qui a fait face à la mort
avec courage et force d'âme; c'était un guerrier et un héros. Lequel, si l'en est, est le vrai Jean-Gabriel ? Nous savons que sa
santé physique a toujours été pour lui source de souci et que, pendant un
certain temps, il a pensé qu'il ne pourrait pas accomplir son rêve d'aller
en mission en Chine. Nous savons qu'il a souffert d'une hernie qui a été
pour lui cause de grande souffrance et l'a parfois frappé d'incapacité.
Pourtant nous savons également que, à la différence de son frère Louis, il
a survécu au voyage pour se rendre en Chine et aux voyages en Chine. En
fait nous savons qu'il a constaté que l'environnement chinois semblait
mieux convenir à sa santé que la ville de Paris (lettre 69.) Saints : Icônes et Images La manière dont nous dépeignons nos saints en indique autant à leur
sujet qu'elle le fait pour nous. La manière dont ils nous sont offerts
comme modèles que nous pourrions imiter dans notre foi, nous les fait
façonner à l'image de ce que nous espérons être. Ils sont des icônes du
divin pour nous; ce que Joan Chittister a appelé « fragments du visage de
Dieu. » Pourtant les images que nous en peignons, coulons et moulons,
indiquent également ce que nous voulons qu'elles soient pour nous, et ce
que nous voulons qu'elles soient pour nous, peut et de fait se modifie avec
le temps.
Le Jean Gabriel de la révolution de la dévotion de la fin du 19ème
siècle et le Jean Gabriel de l'Église après Vatican II sont le même homme
mais vu avec des perspectives très différentes. De la même manière que le
Vincent de Paul d'avant la révolution de la dévotion- (comme dans la rue
saint Pierre à Rome) a été dépeint comme missionnaire énergique, croix de
mission en main, indiquant le ciel et exhortant celui qui le contemple à la
foi, et le Vincent « de la dévotion » a été dépeint comme le gentil père
des orphelins, bravant souvent les éléments, abritant les enfants sous son
manteau, et est maintenant le plus souvent dépeint comme celui qui est « au
milieu » (comme le dessin de Kurt Welther ou la statue De Paul, à Chicago),
ainsi nos représentations de Jean Gabriel Perboyre ont changé.
Le point de départ qui a inspiré cette étude présente est un livre de
Susan McMichaels. Dans Hors du jardin, elle parle de son désir de montrer
saint François d'Assise comme quelque chose d'autre qu'une statue de
jardin, "une icône culturelle statique de gentillesse inaccessible et de
paix." En réaction à la vue sentimentalisée de François, elle dit que "nous
devons apprécier la lutte qu'il a subie et être disposé à subir la même
transformation."
La méthodologie pour ce travail, qui sera précisée plus loin, je l'ai
développée pour un premier travail publié dans Colloque, paru au printemps
2000 ; « la Transfiguration de l'ordinaire ; le développement psycho-
spirituel de Louise de Marillac », qui avait pour sous-titre « Louise était-
elle vraiment névrosée ? »
De même qu'avec Louise, avec Jean Gabriel aussi : on doit mettre en
pratique ce qu'Élisabeth Schussler Fiorenza a appelé « une herméneutique du
soupçon. » Juste comme François et Louise, il y a un mythe durable de Jean
Gabriel, perpétué dans la tradition orale de la Congrégation et dans les
représentations que l'art en a fait : comme quelqu'un qui, presque en
parallèle à la passion du Christ, a enduré son propre Chemin de Croix. Il a
été trahi par un compagnon, a enduré la moquerie et le mépris et est mort
sur une croix. Une herméneutique du soupçon nous demande d'être prudent
pour ne pas prendre les choses seulement d'après leur apparence et
d'approfondir la motivation.
En outre, comme martyr, nous avons tendance à comprendre son
acceptation du martyre comme un signe d'une spiritualité profonde et
développée. Sa sainteté est certifiée par la déclaration de sa canonisation
mais elle nous donne peu d'indication au sujet de l'homme qui a été
martyrisé. Par certains côtés, le martyre est une intervention directe dans
le cours d'une vie et exige une réponse immédiate. Que Jean Gabriel était
disposé à répondre et témoigner de sa foi même jusqu'à la mort, cela est
incontestable; ce que cette étude va tenter d'explorer, c'est comment il en
est arrivé là, à partir de quelle perspective il a pu prendre cette
décision et comment sa vie jusque là l'avait préparé pour le choix qu'il
avait fait. La citation d'Eliot, Meurtre dans la Cathédrale, qui traite du
martyre de Thomas Becket, nous rappelle que l'acte du martyre en soi dit
peu sur la motivation qui pousse à subir, à accepter un tel martyre.
Laissez-moi vous préciser ma position dès le début : une telle image
de Jean Gabriel m'a laissé froid et ne m'a pas touché. Un confrère français
était mort en Chine un siècle et demi avant ma naissance. Je savais peu de
choses à son sujet et n'ai pas cherché à en savoir plus. Les images ne
m'ont pas attiré ; je ne savais rien sur sa pensée et ses sentiments. Il
n'avait aucune personnalité pour moi, il a seulement eu un rôle; il a été
martyrisé et le martyre ne m'avait pas attiré ni probablement semblé faire
partie de mon propre destin ou chemin de foi. La Chine se trouvait à des
milliers de kilomètres de chez moi et à des millions de kilomètres de ma
conscience. Il ne m'a pas attiré comme Vincent lui-même, Louise, Catherine
et Frédéric m'attiraient. C'était des gens qui avaient vécu dans un milieu
proche du mien, qui avaient exprimé une foi qui me disait quelque chose,
qui, bien que séparés de moi par le temps et la culture, semblait vraie,
authentique et vivante. Je pouvais entrer en résonance avec leurs luttes et
leurs efforts à vivre des vies engagées et consacrées. En vérité, j'ai eu
du mal à trouver quelque enthousiasme au moment des célébrations de la
canonisation de Jean Gabriel. J'ai été davantage touché par la canonisation
d'Edith Stein d'Auschwitz qui a eu lieu à peu près en même temps.
Alors on m'a demandé d'écrire cet article pour Vincentiana. À cause de
mes obligations j'ai dû le remettre à plus tard et j'avais du retard dans
la lecture des lettres. Elles m'ont obligé à entrer en rapport avec mon
confrère martyre. On ne peut pas lire les lettres des autres sans se former
une certaine opinion d'elles et, bien qu'étant éloigné de lui, d'entrer en
relation avec leur auteur. Méthodologie Dans ce travail, j'examinerai la personnalité du Père Perboyre par
l'intermédiaire de ses lettres. Jean Gabriel n'avait pas écrit de textes
spirituels ou d'autres écrits qui auraient pu nous avoir indiqué quelque
chose de son développement spirituel. Il n'a pas été conscient que ses
lettres seraient lues par de futures générations (même s'il se rendait
compte que bon nombre d'entre elles seraient lues par des personnes autres
que le destinataire). Ses lettres sont des constructions conscientes plutôt
que de simples notes décousues subconscientes non structurées. Il a écrit
avec un but et une intention, néanmoins, elles sont révélatrices de son
état psychologique. Elles peuvent remplir les mêmes fonctions qu'un test
d'aperception thématique (TATs) dans un profil psychologique. Dans ces
tests, les candidats sont invités à écrire une histoire courte ou quelques
lignes au sujet d'une image qui leur est présentée. Comme des lettres, ce
sont des constructions conscientes mais elles sont révélatrices de certains
besoins, attitudes et désirs fondamentaux.
Les lettres seront alors confrontées avec deux « textes de
structure », qui chercheront à confronter les réponses du sujet en les
comparant à quelques critères externes. Les textes sont dans ce cas-ci les
Exercices Spirituels d'Ignace de Loyola et l'Anthropologie d