La définition du fait social - Cours-univ.fr

Discuter, disputer, argumenter, ce n'est pas un exercice d'école ; c'est le
commerce humain, l'échange entre des consciences, la recherche commune du
mieux, la tolérance de la différence non ..... Pour saisir en quoi consiste un
argument, examinons comment on peut en construire un à partir d'un fait d'
observation.

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Séance 1
La définition du fait social La sociologie n'est pas une discipline très ancienne, si on la compare à
l'histoire par exemple : il y avait des historiens dans l'antiquité, en
Égypte, en Chine ou en Grèce, qui se posaient déjà des problèmes de méthode
et qui enseignaient leurs savoirs.
La sociologie ne s'est constituée qu'à la fin du 19ème siècle, c'est-à-dire
il y a à peine plus de 100 ans et elle s'est développée dans les
universités seulement au cours du 20ème siècle.
Un auteur, Émile Durkheim, a décidé de façon très déterminée de créer cette
discipline et d'en montrer la nécessité pour comprendre certains
phénomènes. C'est pourquoi il est souvent considéré comme le père fondateur
de la sociologie, même si d'autres gens avant lui se sont posé les mêmes
questions que lui, mais sans en faire une démarche scientifique. Émile Durkheim a vécu de 1858 à 1917. Il est au départ professeur de
philosophie et c'est lui qui aura le premier poste de professeur de
sociologie en France, à la fin de sa vie. (explique le côté très théorique
de sa sociologie)
Il a eu beaucoup de mal à imposer l'existence de cette discipline. Il a du
convaincre les intellectuels de son époque, et notamment les philosophes et
les psychologues, de son importance. Contre les philosophes, il doit
imposer une démarche empirique, guidée la volonté d'établir des faits et de
les analyser, alors que la philosophie est plus attachée à une démarche de
pur raisonnement, et de jugement normatif des faits et des comportements.
Contre les psychologues, il doit imposer une rupture avec les explications
au niveau strictement individuel des comportements. Son objectif est de fonder une science nouvelle avec son objet propre, le
fait social, et sa méthode propre, les règles de la méthode sociologique
(1895), dont vous avez un extrait dans la brochure. Grand problème de Durkheim: comprendre les facteurs de cohésion d'une
société, qu'est ce qui lie les individus entre eux, qu'est ce qui peut
faire tenir ensemble les membres d'une société, comment l'individu est-il
intégré dans la société 1895 Les règles de la méthode sociologique
Apport essentiel de ce texte: il explicite ce que doit être la posture du
sociologue. En ce sens c'est un texte qui fonde et définit la discipline
Ici je vais tenter de vous le présenter en montrant en même temps
l'actualité, au sens dégager les enjeux fondamentaux associés à ses règles.
En quoi sont-elles fondatrices de la disciplines, en quoi s'agit-il de
règles que vous aurez vous-mêmes à utiliser dans cette matière.
I) Comment reconnaître qu'un fait est social 1er chapitre des Règles: "Qu'est ce qu'un fait social» ?* fait social=
toute manière d'agir, de penser, de sentir qui existe en dehors des
consciences individuelles et qui exerce une contrainte sur l'individu Les 2 critères l'extériorité et la contrainte * L'extériorité: ces manières d'agir, de penser, de sentir existent en
dehors de l'individu, au sens où les individus les trouvent déjà établies à
leur naissance
Ex les habitudes sociales, le langage
Nos comportements ici, nous préexistent (celui du prof comme ceux des
étudiants), mais aussi le fait de manger à table avec des couverts, de
saluer les gens qu'on connaît. Nous reprenons des habitudes, des codes
existant : serrer les mains.
La plupart des comportements, mais aussi des façons de penser et de sentir,
des tabous et goût ne naissent pas de l'individu lui-même. * La contrainte: le fait social s'impose aux individus, comme une
contrainte
Ces manières d'agir, de penser, de sentir sont obligatoires.
Tout ce qui est obligatoire n'est pas ressenti comme un devoir pénible.
L'individu peut adhérer à cette obligation, ne pas ressentir la contrainte,
et la plupart du temps, il ne ressent pas comme contraignantes ces manières
de faire, de sentir de pensées sociales.
C'est quand on enfreint les obligations sociales qu'on en perçoit le
caractère contraignant parce qu'alors on encourt une sanction.
Différents ordres de contraintes et de sanctions sont envisagées:
Certaines manières de faire sont contraintes par le droit: ex payer ses
impôts, sanctions juridiques
Mais il n'y a pas que les contraintes juridiques. Il y a d'autres formes
d'obligation sociales, liées à la coutume, au domaine des m?urs, au
contrôle social plus diffus du groupe sur les individus
ex façon de se comporter en société, de s'habiller, de parler
Quelles sont les sanctions associées à ces obligations : le ridicule (le
rire, une des sanctions les plus efficace).
autre sanction: le commérage
Des manières sociales de penser et de sentir Le fait social consiste en manières d'agir, mais aussi en manière de
penser, de sentir. Comment est ce qu'il peut y avoir des manières de penser
ou de sentir sociales, c'est à dire élaborées extérieurement à l'individu
et qui s'imposent à lui ?
Des manières de penser: les représentations communes à une époque,
religieuses, idéologiques, esthétiques sont des faits sociaux (ex)
Des manières de sentir : ce qui semble le plus intime à l'individu peuvent
être socialement construit. De fait la plupart des sentiments ne sont pas inhérents à la nature
humaine, cf. Elias, la civilisation des m?urs, analyse la naissance de la
sensibilité occidentale, de ce qu'il appelle la civilité, qui s'exprime
dans les manières de table, les manières de se comporter les uns avec les
autres, les dégoûts. Il travaille à partir de l'étude des manuels de savoir-
vivre depuis le 16è. Exemples de toute une série de manières de sentir qui
ne sont apparues que progressivement (les règles de savoir-vivre d'abord
clairement imposées à partir de contraintes extérieures, définies
extérieurement dans les manuels, imposées par les précepteurs,
contraignants (ne pas cracher dans le plat, ne pas se moucher avec ses
manches, ne pas uriner en public, ne pas manger avec ses doigts mais avec
une fourchette..) Sanction: immédiate à la cour, être considéré comme un
rustre, être exclu de la bonne société) Puis passage à une autre forme de contrainte progressivement intériorisée
(sentiment de malaise, de gène) jusqu'à ce que ces obligations soient
intériorisées à un tel point qu'elles n'aient plus besoin d'être écrites
(les préceptes sont absents des guides du 19ème siècle), ni même d'être
formulées explicitement (le seul fait de formuler ces interdictions est
aujourd'hui choquant)
La diversité des sociétés et groupes sociaux Qu'est-ce que la société d'où émanent ces règles ? Pour certaines règles
(la loi), c'est la nation la société politiques. D'autres règles, souvent
plus informelles émanent de petits groupes sociaux, la classe sociale, le
milieu professionnel (ex ici), le groupe religieux, le groupe politiques,
ou un simple groupe d'affinité (qui est aussi à l'origine de toute une
série d'obligations et de contraintes, ex répondre au SMS), bref ce que
Durkheim appelle les groupes partiels Les obligations sociales ne sont pas les mêmes pour les différents groupes
et les sanctions non plus (déshonneur, ridicule, exclusions; perte de
prestige propre à chacun des groupes partiels)
Chaque groupe a son type de sanctions: il y a des sanctions religieuses
(ex), professionnelles, etc.
Les normes et obligations sociales varient selon les groupes : ex Paris 1
différent de Dauphine, les habitudes des étudiants de Paris sont
différentes de celles de Marseille, et entre vous il y a des différences
internes, plusieurs groupes vont se dessiner avec à chacun des normes, ses
obligations, ses habitudes, ses lieux de sorties, ses musiques...
Les obligations dans la bourgeoisie ne sont pas celles dans les classes
populaires et les sanctions non plus. Le ridicule prend des formes
différentes. Extériorité et intériorisation Les individus respectent des contraintes extérieures, mais en même temps
les faits sociaux se traduisent par un ensemble de comportements et de
représentations propres à l'individu,
Les contraintes sociales sont, la plupart du temps, intériorisées,
devenues intérieures (éducation, effet de l'habitude, formation des
affects). Le fait de nous lever, nous habiller, nous mettre table pour
manger, de saluer nos connaissances... nous semble naturel, ces obligations
sont incorporées.
Du fait de cette intériorisation des contraintes sociales, la plupart ne
sont pas senties comme pénibles (aimer ses enfants, acheter des vêtements
à la mode, fêter le nouvel an, manger avec une fourchette...) Comment se construit cette intériorisation : par l'éducation, processus de
socialisation. Tout l'objet de l'éducation d'un enfant c'est de lui faire
acquérir ces habitudes sociales, jusqu'à ce qu'elles semblent des
réflexes : mettre des habits, manger avec une cuillère puis une fourchette,
se moucher avec un mouchoir, s'écarter quand on croise quelqu'un : toute
une série d'obligations qu'on ne voit plus tant on est habitué à les
respecter (c'est si on cesse de les respecter qu'on s'aperçoit qu'elles
étaient obligatoires).
Qui socialise : parents, écoles, mais aussi le groupe des pairs (des gens
qui ont le même âge). II) Les règles de la méthode sociologique Rompre avec les prénotions et les jugements de valeur le sociologue doit s'astreindre à une certaine neutralité, au sens
s'abstenir de tout jugement moral
La connaissance sociologique consiste à se demander comment les différents
faits existent : mettre en suspens les opinions qu'on peut avoir sur la
religion, le mariage, la drogue, les seins nus sur la plage, les