Pour un recours éclairé à la méthode expérimentale en ... - Hal-SHS

Titre de l'évaluation préliminaire : Optique géométrique et optique physique ..... Il
va faire les caractéristiques d'un dioptre sphérique, une étude brève du
stigmatisme rigoureux va permettre de définir les conditions de validité du
stigmatisme approché .... Des exercices corrigés se rapportant au chapitre traité
sont présentés.

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Expérimentation de laboratoire et économie : CONTRE QUELQUES IDÉES REÇUES ET FAUX PROBLÈMES
NATHALIE ETCHART-VINCENT
CNRS, CIRED (CNRS/EHESS) *
RÉSUMÉ : EN DÉPIT DE SON UTILISATION ET DE SA LÉGITIMITÉ CROISSANTES,
L'EXPÉRIMENTATION DE LABORATOIRE EN ÉCONOMIE FAIT PARFOIS L'OBJET DE
CRITIQUES QUI PEUVENT ALLER JUSQU'À REMETTRE EN CAUSE LA PERTINENCE DE
L'OUTIL. SANS PRÉTENDRE À L'EXHAUSTIVITÉ, NOUS REVENONS SUR CEUX DE CES
ARGUMENTS QUI REVÊTENT SELON NOUS UN CARACTÈRE DISCUTABLE (PARCE QU'ILS
NOUS SEMBLENT SELON LES CAS TÉMOIGNER SOIT D'UNE TENTATION STRATÉGIQUE FACE
À DES RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX CONSIDÉRÉS COMME GÊNANTS, SOIT D'UNE VISION
ERRONÉE DES FINALITÉS ET POTENTIALITÉS DE LA DÉMARCHE, SOIT ENCORE D'UNE
LECTURE PARTIELLE DE LA RÉALITÉ ÉCONOMIQUE ELLE-MÊME) AFIN DE MONTRER QUE
LEUR VALIDITÉ EST AU MIEUX LOCALE ET PARTIELLE. NOUS EN PROFITONS POUR
RAPPELER LES FINALITÉS DE LA MÉTHODE EXPÉRIMENTALE, CIRCONSCRIRE SON
DOMAINE D'APPLICATION (I.E. SES POTENTIALITÉS ET LIMITES) ET INDIQUER
QUELQUES PRÉCAUTIONS D'UTILISATION.
Mots clefs : expérimentation de laboratoire en économie, anomalies,
réalisme, contrôle, marché, apprentissage, incitations monétaires
JEL : B41, C90, C91 Abstract: Despite its increasing use and legitimacy, experimental
methodology in economics has been subject to some criticism, an extreme
version of which concludes to its irrelevance to its object. With no claim
to exhaustiveness, the paper presents and discusses some arguments that we
consider to be questionable - because they are suspected to hide either a
strategic temptation when facing unpleasant experimental results or a
fallacious view of experimental goals and potentialities or even an
inadequate approach of economic reality itself - and shows that they are at
best locally or partially valid. This allows us to remind the reader of the
purposes of the experimental method, of its potentialities and limits as
well as of some necessary precautions to adopt.
Keywords: experimental method in economics, anomalies, realism, control,
market, learning, monetary incentives
JEL: B41, C90, C91
L'économie est l'une des rares sciences à disposer à la fois du terrain et
du laboratoire pour mener ses investigations empiriques (Plott, 1991)[1].
L'expérimentation en laboratoire est une méthodologie fondée sur la
reconstitution in vitro d'une situation économique simplifiée dont les
variables sont contrôlées par l'expérimentateur[2], ce qui d'une part
permet l'interprétation la plus univoque possible des résultats et d'autre
part assure la reproductibilité du protocole. Notons que ce qui caractérise
le "laboratoire" est moins une localisation géographique qu'une démarche et
une méthodologie (avec une référence implicite au laboratoire des sciences
dites expérimentales)[3].
L'objet d'une expérience de laboratoire est d'étudier le comportement
économique des individus face à un stimulus particulier. Le comportement
étudié peut concerner des décisions individuelles (dans des contextes de
risque ou d'incertitude notamment) ou interindividuelles, que l'interaction
soit alors directe (négociation, coopération, coordination) ou indirecte
(participation au financement d'un bien public). Le grand avantage de la
méthode est qu'elle permet de collecter un grand nombre de données dûment
contrôlées et à faible coût[4].
L'expérimentation en laboratoire s'est largement développée depuis 25 ans
et elle a gagné une certaine légitimité (Smith, 1994), confirmée par
l'attribution du Prix Nobel d'économie 2002 à Vernon Smith[5]. Le succès de
l'outil doit beaucoup à l'étendue de ses possibilités. En effet,
l'expérimentation contribue aux trois activités, essentielles en économie,
que sont l'évaluation du pouvoir descriptif des modèles (dont elle permet
de tester empiriquement les prédictions), l'investigation des comportements
économiques en général et, enfin, la mise en ?uvre de recommandations
prescriptives à l'usage des décideurs publics (Roth, 1988).
Malgré ces évidentes potentialités et le fait qu'elle soit, au cours
des dernières années, devenue un outil d'analyse "à la mode", nous avons pu
constater dans le cadre de notre pratique - dans la littérature comme dans
les échanges avec des non-spécialistes - que l'expérimentation continuait à
faire l'objet de critiques plus ou moins sévères, allant de la remise en
cause des protocoles adoptés à celle, plus radicale, de la pertinence de la
démarche expérimentale elle-même lorsqu'il s'agit de l'appliquer à
l'économie. S'il est selon nous légitime de discuter la pertinence
scientifique de l'outil expérimental et l'intérêt des résultats obtenus,
les critiques les plus fréquemment avancées nous paraissent cependant
reposer sur des bases fragiles qui les rendent fallacieuses et/ou
excessives. En effet, ces arguments nous semblent dissimuler soit une
tentation stratégique (dans la mesure où le discrédit de la méthode
expérimentale ou de sa pratique entraîne celui des résultats expérimentaux,
bienvenu lorsque ces résultats sont considérés comme gênants[6]), soit une
approche épistémologiquement discutable de l'expérimentation et de ses
finalités (la méthode est alors disqualifiée pour son incapacité à
atteindre des objectifs ... qui ne sont en réalité pas les siens), soit
encore une vision partielle de la réalité économique et du marché (de sa
capacité à influencer et réguler les comportements et à offrir certains
stimuli notamment)[7]. Or l'existence de prémisses fragiles (arrière-
pensées stratégiques et/ou position épistémologique discutable), si elle ne
suffit pas à discréditer les arguments eux-mêmes, fait qu'il est parfois
difficile de faire la part des choses entre les difficultés réelles de la
méthode expérimentale appliquée à l'économie et celles qui sont de l'ordre
de l'idée préconçue ou du fantasme.
Notre objectif ici est précisément de mettre à plat les enjeux du
débat dans un objectif pédagogique, ce qui nous conduira notamment à
discuter 'sur le fond' la pertinence des arguments suspectés de masquer une
tentation stratégique, à relativiser le pouvoir régulateur du marché en
pratique, à rappeler ce que sont les finalités de l'expérimentation ainsi
que les potentialités et limites intrinsèques de la démarche[8] et enfin à
évoquer incidemment quelques précautions méthodologiques de bon sens.
Notons cependant que notre démarche ne prétend pas à l'exhaustivité : il ne
s'agit pas d'épuiser un débat épistémologique aux ramifications multiples
et complexes[9], mais plutôt de contrer quelques idées reçues et 'faux'
problèmes, d'autant plus dangereux qu'ils semblent coller au sens commun et
à l'intuition.
Les arguments discutés dans cet article s'articulent autour de quatre
points. Les trois premiers partent de la référence au marché et plus
généralement au monde réel, l'idée sous-jacente (mais, comme nous le
verrons, discutable) étant que pour être efficace et crédible,
l'expérimentation de laboratoire doit être capable de décrire les
comportements tels qu'ils se manifestent dans la vie économique réelle et
de rendre compte du fonctionnement du marché - ce qu'elle ne parviendrait
pas à faire (ou du moins pas suffisamment). Ainsi, l'expérimentation de
laboratoire serait par nature incapable de rendre compte des capacités
compensatrice (l'agrégation des comportements gommant les spécificités
individuelles) et régulatrice (via un mécanisme de sélection naturelle) du
marché (1er argument). Par ailleurs, elle ne parviendrait pas à reproduire
les stimuli (incitations financières et possibilités d'apprentissage)
présents dans la vie économique (2ème argument) et pâtirait du caractère
artificiel de ses protocoles, lié à la singularité des sujets
habituellement choisis (des étudiants) et au degré de stylisation des
situations mises en scène (3ème argument).
Le dernier pôle de critiques concerne les éventuelles difficultés liées à
l'utilisation de la méthode expérimentale en sciences humaines et sociales
(SHS), dans la mesure où, contrairement à ceux des sciences dures, les
objets expérimentaux sont aussi des sujets - intelligents, sociaux, en
interaction avec autrui et avec leur environnement. On évoquera ici les
problèmes liés à l'interaction sujet/expérimentateur, à l'instabilité des
préférences des sujets et à la mise en ?uvre du contrôle. Si ces
difficultés peuvent effectivement se poser et affecter la qualité des
données, l'expérimentateur dispose cependant d'outils pour les contrôler ou
limiter leurs conséquences.
La discussion s'articule autour des axes de critique détaillés ci-
dessus. Les travaux expérimentaux sur lesquels elle s'appuie sont
majoritairement issus du domaine de la décision individuelle dans le
risque, sans perte de généralité cependant compte tenu des thèmes
développés. Par ailleurs, pour ne pas alourdir inutilement le corps du
texte et permettre plusieurs niveaux de lecture, de nombreux exemples et
précisions sont donnés en note de bas de page. Le papier est organisé comme
suit. Nous commençons par discuter la critique selon laquelle
l'expérimentation serait incapable de reproduire le fonctionnement du
marché (section 1). Puis nous nous intéressons à la thèse selon laquelle le
laboratoire n'offrirait pas suffisamment de stimuli (section 2), avant de
discuter la critique d'artificialité des protocoles (secti