Aventures périlleuses de trois Français au Pays des ... - Rachel

Cette première édition a été vite remplacée par une seconde, révisée, dans
laquelle quelques erreurs accidentelles furent corrigées en même temps que ......
ainsi que le besoin impérieux d'un code Morse international, compte tenu de la
nature mondiale de l'opération des stations de télégraphie sans fil à bord des
navires.

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Louis Boussenard Aventures périlleuses de trois Français au Pays des Diamants [pic]
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Louis Boussenard Aventures périlleuses de trois Français au Pays des Diamants roman La Bibliothèque électronique du Québec
Collection À tous les vents
Volume 1073 : version 1.0 Du même auteur, à la Bibliothèque : Le tour du monde d'un gamin de Paris
Aventures périlleuses de trois Français au Pays des Diamants Édition de référence : Paris, Marpon & Flammarion. Première partie
I
Une mine de diamants. - Installation d'un kopje. - Ce qu'on entend par
claim. - La fièvre du diamant. - La vie au placer. - Le kopje de Nelson's
Fountain. - Voyageurs et mineurs. - Deux Cafres représentants de la « haute
gomme ». - Victimes du krach. - Albert de Villeroge et son ami Alexandre
Chauny. - Conséquences d'un duel au pistolet. - Le trésor des anciens
habitants de l'Afrique Australe. - En route pour les pays inconnus. -
Mystérieux assassinat.
Le kopje (mine de diamants) de Nelson's Fountain était, ce jour-là, plus
que jamais, plein de bruit et d'animation. À l'incessante activité
habituellement déployée par les diggers de toute race, de toute couleur,
avait brusquement succédé une sorte de frénésie dont un observateur
attentif et de sang-froid eût promptement deviné la cause. De tous côtés, le terrain escarpé, terne, composé de roches dénudées et
anfractueuses, est creusé de trous profonds, béants, taillés à pic, et
ressemblant à une infinité de carrières. Une poussière impalpable,
s'échappe de ces excavations, monte vers la nue en un nuage grisâtre et
obscurcit par moments la lumière du soleil. Une singulière particularité
frappe tout d'abord l'?il du nouvel arrivant. C'est l'inextricable
enchevêtrement de fils de fer accrochés d'un bout au fond de chacun de ces
trous, et venant s'arrêter au bord de l'escarpement en formant un angle
plus ou moins aigu, selon la profondeur de l'excavation. Sur ces fils,
glissent sans relâche de vastes seaux en cuir de b?uf, remplis de gravier,
et adaptés à une poulie. Un petit manège semblable à ceux des maraîchers
des environs de Paris, actionné par un ou deux hommes, tourne en grinçant
et enlève rapidement le récipient aussitôt rempli que vidé. Aussi loin que la vue peut s'étendre, le sol, raviné, affecte l'aspect
d'un immense damier dont les cases ont régulièrement dix mètres de côté.
Chaque case est un claim ou lot de terre diamantifère, au fond duquel
piochent, bêchent, criblent, vannent, affairés comme des fourmis au
travail, des hommes en haillons, dont les faces noires, blanches, jaunes,
souillées de boue et de poussière, ruissellent de sueur. Le seau de cuir
remonte. Il contient peut-être une fortune. Le piaulement de la poulie
s'arrête. Le récipient est vidé sur une table massive implantée au bord du
claim. Un blanc en éparpille le contenu d'une main crispée, et cherche d'un
regard avide la gemme éblouissante. Les terres, ainsi inventoriées, sont ensuite déposées dans des brouettes
et emmenées au loin, sur de petits sentiers divisant les lots par sections
régulières. On frémit en voyant ces hommes marcher ainsi insoucieusement au
bord des abîmes où le moindre faux pas les ferait trébucher. Mais,
qu'importent à ces fiévreux les accidents assez fréquents d'ailleurs ! De
temps en temps, survient un éboulement, une pierre se détache, une brouette
dégringole, tant sont étroits ces sentiers pompeusement dénommés routes. Un
cri d'angoisse et de douleur retentit et le seau remonte chargé d'un corps
humain affreusement mutilé. Encore une fois, qu'importe ! Le diamant abonde et ces catastrophes
individuelles ne sont pour les survivants que de simples accidents. Un
Polonais vient de trouver un diamant de quarante-huit carats. Un courtier
lui en offre séance tenante cinq cents livres sterling (12 500 francs).
L'heureux mineur en demande mille. Le courtier se retire en haussant les
épaules. Un Irlandais aux traits ravagés par la misère et les excès de travail,
sursaute tout à coup comme en proie à une folie subite. Il crie, hurle, se
démène et expectore toute une série de ces jurons gutturaux dont surabonde
la langue celtique. - ... Arrah !... Arrah !... Bédarrah !... mes frères, je suis mort !...
La joie m'étouffe. » Arrah !... Les enfants seront riches... et je vais boire du wisky. » Voici un diamant de soixante-quinze carats... Le gentleman en donnera
cinq mille livres !... (125 000 francs). La nouvelle se répand avec la rapidité d'une traînée de poudre jusqu'au
fond des claims, et la frénésie des travailleurs redouble encore s'il est
possible. De temps en temps, un mineur, moins impressionnable que l'Irlandais,
réprime un imperceptible tressaillement. Son ardeur se ralentit, il semble
préoccupé, en dépit de son sang-froid. Puis il opère une singulière
man?uvre. De son pied nu, dont les orteils possèdent une dextérité presque
égale à celle des doigts, il cherche à saisir un gravier dont son ?il
exercé a bien vite reconnu la nature. C'est un diamant enfermé dans sa
gangue. Il s'arrête un moment, feint de retirer de sa chair un fragment de
roche, saisit le gravier et l'avale. Mais un surveillant auquel rien
n'échappe a vu le geste. Prompt comme la pensée, il s'affale au fond du
puits, saisit à la gorge l'homme qui résiste et l'assomme d'un coup de
poing. - Ouvre la bouche, coquin, ou je te fais pendre. Mais le voleur est évanoui. Le surveillant tire son bowie-knife, passe
la lame entre les mâchoires contractées, opère une pesée et retire
triomphant le corps du délit. - Remontez-moi ce drôle. Qu'on lui applique vingt-cinq coups de fouet...
Ce n'est pas la première fois. Et l'ardente convoitise de tous ces fiévreux étant plus excitée que
jamais par ces incidents attestant la richesse du diggin, les recherches
continuent avec la même implacable intensité. Le kopje de Nelson's Fountain est une mine récemment découverte par des
diggers d'avant-garde venus de du Toit's Pan. Situé par 24° 30' de
longitude Est du méridien de Greenwich, et 27° 40' de latitude Sud, à
l'extrême limite du Griqua-Land-West et à environ cent soixante-dix
kilomètres du fleuve Orange, ce district encore inconnu hier, est appelé,
dit-on, à devenir un des plus riches de la colonie anglaise du Cap. Mais,
pour le moment, l'installation extrêmement défectueuse des engins
d'exploitation et le manque absolu de confortable, en font un séjour peu
enviable. N'était la perspective d'une fortune instantanée, on se demande
comment des êtres humains, confinés dans des trous sans air, calcinés par
une chaleur de plus de 40°, pourraient y séjourner même pendant quelques
heures. Si d'une part, l'eau manque à peu près complètement, au point qu'un seau
coûte entre un franc et un franc soixante-quinze, d'autre part, le camp est
d'une malpropreté répugnante. Et pourtant les Anglais, avec leur esprit
méthodique et leur admirable instinct colonisateur, cherchent à remédier à
ce déplorable état de choses. Les cases branlantes, les tentes
haillonneuses sont installées avec une certaine symétrie, et l'autorité
s'occupe, tout en veillant à la sécurité des travailleurs, d'assainir ce
foyer de pestilence. Tout voleur, et ils sont nombreux, qui n'est pas condamné à la peine du
fouet, est soumis à quelques jours de travaux forcés. Cette peine,
fréquemment appliquée, consiste à nettoyer le camp. Les condamnés, répartis
par escouades, font la corvée sous la conduite d'un policeman le revolver
chargé à la main. Il semble cependant que plus on enlève les chiffons, les
haillons, les débris de boîtes de conserves, les vieilles bottes, les
outils brisés, plus on en retrouve quelques heures après. C'est que
personne parmi les mineurs ne se préoccupe des lois les plus élémentaires
de l'hygiène. On tue un animal, les intestins et la carcasse sont jetés
devant la tente ; les noirs, les Chinois ou les chiens s'en emparent,
s'enfuient en les dévorant avec gloutonnerie, et les dispersent de tous
côtés. Peu importent aux travailleurs les maux de gorge ou les ophtalmies, les
ulcères malins ou les abcès froids, nul n'a souci de son corps ! Tel qui
possède une fortune enfouie dans le sol de sa baraque de toile, marche
pieds nus, couvert de loques, et vit de biscuit trempé dans du Cape brandy
(eau-de-vie du Cap). La vie pour tous ces enragés se résume dans un seul
mot, dont les lettres flamboyantes les éblouissent jusqu'à l'hypnotisme :
Diamant... Aussi n'est-il pas étonnant que l'arrivée de quatre personnages,
d'aspect assez inusité pourtant, n'ait excité sur le kopje qu'une attention
distraite. Ces nouveaux venus, deux Européens et deux noirs, semblent, les
premiers surtout, absolument étrangers au personnel des mines. Celui qui
paraît être le chef, est un homme d'une trentaine d'années, de moyenne
taille, maigre, basané, aux cheveux courts, frisés, à la barbe d'un noir
bleu, aux yeux de feu. Ses traits réguliers, d'une excessive mobilité,
attestent une origine méridionale. La distinction du visage, ainsi que la
finesse des extrémités, in