Jaz Parks s'en mord les doigts - E-monsite

Even basic math skills are being lost as schoolchildren punch buttons instead of
learning multiplication tables. Will our ... One expert estimated recently that fewer
than 500 people in North America can reliably start a fire with a hand drill, the
simplest and most readily available of ?primitive? fire-starting methods.(9) Black ...

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Prologue La peur, ça craint. Car on ne sait jamais quand elle va frapper.
Parfois, elle se faufile par derrière, en gloussant comme votre meilleure
copine de 5e. Et « paf » elle vous balance un coup sur la nuque et vous
vous retrouvez à genoux avant même d'avoir compris ce qui vous arrivait. À
d'autres moments, vous la voyez venir de loin ; c'est juste un point à
l'horizon, mais vous êtes coincé comme un canari dans sa cage. Vous n'avez
pas d'autre solution que de rester là, en espérant ne pas avoir le mal de
mer et ne pas dégueuler sur le papier journal.
Assise dans le bureau de mon patron, Peter, sur l'unique chaise pliante
qu'il réserve aux visiteurs, je me sentais déjà bien nauséeuse. En fait, je
n'avais jamais été aussi effrayée depuis que je travaillais avec lui.
C'était même pire que lorsque j'étais entrée dans ma chambre d'hôtel - ma
première mission ayant commencé une dizaine d'heures plus tôt - et que
j'étais tombée sur un vampire debout près du lit, une arbalète à la main.
Mon arbalète. Celle que je comptais utiliser pour l'éliminer.
Mais, cette fois, je ne pouvais pas simplement juste m'enfuir et tenter
de revenir plus tard. Ou bien, comme - je l'avais fait à ce moment-là, lui
flanquer deux coups de pied dans la tronche pour le déséquilibrer, puis lui
péter les rotules à l'aide du calibre .38 que je gardais toujours sous ma
jupe en cas de pépin, avant de le finir avec l'arbalète qu'il avait laissé
tomber quand ses os avaient volé en éclats. Dans le cas présent, j'étais
obligée de rester assise bien sagement, en évitant de rendre tripes et
boyaux sur les rangées de dossiers top secrets qui s'empilaient à hauteur
de cinquante centimètres, voire du double, sur le bureau métallique vert de
Pete. Car, même si j'avais rempli jusque-là toutes les missions qu'il
m'avait confiées, Pete était sur le point de me virer.
Je ne voyais pas d'autre explication à cette convocation. Le gars,
réputé pour être près de ses sous, m'avait appelée à Londres à 3 heures du
mat' depuis l'Ohio, dans le seul but de m'informer que je devais rentrer au
QG sur un vol première classe aussitôt mon job accompli. En ce moment, il
devait sans doute examiner le reçu du billet et toutes les notes de frais
de mon dernier voyage à l'étranger. Tout en étudiant le dossier ouvert sous
ses yeux, il passa une main sur son crâne d'?uf qui hérissa les trois
derniers poils restants.
J'en avais marre d'attendre. On a vite fait de se lasser des murs nus
couleur turquoise, des rangées de classeurs métalliques noirs et des
lamelles blanches d'un store vénitien toujours baissé (ce qui expliquait la
plante crevée sur la table près de la fenêtre). Je m'avançai sur le bord de
la chaise, qui grinça de manière alarmante sous mes fesses. Ça ne fait
aucun doute, je suis le seul élément de moins de cinquante ans dans ce
bureau.
Vous auriez pourtant cru l'inverse en voyant mes vêtements. J'étais
venue directement après avoir débarqué de mon vol American Airlines, durant
lequel une veuve aviophobique s'était cramponnée de toutes ses forces à mon
chemisier et à ma veste. Bref, j'avais l'air d'une SDF. Bon sang, si je
perdais ce boulot, je ne tarderais pas à en devenir une. Dans le meilleur
des cas !
- Écoutez, Pete, je sais que vous m'avez demandé d'éviter de faire du
stock-car. Les réparations coûtent trop cher. Vous me l'avez dit. Alors
j'ai arrêté. Ça fait trois mois que je n'ai provoqué aucune collision
« accidentelle »... vous le savez ! Mais la dernière fois, je n'ai pas pu
l'éviter.
- Si j'ai bien compris, vous avez dégommé mon homologue du MI-5.
- Euh... ouais, mais uniquement parce que son chauffeur était mêlé au
complot. Il va s'en tirer. Vous l'avez su aussi, non ? Son dos sera
d'aplomb dans... disons... six mois.
- J'ai entendu dire qu'il y avait une bombe.
- Elle n'a pas explosé.
- Mais elle aurait pu.
Je haussai les épaules.
- Il valait mieux qu'elle saute là-bas que pendant la cérémonie du
couronnement.
Attends deux secondes... Ça fait un peu léger pour quelqu'un qui, à ce
stade, devrait l'implorer.
- Mais je suis désolée pour la voiture. J'ai contracté une assurance
supplémentaire.
- Ça n'a rien à voir avec la voiture. À vrai dire, je suis ravi que
vous ayez envoyé ce connard à l'hosto. Un crétin totalement imbu de lui-
même. Non, vous êtes ici parce que j'ai une nouvelle mission à vous
confier.
Merci mon Dieu, j'ai encore du boulot !
Je me détendis presque. Ce qui, compte tenu de ma posture, m'aurait
envoyée au sol. Mais Pete s'était mis à faire craquer ses phalanges. Depuis
que je le connaissais, je l'avais vu mordiller ses crayons, shooter dans le
mobilier, balancer des dossiers en travers de la pièce, et piquer sa crise
avec des bougies parfumées. Le craquement des phalanges, en revanche,
c'était nouveau. Je m'adossai soigneusement à la chaise et j'attendis.
- Vous avez entendu parler de Vayl ? s'enquit mon boss.
- Ben... euh...
De vagues murmures, seulement. On ne pouvait guère appeler ça des
rumeurs tant elles paraissaient peu plausibles. À en croire les histoires
qui circulaient, Vayl s'était bâti une carrière légendaire, et pas
uniquement parce qu'il comptait désormais parmi les quelque 15 % de
vampires à être tolérés des humains. On prétendait aussi qu'il était le
meilleur assassin que notre service ait jamais eu à sa tête.
- J'ai décidé que vous feriez équipe avec lui, reprit Pete en évitant
mon regard.
J'imagine donc que je ne cachais pas très bien le « Qu'est-ce que c'est
que ces conneries ». Un long silence suivit, durant lequel j'essayai de
refréner mes vertiges, tandis que Pete s'éclaircissait plusieurs fois la
voix.
- Pete, euh... en m'engageant, vous m'avez promis que je pourrais
travailler seule.
Mon boulot précédent avait impliqué toute une équipe dont j'étais le
chef. Ça s'était mal terminé.
- Jasmine, Vayl a réclamé un partenaire. Vous correspondez à ses
critères. Vous êtes intelligente, solide, résistante...
Je sentais mes lèvres s'engourdir.
- Hum-hum... Et ?
- De plus en plus dangereuse, soupira-t-il. (Avant que je puisse
l'interrompre, il s'empressa de poursuivre, ce qui valait mieux, car ma
première réaction risquait de lui percer le tympan.) Vous prenez de plus en
plus de risques. Vous agissez en franc-tireuse et je commence à hésiter à
vous faire travailler en solo.
Des conneries tout ça ! Arrête les clichés de flic de cinoche, espèce
de branleur ! Je ne suis pas née de la dernière pluie !
Il enchaîna aussitôt :
- Je sais combien vous devez être furieuse de...
- Je ne crois pas ! Ça fait six mois que je fais des étincelles aux
quatre coins du globe, Pete. J'ai pas foiré une seule mission. Pas une.
Présentez-moi un autre agent avec ce genre de palmarès.
- Vayl...
- ... a besoin de moi comme d'une crème dépilatoire !
Pete me lança un regard du style « Contrôle-toi ma belle » qui me donna
l'impression de me regarder dans un miroir. Merde alors, est-ce que j'avais
déjà la bave aux commissures ?
- Vous vous souvenez de la mission à Cuba ? s'enquit-il.
J'avais liquidé le conseiller le plus fiable de Castro, un général du
nom de Miguel Santas. Au milieu d'un marché grouillant de monde. En plein
jour. À deux pas de ses lieutenants. Mais je m'en étais bien tirée. Ça ne
comptait pas, alors ?
- Et celle dans le Colorado ?
Aaaah, génial.
Un pédophile dénommé George Freede avait lancé une secte appelée la
Confrérie internationale de la Lumière. L'activité principale de ses
membres consistait à kidnapper des enfants aux États-Unis pour les vendre à
l'étranger le plus offrant. J'avais traqué le fondateur jusque dans une
station de montagne, avant de le balancer du haut d'un sommet. OK, on était
tombés tous les deux, mais j'avais atterri avec grâce sur mes skis dans la
poudreuse. Lui s'était fracassé sur un rocher.
- Il m'incombe de m'assurer de la survie de mes agents, m'informa Pete.
- Vous m'avez donc trouvé une baby-sitter.
Il éclata d'un rire qui remontait du tréfonds de ses entrailles, le
seul endroit où ça ne sonnait pas creux.
- Mais non, bon sang ! Je vous ai associée à un type qui vit depuis
près de trois siècles. Dans l'espoir que sa sagesse déteindrait un tant
soit peu sur vous.
Ce fut son rire qui me décida. J'inspirai une première fois, puis une
seconde. Je me dis : OK, peut-être qu'il a raison. Peut-être que j'ai
dépassé les bornes un peu trop souvent. Et il n'est même pas au courant de
mes black-out. Et puis c'était plutôt sympa qu'on s'occupe de moi, qu'on me
chouchoute. Ça faisait à peine plus de six mois que j'étais seule. Mais
j'avais l'impression que ça faisait des siècles.
- Vous disiez qu'il m'avait choisie, dis-je en soupirant. Pourquoi ?
- Il a ses propres raisons, dont il affirme qu'il vous les révélera en
temps voulu.
Haussement de sourcils cynique.
- C'est un personnage assez mystérieux, non ? remarquai-je.
- Quand il veut l'être, admit Pete.
- Alors que pouvez-vous me dire sur lui ?
Pete sortit un dossier épais de cinq centimètres de dessous une petite
pile et l'ouvrit.
- Il nous a rejoints au début des années 1920. Son nom au complet,
c'est Vasil Nicu Brancoveanu. Né le 18 novembre 1713 à Mogosoaia, en
Roumanie, aux environs de Bucarest.
- Pour l'amour du ciel, on peut pas sauter l'extrait de naissance et
s'attaquer direct aux détails croustillants ?
Pete secoua la tête devant mon impatience, mais ferma le dossier et me
gratifia d'un sourire indulgent.
- Il est puissant,