DANIELEWSKI Mark Z - Comptoir Littéraire

Comme l'a montré le résumé précédent, où a été respectée l'organisation que
donnent au livre de grands espaces (pages 56, 138-139) et de plus petits ...... [
page 88]), n'allait faire que de sa propre personne le véritable sujet du livre,
même s'il lui a donné, en prenant le nom de la femme qu'il a appelée Nadja (et
dont il a ...

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www.comptoirlitteraire.com présente ''Nadja''
(1928) Ensemble de récits autobiographiques d'André BRETON (150 pages) pour lequel on trouve un résumé
puis successivement l'examen de :
la genèse (page 9)
la structure du livre (page 9)
les illustrations insérées (page 12)
l'intérêt littéraire (page 15)
l'intérêt documentaire (page 22)
l'intérêt psychologique (page 32)
l'intérêt philosophique (page 46)
la destinée de l'?uvre (page 53)
Bonne lecture !
Résumé Breton se demande : «Qui suis-je? [...] Qui je hante?» car, dit-il, il
joue, de son vivant, «le rôle d'un fantôme», «image finie d'un tourment qui
peut être éternel». Mais rien ne peut le distraire «de la recherche d'une
aptitude générale, qui [lui] serait propre.» Et il s'«efforce, par rapport
aux autres hommes, de savoir en quoi consiste, sinon à quoi tient [sa]
différenciation.»
Il voudrait que la critique se borne au domaine «où la personne de
l'auteur, en proie aux menus faits de la vie courante, s'exprime en toute
indépendance». Il apporte des exemples fournis par Hugo, Flaubert, Courbet,
Chirico qui «ne pouvait peindre que surpris par certaines dispositions
d'objets», pour avoir sur eux «ses vues les plus subjectives». Pour Breton,
sont «plus importantes encore [...] les dispositions d'un esprit à l'égard
de certaines choses». Il dit avoir les mêmes «manières» qu'avait Huysmans
«d'apprécier tout ce qui se propose», ressentir aussi l'«ennui vibrant que
lui causèrent à peu près tous les spectacles» ; il apprécia que ce
romancier l'ait fait «assister à ce grand éveil du machinal sur le terrain
ravagé des possibilités conscientes» ; qu'il l'ait convaincu de l'«absolue
fatalité [de ce «grand éveil»] et de l'inutilité d'y chercher des
échappatoires» ; il le distingue «de tous les empiriques du roman qui
prétendent mettre en scène des personnages distincts d'eux-mêmes.» Il ne
s'intéresse «qu'aux livres qu'on laisse battants comme des portes, et
desquels on n'a pas à chercher la clé». Il pense que «les jours de la
littérature psychologique à affabulation romanesque sont comptés». Il se
propose de continuer «à habiter [sa] maison de verre». Il est subjugué par
«la disparition de Lautréamont derrière son oeuvre», mais considère que,
pour lui, «il serait par trop vain d'y prétendre».
Avant d'enter dans son «récit», il prétend que sa propre vie ne l'intéresse
que «dans la mesure où elle est livrée aux hasards» ; où elle l'«introduit
dans un monde comme défendu qui est celui des rapprochements soudains, des
pétrifiantes coïncidences» ; où elle lui fait découvrir «certains
enchaînements qui passent de loin notre entendement» ; où il n'est «que le
témoin hagard» de faits (certains étant des «faits-glissades», d'autres des
«faits-précipices») qui «présentent chaque fois toutes les apparences d'un
signal sans qu'on puisse dire au juste de quel signal». Il trouve, dans «la
part d'incommunicabilité» de «ces sensations électives», «une source de
plaisirs inégalables». Il entend se «souvenir sans effort de ce qui, ne
répondant à aucune démarche de [sa] part [lui] est quelquefois advenu», car
il est «l'objet» d'une «grâce» et d'une «disgrâce particulières».
Il prend «pour point de départ l'Hôtel des Grands Hommes, place du
Panthéon, où [il habitait] vers 1918, et pour étape le Manoir d'Ango à
Varengeville-sur-Mer, où [il se trouve] en août 1927» et où il peut
«chasser au grand-duc» ! Il indique qu'«à Paris la statue d'Étienne Dolet,
place Maubert [l']a toujours [...] attiré et [lui a] causé un
insupportable malaise». Mais il ne veut pas qu'on le considère «justiciable
de la psychanalyse, méthode [...] dont [il] pense qu'elle ne vise à rien
moins qu'à expulser l'homme de lui-même, et dont [il attend] d'autres
exploits que des exploits d'huissier.»
Il a fait, «le jour de la première représentation de ''Couleur du Temps'',
d'Apollinaire», la rencontre d'«un jeune homme» qu'il allait plus tard
retrouver en Paul Éluard.
Se promenant dans Paris, il remarqua des «boutiques» affichant «les mots
BOIS-CHARBONS qui s'étalent à la dernière page des ''Champs magnétiques''»
(recueil de textes obtenus par l'«écriture automatique»). Il signale que
«le crâne de Jean-Jacques Rousseau», sur sa statue, le fit reculer, «pris
de peur».
Il raconte qu'il reçut la visite d'une femme qui voulait «un numéro de la
revue ''Littérature''» pour un Nantais qui s'avéra être Benjamin Péret.
Pour lui, Robert Desnos, qui emprunte souvent la personnalité de Marcel
Duchamp, est capable d'«équations poétiques» qui ont «la valeur absolue
d'oracle».
Il a l'habitude de, «vers la fin de l'après-midi», déambuler «boulevard de
Bonne-Nouvelle» sans qu'il sache ce qui pourrait «constituer pour [lui] un
pôle d'attraction», même si, alors qu'il entre dans les cinémas «sans
jamais consulter le programme», il fit ainsi la découverte inattendue du
film «''L'étreinte de la Pieuvre''». Il apprécie «certaines salles de
cinéma du dixième arrondissement» qui lui «paraissent être des endroits
particulièrement indiqués pour qu'[il s'y tienne] comme au temps où»
Jacques Vaché et lui s'y installaient «pour dîner».
Au «Théâtre Moderne», il se plaît à aller voir des pièces médiocres.
Il révèle qu'il a «toujours incroyablement souhaité de rencontrer la nuit,
dans un bois, une femme belle et nue», mais qu'il n'en a vu une que dans
«une galerie», où, n'ayant eu qu'«à se défaire d'un manteau», elle allait
«d'un rang à l'autre».
Il raconte qu'il est descendu «vraiment dans les bas-fonds de l'esprit»
quand, «au ''Théâtre des Deux-Masques''», il a vu la pièce «''Les
Détraquées''» qu'il décrit ainsi : dans «une institution de jeunes filles»,
la directrice attend Mlle Solange ; se présente enfin «une femme adorable»
qui a «ce rien de ''déclassé''» qu'il «aime tant» ; elle a entretenu de
«bonnes relations» avec «certaines élèves» ; plus tard, «on a constaté la
disparition d'une enfant» bien qu'«il est impossible qu'elle soit sortie» ;
alors que «toutes les recherches sont restées vaines», Mlle Solange passe,
indifférente «à l'émoi général» ; quand «la grand-mère de l'enfant vient de
se trouver mal au parloir» et «qu'il faut lui donner des soins», de
«l'armoire à pansements» sort «le corps ensanglanté de l'enfant». Breton
indique que le rôle de Mlle Solange «était tenu par la plus admirable et
sans doute la seule actrice de ce temps [...] Blanche Derval».
Il avoue avoir fait «un rêve assez infâme» où il frappait, «d'un coup de
canne» «un insecte» dont on retira de sa gorge «deux de ses grandes pattes
velues», rêve qui aurait pu être provoqué parce que, dans le lieu où il se
tient, se trouve «un nid, autour duquel tourne un oiseau que [sa] présence
effarouche un peu, chaque fois que des champs il rapporte en criant quelque
chose comme une grosse sauterelle verte». Il pense que les images de rêve
sont dues à «ce double jeu de glaces» qui s'opère entre «certaines
impressions très fortes, nullement contaminables de moralité» et «ce qu'on
lui oppose très sommairement sous le nom de réalité.»
Alors que «Rimbaud exerça sur [lui] vers 1915» un «pouvoir d'incantation»,
il rencontra «une jeune fille» qui, «sans préambule», «s'offrit à [lui]
réciter un des poèmes qu'elle préférait : ''Le Dormeur du Val''». «Au
''marché aux puces'' de Saint-Ouen», il fit l'acquisition d'une «sorte de
demi-cylindre blanc irrégulier, verni, présentant des reliefs et des
dépressions sans signification pour [lui], strié d'horizontales et de
verticales rouges et vertes, précieusement contenu dans un écrin, sous une
devise italienne». Il découvrit aussi, dans «un exemplaire très frais des
''?uvres Complètes'' de Rimbaud», «un poème de forme libre» composé par la
vendeuse, qui s'intéressait à la littérature et même aux surréalistes.
«Elle s'appelle Fanny Beznos.»
«Une dame» qui faisait «visite» à «la ''Centrale Surréaliste''», lui offrit
«un des étonnants gants bleu ciel qu'[elle] portait». Breton, pris de
«panique», l'en dissuada, tandis qu'il admirait «un gant de bronze qu'elle
possédait».
Aragon lui fit «observer» une enseigne où se lisait «MAISON ROUGE» qui
devenait «sous une certaine obliquité» «POLICE». Il fut impressionné par
«une gravure ancienne qui, vue de face, représente un tigre», et, vue
différemment, montre plutôt «un vase» ou «un ange».
Voilà qui démontre «la grave insuffisance de tout calcul soi-disant
rigoureux [...] de toute action qui exige une application suivie» ; voilà
qui s'oppose à l'idée de «la valeur morale du travail» qu'il n'accepte que
«comme nécessité matérielle», comme soumission aux «sinistres obligations
de la vie». Et voilà «qui justifie, sans plus tarder ici, l'entrée en scène
de Nadja». «Le 4 octobre» 1926, «rue Lafayette», Breton voit «une jeune femme, très
pauvrement vêtue», «frêle». Elle «va la tête haute», «un sourire
imperceptible errant peut-être sur son visage». Elle est «curieusement
fardée». Il lui «adresse la parole». Elle l'«entretient avec une certaine
insistance de difficultés d'argent qu'elle éprouve». Elle lui fait un
«début de confession» : elle a quitté