Tao-te-king, Le livre de la voie et de la vertu

Le livre de Lao-tseu, dit-il [3], n'est pas facile à entendre, parce que l'obscurité
des matières s'y joint à une sorte de concision antique, à un vague qui va ...... du
royaume de Lou (le Tch'un-thsieou) j'ai lu les maximes des anciens rois ; j'ai mis
en lumière les belles actions des sages, et personne n'a daigné m'employer.

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|LAO-TSEU |
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|LE LIVRE |
|DE LA VOIE |
|ET DE LA VERTU |
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|Traduction de |
|Stanislas JULIEN |
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à partir de : LAO-TSEU TAO-TE-KING LE LIVRE DE LA VOIE ET DE LA VERTU composé dans le VIe siècle avant l'ère chrétienne par le philosophe LAO-TSEU traduit en français par Stanislas JULIEN (1797-1873) Imprimerie Royale, Paris, 1842, XLVI+296 pages. Mise en format texte par
Pierre Palpant www.chineancienne.fr
TABLE DES MATIÈRES Introduction Notice historique sur Lao-tseu Légende fabuleuse de Lao-tseu Observations détachées sur le texte et les différentes éditions de Lao-tseu * Le livre de la Voie et de la Vertu : Livre Premier : Chapitres I - II - III - IV - V - VI - VII - VIII - IX
X - XI - XII - XIII - XIV - XV - XVI - XVII - XVIII - XIX - XX
XXI - XXII - XXIII - XXIV - XXV - XXVI - XXVII - XXVIII - XXIX
XXX - XXXI - XXXII - XXXIII - XXXIV - XXXV - XXXVI - XXXVII Livre II : Chapitres XXXVIII - XXXIX
XL - XLI - XLII - XLIII - XLIV - XLV - XLVI - XLVII - XLVIII -
XLIX
L - LI - LII - LIII - LIV - LV - LVI - LVII - LVIII - LIX
LX - LXI - LXII - LXIII - LXIV - LXV - LXVI - LXVII - LXVIII -
LXIX
LXX - LXXI - LXXII - LXXIII - LXXIV - LXXV - LXXVI - LXXVII -
LXXVIII - LXXIX - LXXX - LXXXI. * Notes du livre premier : Chap. I - V - X - XV - XX - XXV - XXX - XXXV Notes du livre second : Chap. XL - XLV - L - LV - LX - LXV - LXX - LXXV -
LXXX * Texte chinois
A L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES DE SAINT-PÉTERSBOURG HOMMAGE DE RESPECT ET DE RECONNAISSANCE STANISLAS JULIEN
INTRODUCTION @ p.I Lao-tseu ouvre la série de dix philosophes célèbres qui ont fleuri en
Chine avant l'ère chrétienne, et dont les ?uvres, presque aussi inconnues
en Europe que leurs noms, forment une collection de trente-quatre volumes
petit in-folio [1]. p.II Je ne puis me défendre d'un sentiment de crainte en publiant, pour
la première fois, la traduction complète de cet ouvrage mémorable qu'on
regarde avec raison comme le plus profond, le plus abstrait et le plus
difficile de toute la littérature chinoise. Une autre considération vient
accroître encore ma juste inquiétude : c'est de me voir en désaccord, sur
la portée de ce livre, avec quelques savants missionnaires, les PP.
Prémare, Bouvet et Fouquet, et avec l'un des plus habiles sinologues de
notre temps, M. Abel-Rémusat. Cet ingénieux écrivain a publié, sur Lao-tseu
et sa doctrine, un mémoire [2] qui a produit une vive sensation en Europe,
mais dont l'examen approfondi du Tao-te-king et de ses commentaires ne me
permet pas d'admettre les curieuses conséquences. M. Rémusat ne s'était pas dissimulé les obstacles que p.III présente la
publication complète de ce texte révéré, recommandable à la fois par son
antiquité, sa profondeur et son élévation. « Le livre de Lao-tseu, dit-il [3], n'est pas facile à entendre,
parce que l'obscurité des matières s'y joint à une sorte de
concision antique, à un vague qui va quelquefois jusqu'à rendre son
style énigmatique... Ce serait une difficulté très grande s'il
s'agissait de le traduire en entier et de l'éclaircir sous le
rapport de la doctrine qu'il renferme. Mais, cela ne doit pas nous
empêcher d'en extraire les passages les plus marquants, et d'en
fixer le sens au moins d'une manière générale. Il suffit de
constater le sens le plus palpable, quelquefois même de noter les
expressions, sans rechercher l'acception profonde et philosophique
dont elles sont susceptibles. Outre l'obscurité de la matière en
elle-même, les anciens avaient des raisons de ne pas s'expliquer
plus clairement sur ces sortes de sujets.... « LE TEXTE [4] EST SI PLEIN D'OBSCURITÉ, NOUS AVONS SI PEU DE
MOYENS POUR EN ACQUÉRIR L'INTELLIGENCE PARFAITE, SI PEU DE
CONNAISSANCE DES CIRCONSTANCES AUXQUELLES L'AUTEUR A VOULU FAIRE
ALLUSION ; NOUS SOMMES, EN UN MOT, SI LOIN A TOUS ÉGARDS DES IDÉES
SOUS L'INFLUENCE DESQUELLES IL ÉCRIVAIT, QU'IL Y AURAIT DE LA
TÉMÉRITÉ A PRÉTENDRE RETROUVER EXACTEMENT LE SENS QU'IL AVAIT EN
VUE, QUAND CE SENS NOUS ÉCHAPPE ». Cette difficulté du texte de Lao-tseu est également reconnue en Chine, et
nous pourrions nous consoler de notre impuissance à l'entendre
complètement, en voyant les docteurs Tao-sse les plus renommés y signaler
les mêmes obscurités qui ont égaré quelques missionnaires et M. Abel-
Rémusat. « Il n'est pas aisé, dit Sie-hoeï, l'un de nos commentateurs,
d'expliquer clairement les passages les plus profonds de p.IV Lao-
tseu ; tout ce que la science peut faire, c'est d'en donner le sens
général. Hâtons-nous de le dire, cependant, les difficultés qu'ont rencontrées les
PP. Prémare, Fouquet, Bouvet et M. Abel-Rémusat, tenaient moins à la langue
ou au sujet du livre qu'au système d'interprétation qu'ils avaient adopté. Entraînés par le louable désir de répandre promptement la religion
chrétienne en Chine, et mus par une conviction qu'il n'est pas permis de
révoquer en doute, quelques savants jésuites s'étudièrent à montrer que les
monuments littéraires de l'antiquité chinoise renfermaient de nombreux
passages évidemment empruntés aux livres saints, et jusqu'à des dogmes
catholiques, dont la connaissance en Chine nous obligerait d'admettre, en
raisonnant suivant la foi la plus orthodoxe, que Dieu avait accordé aux
habitants du céleste empire une sorte de révélation anticipée. Le P.
Prémare pour prouver cette thèse [5], que combattirent d'autres
missionnaires non moins savants, non moins respectables que lui (les PP.
Régis, Lacharme, Visdelou), composa un ouvrage in-4° qui existe en
manuscrit à la Bibliothèque royale, et que M. Bonetti a commencé à publier
dans les Annales de la philosophie chrétienne. « L'objet principal du Tao-te-king, dit Montucci [6], partisan de
ce système d'interprétation, est d'établir une connaissance
singulière d'UN ÊTRE p.V SUPRÊME EN TROIS PERSONNES. Beaucoup de
passages, ajoute-t-il, parlent si clairement d'un Dieu trine, que
quiconque aura lu ce livre ne pourra douter que le MYSTÈRE DE LA
TRÈS-SAINTE-TRINITÉ n'ait été révélé aux Chinois plus de cinq
siècles avant la venue de Jésus-Christ.... L'étude et la
publication de ce livre extraordinaire seraient donc du plus grand
secours aux missionnaires pour étendre et accroître heureusement la
moisson apostolique ». Le P. Amiot a cru reconnaître les trois personnes de la Trinité [7] dans
la première phrase du XIVe chapitre du Lao-tseu, qu'il traduit ainsi : « Celui qui est comme visible et ne peut être vu se nomme KHI
(lisez I) ; celui qu'on ne peut entendre et qui ne parle pas aux
oreilles se nomme HI ; celui qui est comme sensible et qu'on ne
peut toucher se nomme WEÏ [8]. M. Rémusat est allé plus loin que ce savant missionnaire. Il a cru
reconnaître le mot [] (Jehova) dans les trois syllabes I, HI, WEÏ, qui
appartiennent chacune à un membre de phrase différent ; et, à vrai dire, le
but principal de son mémoire sur Lao-tseu est de prouver cette conjecture,
et d'établir par là qu'il avait existé des communications entre l'Occident
et la Chine dès le VIe siècle avant J. C. Suivant lui, « les trois