dearecomposenavril2008.doc - hervephilippo

Le 7 avril 1793 le directoire de Bergues essaie de garder en exercice le ..... la
santé d'un jeune homme qui devait faire son service dans la marine, il avertit le
.... sauf peut être Cauche qui m'a opposé une certaine réticence; sa prédication
..... Mais la vente des biens nationaux ne corrige-t-elle pas cet étouffement des
petits?

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Introduction et méthode Etat des lieux L'étude que nous nous proposons d'entreprendre porte sur
trois villes de Flandre maritime[1]: Dunkerque, Bergues et Wormhout.
La première est un grand port de mer avec un statut spécial ( port
franc ) jusqu'en 1791.
La seconde éloignée seulement de dix kilomètres de la première est
une très ancienne place forte ( puisque le comte Baudouin le chauve (879-
919 ) et Baudouin III (919 -964 ) la firent "édifier et murer " puis
élargir, ainsi que l'église [2]) et le chef lieu de la châtellenie de
Bergues-Saint-Winoc (Winoc, mort en 717, était l'abbé d'un monastère
fondé à Wormhout par des moines envoyés depuis Saint-Omer par Saint
Bertin, ) jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.
La troisième, le bourg de Wormhout [3] sur les rives de la rivière
Peene, fait partie de cette même châtellenie, jusqu'à ce que la
Révolution survienne.
Bergues est de taille relativement modeste, "elle offre un terrain
d'analyse entre le village de Wormhout et la capitale provinciale,
Dunkerque" (Didier Terrier )[4] .
Ici, une partie des échevins était choisie à la campagne pour éviter
toutes oppositions des villages ( dont Wormhout ) sous tutelle; le
Magistrat de Bergues exerçait donc la justice à tous les niveaux sur la
ville et vingt huit villages [5] dans le cadre du baillage.
Les trois villes ne sont donc séparées les unes des autres que par
quelques kilomètres et leurs habitants se côtoient à maintes occasions:
marchés, négoce, artisanat, recherche d'emplois, mariages... Problématiques et méthode Nous allons nous insérer dans le thème " pouvoirs et société " pour
suivre et exploiter les évolutions politiques, économiques et sociales,
de 1789 à 1848, autrement dit: " d'une révolution à l'autre ".
Nous proposons de comparer, sous des angles multiples, trois villes
de tailles différentes, sur une période très riche de soixante ans. Au
terme de cette étude, il nous appartiendra de dire si, après tant de
régimes politiques successifs, nos entités, si proches et pourtant
tellement différentes, auront été bouleversées inexorablement, et dans
quelle mesure.
Ainsi feront également partie de nos préoccupations majeures:
l'étude, dans les trois villes-échantillons, des phases successives de la
révolution ( 1789- 1799 ), du Consulat et de l'empire, des restaurations
jusqu'à leur chute définitive en 1848; et surtout, les interrelations
économiques et sociales créées ou modifiées, voire détruites du fait des
évènements nationaux et (ou) locaux.
Les mutations économiques et politiques entrainent elles des
changements dans les personnels administratifs de nos localités; de quels
ordres et de quelles manières ?
Le suivi des notabilités ou prosopographie sur toute la période (
soixante ans) sera essentiel pour déterminer qui, dans chaque commune,
avait la capacité d'exercer les charges politico-administratives et,
quels étaient les groupes sociaux sur lesquels les régimes successifs
pouvaient s'appuyer .
Il s'agira de "saisir certains individus, avec leurs attaches et
leurs insertions familiales dans la mesure où l'on comprendre mieux ainsi
l'édification d'un système, à la fois informel et institutionnel,
l'encadrement de la société" (Louis Bergeron ) [6].
Quels sont les impacts des évènements révolutionnaires à court ou à
long terme sur la démographie, l'économie locale, la société ( monde
urbain et agricole ) : prospérité et croissance ou peur et déprise ?
Nous avons retenu quatre césures chronologiques fondamentales à la
fois pour distinguer les mutations politico-institutionnelles importantes
comme dans un souci de clarté d'ensemble:
Tout d'abord la période révolutionnaire ( printemps1789- automne
1799 ) : de nombreuses sources et la possibilité de croiser les
analyses sur les trois villes, englobées dans un même arrondissement.
Le Consulat et l'Empire ( Cent Jours inclus ): près de dix sept ans
constituant un ensemble relativement homogène.
La restauration des Bourbons (1815-1830 ), des sources moins riches
(moins nombreuses) et moins précises, hormis la mise en place des régimes
successifs.
Enfin, la monarchie de juillet jusque la révolution de 1848, période
plus longue (18 ans ) car logique d'une part ( diffificelemnt sécable ),
plus sobre en évènements et en surtout en sources d'autre part.
L'installation des premiers mois de la République " par défaut " en
1848, permet de conclure à tous les niveaux de la problématique :
politico-institutionnel, idéologique, socio-économique.
Chaque césure chronologique est elle même subdivisée en plusieurs
chapîtres: les enjeux de chaque période, les évènements ou lutte autour
des enjeux, une étude de cas sur un sujet révélateur. Ce à quoi nous
rejoutons un chapître bilan en fin de ? et ? parties.
Pourrons nous, arrivés à ce stade, affirmer que ces soixante années
auront bouleversé les structures de la société dans cet arrondissement de
Flandre maritime ?
En outre, avec le recul pris par nos conclusions, nous pouvons
espérer porter un jugement d'ensemble sur les phases d'évolutions socio-
politiques locales par rapport aux mutations nationales ?
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PREMIERE PARTIE UNE MÊME REVOLUTION ? ( 1789 - 1799 )
Chapître 1
Les enjeux locaux
Il s'agit, tout d'abord, de déterminer comment la révolution
en 1789 a été (ou non) comprise dans nos trois villes-repères, et ce
jusqu'à la césure de 1799, date choisie parce qu'il est clair qu'arrivés
à ce terme , si révolution toujours il y a, Bonaparte lui donne en tout
cas un tout autre aspect, une toute autre orientation .
A la suite de l' historien américain T.W.Margadan[7] nous nous
demandons pourquoi des gens ordinaires se sont lancés à l'assaut du
pouvoir; comment et quand ils se sont intégrés dans la vie nationale, de
quelle façon ils agirent sur le plan local, voire national .
D'autre part nous observerons les interrelations entre nos trois
villes, peu distantes les unes des autres et ayant eu au cours du régime
finissant des relations continues, par les foires et marchés, par le
marché de l'emploi-recrutement entre villes et campagne, par le fait que
Wormhout et dans une autre mesure, Bergues, représentent l'hinterland ou
arrière pays fournisseur, où viennent puiser les négoces dunkerquo-
berguois[8] . 1. Le processus
Du clocher à la voix de la Nation ( mars 1789-septembre 1791) On peut se demander pourquoi en 1789, c'est Bergues plutôt que
Dunkerque qui emporte la députation nationale, alors que si l'on se fie à
des indicateurs tels que la population ou l'importance des activités, le
port de mer devrait avoir beaucoup plus d'ascendant ou poids "électoral"
avec un peu plus de 23 000 habitants.
L'ancien centre de châtellenie qu'était Bergues sur la rivière
Colme aurait été mieux préparé à l'événement majeur car plus conscient et
de ce fait, mieux organisé, aux dires de nos prédécesseurs chroniqueurs
et analystes de la période[9].
Dunkerque, quant à elle (entendons les notables du négoce, synonyme
en l'occurrence de représentativité ), n'aurait pas su s'organiser de
façon solidaire contre sa rivale Bergues une fois réunis au chef lieu de
bailliage Bailleul.
L'occasion était trop belle pour la petite ville fortifiée de
devancer le port dont la franchise économique[10] était véritablement
considérée comme déloyale et pénalisant les commerçants des autres
villes.
En tout cas, c'est un avocat ( comme la plupart des députés à
l'assemblée nationale ) François Bouchette, qui devait l'emporter, fort
de la participation rurale des petites localités gravitant dans
l'hinterland de Bergues, Wormhout fut alors impliquée.
Cette représentation à l'assemblée nationale devait être un atout
majeur dans la "lutte" de Bergues contre Dunkerque , et
précisément pour obtenir au nom de l'égalité un statut identique à celui
des autre villes et donc la suppression de la franchise comme privilège
typiquement d'ancien régime !
Bergues avait, à n'en pas douter, comme arrière pensée de retrouver
sa suprématie politico-institutionnelle ( datant des comtes de Flandre )
voire mercantile par voie de conséquence, aux dépens de Dunkerque.
Le député de Bergues devait effectivement contribuer à faire
supprimer la franchise de Dunkerque; cette dernière payerait dorénavant
les taxes à l'identique de celles du royaume, les négociants surpris et
alarmés allaient envoyer députation sur députation pour faire annuler
cette décision, en vain.
Il faudra attendre les élections à l'assemblée Législative pour
espérer reprendre le devant de la scène et cette fois s'entendre pour
envoyer à Paris un représentant de prestige qui réussirait à faire
réviser la loi honnie.
Les électeurs se réunissent à Douai du 28 août au 3 septembre 1791,
pour que le département puisse élire douze députés et quatre suppléants
au corps législatif. [11]
Le premier jour, 116 votants sont réunis: Le dunkerquois Blaisel (
homme de loi ) est secrétaire de la réunion; J. M. Emmery, colonel de la
garde nationale du port du