Islam%? - minaudier.com

... il fut élevé par des Bédouins, dans le désert ? sa nourrice s'appelait Halîma.
.... l'exercice de la violence revêtait une logique et prenait des formes inédites ......
"inpolitique" des premiers califes revus et corrigés par la tradition: « pendant ...

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Islam et politique au Moyen Âge[1] NB Sur la transcription de l'arabe utilisée dans ce document:
-j'ai rendu les consonnes emphatiques par des majuscules. En
transcription scientifique il faut mettre un point sous la lettre, ex.
FusTâT doit se transcrire Fustat.
-lorsqu'une consonne emphatique figurait en majuscule je l'ai
redoublée.
ex. TTâlib doit se transcrire Talib
-j'ai rendu les voyelles longues par des accents circonflexes. En
transcription scientifique il faut mettre un macron (trait horizontal), ex.
Abû doit se transcrire Abu.
-th et dh sont habituellement transcrits t et d. Ces deux lettres se
prononcent comme le "th" anglais, la première sourde comme dans "thing", la
seconde sonore comme dans "this".
Vous pouvez évidemment laisser tomber l'ensemble des diacritiques! I-Les cadres de la naissance de l'islam. A) L'Arabie à la naissance de l'islam: situation géopolitique. La région qui va nous occuper, le HHijâz (région de La Mecque, Médine
et TTâ'if), est située à l'ouest de l'Arabie saoudite actuelle, entre la
Mer rouge et le désert, au nord du Yémen et au sud de la Jordanie. En
arabe, on parle de l'Arabie comme d'un île (jazîrat al-Arab): c'est que les
déserts isolent autant que la mer. Il y a deux régions complètement
désertiques dans la péninsule: le Rubc al-Khâlî (le "quartier vide") et le
Nafd (ou Nefoud). Mais cette image d'isolement est à relativiser: l'Arabie
est aussi un carrefour, une jonction entre continents et entre mers
(Méditerranée, Mer rouge, Océan indien). Des axes de grand commerce
international l'ont toujours bordée, notamment celui qui va de la
Méditerranée à l'Océan indien en passant par la Mer rouge (doublée d'une
route terrestre qui passe notamment par Médine, La Mecque et Tacif, et
celui qui va de la Mésopotamie à l'Inde par le Golfe persique. Des routes
caravanières traversaient également l'Arabie.
L'Arabie est une zone aride, avec des nuances: les bordures
littorales occidentales ont un climat de type méditerranéen semi-aride
(moins sec voici 1500 ans qu'aujourd'hui); les marges méridionales,
notamment au Yémen, sont dominées par des barrières montagneuses qui
arrêtent la mousson - cela permet une riche agriculture sédentaire qui
autorise l'accumulation des surplus, notamment dans les vallées des
principaux fleuves.
L'Arabie et la Mésopotamie appartiennent entièrement à l'aire
linguistique sémitique, qui se prolonge en Éthiopie. Un peu à l'est, à peu
près sur l'actuelle frontière irano-irakienne, commence l'aire iranienne :
la frontière entre les deux aires est stable depuis la préhistoire. Plus à
l'ouest, on trouvait l'Égypte, qui jusqu'à son arabisation n'était pas de
langue sémitique, et le monde grec, qui avant les invasions turques
s'étendait sur les deux tiers ouest de l'actuelle Turquie. Depuis
l'Antiquité, ces deux aires exerçaient une forte influence culturelle sur
le nord-ouest de l'aire sémitique. À la naissance du Prophète, vers 570/572, l'Arabie avait pour voisins
deux mondes largement sédentarisés, centralisés, économiquement plus
avancés, deux mondes "de haute culture" (ces deux derniers termes sont des
jugements de valeur, que je n'emploie que par commodité).
Byzance avait pris la succession de l'Empire romain. C'était un monde
de langue et de culture grecques, dont la religion officielle était le
christianisme. Le pouvoir temporel appartenait à l'Empereur (en grec :
Basileus) et le pouvoir spirituel au patriarche de Constantinople. Mais
certaines provinces, la Syrie (au sens large : tout le littoral oriental de
la Méditerranée) et l'Égypte, étaient de peuplement sémitique,
partiellement arabe pour la première ; l'hellénisation n'y touchait que les
élites et l'administration; les populations ne pratiquaient pas le
christianisme de Constantinople (beaucoup étaient des fidèles de
l'"hérésie" monophysite). Ces différences, et les persécutions
subséquentes, représentent une des raisons pour lesquelles ces populations
accueillirent favorablement les envahisseurs musulmans.
L'Empire sassanide ou perse (perse est l'adjectif homonyme du nom de
la région qui sert de berceau à cette civilisation, dans le sud-ouest de
l'actuel Iran ; sassanide est le nom de la dynastie au pouvoir depuis le
début du IIIe siècle, qui avait succédé aux Parthes) englobait la
Mésopotamie de langue sémitique. La capitale se trouvait d'ailleurs dans la
vallée du Tigre, en pleine zone sémitique: c'était Ctésiphon, en arabe Al-
Mada'in, près de Bagdad). Le pouvoir suprême appartenait au Roi des rois,
qui s'appuyait sur une couche de propriétaires terriens, les dihqân; ce
groupe social avait aussi un rôle administratif et judiciaire. Le pouvoir
sassanide s'effondra à l'arrivée des Arabes, par fuite ou par intégration
aux nouvelles structures. Le pouvoir spirituel était aux mains des prêtres
("mages") du zoroastrisme, une variante du mazdéisme.
Ces deux Empires étaient en rivalité permanente; leur frontière était
extrêmement mouvante. Ils se battaient pour le contrôle des routes
commerciales, pour la puissance politique. La dernière vague de campagnes
avant la Révélation du Prophète les avait opposés sur le flanc nord de
l'Arabie: le Roi des rois Khusraw ou Kosroès attaqua l'Empire byzantin en
610, prit Damas et Jérusalem, s'empara des reliques de la croix du Christ,
et pousse jusqu'à Alexandrie en Égypte, proie privilégiée du fait de sa
richesse en blé. Le basileus Héraclios mena la contre-offensive en 630: la
Vraie Croix regagna Jérusalem.
Les entités politiques arabes situées sur les marges méridionales des
deux Empires étaient leurs clients. Ils s'en servaient pour se faire la
guerre, mais aussi pour faire rempart face aux nomades d'Arabie. Mais
certains Arabes nomades étaient eux aussi plus ou moins intégrés dans le
"grand jeu" politique de l'époque.
Ainsi parmi les "clients" arabes des Byzantins on comptait les
Banû Ghassan ou Ghassanides, un clan en majorité chrétien
(monophysite) de la région de Damas. En temps de guerre ils
servaient dans l'armée byzantine en tant qu'unités mobiles
d'appoint. Leurs chefs portaient le titre byzantin de philarques
(chefs de la cavalerie).
Parmi les clients arabes des Sassanides figuraient les Banû
Lakhm ou Lakhmides, installés dans l'actuel Irak, sur l'Euphrate au
sud de Ctésiphon. Ils étaient en voie de sédentatisarion et avaient
notamment une capitale fixe, al-HHirâ; une partie au moins d'entre
eux étaient chrétiens (nestoriens). Leurs rapports avec les
Sassanides n'étaient pas toujours au beau fixe.
Les uns et les autres se rallièrent aux musulmans.
Au sud-ouest de la péninsule, le Yémen n'était pas à proprement
parler une région arabe ; on y parlait les langues "sudarabiques". C'était
une région des très vieille civilisation, de par sa richesse agricole et
aussi parce que c'était le point de départ de la route des encens et des
épices. Faible politiquement, il représentait plus un enjeu qu'un pôle. Les
premiers royaumes dont nous ayons la trace dans cette région remontent aux
XIe-Xe siècles av. J.C. (parmi ces royaumes, celui de Sabâ' et celui de
KhaDramawt) ; mais à l'époque du Prophète ces royaumes avaient disparu et
la région était dominée par la tribu des Hinyarites, partiellement
chrétien.
Tout près, de l'autre côté de la Mer rouge, l'Éthiopie ou royaume
d'Aksoum était une puissance régionale. C'était un royaume chrétien
(monophysite), qui servait de relais local aux Byzantins dans cette partie
de l'est de l'Afrique, voire dans la péninsule arabique toute proche. Il
était souvent en conflit avec le Yémen et les villes du HHijâz pour le
contrôle de Bâb al-Mandab (la Porte des Lamentations ou des Larmes).
D'autres conflits avaient des causes religieuses. Ainsi, en 510, le "roi"
de Hinya (en Arabie), Dû Nuwâs, qui était chrétien, décida de se convertir
au judaïsme; il se mit à persécuter les chrétiens, ce qui provoqua un
débarquement des Éthiopiens. L'épisode se termina vers 530 par l'arrivée
sur le trône de Hinya d'un ancien esclave (chrétien), Abraha. Protégé des
Byzantins, il mena une campagne contre le HHijâz, connue sous le nom de
"guerre de l'Éléphant"; cette "année de l'Éléphant" est l'année de la
naissance du Prophète (570 ou 572). B) Le HHijâz à la naissance de l'islam: situation interne. Les nomades étaient majoritaires dans toute la péninsule arabique, et
le mot "arabe" connotait le nomadisme. Le monde nomade représentait une
réserve démographique par rapport au monde sédentaire: dans un monde régulé
par de grandes mortalités périodiques, il semble en effet que les nomades
en aient été moins affectés (notamment par les épidémies).
En particulier, dans le millénaire qui précéda l'islam, il y eut
infiltration progressive de nomades arabophones de la péninsule arabique
dans le Croissant fertile[2]. C'était à la base un mouvement annuel,
récurrent: tous les étés des nomades des steppes bordant le désert,
éleveurs de moutons ou de chèvres, quittaient la péninsule; ils allaient
jusqu'à la région d'Alep en Syrie. Ils entraient en interaction économique
avec les villageois sédentaires (par exemple ils échangeaient du blé contre
de la laine). Graduellement, ils se sédentarisèrent et s'infiltrèrent dans
d'autres régions. De ce fait, le Croissant fertile était déjà largement
arabisé à l'arrivée des musulmans. Les grands nomades chameliers devaient
eux aussi quitter la péninsule en cas de catastrophe. Le phénomène inverse
existait aussi sans doute: des sédentaires du Croissant fertile ont dû se
nomadiser en période de désurbanisation, nous en avons divers indices
archéologiques et autres.
Il y avait des villes très anciennes dans le HHijâz (l'Arabie est
toute proche de la région, entre la Palestine et la Mésopotamie, où les
villes étaient apparues), des villes propreme