Humanisme - Sujet de bac ? Corrigé proposé par Garance Kutukdjian
Sujet de bac ? Corrigé proposé par Garance Kutukdjian, modifié et complété par
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ne sont pas privilégiés par rapport aux exercices sportifs ("la course, la lutte [.
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Humanisme - Sujet de bac - Corrigé proposé par Garance Kutukdjian
modifié et complété par Ghislaine Zaneboni - Nathan, tous droits réservés Question transversale Gagnez des points
Replacez la question dans son contexte.
Que faut-il enseigner aux enfants? Comment s'y prendre? Quelle visée
donne-t-on à l'éducation? Telles sont les trois questions principales qui
alimentent le vif débat sur l'éducation à la Renaissance et dont les trois
textes du corpus se font l'écho, prônant tous, malgré leurs différences,
une conception humaniste de la formation de l'enfant et de l'adolescent.
L'astuce du prof
Les trois questions fondamentales posées dans l'introduction peuvent être
reprises comme plan pour la réponse.
Pour ce qui est du contenu, Erasme recommande, avec l'étude des
langues (on sait que ce siècle est celui des voyages et de la
communication) des lectures récréatives ("fables des poètes", "poème
bucolique", "comédie"), facilement accessibles mais édifiantes (placere et
docere). Rabelais impose à Gargantua un savoir encyclopédique à la mesure
de sa taille gigantesque (connaissance des textes sacrés, astronomie,
diététique, arithmétique, musique...), Montaigne, en revanche, s'il
privilégie la philosophie, déconseille d'encourager une trop forte
propension à "l'étude des livres" si elle se fait au détriment de la
sociabilité.
Sur la manière de dispenser le meilleur enseignement, les trois
auteurs se rejoignent davantage. Ils insistent sur la nécessité d'un
apprentissage non contraint, agréable, voire ludique : le champ lexical du
plaisir est très présent dans les textes d'Erasme ("plaisir", "séduisants",
"plaisant", "attrayante") et de Rabelais ("joyeusement", "joyeux",
"s'ébaudissaient"), et Montaigne, quant à lui, prend le contrepied de
l'éducation traditionnelle qu'il assimile à un emprisonnement et à une
torture ("géhenne"). De plus, pour les trois auteurs l'enseignement ne doit
pas être uniquement livresque mais également fondé sur la pratique et
l'expérience : Erasme pense que les enfants "accèdent sans effort" à "la
pratique des langues", Gargantua observe les étoiles et applique les règles
arithmétiques aux jeux de cartes, le "garçon" de Montaigne s'instruit et
s'éduque à toute heure et en toute occasion, la vie ("la table et le lit,
le matin et le vêpre") étant elle-même la matière et le support de son
étude.
Enfin, la visée donnée à l'éducation dans les trois textes est
également typique de l'humanisme. Le but est en effet de former un homme
complet, en cultivant son esprit, en formant son sens moral, et en exerçant
son corps, mens sana in corpore sano comme le prescrivaient déjà les
Anciens que les Renaissants imitent. Erasme souligne la dimension morale et
la matière à réflexion philosophique délivrée par les récits simples et
plaisants. Rabelais et Montaigne proposent un modèle d'éducation où le
corps est autant pris en compte que l'esprit : Gargantua, que l'on suit
comiquement jusqu'aux toilettes, et son précepteur "s'exerç[e]nt les corps
comme ils avaient les âmes auparavant exercées", Montaigne affirme: " Ce
n'est pas une âme, ce n'est pas un corps qu'on dresse, c'est un homme."
Gagnez des points
Synthétisez votre réflexion de manière efficace dans le paragraphe qui
conclut la réponse.
Au-delà de certaines divergences ou différences assez mineures, ces
trois textes, réunis par une même pensée humaniste, livrent donc une
conception assez semblable de l'éducation : celle d'une formation complète,
à la fois théorique et pratique, à la fois intellectuelle et physique,
dispensée dans la liberté et le plaisir, pour faire de l'enfant un homme
lui aussi complet, libre, et heureux. 1 Commentaire Le corrigé du commentaire est intégralement rédigé. Pour faciliter votre
lecture, nous avons gardé les titres des différentes étapes du
développement. Dans votre devoir, vous ne devrez pas les conserver. Introduction
L'astuce du prof
La problématique d'un commentaire ne se pose pas toujours sous forme de
question.
Gagnez des points !
Montrez que vous connaissez l'importance du thème de l'éducation dans la
pensée humaniste.
Préoccupé, comme nombre d'humanistes de la Renaissance, par la question
de l'éducation, Montaigne y consacre le chapitre 26 du livre I des Essais,
intitulé "De l'institution des enfants". Dans notre extrait, opposant son
propre modèle au système pratiqué par les "collèges" médiévaux, il prône
une conception très moderne de l'éducation. Nous verrons comment, polémique
et virulent, ce texte est avant tout un plaidoyer très personnel de
l'auteur pour la liberté et la dignité de l'homme, et donc comment,
réquisitoire contre l'institution scolaire du temps (I), cet essai expose
un modèle idéal d'éducation (II) dont Montaigne est lui-même l'exemple le
plus achevé (III).
I. Un réquisitoire sévère contre le système médiéval
Dans ce texte, Montaigne ne ménage pas sa cible et s'en prend violemment
au système médiéval d'éducation, incarné par les "collèges".
1. Une attaque en règle...
Piège à éviter
Ne négligez pas, au contraire, les remarques de style sous prétexte qu'il
s'agit de commenter un texte d'idées.
Il n'a pas de mots assez durs pour qualifier ce système: "emprisonne",
"corrompre", "géhenne", "abêtis", "gâter", "barbarie", "abrutissent". Ce
lexique extrêmement péjoratif s'ajoute à l'accumulation de tournures
négatives (anaphore de "je ne veux pas" au début du texte, "Ni ne
trouverais bon", "Ni ne veux", "on n'y voit aucune excellence", "il n'en
faut pas faire à deux") pour dénigrer et discréditer "la mode" de ceux
qu'il critique, c'est-à-dire la façon de faire habituelle, en vigueur à son
époque, et contre laquelle il s'insurge. La valeur axiologique[1] de son
discours s'exprime notamment dans le réseau métaphorique tissé par les
premières lignes du texte : le maître est assimilé à un geôlier, voire un
bourreau, et l'élève à un prisonnier ou un esclave.
2. ... Contre une conception rétrograde de l'éducation
Montaigne dénonce ainsi le contenu, les méthodes, et les visées de
l'éducation médiévale. Il s'en prend d'abord et avant tout aux rythmes de
travail, compare la journée d'un collégien à celle d'un "portefaix", et
désapprouve l'idée qu'un "garçon" passe "quatorze ou quinze heures par jour
[...] à l'étude des livres." Il critique également la domination complète
du maître sur son élève, caractéristique de l'enseignement médiéval qui
n'hésite pas à recourir aux châtiments physiques et laisse peu de place au
dialogue. Tout cela aboutit, selon l'auteur, à un immense gâchis de
talents.
3. Au nom des valeurs humanistes
Pour étayer sa thèse, Montaigne s'appuie sur des présupposés humanistes,
créant ainsi un système de valeurs commun avec son lecteur. Il part en
effet de l'idée que les enfants sont dotés de qualités naturelles ("m?urs
généreuses", "gentil"), que seule une mauvaise éducation vient "corrompre"
et "gâter". Il témoigne de sa foi en l'être humain et affirme la
possibilité de le rendre meilleur. Le réquisitoire n'est donc pas seulement
une mise en accusation, mais également un prélude nécessaire à
l'élaboration d'un modèle positif.
II. Le modèle idéal proposé par Montaigne
Ce modèle est bien entendu celui que prône Montaigne. En opposition avec
le précédent, il propose une éducation complète dont l'exposition oscille
entre idéalisme et réalisme.
L'astuce du prof
N'hésitez pas à vous appuyer sur des arguments simples en début de partie.
1. Un contraste frappant
Le texte de Montaigne est construit de manière binaire: d'abord une
présentation négative du système d'éducation traditionnel (lignes 1 à ?),
puis une évocation positive de son système à lui (lignes ? à ?). Le nouveau
modèle se substitue ainsi dans l'esprit du lecteur au premier. Tout est
fait pour souligner le contraste : aux tournures négatives succèdent des
assertions positives ("toutes les heures lui seront unes", "Je veux que"),
aux termes péjoratifs des termes mélioratifs ("formatrice", "bienséance",
"entregent"), à l'image du prisonnier celle des "chevaux attelés".
2. Un programme d'éducation complet
L'astuce du prof
Servez-vous dans votre commentaire des analyses menées pour traiter la
question sur corpus.
Le modèle proposé par Montaigne pourrait se résumer de la manière
suivante : tout est éducation ; l'éducation est tout. Tous les lieux,
toutes les situations, toutes les activités sont prétextes à l'étude; cette
omniprésence de l'apprentissage se traduit d'ailleurs dans l'accumulation
des lignes ? à ? ("au cabinet... le vêpre"). De plus, la lecture et le
savoir théorique ne sont pas privilégiés par rapport aux exercices sportifs
("la course, la lutte [...] la chasse"), ou artistiques ("la musique, la
danse"), indispensables à un jeune noble : l'éducation proposée est variée,
et tient compte du corps autant que de l'esprit. Car il s'agit, par cette
éducation complète, de former un homme complet, de développer son
intelligence et son sens moral ("des jugements et des m?urs"), mais
également ses qualités physiques ("bienséance extérieure") et sociales
("l'entregent").
3. Entre idéalisme et réalisme
Ce programme d'éducation très ambitieux peut sembler assez idéaliste mais
il ne constitue pas pour autant une utopie. Certes, Montaigne passe du
présent dans la première partie du texte ("cela les rend ineptes", "nous
voyons encore") au futur dans la seconde ("lui seront unes", "sera sa
principale leçon"), certes il passe également de la prison au "jardin",