Fernand Farssac dit Toutyva

Après mes retrouvailles avec ma famille, mon épouse en vacances et mon fils, ...
Jean est prisonnier dans un oflag, Georges n'est pas rentré, peut-être est-il ..... Il
a réussi tous ses examens - C.A.P., brevet industriel, brevet élémentaire ...... Ce
dernier m'a indiqué le texte d'un message de la BBC qui devait engager l'action.

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GERARD FARSSAC[1] NOTES ET MEMOIRE DE GUERRE
de
Fernand Farssac dit Toutyva
CREATION ET VIE DU GROUPE TOUTYVA La drôle de Guerre
Juillet 1939
Les vacances de juillet ont commencé, alors que la tension
internationale s'accentue. Dans les milieux militaires l'avis qui
domine généralement est que le conflit évité in extremis l'an
dernier, est maintenant tout proche.
En Allemagne, des bruits de bottes résonnent partout. Les
« Nazis », (les membres du parti National Socialiste, qui ont amené
Adolf Hitler à la tête de l'Etat) avec leur police interne au
parti, la Gestapo, et ses unités militaires indépendantes de
l'armée, les S.S. (Abréviation de Schutz-Staffel) (échelon de
protection en français) et les Waffen SS, unités spéciales qui
mélangées aux unités de l'armée régulière, la Wehrmacht, les
encadrent et ont tout les pouvoirs.
Les pouvoirs civils : ils ont dissous le parlement et ils
dictent les lois ; la police est à leurs ordres.
Les pouvoirs judiciaires : ils contrôlent tous les
magistrats.
Les pouvoirs militaires : tous les officiers supérieurs
doivent appartenir au parti pour être maintenus en activité.
Le parti contrôle également les religieux qui ont dû faire
allégeance pour être tolérés.
Les discours d'Hitler sont de plus en plus virulents et
menaçants. Il réclame maintenant la ville de Dantzig, seul port
Polonais sur la Baltique, et un couloir pour accéder à ce port.
L'Union Soviétique a rompu le traité d'alliance avec la
France et l'Angleterre et vient de signer un pacte de non-
agression avec les Allemands !
Août 1939
C'est dans ce contexte alarmant que nous partons tout de
même en congés, comme prévu, dès le premier août. Ma permission
est signée, Ernestine est en vacances, rein ne justifie que nous
différions nos congés.
Ces vacances nous conduisent suivant nos prévisions en
Cerdagne où mon ami Burlatz nous a invités. Anciennement gendarme à
Lautrec, il est maintenant chef de brigade à Saillagouse.
Sur la frontière d'Espagne, les troupes franquistes ont
remplacé les républicains ; la tension est d'autant plus sensible
que les troupes républicaines se sont réfugiées en France où elles
ont été désarmées.
Gardes républicains et gardes franquistes se regardent à
travers les barbelés sur le pont du Ségre (La frontière), sans
aucune trace de sympathie.
Après un parcours par Argelès, Port-Vendres, bien que
permissionnaire jusqu'au 25 août, devant les informations
alarmantes de la presse et de la radio, nous avons décidé de
repasser par Lautrec avant de poursuivre nos vacances qui devaient
nous mener en Bretagne.
D'une part, c'est sur notre route et cela nous évitera deux
jours à l'hôtel, d'autre part, j'ai besoin de connaître les
dernières répercussions des évènements internationaux sur les
actions internes de la gendarmerie.
Nous sommes arrivés chez nous à Lautrec le quatorze au
soir !
Mardi 15 août
J'ai parlé avec les gendarmes de l'évolution de la situation
internationale et j'ai pris connaissance des diverses notes
venues de la section durant mon absence.
Dans la nuit 15 au 16 août le téléphone réveille la brigade
à deux heures du matin. Un avis urgent nous est transmis : toutes
les permissions sont annulées. Il faut sans délais rappeler les
permissionnaires.
J'ai pris le message et accusé réception.
Tous les gendarmes sont venus au bureau et nous commentons
la situation, lorsque vers trois heures un nouveau message nous est
transmis : il faut dès maintenant amorcer la phase IV du plan de
mobilisation. C'est la réquisition des chevaux !
Nous devons convoquer sans délais les paysans propriétaires
de chevaux figurant sur notre fichier : c'est la réquisition qui
commence. Nous avons déjà vécu une période semblable l'année
précédente, ce n'est pas bon signe.
Dés cinq heures je préviens par téléphone Monsieur Delga, le
maire de Lautrec et l'informe de la situation. Il va venir aussitôt
que possible : son domicile est à quatre kilomètres de Lautrec, au
château de Vincennes, prés de Brousse.
Il passe à la brigade vers cinq heures et demie et va
aussitôt à la mairie. Lui aussi va avoir du travail, la préfecture
aura des consignes à transmettre.
Pour faire parvenir rapidement les fascicules de
réquisition, j'ai besoin de l'aide de personnes extérieures à la
brigade. Notre voisin Edouard Oulmiéres, garagiste à coté de la
gendarmerie, informé parmi les premiers, se met immédiatement à
notre disposition avec sa voiture pour transporter un gendarme
qui remettra les fascicules dans les fermes concernées. Les deux
instituteurs de l'école laïque, Charles Martel et Klébert
Sablayroles, qui possèdent tous deux une voiture se mettent
spontanément à notre disposition. Tous les gendarmes sont envoyés
remettre les fascicules.
J'assure la permanence au bureau et coordonne les activités
de la brigade
Mercredi 16 août
Dés le matin, les agriculteurs concernés par la réquisition
des chevaux arrivent et stationnent avec leurs bêtes sur la place
devant la gendarmerie. Tout le monde est grave et les conversations
vont bon train ; une commission de réquisition est arrivée de bonne
heure et siège sur la place du Mercadial. Les commentaires de tous
sont très pessimistes.
Ernestine a mis notre radio assez fort et beaucoup de monde
se presse devant la caserne pour écouter les informations, d'autre
commentent les journaux qui viennent d'arriver.
Vendredi 18 août
Dès huit heures du matin, l'ordre nous a été transmis de
remettre aux intéressés les fascicules N° 6. La ronde des
gendarmes aux quatre coins du canton reprend ; il faut également
afficher l'ordre de mobilisation dans les mairies et remettre
individuellement le fascicule à chacun des intéressés en leur
fixant leur lieu de rassemblement et leur délai de route.
Samedi 19
La mobilisation se poursuit. Deux nouvelles catégories de
réservistes sont appelées. Les fascicules N°3 et N°4 sont
concernés. La ronde des gendarmes a repris !
Dans le village les commentaires vont bon train. Monsieur
Cambos, le secrétaire de mairie (et notre voisin sur la place),
vient aux renseignements. J'avais quelques inquiétudes par rapport
à certaines personnes qui affichaient des idées très gauchistes et
très antimilitaristes. Ces mêmes personnes sont venues spontanément
nous proposer leur aide !
Dimanche 20
La plus grande partie de la population de la commune est
venue au village. Les uns accompagnent les réservistes rappelés qui
rejoignent leur lieu d'affectation, les autres viennent aux
nouvelles.
La messe du dimanche rassemble la majeure partie de la
population de la paroisse : il y a au moins une personne de chaque
ferme de la commune.
Lundi 21
La radio diffuse une allocution du président du conseil,
Edouard Daladier. Il essaye de rassurer la population, mais il
est peu convaincant.
Mardi 22
La mobilisation des affectés spéciaux se poursuit. Deux
nouveaux numéros de fascicule sont rappelés. Nouveau circuit des
gendarmes, nouveaux départs !
Dans un discourt radiodiffusé au monde entier, Hitler exige
que la Pologne laisse aux Allemands Dantzig et le couloir qui borde
la Baltique entre Dantzig et l'Allemagne. C'est un ultimatum !
Les Soviétiques appuient cette exigence : Ils ont changé de
camp !
Jeudi 24
Une nouvelle étape est franchie : la mobilisation générale
est décrétée.
Tous les réservistes sont rappelés. Ils doivent rejoindre
sans délais leur centre mobilisateur
Les gendarmes doivent s'assurer que les informations ont été
transmises et remettre à chacun des intéressés leur fascicule de
mobilisation. Les hommes se présentent bientôt à la brigade et sont
dirigés sur la gare pour rejoindre Castres où Albi.
L'autobus qui relie Castres à Albi par Lautrec ne passe
plus. Fernand Camps (un de nos cousins de Carmaux), le propriétaire
exploitant de la ligne, est mobilisé.
Samedi 26
De tout le canton, les hommes mobilisés passent pour retirer
leur titre de transpor