La poésie en jeu

J'ai un dos, pourtant je n'ai pas de bras,. Je suis en fer, en ..... Mais ne dirait-on
pas que pleurent les chemins ? Alors, les Alpes ...... Pris de l'exercice. Rendu un
 ...

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Mystère en question

Où ?
Où trouver, dites-moi, l'oiseau qui prend le frais
A la tombée du jour, le renard qui s'inquiète,
La biche, le hibou, la fourmi, la belette,
La girafe au long cou, le lapin qui s'effraie ?
Dans la forêt.

Mais le zèbre qui chante en berçant ses petits ?
Le cheval qui m'emporte au rythme de ses ailes ?
L'éléphant qui s'envole avec la tourterelle ?
Le tigre qui ronronne en jouant au zanzi ?
Dans la poésie !

Où courir, dites-moi, en suivant le rivage,
Après le vent, le sel, la poudre des embruns,
Où mesurer le temps s'écoulant grain à grain
De mes doigts entrouverts, en un troublant message ?
Sur la plage.

Mais les temples dorés des montagnes d'Asie ?
Les nuages de feu qui m'ouvrent les tempêtes ?
Les sept sages de l'île aux sept villes en fête ?
L'univers que soumet ma seule fantaisie ?
Dans la poésie !

Où cueillir, dites-moi, le lys et le jasmin,
La timide violette et la pâle bruyère,
Un bouquet couronné d'une rose trémière
Pour tenir le printemps prisonnier en ma main ?
Au jardin.

Mais le clos mystérieux où mon c?ur se promène ?
La guirlande qui chante en modulant ma plainte ?
L'arbre qui danse au vent, les clochettes qui tintent ?
Et la fleur qui rougit quand vient celle que j'aime ?
Dans les poèmes !
Comment ?
Comment peut-on voir les monts et les neiges
Se changer en troupeau d'éléphant
Qui deviennent un voilier qui s'incline
Puis c'est une main tenant une écharpe ?

Comment peut-on voir la mer et ses vagues
Se changer soudain en dragon terrible
Qui se transforme en collines qui dansent
Puis c'est un visage qui me sourit ?

Comment peut-on voir les pommiers en fleurs
Se changer en mille poissons qui fuient
Pour se transformer en château des fées
Puis ce sont enfin de longs cheveux blancs ?

Il suffit de regarder les nuages
Qui se transforment dans le ciel
Au gré de la fantaisie du vent.

Où vont-il ?
Peu à peu le mur devient gris,
Les oiseaux des rideaux s'effacent,
A peine un reflet dans la glace,
Un regard par le gel surpris.
La vie s'engloutit sans un cri.
Plus rien que le noir de l'espace,
Tout disparaît. Je flotte encore
Et je suis seul jusqu'à l'aurore.
Où va le monde quand je dors ?

Peu à peu le mur devient blanc,
Les oiseaux de feu se ternissent,
Les jardins du ciel défleurissent,
S'envolent tous les goélands.
L'arbre à chansons devient plus lent,
Tout disparaît. La bulle crève
Et je suis seul. Le jour se lève.
Où va le monde de mes rêves ?
Pourquoi ?
- Mon c?ur bat toujours quand je sonne
Chez la chère cousine Adèle.

- Vous craignez, s'il n'y a personne,
De venir pour des mirabelles...

- Mais non ! Car je lui téléphone
Pour m'assurer qu'elle est chez elle.
Pourtant, mon c?ur bat quand je sonne
A la porte fermée d'Adèle.

- C'est l'émotion qui carillonne,
Car vous êtes amoureux d'elle !
Vous l'aimez ! Elle est belle, Adèle !

- Non ! Elle a quatre-vingts automnes,
Ses derniers cheveux l'abandonnent,
Sa perruque tombe en dentelle
Et son dentier claque des ailes.
C'est une vieille demoiselle...
Pourtant, mon c?ur bat toujours quand je sonne
A la porte close d'Adèle !

- Vous avez peur qu'elle bougonne :
Qu'elle vous gronde, vous harcèle,
Ses yeux lancent des étincelles,
C'est une sorcière amazone.
Vous tremblez lorsque sa voix tonne !

- Pas du tout ! Ma cousine Adèle
Est douce comme une gazelle,
Patiente comme une Madone,
Elle me gâte, me pardonne,
Et je me sens chez moi, chez elle.
Mais je n'y peux rien. Quand je sonne
A sa porte, mon c?ur chancelle.


- Si votre cousine vous aime,
Pourquoi bat si fort votre c?ur ?

- C'est qu'Adèle habite au sixième
Sans ascenseur.



Qui suis-je ?

J'ai des dents, mais ne mange rien.
J'ai dos, manche, et n'ai pas d'habit.
Je tiens, je pique, je conduis,
En bas, en haut, je vais, je viens.
Qui suis-je ?
La fourchette

La panse pleine et le dos rond,
Je vais, je tourne, je me jette
Dans la soupe ou dans le bouillon,
Puis je partage mes conquêtes.
Qui suis-je ?
La louche

Du blanc dans du blanc
Du rond dans du rond
Du chaud dans du froid
Du doux dans du dur
Du pur dans du lisse
Pour toi
Qui suis-je ?
Un bol de lait

Etant enchaînée,
Je peux m'en aller.

J'ai deux grands zéros,
Pas de numéros.

Je tombe en étant immobile,
Mais en équilibre je file,

Je tourne, je roule, j'avance
Et je fais le tour de la France.
Qui suis-je ?
La bicyclette

Une épaisseur
C'est petit
Deux épaisseurs
Ça grossit
La couche dessous
C'est tout mou
La couche dessus
C'est pansu
Je porte tout
Par dessous
Mais le meilleur
C'est dessus
On me câline
Au matin
On m'imagine
A la faim
On me termine
Au jardin
J'ai bonne mine
A toute heure

Je suis...

La tartine de beurre

A droite, à gauche, en haut, en bas,
Je vais partout, devant, derrière,
Je frotte, astique à tour de bras.
Quand j'ai fait ce qu'il fallait faire,
Tout brille d'un splendide éclat :
Ma bonne pâte en est très fière.

Qui suis-je ?

La brosse à dent

Je suis en bas, je suis doré.
Je monte un peu, qui m'a mis là ?
Au milieu, je suis sur le sol.
Presqu'en haut, je me trouve assis,
Je vais redescendre bientôt.

Je vais, je monte, je descends,
Je change de sens et de son,
Je chante un air à ma façon,
Dis bonjour ami, en passant.

Qui suis-je ?

Le chemin de la gamme


Comme le vent sur les nuages
Comme la neige sur les pas
Comme l'écume sur la mer
Comme l'aube sur les étoiles
Comme le temps sur toute vie

Comme le vent comme la neige
Comme l'écume comme l'aube
Comme le temps

Je passe
J'efface
La trace
Je recrée
L'espace

Après moi tout peut recommencer

Qui suis-je ?

La gomme






Si tu m'ouvres,
Tu découvres
Des trésors
Sans bagages,
Sans efforts.
Je t'emmène,
Te promène
Au musée,
Dans l'espace
Sur la trace
Des fusées,
Sur les routes,
Sous les voûtes
Des églises,
Page à page,
Sur les plages
Des surprises.
A travers
L'univers
Qui s'éveille,
Je t'apporte
Toutes sortes
De merveilles :
Des oiseaux,
Des lionceaux,
Des cabris,
Grâce à moi,
Tu reçois
Des amis.
Je t'accueille,
Feuille à feuille,
Je répète
Mille histoires :
Ma mémoire
Est parfaite.


Qui suis-je ?

Un livre

J'ai quatre pieds mais ne marche pas,
J'ai un dos, pourtant je n'ai pas de bras,
Je suis en fer, en plastique, ou en bois,
Et c'est par derrière que je vous vois.

Qui suis-je ?

Une chaise

Je suis à la campagne,
Et je suis à l'église ;
J'explique les surprises,
Les chansons m'accompagnent.
Porte, placard, violon,
On a besoin de moi.
On me trouve parfois
Cachée sous le paillasson.
Je peux même être faite
A tube ou à molette.

Qui suis-je ?

la clef (clef des champs, clef de voûte, clef du mystère, clef de
sol, clef des serrures, clefs du violon, clef sous le paillasson, clef à
tube, clef à molette)

La bille bleue cachait un singe
La bille rouge une écrevisse
La bille verte une forêt
La bille noire ce poème

Pour colorer le monde à ma guise
Bleu rouge vert noir
Couleurs de mon bon plaisir
Roulent les billes de ma fantaisie
Astres multicolores sur la neige de l'inconnu


Qu'est-ce que c'est ?

Un stylo à quatre billes de couleur




On me cherche, on me trouve ou pas.
Et je suis comme la violette,
Cachée près de vous, sous vos pas.
Regardez ! Mettez vos lunettes !
Les malins ont trouvé déjà,
Puisque je suis la devinette.

Où est-il ?
Je viens de perdre mon prénom
Au bord d'une page nouvelle,
Ce plaisantin, ce vagabond
Qui se sauve quand je l'appelle.
Un lecteur peut-il le chercher
Et me dire il s'est caché ?
Saurez-vous le trouver ?

Que chasse-t-il ?
A l'affût dans la page,
Crosse en main, le chasseur
Tire au petit bonheur,
Chemineau des nuages.

Son nom (lipogramme)
Là-bas, voilà parti
Mon ami favori.
Qui dira sans façon
Son nom ?
eh ?

Qu'est-ce que c'est ? (lipogramme)
« Ici, qui cherches-tu, sur ce chemin désert ?
Qu'as-tu perdu ? Puis-je t'aider ? Eh bien, très cher ? »
Mais il ne disait rien, muet, tel un nigaud.
Enfin, il s'écria : « Ça y est ! Je l'ai ! Oh ! »





Qu'est-ce qui fait le tour de la terre ?
C'est le rire de la mer
C'est l'oiseau qui se libère
C'est un nuage à l'envers
C'est le chant de l'arbre vert
C'est le vent c'est la lumière
C'est la foudre c'est l'éclair
C'est le printemps qui prend l'air
C'est l'été qui sonne clair
C'est l'automne c'est l'hiver
C'est aujourd'hui c'est hier
C'est demain que j'entrespère
C'est le soleil qui se perd
Et qui revient par derrière
C'est mon c?ur et son mystère.

Et demain ?
Hier je fus un cheval
Avant-hier un oiseau
Encore avant un poison

J'ai galopé dans la prairie
J'ai volé dans le ciel
J'ai nagé dans la mer

Aujourd'hui je marche sur la terre

Je regarde le monde
Et je reconnais
L'herbe de la prairie
Les nuages du ciel
Les vagues de la mer

Je rêve et me souviens
De ce que je suis.





Une vieille image

Regardez bien dans le feuillage
Vous y verrez une merveille.

Entre deux branches l'on devine
L'ombre d'un pêcheur à la ligne,
Un poisson qui luit au soleil,
Un chien perdu, un loup sournois,
La pipe d'un homme en voyage,
Un bâton, deux sabots de bois,
Le grand sabre d'un général.

L'obscur dessin de ces branchages,
C'est un fermier, c'est un marin,
C'est un lapin blanc qui détale.
Regardez l'image à l'envers,
C'est un garde-chasse à l'affût,
C'est un indien qui s'est perdu.
Mettez l'image de travers,
C'est un mendiant qui tend la main,
C'est la bergère et son troupeau,
C'est le boulanger, le sonneur.
Clignez d'un ?il, clignez des deux,
C'est l'épicier, le chef de gare,
C'est le curé, le percepteur,
C'est l'instituteur, la fanfare,
C'est la marchande de journaux,
Et partout les enfants qui jouent.
Ils se sont donnés rendez-vous
Dans les trous d'ombre du feuillage.
Ils apparaissent tour à tour,
Je les découvre sans surprise,
Je les rencontre tous les jours.
C'est le monde entier qu'on retrouve
Dans les ombres de ces branchages.

Où est la merveille promise ?

Si vous regardez bien l'image,
Vous verrez s'envoler l'oiseau
Qui est prisonnier du feuillage.