L'efficacité marginale du capital

L'efficacité marginale du capital (emc) est une variable globale représentée par
un ..... d'unités physiques égales est en soi un exercice particulièrement délicat.

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Extrait de « Les patrons sont-ils des mous ? » Bernard
Biedermann
Conjoncture et décisions www.theoreco.com L'efficacité marginale du
capital
Mots clés : Keynes, Popper, Ricardo, Robinson, Eshag, Knight, Combemale,
Muth, Lucas, Morin Nême, Caverni, Walker Taux de marge, Profit,
investissements, demande effective, neo-clasique , microéconomie ,capital
rendements, efficacité marginale du capital




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L'efficacité marginale du capital





Présentation de l'efficacité marginale du capital keynésienne




La définition de l'efficacité marginale du capital fait l'objet d'un
chapitre entier de la Théorie générale de l'emploi de l'intérêt et de la
monnaie, le chapitre 11. Dès les premières lignes Keynes nous donne une
définition largement reprise dans la littérature économique : « plus
précisément nous définirons l'efficacité marginale d'un capital le taux
d'escompte qui, appliqué à la série d'annuités constituées par les
rendements escomptés de ce capital pendant son existence entière, rend la
valeur actuelle des annuités égale au prix d'offre de ce capital ».
L'importance de la place prise par ce concept dans le modèle de la Théorie
Générale et la nécessité de positionner l'otm nous incite à en revoir les
mécanismes.

L'efficacité marginale du capital (emc) est une variable globale
représentée par un taux exprimé en pourcentage, analogue à celui du taux
d'intérêt, mais «intrinsèquement autre chose que le taux de l'intérêt »,
car « la courbe de l'efficacité marginale du capital gouverne les
conditions auxquelles les fonds à prêter sont demandés pour faire de
nouveaux investissements et que le taux d'intérêt gouverne les conditions
auxquelles ces fonds sont actuellement offerts ». L'emc est avant tout un
concept dans la mesure où elle synthétise plusieurs autres variables de
base du modèle keynésien. Elle dépend «en partie du volume actuel de
l'équipement, qui est un des facteurs donnés, mais en partie aussi de
l'état de la prévision à long terme, qui ne peut être déduit des facteurs
donnés » (T.G., chap.18). Les variables qui composent l'emc sont les
suivantes:

. puisqu'il y a anticipation de revenus qui résulteront des capitaux
actuels et projetés, l'emc intègre, pour chaque période, des valeurs
anticipées des quantités de bien et de leur prix ,
. le coût des capitaux actuels (équipement, capital circulant),
. le coût du travail, c'est-à-dire les salaires anticipés,
. les coûts financiers anticipés ,
Notons que dans la définition qui précède, Keynes parle de volume
d'équipement, c'est-à-dire de quantités et non pas de valeurs et qu'il ne
fonde pas la prévision à long terme sur les données du passé récent. De
plus, l'emc s'appliquant à « un » capital apparaît plutôt comme un concept
du domaine de la microéconomie, susceptible d'être agrégé au niveau de la
branche d'activité et au niveau macroéconomique.

La caractéristique d'importance est que l'emc est une variable de
comportement relevant de la psychologie des entrepreneurs en tant qu'ils
ont à prendre des décisions d'investissement à partir de variables
escomptées et anticipées sous des contraintes de risques probabilisables et
incertains. Puis Keynes élargit le champ et ajoute qu'elle est déterminée
non plus uniquement par « l'opinion la plus éclairée mais par l'évaluation
du marché, telle que la fait la psychologie de masse » (T.G., chap.13).

C'est aussi une variable environnementale car la perception et l'opinion
des entrepreneurs subissent l'influence des faits ou tendances par chocs
indirects ou exogènes (climat, politique, guerres...). Dans ces conditions
il n'y a rien d'étonnant à parler d'intuition, notion évidemment moins
mathématique que celle de prévision. Lorsque l'analyse se situe au niveau
global, elle dessine un périmètre d'application, avec un raisonnement à la
marge, la totalité du capital présent, c'est-à-dire installé, avec prise en
compte de ses taux d'utilisation, taux d'amortissement et des productivités
actuelles et anticipées.

La décroissance des rendements du capital et le principe de maximisation du
profit sont des hypothèses retenues a priori et justifiées par deux
arguments: «Lorsque l'investissement dans un type quelconque de capital
s'accroît durant une certaine période, l'efficacité marginale de ce capital
diminue pour deux raisons à mesure que l'investissement augmente. D'abord
le rendement escompté de ce capital diminue lorsque sa quantité augmente.
Ensuite la compétition autour des ressources servant à le produire tend
normalement à faire monter son prix d'offre...» (T.G., chap 11, l'EMC). Le
calcul à la marge détermine la rentabilité de la dernière unité de capital
qui a fait l'objet d'une mise en service à un certain taux de
fonctionnement. Ceci ne veut pas dire que c'est la dernière unité mise en
service, qui constitue la référence car le comportement de maximisation du
profit impose que les unités de production utilisent d'abord les machines
les plus rentables quitte ensuite à remettre en fonctionnement d'anciennes
unités dont on avait suspendu l'activité.

En déduction de ces hypothèses, Keynes construit la courbe de
l'investissement en fonction de l'emc. Il y a alors extrapolation de la
rentabilité de l'unité marginale vers celle de l'investissement projeté, ce
qui détermine une courbe selon laquelle il y aura investissement jusqu'au
point où l'emc égalise le taux d'intérêt du marché. L'emc est par essence
liée au temps. Par sa logique d'actualisation elle relie le futur au
présent, en raison des variables d'anticipation soumises à des processus
particulièrement complexes. L'horizon temporel est bien entendu le long
terme mais il ne faut pas perdre de vue que les années proches (n + 1, n +
2) ont plus de poids dans les calculs d'actualisation que les années
éloignées. L'emc est une variable fondamentalement virtuelle en ce sens
qu'elle n'est pas vouée à se concrétiser. À la limite, une fonction de
demande qui elle aussi est intangible se traduit à un moment ou un autre
par des transactions. L'emc est par contre directement mise en comparaison
avec le taux d'intérêt du marché, qui lui est bien réel.

La valeur du taux de l'emc est continue, fluctuante et volatile.
Concernant sa continuité, on peut en toute rigueur imaginer des situations
(catastrophes, guerres...) pendant lesquelles tous les projets
d'investissements de tous les entrepreneurs sont complètement mais
temporairement suspendus. Mais, en conjoncture normale, « à mesure que
s'accroîtra le stock des richesses qui ont à l'origine une efficacité
marginale du capital au moins égale au taux de l'intérêt, leur efficacité
marginale tendra à diminuer... Un moment viendra donc où il ne sera plus
avantageux de continuer à les produire, à moins que le taux de l'intérêt ne
baisse parallèlement » (T.G., chap. 17).

Dans le modèle global, l'emc est généralement présentée comme une variable
exogène, agissant « en amont », parallèlement à la propension marginale à
consommer. À côté de la propension marginale à consommer, elle se
positionne comme le deuxième pilier actif de la demande effective. Ceci est
bien entendu d'importance dans la mesure où les cycles économiques sont en
partie induits par les variations de l'emc. Par ailleurs, elle subit une
certaine influence du taux d'intérêt anticipé : « l'attente d'une
diminution du taux de l'intérêt abaisse la courbe de l'efficacité marginale
du capital. Elle signifie en effet que la production obtenue à l'aide de
l'équipement créé aujourd'hui devra concurrencer pendant une partie de
l'existence de cet équipement la production qui sera obtenue à l'aide d'un
équipement auquel suffira une moindre rémunération » (T.G., chap 2, l'EMC).
Keynes précise néanmoins que cette influence n'est pas très importante et
qu'il serait illusoire de se servir de cette relation en politique
économique, car « Il est probable en effet que les fluctuations dans
l'estimation de l'efficacité marginale du capital des divers types de
capitaux [...], seront trop considérables pour qu'on puisse les compenser
par les variations possibles du taux de l'intérêt », (T. G., chap.12, L'Art
de la prévision à long terme). L'emc est opérante dans le cadre de
mécanismes de décisions d'investissement, il y a comparaison permanente et
exclusive entre la valeur de l'emc et le(s) taux d'intérêt. Il y a
investissement lorsque (et surtout dès que) l'emc est supérieure au taux
d'intérêt. La courbe de l'investissement, fonction du taux d'intérêt, est
une fonction continue dès que l'emc est supérieure au taux. Plus
précisément, Keynes introduit la notion d'incitation à investir qui «
dépend de la relation entre la courbe de l'efficacité marginale du capital
et la gamme des taux d'intérêt afférents aux prêts d'échéance et de
sécurités diverses », (T.G., chap. 3, Le principe de la demande effective).

Au sujet de la forme de la courbe, Keynes précise que « lorsqu'une
variation se produit dans le rendement escompté du capital ou dans le taux
de l'intérêt, la courbe de l'efficacité marginale du capital est telle
qu'il y a une grande disproportion entre cette variation et celle qui en
résulte dans le flux de l'investissement nouveau ; autrement dit les
variations modérées du rendement escompté du capital ou du taux de
l'intérêt ne sont pas asso