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présente

l'intérêt documentaire

de

''À la recherche du temps perdu''
(1913-1927)

roman de Marcel PROUST
(3000 pages)

On trouve ici les points suivants:
La peinture de la société (page 2) :
- différents lieux (page 4)
- différents milieux (page 5) : le peuple (page 6) - la petite
bourgeoisie (page 7) - la grande

bourgeoisie (page 7) - l'aristocratie (page 8)
- le snobisme (page 14)
- les juifs (page 16)
- l'antisémitisme (page 21)
Les événements de l'époque (page 23) - l'affaire Dreyfus (page 25) - la
guerre de 1914-1918 (page
30) - l'après-guerre (page 33)
Le déploiement d'une vaste culture (page 34) : la peinture (page 36) -
Elstir (page 37) - la musique (page 39) - Vinteuil (page 39) - le
théâtre (page 40) - la littérature (page 41) - Bergotte (page 43)
L'exposé sur l'homosexualité (page 45) :
- Sodome (page 46) : la découverte des «hommes-femmes» (page 46) -
l'analogie entre ce qui se passe dans la nature et ce qui se passe
entre les homosexuels (page 46) - la théorie de la sexualité (page 48)
- la condition malheureuse des homosexuels (page 49) - la variété des
homosexuels (page 52) - le nombre des homosexuels (page 56)
- Gomorrhe (page 56).
(la pagination est celle de l'édition de la Pléiade en trois volumes)




Bonne lecture !
Dans ''À la recherche du temps perdu'', Proust, en suivant le déroulement
de la vie de son personnage, Marcel, ne pouvait pas ne pas faire passer
tout un flot de vie (saveurs, parfums, nourritures, ?uvres d'art, princes,
domestiques, rituels mondains, recettes de cuisine, investigations ou
fulgurances dans le domaine du plaisir et du désir), ne pouvait pas ne pas
donner, comme l'a noté Gide, de «terribles aperçus de la réalité», ne
pouvait pas ne pas peindre la société où il évolua, ne pas être un
ethnologue ou un historien des moeurs, intéressé spécialement par
l'aristocratie et par les juifs que sépara l'affaire Dreyfus. Il fit aussi
de Marcel un érudit et surtout un amateur d'art dont le sien se forgea au
contact des oeuvres de créateurs. Enfin, son souci didactique s'affirma
dans sa volonté de présenter l'homosexualité et même d'en faire une
théorie.
____________________________________________________________________________
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La peinture de la société

Même si Proust a refusé que « le roman fût une sorte de défilé
cinématographique des choses » (III, page 890), si ''Le temps retrouvé''
contient une sévère condamnation du roman à prétention documentaire (« La
littérature qui se contente de décrire les choses, d'en donner seulement un
misérable relevé de lignes et de surfaces, est celle qui, tout en
s'appelant réaliste, est la plus éloignée de la réalité.» [III, page 885]),
s'il a reproché au roman d'avoir été, de Balzac à Zola, un « magasin de
documents sur la nature humaine », même s'il s'est moqué du « romancier
mondain qui venait d'installer au coin de son oeil un monocle, son seul
organe d'investigation psychologique et d'impitoyable analyse, et qui
répondit d'un air important et mystérieux, en roulant l'r : ''J'observe'' »
(I, page 327), il ne cessa de prendre des notes sur des cahiers, et la
lecture de ses lettres et de ses carnets intimes semble bien montrer qu'il
a lui-même utilisé cette méthode, qu'il avait un sens aigu de l'observation
(qu'il nia évidemment, Marcel se voyant comme « n'ayant aucune espèce
d'esprit d'observation extérieure, ne sachant jamais ce qu'était ce que je
voyais» [III, page 383]). Et Ramon Fernandez a noté à la suite d'unre
visite qu'il lui fit : « Ses admirables yeux se collaient matériellement
aux meubles, aux tentures, aux bibelots ; par tous les pores de sa peau, il
semblait aspirer la réalité contenue dans la chambre, dans l'instant, dans
moi-même ; et l'espèce d'extase qui se peignait sur son visage était bien
celle du médium qui reçoit les messages invisibles des choses. Il se
répandait en exclamations admiratives, que je ne prenais pas pour des
flatteries puisqu'il posait un chef-d'?uvre partout où ses yeux
s'arrêtaient... »
Et il n'en reste pas moins qu'''À la recherche du temps perdu'', chronique
dense et lente comme la vie, qui s'étend sur la fin du XIXe et le début du
XXe siècle, dont les personnages sont si nombreux qu'on a pu leur
consacrer, dans l'édition de la Pléiade, un ''Index'', peut être considéré
comme le tableau d'une société prenant la suite de ''La comédie humaine''
de Balzac et celle aussi des ''Rougon-Macquart'' de Zola, comme un document
sur un état de la société française, même si on y est loin des soucis
d'argent de la première ou des luttes sociales qui sont dépeintes dans les
seconds, même si Proust accorda moins d'importance que ses prédécesseurs
aux différents milieux (n'ayant peint qu'une mince frange de la bourgeoisie
et de l'aristocratie), au train du monde comme il va, aux conditions
matérielles et communes de l'existence.
Il se défendait d'avoir peint un tableau d'un minutieux réalisme balzacien.
À Robert Dreyfus, il se plaignit, en décembre 1913, d'un critique du
''Figaro'' qui avait, selon lui, commis un papier « injuste » en disant
qu'il notait tout, comme s'il n'était qu'un observateur. « Non, je ne note
rien. C'est lui qui note. Pas une seule fois un de mes personnages ne ferme
une fenêtre, ne se lave les mains, ne passe un pardessus, ne dit une
formule de présentation. S'il y avait même quelque chose de nouveau dans ce
livre, ce serait cela ». En mars 1914, il tint le même propos à Gide dans
une lettre postérieure à celle où ce dernier s'excusa d'avoir refusé le
manuscrit : « Moi je ne peux pas, peut-être par fatigue, ou paresse, ou
ennui, relater, quand j'écris quelque chose qui ne m'a pas produit une
impression d'enchantement poétique, ou bien où je n'ai pas cru saisir une
vérité générale. Mes personnages n'enlèvent jamais leur cravate ».
Mais, dans ce cas encore, il se livra à une parade mensongère car, son
réalisme étant sélectif (comme tout réalisme en fait, le réalisme total
étant impossible), il porta une grande attention à certains éléments de la
réalité, par exemple, aux toilettes féminines :
- celles d'Odette de Crécy (I, page 197 - I, page 232 - I, page 240), au
portrait de celle-ci en « Miss Sacripant », la description de l'aquarelle
s'étendant sur deux pages (I, pages 848-849) ;
- celles de la duchesse de Guermantes : « majestueuse, ample et haute dans
une longue robe de satin jaune à laquelle étaient attachés en relief
d'énormes pavots noirs» (II, page 371) - « haute et superbe dans une robe
de satin rouge dont la jupe était bordée de paillettes. Elle avait dans les
cheveux une grande plume d'autruche teinte de pourpre et sur les épaules
une écharpe de tulle du même rouge. » (II, page 583) - « ennuagée dans la
brume d'une robe en crêpe de Chine gris (III, page 33) - elle portait des
robes de Fortuny, ces robes qu'il « a faites d'après d'antiques dessins de
Venise. Est-ce leur caractère historique, est-ce plutôt le fait que chacune
est unique qui lui donne un caractère si particulier que la pose de la
femme qui les porte en vous attendant, en causant avec vous, prend une
importance exceptionnelle, comme si ce costume avait été le fruit d'une
longue délibération et comme si cette conversation se détachait de la vie
courante comme une scène de roman?» (III, page 33) - « cette robe de
chambre qui sent si mauvais [...] et qui est sombre, duveteuse, tachetée,
striée d'or comme une aile de papillon » (III, page 43) ;
- celle d'Albertine : son « polo noir » de Balbec, coiffure de femme sans
bords, puis les robes d'Elstir que Marcel lui acheta (II, page 1055), « les
brimborions de la parure » lui causant « de grands plaisirs » (III, page
32) ;
- celle des femmes en 1916 : « Comme par l'ensemencement d'une petite
quantité de levure, en apparence de génération spontanée, des jeunes femmes
allaient tous les jours coiffées de hauts turbans cylindriques comme aurait
pu l'être une contemporaine de Mme Tallien, par civisme ayant des tuniques
égyptiennes droites, sombres, très ''guerre'', sur des jupes très courtes ;
elles chaussaient des lanières rappelant le cothurne selon Talma, ou de
hautes guêtres rappelant celles de nos chers combattants ; c'est, disaient-
elles, parce qu'elles n'oubliaient pas qu'elles devaient réjouir les yeux
de ces combattants, qu'elles se paraient encore, non seulement de toilettes
''floues'', mais encore de bijoux évoquant les armées par leur thème
décoratif, si même leur matière ne venait pas des armées, n'avait pas été
travaillée aux armées ; au lieu d'ornements égyptiens rappelant la campagne
d'Égypte, c'était des bagues ou des bracelets faits avec des fragments
d'obus ou des ceintures de 75, des allume-cigarettes composés de deux sous
anglais auxquels un militaire était arrivé à donner, dans sa cagna, une
patine si belle que le profil de la reine Victoria y avait l'air tracé par
Pisanello ; c'est encore parce qu'elles y pensaient sans cesse, disaient-
ellles, qu'elles en portaient, quand l'un des leurs tombait, à peine le
deuil, sous le prétexte qu'il ét